28/01/2014

Il y a aujourd'hui 70 ans, Le 27 janvier 1944...

1. Destroyer soviétique Opytny.jpg

Il y a aujourd’hui 70 ans,

le 27 janvier 1944,

les troupes soviétiques brisaient l’encerclement de Léningrad.

 

Les habitants de ce qui s’appelle aujourd’hui Saint-Petersbourg venaient de vivre un des sièges les plus longs de l’histoire, avec Stalingrad et, bien entendu, la légendaire Troie préhistorique. Un siège de 872 jours : du 8 septembre 1941 au 27 janvier 1944.

1.800.000 personnes y ont trouvé la mort, dont un million de civils, anéantis par les bombardements, la mitraille, la rigueur de trois hivers et surtout la famine.

Les soldats de l’URSS chargés d’enlever et d’enterrer les cadavres après la levée du blocus en ont trouvé d’incomplets, dont les parties manquantes avaient dû servir de nourriture aux assiégés. On a même parlé de mères sacrifiant leurs derniers-nés pour nourrir leurs aînés.

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Horreurs indicibles de la guerre.

Il convient de rappeler ces méfaits du nazisme et comment on en vient à bout parce qu’ils ont recommencé et qu’ils continuent, non seulement en Yougoslavie, en Irak, en Libye, en Syrie et, aux dernières nouvelles en Thaïlande, mais aussi, une fois de plus, en Russie ou, si on veut chipoter, en Ukraine : Kiev remplace aujourd’hui Léningrad, et si la ville n’est pas à proprement parler « encerclée », elle est « investie » par des tueurs étrangers mercenaires, déguisés en citoyens mécontents. L’ennemi n’a plus de visage, plus de chars Panzer, plus de colonnes de side cars, plus de troupes à découvert, mais une prolifération de cellules malignes, cancers inoculés à des villes et à des pays comme à de simples Hugo Chavez, en phase rapidement terminale si on ne les affronte pas avec la même détermination qu’il y a 73 ans. L’hypocrisie anglo-saxonne et l’abjection européenne ont remplacé le délire germanique. Il serait criminellement lâche de se refuser à regarder la peste en face et à ne pas l’appeler par son nom.

Ce n’est évidemment pas sur nos obséqieux merdias en gilets rayés qu’il faut compter pour nous rappeler ce que fut cette page – une des pires – de la IIe Guerre Mondiale. Qu’on nous pardonne si, faute de mieux, nous nous contentons de relayer ici un peu de ce qu’en disent officiellement les organes d’information russes en français et d’offrir modestement l’un ou l’autre document d’archives encore présent sur le net.

 

L’opération Barbarossa

 

 

Apocalypse

http://medias2.francetv.fr/videosread/france2/programmes/apocalypse-2gm/23_siege_de_Leningrad.flv

 

Comment la ville a résisté

 

Le blocus

RIA NovostiLe blocus de LéningradLe blocus de Léningrad

12:26 27/01/2014 Il y a 70 ans, le 27 janvier 1944, l'Armée rouge levait complètement le blocus de Léningrad assiégée par les troupes nazies depuis septembre 1941. Le blocus de 872 jours a causé la mort d'environ 1,5 million de personnes, dont 97% sont décédés à cause de la famine.>>

 

Il était une fois Léningrad, ville martyrisée par les nazis

Interview de Michel Rosten par Alexandre Artamonov

http://french.ruvr.ru/radio_broadcast/74538918/260833184/

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Quelques images du siège

http://rt.com/in-vision/siege-leningrad-nazi-war/

Légendes :

La ville était entièrement coupée du monde extérieur, sauf grâce à quelques très rares communications aériennes et au lac Ladoga, qui fut surnommé La Route de la Vie.

2 bis. route de la vie.jpg

Non seulement encerclée mais constamment attaquée à l’arme lourde et bombardée par la Luftwaffe, la ville a résisté 29 mois avec un héroïsme sans faille, malgré la pénurie presque immédiate de nourriture et de combustible.

350.000 civils sont morts au cours du premier hiver : de décembre 1941 à mars 1942.

Pour résister à la faim, ils ont mangé de la sciure, détapissé leurs murs pour en manger la colle et le papier, ils ont sacrifié leurs animaux familiers, capturé des oiseaux et des rats. 

Un des très rares animaux à survivre au siège fut Beauté, l’hippopotame femelle du zoo, que sa gardienne réussit à maintenir en vie en lui apportant chaque jour, en traineau, des baquets d’eau qu’elle allait puiser dans la Neva, pour que sa peau reste toujours humide.

Alors que les températures étaient anormalement basses, même pour des hivers au bord de la Baltique, les rations de nourritures descendirent à 250 gr de pain par jour pour les travailleurs manuels et à 125 gr pour les autres civils. Pour se chauffer, alors qu’ils manquaient de combustible, les habitants brûlèrent leurs livres et leurs meubles.

Le marché noir fit ouvertement florès, chacun essayant de troquer ses biens, même les plus précieux, contre de la nourriture.

 

Un récit du siège qui en vaut bien un autre : celui de Marie-Christine Laborde

3. november-5-2010-014-diorama-of-the-1941-1945-siege-of-leningrad.jpg

http://suite101.fr/article/le-siege-de-leningrad-a12209

 

Les célébrations

Aujourd’hui, le président Poutine, lui-même natif de Léningrad, s’est rendu en compagnie de quelques douzaines de survivants du siège au cimetière de Piskaryovskoye, où il a déposé une gerbe de fleurs et s’est signé, devant le champ commun où sont enterrées d’innombrables victimes, dont son frère aîné.

“Mes parents m’ont dit que, pendant le siège, les autorités enlevaient les enfants à leurs familles pour essayer de les sauver et que mon frère avait aussi été enlevé à ma mère.” Mais l’enfant, sans doute évacué par le lac Ladoga vers Gorki (aujourd’hui Nijni Novgorod) avait contracté la diphtérie et en est mort.

4. Poutine Leningrad 2014.jpg

Ses parents ayant survécu au siège, le futur président est né sept ans après la guerre, soit onze ans après la mort de son frère.

Par ailleurs, le 70e anniversaire de la libération de la ville a été célébré par un défilé militaire. Images :

http://french.ruvr.ru/2014_01_27/photo-Le-70e-anniversaire-de-la-liberation-de-Leningrad-celebre-avec-une-parade-9446/photo.260829482?slide-13

 

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« L’avenir appartiendra à ceux qui auront la mémoire la plus longue »

F. Nietszche

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Ceux qui ont eu de la chance

 8. La fin habituelle des invasions.JPG

La fin habituelle des invasions

 

On ignore le nombre d'Allemands tombés dans cette "opération Barberousse".

 

http://www.palestine-solidarite.org/analyses.luc_michel.280114.htm

 

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Les chevaux du lac Ladoga

5. chevaux lac ladoga.jpg

 
L'écrivain italien Curzio Malaparte rapporte dans son livre Kaputt
la mort dramatique de près d'un millier de chevaux durant l'hiver 1942.

De très violents combats opposaient alors les armées allemandes et russes à la frontière finno-soviétique autour de la ville de Leningrad ; 

« Le troisième jour un énorme incendie se déclara dans la forêt de Raikkola. Hommes, chevaux et arbres emprisonnés dans le cercle de feu criaient d'une manière affreuse. (...) Fous de terreur, les chevaux de l'artillerie soviétique - il y en avait près de mille - se lancèrent dans la fournaise et échappèrent aux flammes et aux mitrailleuses. Beaucoup périrent dans les flammes, mais la plupart parvinrent à atteindre la rive du lac et se jetèrent dans l'eau. (...) Le vent du Nord survint pendant la nuit (...) Le froid devint terrible. Soudainement, avec la sonorité particulière du verre se brisant, l'eau gela (...) Le jour suivant, lorsque les premières patrouilles, les cheveux roussis, atteignirent la rive, un spectacle horrible et surprenant se présenta à eux. Le lac ressemblait à une vaste surface de marbre blanc sur laquelle auraient été déposées les têtes de centaines de chevaux. »

L'eau du lac était en état de surfusion. Les mouvements des chevaux et les impuretés (herbes, poussières, poil...) qu'ils avaient apportées avec eux perturbèrent la métastabilité de l'eau, d'où la congélation instantanée du lac

(Extrait de « La surfusion, facteur prépondérant »

 

6. chevaux ladoga.jpg

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9. Livres.JPG

Le livre du blocus

http://french.ruvr.ru/2013_01_17/Le-livre-du-blocus-sauve...

Chronique du siège par Daniil Granine et Ales Abramovitch, inédit en français.

Alexandre Sokourov en a fait un film, Lisons le journal du blocus, qui a été présenté à la Mostra de Venise en 2009.

 

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10. Tania Savitcheva.jpgLe journal de Tania Savitcheva

Inédit en français

Cette petite fille de 11 ans a consacré six des neuf pages de son carnet à noter les morts de ses proches, jusqu’à ce qu’il ne reste plus qu’elle. Elle a pu être évacuée par la Route de la Vie, mais n’a pas survécu aux privations et à la maladie. Elle est morte en 1944, à l’âge de 14 ans

11. Journal de taniasavitcheva-.jpeg

Son histoire est ici :

http://lizotchka-russie.over-blog.com/article-24214079.html

http://fr.ria.ru/analysis/20050209/39932324.html

 

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12. lena mukhina.jpg

Lena Moukhina, écolière de 16 ans, a tenu son journal pendant tout le siège, auquel elle a survécu. Elle y raconte sa mère morte de faim, les raids allemands, le chat de la maison qu’il a fallu tuer pour le manger, ses peurs, mais aussi ses espoirs, son béguin pour un camarade de classe, bref, sa vie d’adolescente.

13. Lena Mukhina diary.jpg

Les historiens et les experts ont acclamé la vivacité et le naturel de cette chronique, retrouvée dans les archives de St. Petersbourg. La traduction française sort en ce mois de janvier, chez Robert Laffont.

Lena est morte en 1991, à 66 ans, sans descendance.

Voir l’article que lui a consacré Mail Online :

http://www.dailymail.co.uk/news/article-2035490/Lena-Mukhina-Diary-Russian-teenager-survived-900-day-Nazi-siege.html

 14. Journal de lena mukhina.JPG

 

Lena Moukhina

Le journal de Lena

Leningrad 1941-1942

Preface de Nicolas Werth

Traduit par Bernard Kreise

Paris, Robert Laffont, 16 janvier 2014

 400 pages – 21 €
 

 

 

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15. Alexandre Werth - Leningrad.JPG

 

 

 

Alexander Werth

LENINGRAD 1943

Paris, Tallandier, 2010

262 pages

 

 

 

Ressources historiques sur le siège de Leningrad
Harrison E. Salisbury, Les 900 jours, Albin Michel, 1970
Léon Gouré, Le siège de Leningrad, Stanford, 1962. Stock, 1966 pour la traduction française.
Alexander Werth, La Russie en guerre, Stock, 1964
D. Barber, A. Dzneiskievitch et D. Boulanine (dir.), Jizn’ i smert’ v blokirovanom Leningrade (Vie et mort dans la ville assiégée, inédit en France), Saint-Pétersbourg, 2001
V. Zoubakov et N. Kislitsine, L’exploit de Leningrad, les Editions du Progrès, Paris, 1983

Essais sur la mémoire du siège
Éléonora Martino-Fristot, La mémoire du blocus de Léningrad, 1945-1999, thèse EHESS, Paris 2002
Laure Troubetzkoy, Georges Nivat, Les sites de la mémoire russe, article paru dans les Cahiers du Monde russe, 28 décembre 2009.
Svetlana Alexievitch, Derniers témoins, Presses de la renaissance, 2004 (trad. Anne Coldefy)

La littérature du siège
Lydia Ginzburg, Le siège de Leningrad, Christian Bourgois, 1998
Anna Akhmatova, Poème sans héros, Le cycle de Leningrad, Gallimard, réed 2007
Anatole Daroff, Le soleil luit quand même, Gallimard, 1959
Vera Inber, Le siège de Leningrad, 1945
Olga Bergholz, poèmes
D. Granin et A. Adamovitch, Blokadnaja kniga, Lenizdat, Leningrad, 1984 (inédit en France)
Nikita Lomaguine, Neizvestnaja blokada, Neva, Saint-Pétersbourg, 2003 (inédit en France)

 

 16. Malaparte Kaputt.JPG

 

 

Curzio MALAPARTE

KAPUTT

 Paris, Folio Gallimard ,  1972

510 pages

 

 

 

 

 

17. Peyrefitte chevaux Ladoga.PNG

 

 

 

Alain PEYREFITTE

Les chevaux du lac Ladoga

Paris, Plon, 1991

425pages

 

 

 

Qui nous eût dit que nous citerions un jour Alain Peyrefitte ! Mais ceci nous semble un peu d’actualité et mériter peut-être quelques instants de l'attention de Madame Taubira.

Les Chevaux du lac Ladoga – La justice entre les extrêmes, (1981), 1982  (éditions Plon)

Alain Peyrefitte tire de son expérience en tant que Garde des Sceaux de 1977 à 1981, une réflexion approfondie sur la justice, la violence, et la criminalité qu’il consigne dans ce livre majeur de son œuvre.

           Extraits :

« Au milieu des clameurs, un millier de chevaux, pris de panique, coururent se jeter dans le lac pour échapper à l’incendie. Soudain, l’eau qui les protégeait gela… Ce troupeau qui, fuyant le mur de flammes, s’enferme à jamais dans le mur de glace, ses chefs de file auraient pu l’entraîner sur une troisième voie, en s’élançant au long de la rive. Mais le réflexe d’un être apeuré ou fougueux, surtout en groupe , le pousse à bondir d’un extrême à l’autre… »

« Dans le phénomène de la surfusion, l’immersion soudaine de corps étrangers entraîne la cristallisation de la masse liquide. Ce sont les chevaux qui provoquèrent le gel du lac. Cet équilibre précaire d’une eau prête à basculer évoque celui dans lequel baigne une société complexe… »

« Réfractaire à l’esprit de transaction, nous avons l’esprit de contradiction… Quel rôle notre attrait pour les excès laisse-t-il à la justice ? Elle assure l’équilibre de la société, quand elle reconnaît « le bon droit » ; quand elle substitue le châtiment légal à la vengeance privée ; quand elle sauvegarde les libertés individuelles ; quand elle fixe les bornes. »

« Seulement, les juges sont eux-mêmes exposés à tous les déséquilibres… Soumis au pouvoir exécutif, ils réduiraient la justice à être une auxiliaire de la police ; dressés contre lui ; ils transformeraient la séparation des pouvoirs en conflit des pouvoirs… Sensibles à l’opinion ; ils délibéreraient sous la pression de la rue ; dédaigneux de la volonté collective, ils oublieraient qu’ils prennent leurs décisions au nom du peuple français… Trop lents, ils désespèrent celui qui attend réparation ; expéditifs, ils s’exposeraient à l’erreur… À tant de risques contradictoires, ils n’échappent que par la mesure… »

« Celui qui conduit l’action doit fixer l’horizon. Mais s’il souhaite qu’elle aboutisse, il doit savoir garder le silence. Au milieu des clameurs, il longe la rive – en évitant les dangers du brasier comme du lac en surfusion… »

*

Mais nous étions à Léningrad, berceau de la Révolution bolchevique de 1917, ville où se sont mutinés les marins du Potemkine… Léningrad, ville de Lénine, même si c’est Staline qui l’a sauvée, Staline et les 23 millions de Soviétiques qui ont fait le sacrifice de leur vie pour nous sauver tous de ce nazisme-là.

Une célébration de la ville martyre sans un mot sur celui qui lui avait donné son nom ? Nous ne mangeons pas de ce pain-là.

 18. lenine walter julliard.JPG

 

 

Gérard WALTER

LÉNINE

Paris, René Julliard, 1950.

543 pages

 

 

 

19. lenine marabout.JPG

 

 

 

Gérard WALTER

LÉNINE

Éd. Marabout Université, s. d.

492 pages

 

 

 

20. Lenine walter kindle.JPG

 

 

Gérard WALTER

LÉNINE

Paris, Albin Michel, 2012

Format Kindle

Taille du fichier : 1429 KB

Nombre de pages de l'édition imprimée : 678 pages

 

 

 

 

Lénine par Guillemin, (1)

 

Lénine par Guillemin (2)

 

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Dimitri Chostakovich : Symphonie No.7  « Leningrad » – en ut majeur op 60

Gergiev/MTO (2010Live)

 

Cette symphonie a été composée en décembre 1941 et créée en 1942 pour exalter la résistance à l’invasion nazie pendant le siège de Léningrad. Elle était la préférée de Staline. On dit que la partition a été parachutée dans la ville en flammes, et que la salle était sous les bombes pendant le concert.

Valery Gergiev, le colosse du Caucase à la baguette, et l'orchestre du Mariinski ! Que demande le peuple ?

21. Symphonie n°7.JPG «  Pas de longs épanchements névrotiques à la Mahler ; ici c'est efficace, de grandes mélodies larges comme le fleuve Amour, des orages slaves ! Au milieu du premier mouvement, voilà le « thème de l'invasion », cet ostinato jubilatoire qui ressemble tant au Boléro de Ravel. 22 mesures où la même marche, un thème désinvolte et ironique, est répété inlassablement, toujours plus fort, pizzicati, hautbois, vents, cuivres, cordes, caisse et tambours, jusqu'à l'explosion ! Merci Dimitri. On a envie de dégommer deux ou trois Messerschmidt à l'occasion, et de trinquer à la Moskovskaya, na zdrovye. »  (Source : Antoine, http://postmodernchaos.blogspot.be/2012/03/le-metro-ma-vie-deraille-2.htm )  

 

 

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Rappelons que le 2 février qui vient, la ville de Volgograd redeviendra Stalingrad pour 24 heures.

 

22. Coquelicots.JPG

 

 

 

Mis en ligne les 27 et 28 janvier 2014

(Notre bateau d'aujourd'hui est le destroyer soviétique Opytny,

qui a servi de batterie flottante pendant tout le siège et, quoique cible évidente, y a survécu.)

 

 

 

 

23:48 Écrit par Theroigne dans Actualité, Général, Loisirs, Musique, Web | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook |

22/01/2014

ON NOUS PROMET DES TITANICQUES

1. Titanic Meets Godzilla.JPG 

On nous promet des Titanicques

Nous ne comptions pas revenir sur l’interdiction de la quenelle, qui bat son plein et ne va pas manquer de continuer.

Il semble cependant que Dame Chienlit joue témérairement les apprenties-sorcières. La Cour et la Ville ne bruissent, à l’heure qu’il est, que des mots « ras la casquette », « dictature » et même - si, si - « révolution ».

Les Pline l’Ancien au petit pied que nous sommes ne pouvaient que dresser l’oreille et vous rapporter ce qui se dit, se chuchote, ou se clame, voire se chante.

Soyons honnêtes : ce que nous vous servons ici n’est qu’une suite de « copié-collé », mais des « copié-collé » de qualité, quoique d’origines diverses, d’auteurs pas nécessairement sur la même longueur d’ondes en temps normal.

 

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Où M. Djerrad Amar pense, sans doute avec raison, que

«l’affrontement ira à son terme en passant malheureusement par un paroxysme qui sera vraisemblablement dramatique, nous ne vivons là qu’un petit épisode initial. » 

2. liberer.jpg

C’est bien en France que maintenant la guerre s'engage

20 janvier 2014 – avic

Tribune Djerrad Amar

Les français ont maintenant bien pris conscience, depuis la provocation de Valls visant à censurer un spectacle de l’humoriste Dieudonné que quelque chose avait changé dans les rapports entre les tenants du pouvoir en France et un peuple devenu de plus en plus critique et frondeur.

Le ton et les méthodes de ce pouvoir ne laissent aucun doute il est décidé d’aller au maximum de ses moyens afin de satisfaire la logique impérialiste.

Évidemment, pour l’observateur attentif des agissements de cet impérialisme depuis maintenant 20 ans qu’est le Réseau Voltaire il n’y a aucune illusion à se faire, la conscience est prise que l’affrontement ira à son terme en passant malheureusement par un paroxysme qui sera vraisemblablement dramatique, nous ne vivons là qu’un petit épisode initial.

Nous parlons bien d’impérialisme à propos de Valls et de ses amis et nous parlons bien d’un épisode français à propos d’un conflit déjà largement engagé sur d’autres fronts.

Lire la suite…

Source : http://reseauinternational.net/2014/01/20/cest-bien-en-fr...

 

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Et où M. Byblos nous parle – il était temps ! – de l’aberrante  « cohésion nationale », invoquée avec un effronté culot par vous-savez-qui.

3. liberte-2328771-jpg_2006693.jpg

 

Du 9/11 à Dieudonné : l’alignement parfait

20 janvier 2014 - Avic

Tribune de Byblos

Quel est le dénominateur commun entre les événements du 11 Septembre 2001, la liquidation de Kadhafi, la guerre en Syrie ou le lynchage de Dieudonné ? Réponse : l’alignement parfait, uniforme et zélé des médias sur la narrative du pouvoir. En un peu plus d’une décennie, de Washington à Paris, nous avons ainsi assisté à l’incorporation, à l’assimilation complète des médias «qui font l’opinion» par la machinerie du Système. La servitude est totale, consentie, et les voix discordantes sont combattues avec une rage d’autant plus haineuse que les arguments et/ou la raison font défaut, que le mensonge à propager est gros. Avec l’affaire Dieudonné, on a pour la première fois invoqué «l’atteinte à la cohésion nationale» pour justifier la censure. C’est une étape significative dans l’avènement de cette société de l’obéissance en devenir, où «cohésion» rime avec nivellement, avec soumission.

Lire la suite…

 

Source : http://reseauinternational.net/2014/01/20/du-911-a-dieudo... (Excellent site !)

 

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Quand la Grande Muette se met à causer…

 

4. Carpette Diem.JPG

 

Jean Angius, ancien commando parachutiste du 6ème CPIMA s’adresse à Manuel Valls.

 

 

Source : http://joelecorbeau.com/2014/01/20/message-de-jean-angius...

 

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On nous dit – et d’ailleurs Byblos le confirme ci-dessus que M. E. Nabe se serait laissé aller, chez Frédéric Taddei, à crier lui aussi « haro sur le baudet ! », qu’il y aurait fustigé le conspirationnisme ou les complotistes ou le tout ensemble.

Il faut comprendre. « Celui qui perd ne saurait rire » dit un proverbe wallon. Or, ne voilà-t-il pas qu’un comique-même-pas-drôle et, disons le mot, un nègre, vient d’obstruer de ses fesses colorées quoique sans le faire exprès le créneau que M.E. Nabe s’échine depuis des décades à revendiquer pour lui-même : celui d’artiste maudit. Cela crie vengeance. M. E. Nabe a crié. Voilà. Voilà.

 

♪ ♫ ♪ ♫

 

Je suis tombé par terre, c’est la faute à Voltaire

Le nez dans le ruisseau, c’est la faute à Rousseau

5. notes-musique.jpg

La faute à Dieudo : version longue !

 

♪ ♫ ♪ ♫

 

S’il est un mot qu’aucun de ces deux pousse-au-crime n’a jamais employé – et M. Guillemin non plus pour autant que nous le sachions – c’est le mot « conspirationnisme ». La richesse de leur vocabulaire ne pouvant être mise en cause, c’est sans doute que la chose n’existait pas. N’existe pas. Idem pour le mot « complotistes ». Louis-Ferdinand Céline a bien osé un « complotiques », mais c’était pour rire. Quand on fait dans l’invective, on a droit aux néologismes.

[ Saint-Just, qui redoutait très fort l’influence des parents sur leur progéniture, voulait qu’à l’âge de trois ans les enfants leur soient enlevés pour être éduqués par la République. Si l’Antoine avait vécu, peut-être que le Ferdinand ne serait jamais devenu judéophobe à l’imitation de son papa. Ah, - soupir -, mais qui éduquera les éducateurs de la République ? ]

M.E. Nabe, qui ne sait pas que singer les faiblesses d’un grand homme ne vous donne pas nécessairement son génie, vient de s’aligner bien inconsidérément sur Dame Chienlit. Il s’est mis dans de beaux draps !

Tiens, puisqu’on en parle…

 

Révolution

6. Dubout - Sans titre - 1973.JPG

(…)

La Révolution moyenneuse ?

Comment l’allez vous faire belle face ?

Je décrète salaire national 100 francs par jour maximum et les revenus tout pareillement pour les bourgeois qui restent encore, bribes de rentes, ainsi je n’affame personne en attendant l’ordre nouveau. Personne peut gagner plus de 100 balles, dictateur compris, salaire national, la livre nationale. Tout le surplus passe à l’État. Cure radicale des jaloux. 100 francs pour le célibataire, 150 pour les ménages, 200 francs avec trois enfants, 25 francs en sus à partir du troisième môme. Le grand salaire maxima : 300 francs par jour pour le Père Gigogne. Ça sera une extrême exception, la moyenne 70-100 balles.

Forcément y en a qui fument, qui trouvent que c’est pas juste du tout, les ceusses qui gagnent pas leurs cent francs… Pardon ! pardon ! Tout est prévu ! 50 francs salaire minimum, 75 marié, 100 francs les pères de famille avec trois enfants au moins. J’ai pensé à eux.

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Plus de chômage bien entendu. Comment vous supprimez ça ?

Je nationalise les Banques, les mines, les chemins de fer, les assurances, l’Industrie, les grands magasins… C’est tout ? Je kolkozifie l’agriculture à partir de tant d’hectares, les lignes de navigation, je ramasse le blé, les froments, l’élevage des génisses, et les cocottes avec leurs oeufs, je trouve du boulot pour tout le monde. Et ceux qui veulent pas travailler ? je les fous en prison, si ils sont malades je les soigne.

Comme ça y aura plus d’histoires, faut que tout le monde y passe, les poètes je m’en occupe aussi, je leur ferai faire des films amusants, des jolis dessins animés, que ça relèvera le niveau des âmes, il en a besoin. Une fois qu’on est sorti de la tripe, de l’obsession de la boyasse, tous les petits espoirs sont permis.

 

Faut pas du grand communisme, ils comprendraient rien, il faut du communisme Labiche, du communisme petit bourgeois, avec le pavillon permis, héréditaire et bien de famille, insaisissable dans tous les cas, et le jardin de cinq cents mètres, et l’assurance contre tout. Tout le monde petit propriétaire. Le bien Loucheur obligatoire. Toujours les 100 francs maxima, les maridas à 125, les grosses mémères à 150. Ça fera des discussions affreuses, du bignolage perte d’ouïes, un paradis pour ménagères, on arrêtera plus de jaboter à propos des profiteurs qu’ont des 4 et 5 enfants, mais ça aura plus de conséquences, ça pourra pas soulever les masses des différences de 25 francs.

8. Dubout - On vote.JPG

Votons mesquin, voyons médiocre, nous serons sûrs de pas nous tromper. Voyons le malade tel qu’il se trouve, point comme les apôtres l’imaginent, avide de grandes transformations. Il est avide de petit confort.

Quand il ira mieux ça se verra, on pourra lui faire des projets, des grandes symphonies d’aventures, nous n’en sommes pas nom de Dieu ! Si on le surpasse il va en crever, il va s’écrouler dans son froc, il va débiner en lambeaux, il va se barrer en jujube, il tient déjà plus lerche en l’air… Il est vérolé d’envie comme le bourgeois d’avarice. C’est le même microbe, même tréponème.

C’est ça qui leur donne des abcès, qui les torture, les grimace.

Les opérer tous les deux, ensemble, d’un même bistouri, c’est Providence et charité, c’est la résurrection sociale.

Ils sont trop laids à regarder, tels quels, convulsant dans leur merde, il faut agir, c’est un devoir, c’est l’honnêteté du chirurgien, une toute simple, fort nette incision, presque pas sanglante, une collection fleur à peau, archi-mûre… un petit drain… quelques pansements… et puis c’est tout… huit à dix jours…

 

Moi j’aime pas les amateurs, les velléitaires. Faut pas entreprendre un boulot ou bien alors il faut le finir, faut pas en laisser en route, que tout le monde se foute de votre gueule…

Si on fait la révolution c’est pas pour la faire à moitié, il faut que tout le monde soye content, avec précaution, douceur, mais avec la conscience des choses, qu’on a rien escamoté, qu’on a bien fait tout son possible.

Quel est l’autre grand rêve du Français ? 99 Français sur 100 ? C’est d’être et de mourir fonctionnaire, avec une retraite assurée, quelque chose de modeste mais de certain, la dignité dans la vie.

Et pourquoi pas leur faire plaisir ? Moi j’y vois pas d’inconvénient. C’est un idéal communiste, l’indépendance assurée par la dépendance de tout le monde. C’est la fin du “chacun pour soi”, du “tous contre un”, de “l’un contre tous”. Vous dites : Ils fouteront plus grand’chose. Oh ! C’est à voir… On en reparlera… Je trouve ça parfaitement légitime que le bonhomme il veuille être tranquille pour la fin de ses jours. C’est normal… et la sécurité de l’emploi… c’est le rêve de chacun. Je vois pas ce que ça donne d’être inquiet, j’ai été bien inquiet moi-même, j’en ai t’y mangé de la vache ! Je crois que je suis un champion de la chose, j’ai tout de même ça en horreur. Je vois pas à quoi ça peut servir pour le relèvement de la Sociale, la marche agréable du Progrès, de se casser le cul effroyable, d’en chier comme trente-six voleurs, sans fin ni trêve, les consumations par l’angoisse que c’est du crématoire de vie.

C’est toujours des douillets nantis, des fils bien dotés d’archevêques qui vous parlent des beautés de l’angoisse, je leur en filerai de la voiture, moi ! de la sérieuse voiture à bras, et poil, certificat d’étude ! à l’âge de 12 ans ! je te leur passerai le goût de souffrir !  (…)

 

Enfants

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(…)

La France elle a des ennuis.

Elle va crever d’à peu près tout, des juifs, des maçons, de l’Angleterre, de la défaite militaire, de bisbille celtique éperdue, de prétentions cacochymes, de la haine des uns pour les autres, de l’égoïsme capitaliste, et coetera et couetera… Elle va crever qu’elle manque d’essence, de coton, de cuivre et de froment…

Elle va périr enfin surtout qu’elle produit plus assez d’enfants, c’est l’oeuf de Colomb par le fait : plus d’enfant, plus de France… Au taux actuel c’est des plus simples, dans 20 ans y aura plus de jeunesse… y aura plus chez nous que des vieillards, des emphysémateux à bosses… La question sera donc résolue en même temps que les autres… France éternelle aura vécu… de tours de vache en discours, de folles saignées en clarinettes… Pas besoin de se casser la tête… Les problèmes d’asile de vieillards c’est du ressort de l’Économat, y a plus besoin de Premier Ministre… des suppositoires… du tilleul… On est donc au bout du rouleau. C’est de la pénurie vitale… C’est la poule qui ne veut plus pondre… Ah ! la déprimante conjecture ! De quoi morfondre bien des Sénats ! Bien sûr y a le Code de la famille ! Mais qu’il est étique et râleux ! chafoin ! Je crois pas qu’il fasse bander personne…

Et c’est pourtant de ça qu’il s’agit… Beaucoup de papier, peu d’enthousiasme. Faut se mettre à la portée du monde… Vous parlez d’un fringant passé !... Tout en catastrophes écoeurantes… Verduns pour rien… Gloire pour les prunes… Impôts pour les youtres, les anglais… la Ceinture française tous les jours… jamais pour nous les chaussures !... toujours pour les autres !… Salut ! Vous avez dégoûté la bête. Vous parlez d’un joli présent… Vous parlez d’un jouissant avenir… que du boulot, des sacrifices, des charogneries à perte de vue… C’est pas un programme bandochant… Vous vous rendez compte ? On en a sué 400 milliards pour parvenir où nous en sommes… sur les genoux… en bas d’une autre côte… C’était aussi un grand projet bien patronné par toute l’élite, la fine fleur des hautes maçonneries… à quel renfort de zimboum ! boum !...

Quelles pâmoisons ventriloques !...

Quels sacrés jurements au bonheur ! quelles culotissimes assurances ! Et de quels hommes ? Presque les mêmes… les bulles encore au coin de la gueule… C’est donc le tout à recommencer ?...

Minute ! Vous permettez qu’on se gratte… qu’on se demande où ça va conduire votre nouvelle enfourcherie de dada… qu’on se demande dans votre aventure qu’est-ce qu’on va lui faire au têtard ? C’est ça qui nous intéresse… Quels tours de fumiers tout ça couve ?… Des championnats de la maigreur ?... Va-t-on battre les Russes… les Berbères… au Grand Steeple de la Privation ?...

Prévenez-nous tout de suite…

Faut vous faire encore des enfants ?

Ça vous suffit pas les vieillards ? Ah ! Ça va mal ! Mieux vaut l’admettre. La confiance se cache, les enfants aussi, ils restent au fond des entrailles.

L’entrain à la vie n’est plus là.

Ça se voit en tout, dans nos grimaces, nos façons gercées…

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Crédit est mort une fois pour toutes.

Pas de sécurité pas de famille ! Plus de légèreté, plus de grâce, dans les mouvements, dans les coeurs…

Sans enfants plus de gaîté.

Comment rendre la confiance à tous ces gens sourcilleux, revêches au déduit, noués de partout ?...

Je crois par un autre code de la Famille, mais alors beaucoup plus vivace, plus ample, bien plus généreux, pas un code de ratatinés discutailleux préservatifs. Mais non ! Mais non ! Un vrai code, qui comprendrait tout, bêtes, biens et gens, enfants et vieillards de France dans la même famille, les juifs exclus bien entendu, une seule famille, un seul papa, dictateur respecté. Une famille donc respectable où y aura plus du tout de bâtards, de cendrillons, de poil de carotte, de bagnes d’enfants, “d’Assistance”, où la soupe serait la même pour tous, où y aurait pas d’enfants de riches, des tout dodus et les petits maigres, des qui s’amusent, d’autres qui la pilent. Ça va vraiment plus une société bâtie comme la nôtre, faut mieux qu’elle s’efface, c’est comme une chienne qu’est trop vicieuse, c’est normal qu’on s’en débarrasse.

Tout le monde à la même école ! Les familles réunies, en somme, toutes les familles dans une seule, avec égalité des ressources, de droit, de fraternité, tout le monde au salaire national, dans les 150 francs par jour, maximum, le Dictateur 200 points pour lui faire spécialement honneur, encore qu’il soit bien entendu qu’on ira pour sa livre “extra” le taper plus souvent qu’à son tour, question de bien lui rappeler la vie, qu’il en chiera comme un voleur, que c’est le rôle des pères de famille.

Faut recréer tout ? alors parfait ! Mais faut pas se perdre dans les prostates, faut recommencer tout de l’enfance, par l’enfance, pour tous les enfants. C’est par là que le racisme commence et le vrai communisme aussi, à l’enfance et pas ailleurs, par la gentillesse unanime, l’envie que toute la famille soit belle, saine, vivace, aryenne, pure, rédemptrice, allégrante de beauté, de force, pas seulement votre petite famille, vos deux, trois, quatre mômes à vous, mais toute la famille bien française, le juif en l’air bien entendu, viré dans ses Palestines, au Diable, dans la Lune.

On se fout des enfants des autres ! Ça suffit bien d’élever les siens ! Chacun voit midi à sa porte ! Il faut que ça cesse ce genre hideux, une fois pour toutes ! que ça devienne incompréhensible cet égoïsme ès berceau. Il faut que les enfants des autres vous deviennent presque aussi chers, aussi précieux que les vôtres, que vous pensiez aussi à eux, comme des enfants d’une même famille, la vôtre, la France toute entière. C’est ça le bonheur d’un pays, le vrai bouleversement social, c’est des papas mamans partout. Le reste c’est que des emmerdements, des abracadabrantes combines, des fourbis chinois, des pitreries d’orgueil, hagard, absolument contre nature, qui peuvent finir qu’en catastrophes.

Racisme c’est famille, famille c’est égalité, c’est tous pour un et un pour tous. C’est les petits gnières qu’ont pas de dents que les autres font manger la soupe. Au sort commun pas de bâtard, pas de réprouvés, pas de puants, dans la même nation, la même race, pas de gâtés non plus, de petits maîtres. Plus d’exploitation de l’homme par l’homme. Plus de damnés de la terre. C’est fini. Plus de fainéants, plus de maquereaux non plus, plus de caïds, plus d’hommes à deux, trois estomacs.

Le marxisme est bien emmerdé, on lui secoue son atout majeur : le coeur froid des hommes.

C’est la famille qui réchauffe tout, c’est plus le pognon qui l’unit, c’est la race, c’est plus le pognon qui la divise, y en a plus. C’est tout le pays familialement recréé à 100 francs par jour.

 

La maîtresse richissime d’un de nos présidents du conseil, actuellement en prison, fut paraît-il à l’origine, à l’inspiration des “décrets de pudeur” récemment promulgués.

Outre ! Décrets d’offusquerie ! de protection soi-disant de la morale et des familles !

Bouffre ! que voici la tartuferie dans tout son odieux faux-fuyant ! sa dégueulasserie bourrique ! toujours cavetante aux Parquets ! (comme les communistes) pour dériver les griefs, détourner la foudre sur quelques piteux qu’en peuvent mais…

Ah ! le fameux tableau de chasse ! comme ça va relever les familles quand on aura cintré trois cloches, trois plumiteux en mal de terme, qu’auront ressorti les filles de Loth, et puis deux, trois petits maniaques qui se font du mal au martinet !... Malheur ! Ça leur fera des belles cuisses aux familles françaises !

Madame, j’aurais des choses à dire si vous étiez encore en Cour, mais vous n’êtes plus aux faveurs… vous en entendriez des belles… mais vous n’êtes plus au pouvoir… C’est pas mon genre l’hallali, j’ai pas beaucoup l’habitude d’agresser les faibles, les déchus, quand je veux me faire les poignes sur le Blum je le prends en pleine force, en plein triomphe populaire, de même pour les autres et Mandel. J’attends pas qu’ils soyent en prison. Je fais pas ça confidentiellement dans un petit journal asthmatique. Je me perds pas dans les faux-fuyants, les paraboles allusives.

C’est comme pour devenir pro-allemand, j’attends pas que la Commandatur pavoise au Crillon.

Demain si le Daladier revenait (c’est pas impossible croyez-le) je vous affirme que je le rengueulerais et pas pour de rire. D’abord y a un compte entre nous, c’est lui qui m’a fait condamner… Pour le moment il est tabou, il est par terre, ça va, j’attends…

Y a un temps pour tout que je dis…

J’aime pas les salopes.

C’est sous Dreyfus, Lecache, Kéril, qu’il fallait hurler « vive l’Allemagne » ! À présent c’est de la table d’hôte…

Mais revenons à nos familles… Vous leur vouliez du bien Madame ? Avec tout le respect que je vous dois, vous vous foutez d’elles et bellement ! C’est pas en expurgeant les livres que vous augmenterez leur confort. D’abord je vais vous dire une bonne chose, les familles elles lisent jamais rien, quelque fois le Paris-Soir et encore… C’est pas les livres qui les corrompent… Ce qui les corrompt c’est votre exemple, c’est l’exemple de vos privilèges, c’est votre astucieuse réussite de foutre rien avec des rentes, d’être bien heureuse dans votre nougat, toute parasite et pépère. La voilà la folle indécence, l’obscénité en personne ! Voilà le fléau Madame, c’est pas dans les livres, c’est dans votre existence même.

Je vous vois qu’une façon de les aider les familles qui vous sont précieuses, c’est de leur verser tout votre pognon, tous les attributs de la fortune. C’est ça qui les soulagera bien, c’est pas les déplacements de virgules, les nitoucheries effarées, les trémoussements autour du pot… Si vous attaquez le problème alors allez-y carrément ! amenez vos ronds ! là ! sur la table ! tous vos ronds ! on verra de cy que vous êtes sincère, que c’est pas du cinéma, que les familles vous tiennent à coeur.

Parce que si c’est pour la musique, nous aussi on peut composer… des folies-bouffes… des pastourelles… Racine, lui, travaillait en verses pour les jeunes filles de la Maintenon…

Ah ! Méfions-nous de ces maîtresses !... elles vous ont un goût des Beaux-Arts… un penchant, le caprice, le don, de s’occuper des familles !…

 

Oh ! C’est pas que je vienne dire du mal des Beaux-Arts et de leur enseignement. Je trouve rien de plus essentiel. « Donnez-moi le privilège d’écrire les chansons d’un peuple et je serai bien au-dessus de celui qui fait les Lois. »

Voici le précieux adage tout à méditer.

Vous dites : « Le peuple a aucun goût ! Il aime que le faux, les ordures… »

Où qu’il aurait pris son goût ? Pas à l’école, on l’apprend pas. On se désintéresse du goût, de l’enthousiasme, de la passion, des seules choses utiles dans la vie… On apprend rien à l’école que des sottises raisonnantes, anémiantes, médiocrisantes, l’air de tourner con râbacheur. Regardez les petits enfants, les premières années… ils sont tout charme, tout poésie, tout espiègle guilleretterie… À partir de dix, douze ans, finie la magie de primesaut ! mués louches sournois butés cancers, petits drôles plus approchables, assommants, pervers grimaciers, garçons et filles, ragoteux, crispés, stupides, comme papa maman. Une faillite ! Presque déjà parfait vieillard à l’âge de douze ans ! Une culbute des étoiles en nos décombres et nos fanges !

Un désastre de féerie.

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Quelle raison ? La puberté ? Elle a bon dos ! Non ! Parce que dressés tout de suite en force, sonnés d’emblée dès l’école, la grande mutilante de jeunesse, l’école leur aura coupé les ailes au lieu de leur ouvrir toutes grandes et plus grandes encore ! L’école n’élève personne aux nues, elle mutile, elle châtre. Elle ne crée pas des hommes ailés, des âmes qui dansent, elle fabrique des sous-hommes rampants qui s’intéressent plus qu’à quatre pattes, de boutiffes en égouts secrets, de boîtes à ordures en eaux grasses.

Ah ! C’est vraiment le plus grand crime d’enfermer les enfants comme ça pendant des cinq ou dix années pour leur apprendre que des choses viles, des règles pour mieux s’ahurir, se trivialiser à toutes forces, s’utiliser l’enthousiasme aux choses qui s’achètent, se vendent, se mangent, se combinent, s’installent, dilatent, jubilent Capital, qu’on roule avec, qu’on trafique, qu’on goupille, chignolle, lamine, brase, en cent enfers mécanisés, qu’on accumule dans ces dépôts pour les refiler à bénéfices… à la grouillerie des brutes d’achat.

Quelle atroce farce ! Saisir les enfants à leurs jeux, les empêtrer minutieusement pas examens impeccables de notions toujours plus utiles, tourner en plomb leur vif argent, leur river après les quatre pattes, que la bête gambade plus jamais, qu’elle reste prosaïque à toujours, fardée à hurler à mort, sous chape effroyable, à désirer toutes les guerres pour se dépêtrer comme elle peut d’une existence qui n’en est plus, qu’est une espèce de survie d’une joie trépassée depuis longtemps, enterrée toute vive à l’école.

Parce que si ça doit continuer notre existence pareille et même, telle qu’elle se déroule aujourd’hui, sur cette boue ronde, je vois pas beaucoup à quoi ça rime… Des catastrophes comme distractions… des hécatombes comme dessert… ça peut encourager personne… On pourrait peut-être aviser, varier un peu nos usages… se demander par où ça pèche… À moins qu’on aime l’atrocité… les grands Beaux-Arts de catastrophe…

C’est important les Beaux-Arts, c’est pas moi qu’en dirais du mal… C’est la manière de s’en servir, c’est là qu’est le hic… Ça serait peut-être même une façon de rénover de fond en comble l’Europe et ses tristes vilains penchants, de lui retrouver un petit peu une âme, une raison d’être, un enchantement, une gaîté surtout, c’est ça qui lui manque le plus, une gaîté pour commencer, puis une mélodie bien à elle, une ivresse, un enthousiasme, un racisme d’âme et de corps, qui serait l’ornement de la Terre, la fontaine des plus hautes féeries ! Ah, nom de Dieu y en a besoin !

Pas un racisme de chicane, d’orgueil à vide, de ragots, mais un racisme d’exaltation, de perfection, de grandeur.

Nous crevons d’être sans légende, sans mystère, sans grandeur. Les cieux nous vomissent. Nous périssons d’arrière-boutique.

Vous voulez retrouver l’entrain ? la force créatrice ? alors première condition : Rénovez l’école ! recréez l’école ! pas qu’un petit peu… sens dessus-dessous !...

Tout doit reprendre par l’école, rien ne peut se faire sans l’école, hors l’école. Ordonner, choyer, faire éclore une école heureuse, agréable, joyeuse, fructueuse à l’âme enfin, non point morne et ratatinière, constipante, gercée, maléfique.

L’école est un monde nouveau qui ne demande qu’à paraître, parfaitement féerique, tous nos soins envers ce miracle ne consistent encore à ce jour qu’en brutalités méthodiques, en avortements acharnés.

Le goût du public est tout faux, résolument faux, il va vers le faux, le truqué, aussi droit, aussi certainement que le cochon va vers la truffe, d’instinct inverti, infaillible, vers la fausse grandeur, la fausse force, la fausse grâce, la fausse vertu, la fausse pudeur, le faux bonhomme, le faux chef-d’oeuvre, le tout faux, sans se fatiguer.

D’où lui vient ce goût-catastrophe ? avant tout, surtout de l’école, de l’éducation première, du sabotage de l’enthousiasme, des joies primitives créatrices, par l’empesé déclamatoire, la cartonnerie moralistique.

L’école des bourrages ressassages, des entonnages de fatras secs nous conduit au pire, nous discrédite à jamais devant la nature et les ondes…

Plus d’entreprises de cuistreries ! d’usines à rogner les coeurs ! à raplatir l’enthousiasme ! à déconcerter la jeunesse ! qu’il n’en réchappe plus que noyaux, petits grumeleux rebuts d’empaillage, parcheminés façon licence, qui ne peuvent plus s’éprendre de rien sauf des broyeuses-scieuses-concassières à 80 000 tours minute.

Ô pions fabricants de Déserts !

 

Bien sûr il faut des certitudes, du pondérable, des poids, des mesures, des sciences exactes, des découpetages d’Algébrie, des mathématiques Barateuses-lieuses, des concomitants Mastodontes, poustouflants à cent mille pistons, par tourbillonages réversibles, des fouasseuses gicleuses synthétantes hautes dix fois comme la tour Eiffel, à jus de cornue miroboleux, idoles de vingt Trusts verticaux, avec fournaises en ébonite, cheminées qui traversent les Alpes, tous les torrents emboutis, façonnés égouts de Haute-force, mers Blanches en sirops, qui remplacent mille hommes à fond de mine par trois pets et un tondu, tout ceci formellement précis et loustiquerie polytechnique.

Fort bien ! Très bien ! Nous sommes contents !

Parfaitement louable et Grand merci ! Le progrès étant à ce prix !

Tout de même faudrait que ça passe en second… en tout honneur et révérence… que ça décervelle pas l’enfance… autrement c’est plus qu’un désastre, un misérable naufrage en plein Prodige de mécanique, qu’on laisse tout de même l’enfant tranquille que ça lui mange pas tout son rêve, les forces du progrès électrique, tourpillonnant standardisé, parce que c’est ça le divin précieux, précieux comme trois cent mille progrès, notre tout petit mirliton à nous… encore au fond des âges… trois cent mille fois mille progrès et encore mille fois dix mille ans, ça ne vaut pas… le petit rigodon du rêve la musique timide du bonheur, notre menu refrain d’enfance…

Que doive crever Polytechnique on se fera parfaitement raison, qu’on marche déjà très bien à pied, qu’on fera dodo dans l’autobus quand y aura plus d’essence du tout, à jamais… et quand ça sera la mort du cheval… on reviendra aux temps comme avant où y avait pas encore les clous… où se promener était pas un drame, où ça finissait pas toujours à l’hôpital ou en prison.

Je veux bien qu’il y ait de la force majeure, des mals nécessaires, des mécaniques dans certains cas, des trolleybus, des Cyclo-pompes, des calculatrices à moteur, je comprends les sciences exactes, les notions arides pour le bien de l’Humanité, le Progrès en marche… Mais je vois l’homme d’autant plus inquiet qu’il a perdu le goût des fables, du fabuleux, des Légendes, inquiet à hurler, qu’il adule, vénère le précis, le prosaïque, le chronomètre, le pondérable. Ça va pas avec sa nature. Il devient, il reste aussi con. Il se fabrique même une âme chimique avec de l’alcool à toutes doses, pour réagir contre l’angoisse, se réchauffer les aciers, se duper au monotone, il se délabre, cafouille, s’étiole, rote, on l’emporte, on l’incarcère, on le radoube, on rambine vitesse, il revient, tout est à recommencer… il tient plus huit jours à la vie super-intense des cent mille grelots à la fois tressaillis dans du vitriol. Et de plus en plus convaincu “d’alésages au polycompteur”, de précipices à la corde, virés au 3/5ème de poil, d’engouffrants phénomènes de trombes, halluciné à mort de Vide, osmotique des riens, métaphysique de sottise, hypnotisé de précisions, myope de science, taupe de jour.

On l’éberlue de mécanique autant que les moines de mômeries nos pères les crasseux, il fonce le moderne, il charge, du moment qu’on lui cause atomes, réfractions cosmiques ou “quanta”, il croit que c’est arrivé dur comme fer. Il est en or pour tous panneaux. Il donne dans le prestige des savants comme autrefois aux astrologues, il s’est pas encore rendu compte que d’additionner des pommes ou de mettre en colonnes des atomes, c’est exactement semblable, c’est pas plus sorcier, c’est pas plus transcendant l’un que l’autre, ça demande pas plus d’intelligence.

Tout ça c’est de la vaste escroquerie pour bluffer le bonhomme, l’appauvrir, le dégoûter de son âme, de sa petite chanson, qu’il aye honte, lui couper son plaisir de rêve, l’ensorceler de manigances, dans le genre Mesmer, le tripoter, le conditionner trépied de machine, qu’il renonce à son coeur, à ses goûts, muet d’usine, moment de fabrication, la seule bête au monde qu’ose plus du tout sauter de joie, à son caprice, d’une patte sur l’autre, d’une espièglerie qui lui passe, d’un petit rythme de son espèce, d’une fredaine des ondes.

Comment que le nègre va gagner ! Qu’il va venir abolir tout ça ! toute cette forcènerie sinistre ! lui l’Anti-machine en personne ! qui déglingue tout ! raccommode rien ! l’Anti-Raison force de la nature ! Il l’aura beau pour trépigner toute cette valetaille abrutie, ces chiens rampants sous châssis !...

 

N’importe quel poisson crevé peut descendre le flot furieux, mais il en faut un de courage et joliment vif pour remonter au courant.

Regardons encore ces déjetés, ces accidentés permanents qui savent plus où donner de la tête, comment on peut leur rendre une âme ? une petite musique, un rythme ? qu’ils soyent plus si fades comme ils sont, en honte au dernier têtard, tout fiévreux, râpeux de raison, ignobles à écouter, à voir. Et infatués avec ça ! d’être à bout de tout leur rouleau, si serfs intrépides, plus pauvres que l’âne, attelés plus bas, au marché vide.

Faudrait un Hercule convaincu et drôlement soufflé, pour les arracher ces lascars à leur roboterie, citoyens motorisés, puis citoyens-bicyclettes, puis citoyens tout nus, pieds nus, la gueule de travers, mauvais coolies, que faire pour eux ? Pas grand’chose. Le traitement à l’école ? Peut-être… Avant l’usine, le bureau, avant la fameuse orientation professionnelle… avant le pli irrémédiable ?... Peut-être… Tout doucement… par les Beaux-Arts ?... Pas à la manière de Maintenon, de Racine, les grandes indécences. Hélas les temps ne son plus. États de luxe, de gaspillages… où l’âme courait encore les rues… divertissements blasés… le peuple encore tout chantant, dansant, festoyant à guise… Hélas ! Les temps ne sont plus… Nous sommes avares devenus, malmenés, pauvrets de ressources et de coeur. Soyons au fait de notre honte. Il faut tout reprendre à l’école, aux balbutiements, à l’A.B.C. de la brimade, de l’estiolerie d’émotions. Las ! que faire de cet insensible, sans rythme, sans saveur, sans essor, que nous livre aujourd’hui l’école, sortie des pensums ? Absolument rien. Confiné, constipé, chafouin, rageur, peureux, revendiquant, tricheur, sournois, effleurant tout, n’aimant rien, bavard de tout, comprenant rien, ah ! l’aride petit phénomène ! âcre résidu de hideux drame, celui de l’étiolerie des âmes, sous la férule des cuistres rances.

Ce misérable est sans recours, c’est un osselet pour toujours à brinquebaler dans les machines, il a plus qu’à attendre son tour, la guerre où on broye les osselets sous les charges de tanks fourrageurs ou sous torpilles en abris-caves où ça se concasse à la toluite les petits osselets de son genre.

Pour l’adulte pas grand’chose à faire… Peu de Révolution pour lui !... des phrases… des phrases… toujours des phrases… L’enfance notre seul salut. L’École. Non à partir des sciences exactes, du Code civil, ou des morales impassibles, mais reprenant tout des Beaux-Arts, de l’enthousiasme, de l’émotion, du don vivant de la création, du charme de race, toutes les bonnes choses dont on ne veut plus, qu’on traque, qu’on vexe, qu’on écrabouille. Une société que demande-t-elle ? en plus du lait chez l’épicier, du pain de quatre livres, du frigidaire ?

Des sociétaires qui s’entendent, qui sont émotifs, émus les uns par les autres, pas des bûches rébarbatives… qu’ont des raisons de se rencontrer, agréablement, non pour admirer leur confort, leurs peaux de zébis du Kamtchatka, leurs 35 chevaux “Quaquaquat”, leurs boîtes à viande 14 litres qu’est la puanteur des campagnes, leurs “tankinettes” d’élégance, mais des choses qui ne s’achètent pas, qu’on fait soi-même avec des ondes, de la bonne humeur, du vent, de l’enthousiasme, du divin, de la “pôvoisie”…

Sans création continuelle, artistique, et de tous, aucune société possible, durable, surtout aux jours d’aujourd’hui, où tout n’est que mécanique, autour de nous, agressif, abominable.

 

Faut-il croire que c’est compliqué, singulier, surnaturel, d’être artiste ? Tout le contraire ! Le compliqué, le forcé, le singulier c’est de ne l’être point.

Il faut un long et terrible effort de la part des maîtres armés du Programme pour tuer l’artiste chez l’enfant. Cela ne va pas tout seul. Les écoles fonctionnent dans ce but, ce sont les lieux de torture pour la parfaite innocence, la joie spontanée, l’étranglement des oiseaux, la fabrication d’un deuil qui suinte déjà de tous les murs, la poisse sociale primitive, l’enduit qui pénètre tout, suffoque, estourbit pour toujours toute gaîté de vivre.

Tout homme ayant un coeur qui bat possède aussi sa chanson, sa petite musique personnelle, son rythme enchanteur au fond de ses 36°8, autrement il vivrait pas. La nature est assez bourrelle, elle nous force assez à manger, à rechercher la boustiffe, par tombereaux, par tonnes, pour entretenir sa chaleur, elle peut bien mettre un peu de drôlerie au fond de cette damnée carcasse. Ce luxe est payé.

Tous les animaux sont artistes, ils ont leurs heures d’agrément, leurs phases de lubies, leurs périodes de rigodon, faridon, les pires bestioles biscornues, les moins engageantes du règne, les plus mal embouchés vautours, les tarentules si répugnantes, tout ça danse ! s’agite ! rigole ! le moment venu !

Les lézards aveugles, les morpions, les crotales furieux de venin, ils ont leurs moments spontanés, d’improvisation, d’enchantement, pourquoi on serait nous les pires sacs, les plus emmerdés de l’Univers ?

On parle toujours des têtards, ils se marrent bien eux, ils frétillent, ils sont heureux toute la journée. C’est nous qu’on est les pires brimés, les calamiteux de l’aventure.

À quoi tout ça tient ? à l’école, aux programmes.

Le Salut par les Beaux-Arts !

Au lieu d’apprendre les participes et tant que ça de géométrie et de physique pas amusante, y a qu’à bouleverser les notions, donner la prime à la musique, aux chants en choeur, à la peinture, à la composition surtout, aux trouvailles des danses personnelles, aux rigodons particuliers, tout ce qui donne parfum à la vie, guilleretterie jolie, porte l’esprit à fleurir, enjolive nos heures, nos tristesses, nous assure un peu de bonheur, d’enthousiasme, de chaleur qui nous élève, nous fait traverser l’existence, en somme sur un nuage.

C’est ça le Bon Dieu à l’école, s’enticher d’un joli Bel-Art, l’emporter tout chaud dans la vie. Le vrai crucifix c’est d’apprendre la magie du gentil secret, le sortilège qui nous donne la clef de la beauté des choses, des petites, des laides, des minables, des grandes, des splendides, des ratées, et l’oubli de toutes les vacheries.

C’est de ça dont [sic] nous avons besoin, autant, bien autant que de pain bis, que de beurres en branches ou de pneumatiques. Qu’on me dilacère si je déconne ! Et comment on apprend tout ça ? En allant longtemps à l’école, au moins jusqu’à 15-16 ans… qu’on en sorte tout imprégné de musiques et de jolis rythmes, d’exemples exaltants, tout ensorcelé de grandeur, tout en ferveur pour le gratuit.

La ferveur pour le gratuit, ce qui manque le plus aujourd’hui, effroyablement. Le gratuit seul est divin.

Plus de petits noyaux crevassés, issus des concours, qui peuvent plus s’éprendre de rien, sauf des broyeuses-concassières à 80 000 tours minute.

 

Malédiction sur la France !

       LAMARTINE

     (Dernières paroles)

Une fois le coeur consacré au don de soi-même, la vie ne peut plus grand’chose sur votre belle heureuse humeur. C’est un genre de lampe d’Aladin qui trouve toujours de nouvelles joies en lieux les plus sombres.

Ça s’arrange toujours plus ou moins, on ne foudroye pas un artiste.

C’est lui qui juge l’Univers, qui se fait marrer à sa guise, tantôt en bien, tantôt en mal, comme ci, comme ça, à petites astuces, au petit bonheur.

On ne peut plus grand’chose contre lui, ni les éléments, ni les hommes, il est passé fétiche pour tous, petit grigri des familles. Si on réfléchit c’est pas mal, rien qu’avec du souffle… Ça serait peut-être la fin des bisbilles, des jacasseries de sales cons, venimeux atroces, des ragotages diffamants, destructeurs de tout, de réapprendre à chanter ensemble, en choeur, et voguer de même, la main dans la main ?...

L’enseignement de rénovation quelle ampleur vous lui donnez ? Toute ! Par la danse, les sports, les Beaux-Arts, les choses utiles seulement secondes, la moitié du temps dirons-nous, il suffit bien ! 10 années ! les meilleures heures, les plus ardentes, dévolues à l’admiration, au culte des grands caractères, au culte de la perfection qui doit embraser l’âme humaine.

Il faut réapprendre à créer, à deviner humblement, passionnément, aux sources du corps, aux accords plastiques, aux arts éléments, les secrets de danse et musique, la catalyse de toute grâce, de toute joie et la tendresse aux animaux, aux tout petits, aux insectes, à tout ce qui trébuche, vacille, s’affaire, échoue, dégringole, trimbale, rebondit, recommence de touffes en brin d’herbe et de brin d’herbe en azur, tout autour de notre aventure, si précaire, si mal disposée…

Que pense de nous la coccinelle ?... Voilà qui est intéressant ! Point du tout ce que pense Roosevelt, ou l’archevêque de Durham…

Que le corps reprenne goût de vivre, retrouve son plaisir, son rythme, sa verve déchue, les enchantements de son essor… L’esprit suivra bien !... L’esprit c’est un corps parfait, une ligne mystique avant tout, le détour souple d’un geste, un message de l’âme, mieux à surprendre, à recueillir au bond, à l’envol de danse que sous accablants grimoires, marmonnerie de textes, contextes, bâfrerie d’analyse de poux, découpages de cheveux en mille, sports assis, migraines, remigraines et la suite, à dégueuler ce noir bastringue, noir sur blanc, tripes et boyaux morfondus de gravité, d’horreurs apprises immangeables, titubants malheureux navrés de bibliothèques, enlisés, suffoquants, affreux, sous glu de savoir, sous calcifiants amonts de fouasse, culturelle.

Ah ! la pourceaude pataugerie ! Ah ! qu’ils sont mornes à regarder ! à secouer ! à comprendre !...

Glués de la sorte, que voulez-vous qu’il en advienne, sans ailes, sans émoi, sans ferveur ? Brutes ou goujats, mufles partout, sournois d’usine, de cancres en boutique, ivrognes aux labours, bêtes à cinéma, passifs partout, de plus en plus ennuyeux, ennuyés, croulants, accablés ?

En chacun délivrer l’artiste ! lui rendre la clef du ciel !

Pensons à l’école française.

Que trouvons-nous ici, chez nous, de plus facile à faire revivre ? d’immanent… au ras du sol… Parmi les dons, les cadences… les sourires un peu… les moins oubliés… le petit espoir… la flammèche… vacillante certes… fumeuse déjà… mais enfin…

L’art ne connaît point de patrie ! Quelle sottise ! Quel mensonge ! Quelle hérésie ! Quel dicton juif !

L’art n’est que Race et Patrie ! Voici le roc où construire ! Roc et nuages en vérité, paysage d’âme.

Que trouvons-nous en ce pays, des Flandres au Béarn ?... Chansonniers et peintres, contrées de légère musique, sans insister… peut-être une fraîcheur de danse, un chatoyement de gaîté au bord des palettes, et d’esprit en tout ceci, preste de verve et badinant… et puis doux et mélancolique… Je veux bien !... Tout est merveille et m’enchante et chante qui m’élève du sol !... de véritable nature des hommes qui sont nés de là… C’est le choix d’une fleur au jardin, nulle n’est méprisable… entre toutes nulle n’est vilaine, toutes ont leur parfum… Point de mines mijaurées !

Tout est sacré de ces miracles… les plus infimes accents… trois vers, deux notes, un soupir…

De cy l’on peut tout recréer ! les hommes, leurs races, et leur ferveur… Panser leurs blessures, repartir vers des temps nouveaux. Il faut retourner à l’école, ne plus la quitter de vingt ans. Je voudrais que tous les maîtres fussent avant tout des artistes, non artistes-cuistres à formules, abrutisseurs d’un genre nouveau, mais gens au cours du merveilleux, de l’art d’échauffer la vie, non la refroidir, de choyer les enthousiasmes, non les raplatir, l’enthousiasme le “Dieu en nous”, aux désirs de la Beauté devancer couleurs et harpes, hommes à recueillir les féeries qui prennent source à l’enfance.

Si la France doit reprendre l’âme, cette âme jaillira de l’école. L’âme revenue, naîtra Légende, tout naturellement.

Bien sûr il faudra tout l’effort ! Ne point labeur ménager !

Tant de scrupules et mille soucis ! d’application merveilleuse, une fièvre, une ferveur, peu ordinaire de nos jours.

Mais l’enfance n’est point chiche du divin entrain dès qu’elle approche des féeries.

L’école doit devenir magique ou disparaître, bagne figé.

L’enfance est magique.

L’enfance tourne amère et méchante. C’est elle qui nous condamne à mort. Nous y passerons.

Il n’est que temps ! Battons campagne ! Croisons contre l’Ogre ! Tuons l’Ogre ! Et tout de suite ! “Horribilus Academus” ! L’ogre brandisseur de Programmes ! Étreigneur ! Dépeceur à vif ! Dévoreur de petits enfants !  (…)

 

Élite

12. dubout-élite 1..jpg

(…)

— Dites donc votre Élite elle râle…

— Qu’est-ce qu’elle a l’Élite ?

— Elle dit qu’elle est pas contente !

— De quoi ?

— Des cent francs…

— Ben merde, c’est déjà joli !... C’est une thune d’avant 14 ! Vous vous rendez compte ! Faut souhaiter que ça dure les cent francs !... Je trouve ça déjà d’un libéral !...

— Elle dit qu’elle peut pas y arriver… que cent francs, c’est se foutre du monde, que c’est pas un revenu d’Élite, que c’est une paye d’ouvrier, d’un chassieux de bureau, d’un homme de pas aucune valeur ! Elle demande pour quoi vous la prenez ?

— Eh bien dites donc c’est un monde !... voilà l’élite qui s’insurge !... Alors c’est que l’honneur est en jeu !...

— Persiflez toujours ! Qu’est-ce que vous faites de l’ambition ? des délicatesses de l’élite ? de la façon qu’elle se vêt, de la manière qu’elle présente, chez elle et dans les salons, se nourrit, se chausse ?... D’où que vous sortez ? Vous avez pas vu ses pardingues ? trois pour l’été, sept pour l’hiver ?... Ses vingt-huit paires de bottines ? et les vernis pour le soir ? Les quatorze costards anti-crise ? Vous savez pas ce que ça coûte ?... et de souper un peu en ville ? avec des élites comme elle !... des personnes posées ? de condition ? Mais ça coûte déjà vos cent francs rien qu’en vestiaire et cigarettes !... Vous y êtes pas du tout !... Vous voulez que sommairement vêtue avec ce qu’on mange aujourd’hui, elle attrape froid notre élite ?... qu’elle s’enrhume, qu’elle puisse plus sortir ?... qu’elle soye forcée de rester couchée ? chez elle ? à la diète ? y a déjà de quoi la rendre malade rien que de vos pénibles soties… Vous avez pas de but dans la vie vous !... vous avez pas d’ambition ! Vous pouvez rien comprendre à rien ! Vous songez creux, voilà tout ! comme tous les ratés ! Vous tuez l’ardeur ! l’entreprise ! Vous découragez les élites ! Voilà ce que vous faites ! et allez donc ! avec vos projets d’anarchiste ! Vous découragez les forts… C’est grave Monsieur, c’est très grave !... L’Élite c’est un raffinement… C’est un goût… c’est une atmosphère… c’est un certain luxe !… Que croyez-vous avec 100 francs ? Mais vous ne trouverez personne !... Vous ne voyez pas par exemple un Régent de la Banque de France à 100 francs par jour ? Non n’est-ce pas ? Un Directeur des Chemins de Fer à 100 francs de même ? moins cher peut-être que son lampiste si ce dernier est père nombreux !... Un gouverneur de Province à 100 francs par jour ?... Un grand Président des Trusts à cent francs ? pas plus ! Un Procureur de Tribunal à ce salaire misérable ? Vous n’aurez personne, je vous assure ! à 100 francs par jour !... que du déchet ! de la racaille ! 

— Alors que vive le déchet ! vive ! et la racaille de même aussi !

— Nous sommes en pleine utopie ! À la quatrième dimension !...

— C’est bien ce que je pense ! C’est agréable ! C’est l’ensorcellerie même ! On voit les hommes comme ils sont dans le fond de leur tripe de salopes ! évaporés des discours ! ce qu’ils ont vraiment dans le buffet ! du lard ? des idées ? du pourri ? C’est là qu’on va voir ce que ça pèse non dans les mots, mais dans les faits d’amour de la France… l’enfiévrante passion du bien général… le culte patriote… le désintéressement sacré… les plus hautes cimes d’abnégation… la foi dans la France éternelle… le brûlant désir de servir… Ah ! ça va être un bon moment ! On s’ennuyera pas une minute !...

— Mais ils vont tous démissionner ! Ils voudront jamais se soumettre !... L’Élite c’est bougrement fier !...

—  Démissionner ?... Je crois pas… C’est pas des gens qui démissionnent… Ils comprennent pas la raison. Ils comprennent que leur nombril. Ils le trouvent très bien, extraordinaire… Ils en sont heureux au possible… Tout le reste c’est que de l’injustice.

 

L’Élite n’est-ce pas c’est Exemple ou alors c’est rien du tout. L’exemple c’est de manger comme tout le monde, pas moins bien sûr, mais pas plus. L’idéal du parfait gueuleton, du dîner d’état-major, sauvera pas la France. Je vois pas beaucoup d’autre idéal dans l’élite actuelle. Manger finement, à volonté, le tout arrosé dive bouteille, à température, et nectar, rots appréciatifs et Vermot.

La tripe déesse des bourgeoisies.

Vous comprenez que le peuple qu’a déjà des sérieuses tendances vous lui montrerez pas deux fois les manières d’élite… Vous pourrez toujours, belle gueule, lui recommander les hautes lectures, les dissertations édifiantes, la sublimation de soucis, la fréquentation des classiques, ils vous enverra rebondir, il verra plus en vous que la panse, le foie gras, il vous pensera plus qu’en foie gras, jamais fatigué des jeux de table, pistant encore semaines et dimanches les fins traiteurs, les hostelleries, à travers guérets et campagnes, à la chasse d’auges exorbitantes, adulé des restaurateurs, en autos douillettes, à la quête d’autres venaisons, de mieux en mieux cuisinées. Kilomètres « 115 »… « 330 »… de pourlècheries, d’autres provendes, d’autres foies gras, chantant ravi, extasié, porc suprême motorisant. Grand Menu, Bible de la France… Voici l’exemple pour le peuple, la réclame vivante au foie gras, exaltante à miracle, épique, M. et Madame Oie-Cochon.

Qui dit mieux ?

Ah ! oui mais dites donc y a pas que ça ! Notez aussi je vous en prie : Fête pour l’Esprit ! Bonne chère ! table joyeuse ! l’Esprit festoye à mille facettes ! l’Élite étincelle ! Verve pétille ! Vous n’y pensez pas, morfondu ! Mousse champagne ! et facéties !

Oh ! la menteuse ! la truie nitouche ! Rien de plus banal qu’un gésier ! le ruminant en nous, visqueux, l’antre Tripe, piteux au regard, gras à l’écoute !... L’esprit ne trouve rien du tout !

Qui plantureusement soupe et dîne, deux fois par jour, trouve à digérer tel malaise, tel aria de ventre que tout son esprit disloque, astreinte de pancréas, bile de feu, chyle et boyasse distendus, muqueuses dévorées de chloride ! Pauvre sagouin tout saccagé d’expulsions de gaz, tympanique partout, tambour brimé de convenances, surpasse un moteur en péteries, d’où l’innommable promenade, de sites en bosquets du dimanche, des affolés du transit, à toutes allures d’échappements, de Lieux-dits en Châteaux d’Histoire. Ça va mal !

Il faut faire quelque chose quand on souffre.

J’ai pour cela une petite formule, pour ces occasions si pénibles, dont je me sers dans la pratique, que je recommande aux personnes qui savent ce que je veux dire, que digérer c’est pas badin sitôt que les gaz se forment, que c’est pas la question de l’esprit, d’élite ou d’autres joujoutes, que c’est question d’être soulagé.

Voici ce que je préconise !

 

Poudre magnésie calcinée 0 gr. 20

Charbon végétal 0 gr. 50

Pour un cachet n°30 :

Deux de sorte après chaque repas.

 

Pour conditionner mieux encore, rapproprier le tractus, reverdir l’usage, le sujet se trouvera bien d’une purgation légère deux fois par semaine au réveil, de sulfate de soude, une cuillérée par exemple, dans un demi-verre d’eau tiède, cuiller à dessert il s’entend.

Mais l’esprit n’est rien de ceci.

Il n’a que faire en ces misères.

Il n’est pour rien dans cette affaire.

Laissons-le hors de débat.

Pour ce qu’il en reste.  (…)

13. dubout élite 2..jpg

L.F. Céline, Les Beaux Draps, 1941

 

Pour le texte intégral, c’est là :

http://www.pourlhistoire.com/docu/les%20beaux%20draps.pdf

 

*

« Seuls les petits secrets ont besoin d’être protégés, les plus gros sont gardés par l’incrédulité publique »

Marshall Mc Luhan

 

Où Olivier Pechter, sans rapport direct avec ce qui précède, nous apprend des choses que nous ne savions pas.

Mais - Viktor Dedaj et Maxime Vivas en conviendront - il est bien dommage que la race des typographes soit éteinte, eux qui, en deux ou trois pichenettes se seraient occupés de mettre en forme (c. à d. en français) un article si important par son fond. Puisque nul n’y a pourvu, il faut le prendre tel qu’il est.

L’histoire cachée des Femen

19 janvier 2014

Olivier Pechter

14. Femen article.jpg

 

 

Cette enquête, qui aurait pu s’appeler « le poids des mots, le choc des photos » raconte l’histoire des FEMEN à la lumière de leurs alliances politiques et de leurs nombreux dérapages, souvent passés sous silence. Une gageure.

 

 

Communistes et rouge-bruns, les premiers alliés.

Cette première partie est consacrée à FEMEN…avant FEMEN.

Les politologues ukrainiens considèrent unanimement FEMEN comme un projet politico-commercial et ne se sont jamais véritablement penchés sur le sujet. À force d’incohérences, le mouvement "caméléon" a lassé leur pays, avant d’être fatalement discrédité.

En France, il a su rebondir, bénéficiant de soutiens jusqu’au Parti de gauche.

De leur côté, les médias nous ont inondé du story-telling "Féméniste". Jusqu’à ce qu’éclate le scandale de la Biennale de Venise, qui révéla la personnalité machiste de Viktor Sviatski, qui a longtemps dirigé FEMEN au côté d’Anna Hutsol. L’image du mouvement s’est brouillée. Son étoile a pâli. Un contre-récit s’imposait.

Les photos exclusives que je révèle rendent le propos difficilement contestable :

Lire la suite…

 

Les Lupercales revisitées Femen

(à ne manquer sous aucun prétexte)

Source : http://www.legrandsoir.info/l-histoire-cachee-des-femen.h...

 

*

Dernière minute !

Lettre de trois avocats à une Tata TOM

« C'est pour qui la banane ? C'est pour la guenon !» a lancé une fillette d’une dizaine d’années accompagnée de ses géniteurs, en agitant une banane, à Christiane Taubira en visite à Angers. Tandis que d’autres, à peu près aussi vieilles, lui lançaient au mégaphone : « Taubira casse-toi ! Taubira dégage ! Taubira tu sens mauvais. »

Cela vous fait-il apprécier à sa juste valeur, lecteurs, les préoccupations de Saint-Just quant à l’éducation des enfants ?

Mais les fillettes impubères ne sont pas les seules à s’être zoologiquement manifestées pour exprimer leur désapprobation de la politique suivie par la Garde des Sceaux. Ainsi…

1. Y'a Bon Taubira.jpeg

2. Taubira guenon.jpg

Cet espiègle photomontage (en haut) a été posté sur Facebook par une certaine Claudine Declerck, conseillère municipale UMP de Combes-la-Ville, tandis que celui du dessous, également posté sur Facebook, est l’œuvre d’une dénommée Anne-Sophie Leclere, candidate du Front National aux municipales de Rethel (Ardennes), laquelle a bien voulu expliquer face caméra (à quel empressé micro ?) que Mme le Ministre serait mieux "accrochée à des branches" que dans le gouvernement. Qu'en termes raffinés...

3. Taubira-a-la-banane-Minute-couverture-13-11-13-REDUIT-1024x807.jpg

Minute avait donné le « la » le 13 novembre dernier, avec cette couverture d’un goût exquis. Mais Riposte laïque estime pour sa part que Minute doit cesser d’insulter les singes et les bananes.

Et Madame Christiane Taubira, impavide, continue à déplorer « les provocations putrides », « le jeu pervers et nauséabond » de Dieudonné M’Bala M’Bala, « pitoyable bouffon » qui n’aura que ce qu’il mérite quand les forces émiettées du bras séculier, enfin regroupées à Paris rien que pour lui, vont s’occuper sérieusement de son cas.

Les maîtres de Madame le Ministre sont-ils satisfaits de ses services, au moins ?

Pendant la IIe Guerre Mondiale, dans les camps de sinistre mémoire tels que Auschwitz, Büchenwald, Dachau, Treblinka et autres, les femmes qui collaboraient avec leurs geôliers nazis, sur le dos d’autres prisonnières, étaient appelées des « kapos ». Elles avaient des excuses que ne saurait invoquer quiconque dispose de son libre-arbitre.

C’est ce que pensent assurément les trois avocats de Fort-de-France qui viennent de lui écrire.

 

LETTRE OUVERTE

À Madame Christiane TAUBIRA
Ministre de la Justice Garde des sceaux
13, place Vendôme 75042 PARIS CEDEX 01

 

OBJET : QUESTIONS SUITE A VOS PRISES DE POSITION DANS L’AFFAIRE DIEUDONNE

Madame, Nous avons pris connaissance avec consternation et une profonde indignation de vos diverses réactions concernant l’humoriste DIEUDONNE. Vous avez dit entre autre : «Le racisme et l’antisémitisme sont des délits, qui souvent mènent au crime …Parce que lorsqu’on commence ce jeu pervers et nauséabond, ça commence par des différences visibles et ça finit par des différences imaginaires. Ça commence par des ricanements et ça finit par des meurtres isolés ou en série… un pitoyable bouffon spécule davantage sur les dividendes d’un scandale que sur les risques judiciaires. Ces provocations putrides testent la société, sa santé mentale, sa solidité éthique, sa vigilance. Il nous.fàut y répondre».

Selon vous cette affaire DIEUDONNÉ n’est «pas que judiciaire mais aussi politique ».

Pour vous « Sanctionner Dieudonné est indispensable mais ne suffira pas ». Des propos aussi radicaux, fermes et engagés contre le racisme antisémite que DIEUDONNE est supposé incarner, nous amènent à nous interroger et à vous interroger.

Mme TAUBIRA, où étiez-vous, le 05 Février 2013 lorsque la cour de cassation française a rendu un arrêt par lequel la France, pays du Code noir, prétend une fois de plus expulser les Noirs de l’humanité ? Peut-être avez-vous oublié qu’en 2001, alors que vous étiez députée à l’Assemblée nationale de la France, vous avez été le rapporteur de la loi qui reconnaissait que la traite et l’esclavage des Noirs constituaient un crime contre l’humanité.

Nous parlons de cette loi à l’imparfait car elle ne serait plus, les juges français prétendant en faire une coquille vide. Il semble en effet impossible que vous ignoriez qu’en 2013, alors que vous étiez déjà ministre de la justice de l’état français, (le même qui a organisé, pratiqué et profité de ces crimes contre les Noirs), la plus haute juridiction de ce pays rendait un arrêt disant que cette loi n’a aucune portée normative.

La France a de nouveau officiellement érigé le principe que votre peuple ne peut bénéficier d’une norme protégeant leur dignité humaine et que le texte que vous avez porté est sans valeur.

En clair cela veut dire que les crimes contre l’humanité ne peuvent être constitués -lorsque les victimes sont des Noirs. Ou en termes encore plus clairs, que les Noirs ne font pas partie de l′humanité.

Où étiez-vous, Mme TAUBIRA, le 05 Février 2013 lorsque la cour de cassation française, dont vous êtes le ministre de tutelle, a rendu cette décision immonde ? Quelle a été votre réaction face à une telle immonderie ? Avez-vous considéré que par « Ces provocations putrides » les juges français ont testé « la société, sa santé mentale, sa solidité éthique, sa vigilance … » à l′égard des Noirs ? Avez-vous considéré qu’« il nous faut y répondre»? Avez-vous considéré que cette décision ouvertement négrophobe n’était «pas que judiciaire mais politique » et nécessitait « une réaction à la hauteur du danger» ? Qu’avez-vous fait contre« ce jeu pervers et nauséabond» des juges français qui utilisent leurs pouvoirs à des fins racistes négrophobes.

Qu’avez-vous répondu, Mme TAUBIRA, à ces juges français racistes négrophobes, négationnistes, injurieux et qui, à l′inverse de DIEUDONNÉ, ne sont pas drôles ?

RIEN. ABSOLUMENT RIEN.

Votre silence a abasourdi ceux de votre peuple ! Votre impassibilité nous a désarmé !

Notre incompréhension était si grande que nous vous avons adressé une lettre ouverte pour vous demander de défendre « ce droit au respect des descendants des crimes contre l’humanité que vous avez contribué à faire reconnaître». Qu’avez-vous répondu à cette lettre ?

RIEN. ABSOLUMENT RIEN.

Quelques mois après l’immondice de la cour de cassation, vous étiez personnellement comparée à un singe, d’abord par une femme française qui préférerait vous voir dans un arbre plutôt qu’au gouvernement, puis par une enfant française qui proposait une banane à la guenon en vous désignant, et, enfin, par un journal français qui vous trouve « maligne comme un singe ».

Le ministre français de l’intérieur avait affirmé que le gouvernement étudiait les moyens d’agir contre la diffùsion dudit journal à paraître. « Nous ne pouvons pas laisser passer cela », avait-il déclaré en marge du colloque à l’Assemblée nationale sur les réponses à apporter face à la montée du Front national.

Cependant, le journal comportant des propos racistes négrophobes à votre encontre a été diffusé tout à fait librement et normalement, aucune circulaire du ministre de l’intérieur français ne l’ayant interdit.

Il est vrai que, présente vous-même au même colloque, vous aviez indiqué ne pas souhaiter réagir.

Mais enfin !

Etant personnellement visée par cette flambée de racisme négrophobe dirigée contre votre personne, il vous fallait bien réagir.

Quand même !

Alors, face à ces propos selon vos propres termes « d’une extrême violence » qui « prétendent m’expulser de la famille humaine, dénient mon appartenance à l’espèce humaine», vous avez répondu : «J’encaisse le choc, mais c’est violent pour mes enfants », et vous avez catégoriquement refusé de poursuivre en justice les racistes négrophobes en raison dites-vous « d’une dignité assumée que je tiens des nombreux soutiens que j’ai reçus ».

Que les juges français disent que les Noirs n’ont pas droit au respect de la dignité humaine cela vous laisse de marbre, que l’on vous « expulse » personnellement « de la famille humaine » cela suscite à peine de votre part une réaction tardive et timide, bien vite effacée par le soutien de quelques uns de vos bons amis blancs.

Oui, de toute évidence, Madame TAUBIRA, le racisme négrophobe vous indiffère.

Mais que l’on dénonce les dérives de ceux qui se prétendent sémites et juifs, et vous voilà en première ligne, multipliant les interventions fracassantes : le racisme antisémite ne passera jamais. Pour qui se prend-il ce nègre qui ose faire de l’humour sur les sémites juifs?

Sans entrer dans le fond, ce débat révèle de manière magistrale l’extrême virulence du racisme négrophobe qui n’a jamais cessé de diriger la France, et qui aujourd’hui se cristallise sur la personne de DIEUDONNÉ.

Le même ministre de l’intérieur qui avait «étudié les moyens d’agir contre la diffusion» du journal qui vous traitait de singe, sans toutefois en empêcher la parution, a su cette fois, en un temps record, non seulement prendre une circulaire, mais en outre obtenir l’aval d’une autre haute juridiction française, le Conseil d’État, pour interdire les spectacles de DIEUDONNÉ.

Le racisme négrophobe est actif, rodé et efficace en France. Que la France soit un pays raciste négrophobe personne ne l’ignore. Que le racisme négrophobe soit le fait aussi bien des Blancs aryens que des Blancs pseudos sémites juifs, c’est une évidence.

Que dans certaines situations, le racisme négrophobe de la France s’affiche sans fard et sans pudeur, cela arrive régulièrement. Mais qu’au 21ème siècle, une Afro-descendante issue du viol, de la déportation et de la mise en esclavage de l’Afrique par l’Europe, vienne sans vergogne et sans aucune retenue au soutien des racistes négrophobes réclamer la tête d’un Nègre au profit de pseudos sémites juifs, c’est trop.

Madame TAUBIRA vous avez franchi une limite. Que vous est-il arrivé pour que vous en soyez parvenue à ce point de négation et de trahison de vous-même ? Vous avez-dit, parlant de DIEUDONNÉ, «Il est triste, infiniment triste, d’achever une année sur les pitreries obscènes d’un antisémite multirécidiviste ».

Madame TAUBIRA, il est triste, infiniment triste de voir une femme telle que vous s’indigner avec autant de force contre «les pitreries obscènes d’un antisémite » après avoir « encaissé » sans sourciller les propos négrophobes humiliants et dégradants venant des Blancs à votre encontre et, à travers vous, à L'encontre du Peuple noir.

Vous semblez incapable de vous émouvoir sur le sort de ceux de votre peuple et donc sur votre propre sort. Mais que vous est-il arrivé ? Mais que vous a-t-on fait pour en arriver là !? Où es passé Walwari ! ?

Pour en terminer, vous avez dit de DIEUDONNÉ qu’il est «un pitoyable bouffon». Nous voudrions vous rappeler que le mot bouffon peut être pris dans plusieurs sens.

Le premier sens du mot bouffon est «Personnage de théâtre dont le rôle est de faire rire».

En ce sens vous avez raison, DIEUDONNÉ est indéniablement un bouffon, il en a fait profession. C’est donc légitimement qu’il spécule sur les dividendes de ses bouffonneries qu’elles soient scandaleuses ou non.

Le mot bouffon désigne également un « Personnage ridicule » et l’expression Être le bouffon de quelqu’un, signifie « être pour lui un objet continuel de moquerie».

Madame TAUBIRA, vous avez été l’objet des moqueries négrophobes de cette française qui vous a comparé à un singe d’abord au moyen de photos, puis dans des propos en vous signifiant que votre place était dans les arbres. Vous n’avez pas cherché à faire sanctionner cette française, vous avez encaissé.

Vous avez encore été l’objet des moqueries négrophobes de cette petite française qui a tendu une banane à la guenon qu’elle voit en vous. Vous n’avez pas réclamé de sanction contre cette française, vous avez encaissé.

Vous avez une fois encore été l’objet des moqueries négrophobes du journal français qui a titré à la une « Maligne comme un singe, TAUBIRA, retrouve la banane».

Là encore vous n’avez pas recherché la sanction du journal français, vous avez encaissé.

Madame TAUBIRA seriez-vous le bouffon des Français ?

Sur quel dividende spéculez-vous pour assumer ce rôle ?

Recevez, Madame, nos salutations navrées et indignées.

Claudette DUHAMEL
Maryse DUHAMEL
Dominique MONOTUKA

Avocats, Imm. Bel Azur 48, rue Schœlcher 97200 FORT DE FRANCE

Fort de France, le 20 janvier 2014

 

Source : http://allainjules.com/2014/01/22/scoop-lettre-ouverte-a-...

 

4. kkkminute_0.jpg

 

C'est quand que brûle le Reichstag ?

Allons, essayons de garder le moral.

 

 

 

 

 

 

Mis en ligne le 22 janvier 2014 par Théroigne.

 

 

 

 

 

18:22 Écrit par Theroigne dans Actualité, Général, Loisirs, Musique, Web | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook |

11/01/2014

Dieudonné fait le buzz

1. Bateau de l'Apocalypse.GIF

 

Dieudonné fait le buzz !

 

 

C’est mettre ses conjectures à bien haut prix que d’en faire cuire un homme tout vif.

Montaigne


Tout le monde en parle.

La plupart à la manière dont les poulpes neutralisent leurs proies : en lâchant leur encre et en agitant tous leurs bras. Vous savez… quand la proie est aveuglée, éberluée, ils l’enlacent et l’asphyxient, puis la mangent.

La proie, c’est vous.

Mais il y a aussi ceux qui ne parlent pas pour ne rien dire ou pour vous déboussoler. Ceux-là vous rappellent juste deux ou trois choses que vous devriez savoir, plutôt que vous donner leur avis sur Dieudonné.

Georges Stanechy par exemple, sur « À contre-courant » :

 

5 janvier 2014

Dieudonné en 5 minutes

"... Tu verras grimacer tout ce faux monde de faiseurs effrontés, de politiciens traîtres, d'agioteurs, de cabotins et de filles, toutes ces cupidités féroces, qui te volent non seulement tes écus, mais jusqu'à ta virilité, jusqu'à ta nationalité, jusqu'à ton amour de la Patrie.

L'heure est sombre. Il faut lutter - ou tomber."

Octave Mirbeau (1)

Bref rappel aux "casseurs" actuels de La Liberté en France, tout particulièrement d'expression, de réunion et d'information, sous forme de quelques articles de la (2) :

Déclaration Universelle des Droits de l'Homme

Article 19

Tout individu a droit à la liberté d'opinion et d'expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d'expression que ce soit.

 Article 20

1. Toute personne a droit à la liberté de réunion et d'association pacifiques.
2. Nul ne peut être obligé de faire partie d'une association.

Article 27

1. Toute personne a le droit de prendre part librement à la vie culturelle de la communauté, de jouir des arts et de participer au progrès scientifique et aux bienfaits qui en résultent.
2. Chacun a droit à la protection des intérêts moraux et matériels découlant de toute production scientifique, littéraire ou artistique dont il est l'auteur.

Article 30

Aucune disposition de la présente Déclaration ne peut être interprétée comme impliquant pour un Etat, un groupement ou un individu un droit quelconque de se livrer à une activité ou d'accomplir un acte visant à la destruction des droits et libertés qui y sont énoncés.

En foi de quoi, je dis à ces "casseurs" :

" Vous Nous Pompez l'Air !...

(1)  Extrait de l’affiche de lancement des Grimaces, juillet 1883.
(2)
  http://www.un.org/fr/documents/udhr/


Il y revient le 8 janvier en élargissant son propos et en invoquant Gilad Atzmon. Oui, qu’est-ce qu’il en dit, Gilad ?

C’est là :  http://stanechy.over-blog.com/2014/01/france-cartographie...

Et ici :

 

*

Insistons lourdement sur le fait que tout ceci concerne autant Bahar Kimyongür que Dieudonné, et que la Belgique n’a rien à envier à la France ou à la Turquie en matière de pente savonneuse vers le fascisme.


*

2. Don Quichotte - Ile St Jean.jpg


3. serge uleski.jpgDu déferlement de gloses sur la question – interdira ? n’interdira pas ? moi, i’m’fait pas rire ! moi, si ! - , nous avons retenu l’article qui suit. Son auteur, Serge Uleski, défend Dieudonné depuis longtemps avec une énergie et des arguments qui l’honorent. Uleski est de ces gens qui arriveraient presque à vous faire croire qu’il existe encore une intelligentsia en France. Occultée, comme de bien entendu, et d’abord par Le Nouvel Observateur sur le site duquel il blogue couramment, sauf lorsqu’on y supprime ses articles, comme c’est le cas pour celui-ci. Heureusement, tout le monde ne pratique pas la censure. Nous l’avons trouvé ailleurs.


Quand le journalisme s’effondre sur Dieudonné

Serge Uleski

9 janvier 2014.

Injonction, oukase, édit ou fatwa - c'est au choix -, suite à la circulaire de Manuel Valls (1), (doux euphémisme) les arrêtés municipaux et préfectoraux se succèdent ; des salles annulent les représentations du satiriste Dieudonné et de son spectacle « Le mur »...

Nantes, Bordeaux, Tour, Limoges, Metz, Nancy, Caen…

Même le maire de Trifouilly-les-oies, commune de 750 habitants, qui ne souhaite manifestement pas être en reste, a tenu à faire savoir auprès de l’AFP que la salle des fêtes de sa commune ne saurait en aucun cas servir de « base de repli » au spectacle d’un Dieudonné en cavale, si d’aventure il lui venait à l’idée d’y chercher refuge.

Péril en la demeure : mobilisation générale qui vaut acceptation d’un Etat d’urgence d’exception ! C’est toute la classe politique et toute la France avec elle qui se lèvent contre le fasciste, le raciste et l'antisémite ; une France en armes, à coup d’arrêtés municipaux et préfectoraux... maires de nos villes et préfets de nos départements drapés d’une circulaire tricolore, écharpe en bandoulière pour une chasse à l’homme sans précédent, meute médiatique en renfort,  présentateurs et animateurs télés et radios, rabatteurs…

Belle unanimité ! Unanimité à vous tirer les larmes aux yeux ! La Nation enfin réconciliée avec elle-même !
Beaucoup d'émotion donc même s’il est question d’une France qui, dans les faits, se résume à ce qu'on appelle l’Establishment... politique et médiatique ! Ce qui ne surprendra personne ; cette France-là qui prospère depuis plus de trente ans sans nous ne gouverne plus ; elle se contente de reverser des dividendes à ceux qui ont investi sur leur avenir à eux tous et qui leur ont permis d’occuper des places lucratives comme jamais auparavant.

Aussi, que l'on ne s'y trompe pas : les aboiements et le vacarme de ceux qui battent la campagne ne nous feront pas oublier le silence assourdissant, de milliers d’artistes et de quelques centaines d’intellectuels muets et invisibles.

Qui ne dit mot consent. Certes ! Mais… s’agit-il vraiment d’un consentement ?

Intimidés, craintifs, la peur au ventre, terrifiés par une campagne de désinformation sans précédent à l’encontre d’un personnage public, tous ces artistes et intellectuels n'auraient-ils pas plutôt fait le choix de protéger, qui, une carrière universitaire, qui un avenir professionnel dans l’industrie du spectacle, qui une subvention du ministère de la culture (son ministre Aurélie Filippetti envisage de ne pas s’opposer à la fermeture du théâtre parisien de Dieudonné) en lieu et place de la dénonciation d’une véritable cabale qui, pour un peu, ferait passer le maccarthysme pour un jeu de société un peu pervers certes, mais bon enfant, et les procès de Moscou pour des joutes oratoires dignes de l’agora grecque ?

Et à propos de ce lynchage d'un métis né d'une mère bretonne et d'un père camerounais dont le seul délit (et crime !?) aura été de mettre en scène en 2003 un colon juif religieux extrémiste (excusez ce pléonasme !) après avoir précédemment dénoncé, sans essuyer la moindre contestation - c'est à noter ! -, l’intolérance et l’instrumentalisation des religions et des communautarismes catholique et musulman...

Qui, parmi tous ces artistes et ces intellectuels, proposera de lancer un appel à la résistance et au soutien de Dieudonné, ce Voltaire des temps modernes, contre cette tentative de coup d’État d’une caste vorace et fourbe qui n’a de cesse d’être aux ordres d’une organisation de l’existence qui n’a plus aucun souci de la liberté (d’information), de l’égalité (des chances), de la fraternité (intercommunautaire) et de la justice pour tous.

Qu’il soit permis ici d’affirmer ce qui suit : si un seul danger nous guette aujourd’hui, c’est bien cette unanimité contre Dieudonné de l’Establishment qui, manifestement,  ne souffrira aucune contestation parmi ses employés, petites mains et petits bras ; unanimité qui, de tout temps, marche au son d’une musique et d’une seule ; une musique au verdict sans appel : le bruit des bottes, le brouhaha assourdissant des chars, et l’éclair des baïonnettes dressés à la verticale d’un "Soleil trompeur" et contre lequel tous les don Quichotte de la liberté et de la justice iront se brûler les ailes si d’aventure, il leur vient à l’idée de chercher une sortie honorable contre ce qui ressemble fort à un coup d’Etat d’une frange médiatico-politique qui est parvenue, après trente ans d’effort et de laisser-faire, à imposer une telle unanimité, aujourd'hui contre Dieudonné et son public après un hold-up et un  nettoyage politique, médiatique et culturel sans précédent.

Des médias aux ordres ont sciemment coupé les ponts, tué la communication, l’échange, voilà trente ans déjà, en tarissant toute relation aussi lacunaire soit-elle avec des pans entiers de la population de ce pays afin de contrôler toute contestation d'un projet tant national qu'européen et mondial aux conséquences économiques, sociales et politiques dévastatrices qui ne recueille l'adhésion d'aucune majorité digne de ce nom en Europe et au-delà.

Des médias qui ne se reconnaissent plus qu'une seule obligation : complaire à leurs employeurs (actionnaires, annonceurs publicitaires et l’Etat) : de France Culture à RTL, de Charlie Hebdo au Figaro... de TF1 à Arte ; médias qui, dans les faits, ne se font plus que l’écho d’une idéologie au service d'un monde unique, un monde sans altérité aucune qui devra marcher droit : dans le cas contraire, toutes les représailles seront à craindre : ici chômage, menaces physiques ; ailleurs les bombes.

Et c’est bien ce sur quoi repose tout le discrédit de ces médias depuis trente ans : la certitude que si d'aventure les salariés et les intervenants de ces médias étaient capables de penser autrement, on est assurés qu’à aucun moment ils ne seraient en position de mener à bien cette ambition (pour ne rien dire de ceux qui s'autoriseraient à le faire) car force est de constater que le recrutement de ces femmes et de ces hommes a pour premier critère non pas ce dont ils sont capables mais bien plutôt ce dont ils sont bien incapables : oser penser la complexité du réel en y intégrant le poids de toutes les forces qui oeuvrent à sa mésinterprétation dans le meilleur des cas ; à sa disparition... dans le pire. Et manifestement, les recruteurs ne se trompent jamais ou bien rarement ou pas longtemps étant eux-mêmes très certainement recrutés selon le même critère : ils n'ont pas le droit à l'erreur dans leur nomination de celle ou de celui qui devra mener une barque médiatique qui ressemble étrangement à un bateau fantôme à la dérive, ersatz d’équipage qui n’a qu’une seule mission : la protection d'intérêts vitaux et partisans contre le bien commun ou l'intérêt général ; intérêts qui ne souffriront aucune mise en danger.

Et l'unanimité contre Dieudonné ne peut s'expliquer autrement : l'absence de voix dissonantes laisse entrevoir un abîme d’absence de courage... un tombeau éthique, là où prospère non seulement l'indigence intellectuelle mais... la lâcheté aussi ; une lâcheté et une incompétence coupables de lèse-société.

Rappelons ceci : les propos tenus par Patrick Cohen, animateur de la matinale et du Journal de 8h de France Inter - propos qui n'ont fait l'objet d'aucune réprobation ni sanction -, et qui a reconnu, tout en la soutenant sans sourciller, l’existence d’une liste noire destinée à exclure du champ médiatique des voix dissidentes qu’il n’aura pas hésité à qualifier de « malades mentaux »... ses propos donc sont sans aucun doute bien plus dangereux pour la liberté et la démocratie que la réponse de Dieudonné à l’endroit de ce même Patrick Cohen qui a  pris pour cible notre humoriste (2) tout en l'incluant parmi les « malades mentaux » à bannir des médias et de la société... par voie de conséquence...

Affadissement, déliquescence et terreur...

Alors que des voyous tabassent le réel à coups de pied et de matraque, longtemps, on se souviendra du fait qu’il n’y ait eu personne, pas une seule voix, qui ait été autorisée à nous rappeler cette vérité immuable : la liberté et une véritable démocratie n’ont jamais fait le lit des dictatures, du racisme et de l’antisémitisme ; en revanche, les petits chefs auto-proclamés censeurs et médecins politiques de l’âme… journalistes ou pas, appuyés par une classe politique complaisante et cynique… oui ! Mille fois oui !

Pour preuve aujourd'hui : les régimes et les politiques qu'ils soutiennent ou ceux devant lesquels ils se couchent pour un rafale, un char ou un canon à vendre, la boucle bouclée avec les patrons de presse : banque et armement.

1 - Un tel acharnement de Valls contre Dieudonné... une telle énergie dépensée... il doit bien y avoir au bout une sacrée carotte : la validation de sa candidature à la présidentielle de 2017, une fois Hollande au fond du trou ?

2 - D'autant plus qu'au cours de ce repas télévisé de l'émission "C à vous", Patrick Cohen ne s'adresse pas à Taddéï en tant que journaliste (de journaliste à journaliste donc) mais bel et bien en tant que Juif sioniste lorsqu'il évoque des "malades mentaux".

Toutes les cibles de ce salarié de France Inter ont en commun le fait d'être très critiques vis à vis de la politique d'Israël et du soutien de la France à cette politique. Et ce n'est pas un hasard, bien évidemment.

Car, si les opinions de Patrick Cohen étaient celles d'un journaliste, jamais il ne se serait aventuré à insulter qui un Dieudonné, qui un Tariq Ramadan !

Voilà où mène un communautarisme protubérant : à une catastrophe à la fois intellectuelle, éthique et morale.

Journaliste et salarié du service public, dans ses commentaires, Taddéï a le mérite de s’en tenir à son métier même si depuis des années, lui aussi a fait sienne la liste noire des médias mentionnée par Patrick Cohen.

Blessé par les propos de Patrick Cohen, Dieudonné s'est simplement contenté de lui répondre tout en gardant à l'esprit l'identité affichée par un détracteur aux propos insultants et diffamatoires.

Et comme un fait exprès, Dieudonné est aujourd'hui dans l'obligation de hurler s'il veut se faire entendre, n'ayant accès à aucun des médias qui le diffament ; en effet, aucun droit de réponse ne lui est accordé là où la diffamation sévit ; d'où le sens que l'on doit donner à la remarque de Dieudonné en réponse aux attaques d’un Patrick Cohen ; car, enfin, qui s'en serait soucié si Dieudonné s'était contenté à propos de ce salarié de France Inter d'une saillie drolatique le temps d’un spectacle d’une heure trente ?

Personne.

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Pour prolonger, cliquez : un journalisme de toutes les intelligences

 Source : http://litteratureetecriture.20minutes-blogs.fr/archive/2...

 

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Le même avait posté, le 28/12/2013 :


HUMOUR, RIRE ET JUSTICE

Le rire reste un mode de résistance d’une efficacité redoutable contre notre impuissance face à la tyrannie du réel. Avec l’humour, et le rire qui l’accompagne, on reprend la main et le pouvoir. 

Inhibitions, angoisses, oppressions… le rire transcende tout ce à quoi il se rapporte. 

L’humour est la seule vraie résolution de la névrose disait Freud ; et on ajoutera : la seule vraie protection contre la névrose des autres, celle de Freud pour commencer et celle de l’organisation de la société.

Funambule de la raison, vertigineux, l’humour tout comme le rire, fraie avec la folie ; celle qui nous guette tous.

Rire collabo ou tiroir-caisse, rire résistant, rire pour rien sur rien ou pour si peu, rire gras... grassement payé salle comble, rire attentiste (pourquoi se prononcer, prendre parti alors qu'on ne sait jamais de quel côté le vent va tourner !), rire dieudonysiaque transgressif qui fait éclater au grand jour une domination sans précédent du mensonge - ivresse et jouissance face à l'énonciation de vérités interdites ; rire iconoclaste mais mondain, tempête dans un dé à coudre (Bedos père et fils, et tant d’autres), si le rire n’a ni raison ni tort, et s'il s’accommode mal du mensonge, c'est que, tout comme l'Art, le rire est proche de la vérité.

Rire pointu, rire de spécialistes, rire qui ne perd rien pour attendre, et pour avoir trop attendu aussi, rira bien qui rira le dernier, le rire est communion et partage ; grégaire, il rassemble : chacun pour soi dans le rire mais avec le rire de l’autre en écho d’une destinée commune. Le rire est germination quand il révèle des savoirs enfouis et volontairement cachés, et si le rire n’est jamais loin du sanglot, c’est qu’il en est la larme sèche ; aussi, en s’attaquant au réel jusqu’à la caricature, il le démasque (Coluche, Desproges) ; il force le trait jusqu’à l’absurde (Devos) ; il met à nu les vanités et la bêtise.

Rire inespéré qu'on n'attendait plus, avec Zouc, il apprivoise l’horreur d’une condition ; rire boomerang et miroir, à l'image de la perfidie qu'il faut bien se résoudre à dénoncer, avec Dieudonné en Molière des temps modernes, le rire satirique, rire féroce, expose les escrocs de la vertu et de la morale sans oublier les chantres d’une pseudo fraternité - fraternité à géométrie variable, d'un poids d'une mesure jamais égale ; fraternité sournoise qui cache mal un désir violent de domination. 

Avec l'humour, toute solennité est exclue mais le rire n’est pas pour autant le laisser-aller quand il a pour alliés l'intelligence, la liberté et l'Art ; bien au contraire, celui qui rit, même confortablement assis, se tient intellectuellement et moralement debout, digne et fier. Toujours ! 

Thérapeutique, avec le rire, tous les traumas deviennent gérables car avec le rire et le corps fait esprit, un corps qui se saisit de la réalité (Zouc, Elie Kakou, Fellag), on peut les revisiter à satiété, en toute sécurité. 



Sortie par effraction de toutes les impasses, hors de l’espace et hors du temps, dans une autre dimension, les mécanismes du rire sont complexes ; ils se dérobent à l’analyse exhaustive car avec le rire, talent et génie, il reste toujours une part d’inconnu.

Le rire est magique d’une magie blanche et noire ; quand il est gris, le rire est retournement de l’insupportable même s’il en garde la trace et la marque ; il n’oblitère rien, ne répare rien mais il permet la consolation et de souffler un peu avant de côtoyer à nouveau des démons têtus et insatiables. 

Le rire est libération quand il met en scène un dépeçage des conventions, des hypocrisies et des machinations ; il libère l'esclave ; il nous permet de sortir de l’enfermement dans lequel nous nous complaisons.

Bergson disait : « Le rire n’a pas plus grand ennemi que l’émotion. Le comique s’adresse à l’intelligence pure ». Coeur de pierre donc, mais source d’énergie radicale, il est une ouverture sans précédent vers l’inouï, l’inédit et la liberté.

Rire, humour… humour et rire, il arrive aussi que le rire rende justice à ceux qui en sont privés. 

Belle revanche des déshérités alors !

Source :  http://sergeuleskiactualite.blog.lemonde.fr/2014/01/02/hu...

 

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À propos de rire, ce commentaire d’un lecteur du Grand Soir, suite à l’article de Viktor Dedaj Manuel Valls lance l’Opération Plomb Endurci contre Dieudonné :


07/01/2014 à 15:35, par Pschitt

Puisque la porte est ouverte, j’aurai une question à Maxime (pour qui TOUS les humoristes français ne valent rien) et Viktor (pour qui TOUT est à jeter chez Dieudo) :  « Vous rigolez quand les gars ?...... »

 

Et à propos de rien de spécial, ces deux-ci :

 

08/01/2014 à 17:00, par Sierra

J’ai rien à dire (tout est déjà dit), mais je m’en serais voulu de n’avoir pas laissé une trace sur cet article qui va probablement pulvériser le record des commentaires sur le GS.

Ah si, je vais quand même dire un truc :

Dieudo me fait marrer depuis toujours, et j’envoie volontiers une quenelle de 175 à l’Escroc soral (sans majuscule).

 

08/01/2014 à 19:17, par Bruno

Viktor Dedaj dit : « J’ai de plus en plus de mal à comprendre (hips) ce qui se passe dans ce pays d’ivrognes. »

Je vais vous expliquer M. Dedaj mais il faut faire un petit retour en arrière historique pour mieux comprendre " l’Opération Dieudonné " :

Il était une fois en 2001, en 2002 ... une mairie française, des élections municipales, cantonales et législatives. Grâce à la manne tombée du ciel, les Corbeil-Essonnois renouvelèrent "leur confiance" à Serge Dassault dès le premier tour en 2001 pour les élections municipales et cantonales et en 2002 lors de l’élection législative, remportée toutefois par Manuel Valls sur l’ensemble de la circonscription.

Nous y voilà !

Serge Dassault/Manuel Valls. Diantre ! Quelle coïncidence ! Vous ne trouvez pas ?

Quel rapport me direz-vous ? J’y viens.

Aujourd’hui Mercredi 8 Janvier 2014, deux candidats « socialistes » corrompus (?) du bureau du Sénat ont refusé de lever l’immunité parlementaire de Serge Dassault, afin d’empêcher qu’une enquête policière ne soit menée contre l’élu, dans le cadre de l’affaire de corruption électorale, sur les achats présumés de voix dans la ville de Corbeil-Essonnes et, dans le cadre d’une enquête pour association de malfaiteurs, dans la tentative d’assassinat d’un témoin gênant, l’ex-boxeur Fatah Hou…

Dans le climat de rébellion généralisée, comment faire en sorte que le vote voyou de deux sénateurs PS passe inaperçu ou ne devienne qu’un petit " bruit médiatique " tandis qu’une information absolument "incontournable" doit faire la Une des journaux et de toutes les télévisions ?

Dans ce genre d’opération où les magouilles, l’impunité le disputent au calendrier électoral, mieux vaut s’y prendre un peu en amont pour brouiller les pistes.

Voilà pourquoi " l’Opération Dieudonné " masque l’information principale :

Serge Dassault conserve son immunité parlementaire.
Serge Dassault : 4e fortune de France avec une fortune estimée à plus de 13 milliards de dollars !
Le 69° homme le plus riche du monde !

Ha, ben oui, hein c’est pas n’importe qui le mec. Si vous lisez la presse sur la corruption à Corbeilles-Essonnes, avec sa garde prétorienne qui se partageait la distribution de plusieurs millions d’euros pour acheter les votes dans les quartiers, vous imaginez ce qu’il a fallu pour masquer les magouilles politiciennes et enfouir l’information principale sous l’information accessoire ( Opération Dieudonné ).

Dassault : l’industrie aéronautique et l’industrie de l’armement ! La guerre en Centre - Afrique, attention, ceci n’est pas une affaire accessoire, vous m’aurez compris...

Et au-delà, voyez comment la paire Dassault / Valls a des extensions troublantes :

EDWY PLENEL " Le drôle de combat de Manuel Valls contre Dieudonné " : http://www.franceculture.fr/emission-le-monde-selon-edwy-...

Un dernier pour la route ?

Source :http://www.legrandsoir.info/derniere-minute-manuel-valls-...

 

*

Mais il n’est question jusque là que de Dieudonné. Si on parlait aussi un peu des autres ? De ceux qui l’attaquent et de ceux qui regardent ailleurs pendant qu’on lynche ou même qui tiennent les manteaux des lyncheurs… Vous savez, comme saint Paul pendant le martyre de saint Étienne…

Redonnons encore un peu la parole à Serge Uleski.

C’était le 4, il y a quelques jours :


Christine Taubira : Israël et Dieudonné – embarras et service commandé

« Ils ne sombraient pas tous mais tous étaient frappés »


Brillante candidate à la présidentielle de 2002, une tête bien faite et bien pleine, des convictions qui ne sont pas simplement des humeurs (celles de tout le monde) ni un positionnement ethnique et démagogique ou plus simplement carriériste...

Rapporteuse de la loi du 21 mai 2001 qui reconnaît enfin que la traite négrière transatlantique ainsi que la traite dans l'océan Indien constituent un crime contre l'humanité… 

Garde des Sceaux, star du gouvernement Ayrault, si Christine Taubira est en politique un de nos derniers intellectuels engagés - après elle, la médiocrité de ceux qui ne se sont donné la peine de rien, même pas de naître, tout occupés qu'ils sont à gérer une carrière politique qu'ils espèrent longue et fructueuse sur le dos de tout ce qui peut ressembler de près ou de loin à un électeur... même et surtout abstentionniste -...




Dans cette vidéo de Médiapart (à la 30e mn) qui lui a consacré une soirée voilà quinze jours, on ne manquera pas de noter l'embarras de notre Garde des Sceaux lorsqu'un sociologue lui suggère d'abroger la circulaire de Michèle Alliot-Marie qui interdit tout appel au boycott des produits d’un pays... Israël en l'occurrence ; embarras jusqu’à perdre pied puis s'effondrer moralement et intellectuellement : en effet, Christine Taubira mentionnera l’Iran qui devrait, selon elle, faire l’objet d’un boycott, feignant sans doute d’oublier que ce pays est déjà sous embargo, embargo draconien, au prétexte que ses dirigeants souhaitent concurrencer sur un plan nucléaire un État qui s’est pourtant affranchi des lois internationales depuis plus de 40 ans, Israël, avec le soutien d’une grande partie de la classe politique française jusqu’au plus haut sommet de l’État.


3  bis. Taubirat sors de ton trou !.jpg


Notre sociologue se gardera bien de le lui rappeler, constatant tout comme nous le malaise de Madame Taubira ; malaise qui confirme une fois de plus nos soupçons : quiconque s'avise de dénoncer le laxisme scandaleux de l'État français vis à vis d'Israël, sa complicité, devra renoncer, ici en France, à un avenir professionnel qu'il soit politique, économique, médiatique ou universitaire, au plus haut niveau.

Certes ! Les consommateurs ont toujours la liberté de prendre la bonne et sans doute, la seule décision qui s'impose, au moment de leurs achats, pour peu que la provenance des produits soit loyalement étiquetée, n'empêche, il y a des chapes de plomb et des épées de Damoclès qui, en un tour de main, forcent un esprit qui a pourtant mille fois prouvé sa combativité, à battre en retraite avant de s'adonner, le regard craintif et inquiet, à un exercice cocasse d'humilité et de timidité aussi inattendu que confus.

Christine Taubira récidivera quelques jours plus tard, cette fois-ci à propos de Dieudonné dans une tribune aveugle et sans nuance du Huffington Pos; véritable lynchage de l’humoriste dans la plus pure tradition d’une campagne calomnieuse de persécution concertée ; il ne manque plus que les aboiements des chiens déchaînés et les encouragements de leurs maîtres : « Allez, cherche mon chien ! Cherche ! » ; une Christine Taubira en service commandé ("Allez Christine ! On t'a finalement soutenue dernièrement, un peu tard mais quand même ! A toi maintenant de nous rendre ce petit service !") chez un fantôme, un revenant, une dénommée Anne Sinclair (souvenez-vous, si vous n'avez pas peur des cauchemars !), rédactrice en chef d’un Huffington Post sans audience... spécialiste, avec quelques autres, d'un « journalisme » de restauration passeur de plats ; et comme un fait exprès qui n'est pourtant plus un hasard ni une exception : une ancienne animatrice télé de l'audimat et des coupures publicitaires pour laquelle le soleil se lève et se couche avec un pays qui aujourd'hui n'a plus rien à envier à l'Afrique du Sud du temps de l'apartheid (Vous voyez, on n'en sort pas, jamais !).

***

Avec l’abandon en 1983 d'un projet destiné à contrer l'offensive néo-libérale et la nomination de Fabius s’ensuit un deuxième abandon : celui des classes populaires livrées au chômage et à la violence d’un libéralisme économique  sans précédent depuis la fin de la seconde guerre mondiale ; arrive alors SOS racisme et le détournement d’un élan qui se voulait fraternel et rassembleur porté par des Français issus de l’immigration, appelé « Marche pour l’égalité » ; récupération dans le but de reléguer les classes populaires blanches et européennes maintenant stigmatisées, accusées de tous les maux – racisme, antisémitisme, xénophobie, islamophobie -, et à propos desquelles le PS ne fondait plus aucun espoir électoral, à la désertion des urnes ou au vote FN, vote stérile,  avec l’appui de tous les médias qui tiennent depuis trente ans un rôle stratégique dans la production et la diffusion d’une doxa qui recouvre tout : à la fois la finance, l’économie, le politique et la culture.

Il reviendra à l’humoriste satiriste Dieudonné à partir de 2003 de dévoiler au grand jour toute la supercherie de ce système de domination par la division et la diversion (détourner l’attention des vrais problèmes socio-économiques) ;  le PS est alors tout nu, SOS racisme aussi et les médias tout autant, les fesses à l'air.

On notera au passage que Dieudonné, né M’Bala M’Bala de mère bretonne et de père camerounais, aurait dû être l’enfant d’un modèle à vocation multiculturelle dont le PS et des Verts souhaitaient assurer la promotion.  Et c’est sans doute là toute l’ironie de la situation : que ce soit Dieudonné, le métis, qui mette à mal une idéologie dominante du mensonge, de la rapine et du détournement des richesses révèle avec une acuité plus grande encore toute l’escroquerie de l’entreprise : il n’a jamais été question de rassembler ce pays autour d’une idée forte qui aurait le souci de la justice pour tous mais bien de le diviser, de le dépecer pour mieux le livrer à une oligarchie mondiale seule capable de garantir à une classe politique sans envergure, sans estomac et sans projet digne de ce nom, secondée par une classe économique et médiatique vorace, des carrières nationales, européennes et mondiales mirobolantes, en centaines de milliers d’euros annuels, sur le dos du monde du travail et de l’histoire sociale et culturelle de tout un pays, voire d’un continent : l’Europe.

***

Pour revenir à Christine Taubira et le PS...  force est de conclure ce qui suit : ce parti n'a pas son pareil lorsqu'il s'agit de salir celles et ceux dont il loue les services le temps d'un passage dans un de ces gouvernements iniques dont il a le secret ; il exigera tout d'eux qui, sur le plan de la morale, de l'éthique et de la rigueur intellectuelle, y laisseront tout ce qu'ils possédaient avant d'y entrer.

Prêtez-leur un bras et main forte, et c'est tout votre corps, corps et âme, que vous y abandonnerez car, c'est maintenant bien établi : on sort manchot, cul-de-jatte, lobotomisé et sale - en d'autres termes : rincé et discrédité - d'une collaboration, même éphémère,  avec un parti qui cultive comme aucun autre, le mépris courtois et sournois envers ceux qui le servent, sans doute à cause d'une trahison politique qui lui sied si bien depuis trente ans ! - Mépris que l'on pourrait sans difficulté interpréter comme un transfert à des fins thérapeutiques : en effet.... c'est celui qui dit qui est, car enfin... n'est-ce pas une tâche insurmontable à la fois de se le dire et de constater qu'on l'est... parjure sans foi ni loi, le matin devant sa glace à l'heure où il faut en remettre une couche ?

Après leur départ, reste alors pour tous ceux qui ont un jour succombé à l'appel du PS (le tout dernier en date, Edouard Martin, ouvrier syndicaliste dans la sidérurgie), à se faire oublier au plus vite dans le confort d'une retraite rondelette ; et pour ceux qui auront gardé un minimum de conscience morale... retraite amère qui ressemble étrangement à une cavale : rompre tout contact avec son passé tout en renonçant à une vie sociale digne de ce nom.

Mais alors... est-ce un hasard si ce destin sacrificiel qui ressemble fort à une crucifixion touche en priorité des Français qui appartiennent à des minorités visibles ?

On pourra longtemps s'interroger sur le fait que le PS ait pu confier à Christine Taubira un projet de loi aussi clivant et controversé que "Le mariage pour tous". Doit-on y voir là, une fois encore, un désir du PS de gonfler les scores du vote FN avant de l'instrumentaliser à la prochaine présidentielle de 2017 (1) ? Ce qui a fonctionné une fois, fonctionnera-t-il une seconde fois ? L'Oligarchie nous prépare-t-elle un second tour avec le FN ?

Ah ! Mépris quand tu nous tiens.....................   Harlem Désir (il sera le premier), Malik Boutih, Najat Vallaud-Belkacem et maintenant Christine Taubira...

Même en politique, on leur confie le sale boulot.


4. Taubira Tom.jpg

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1 - Si le PS préfère de loin Marine Le Pen à Dieudonné, c'est que le danger est moindre, voire inexistant : en effet, le FN ne lui a jamais fait perdre une élection majeure. Bien au contraire ! De plus, l'électorat du FN lève la tête vers ses dirigeants quand il a besoin d'entendre ce qu'il pense tout bas. Avec Dieudonné, c'est en grande partie son public qui l'a "instruit" politiquement ; son public et ses déboires avec les producteurs de l'industrie du spectacle.

 

5. Tableau d'Ursula Uleski.jpg

Tableau d’Ursula Uleski, peintre abstrait, sauf ici.

Voyons-y un vœu.

 

*

Mais il n’y a pas que Taubira dans la meute. Il y a aussi, ne l’oublions pas, l’ineffable, l’inénarrable Arno Klarsfeld, président de l’Office Français de l’Immigration et de l’Intégration (OFII), vous savez, celui qui veut construire un mur – oui, encore un – de 130 kms entre la Turquie et la Grèce, pour empêcher la racaille hellène affamée d’aller ôter le pain de la bouche aux protégés d’Erdogan.

6. carla_bruni lovers.jpg

Oups ! pardon…

7. klarsfeld-sarkozy.png

Non content d’avoir poussé petit Nicolas à attaquer la Libye, car BHL tout seul aurait pu ne pas y arriver, le plaidaillon à roulettes donne aussi des conseils à Normal Ier sur le sujet de Dieudonné, pour si, des fois, Valls était inférieur à sa tâche.

« (…)  nous avons désormais un ministre de l’Intérieur qui appelle à déclencher des troubles à l’ordre public pour pouvoir justifier une mesure sécuritaire. A l’origine de cette démarche provocatrice, il y a le garde-frontière Arno Klarsfeld, qui dans une remarquable prise de position tout à fait révélatrice à tous points de vue, a constaté benoîtement que si personne ne manifestait devant le théâtre de la Main d’Or, il n’y aurait pas de trouble à l’ordre public et le ministre de l’Intérieur ne pourrait donc pas sévir. Que maître Klarsfeld appelle à susciter des troubles mérite d’être relevé, mais qu’un ministre de l’Intérieur en exercice lui emboîte le pas, voilà qui doit sans doute encore davantage être souligné. Simple constat : pour enclencher le processus de « mise au pas » qu’ils appelaient de leurs vœux en 1933, les dirigeants du parti nazi organisèrent l’incendie du Reichstag. Cette technique du pompier pyromane est exactement celle proposée par le brillant Arno Klarsfeld, et apparemment validée par le locataire de la place Beauvau. »

Extrait de « Quenelle gratinée » de MM. Michel Drac et Maurice Gendre, sur Scriptoblog


 

Et on viendra nous parler du père Joseph ! Qui fut, lui, l’éminence grise d’une éminence vraiment rouge

Et voilà que – 9 janvier 2014 – le Conseil d’État casse la décision du tribunal administratif de Nantes interdisant l’interdiction du spectacle de Dieudonné.

Est-ce un « détail » si Me Klarsfeld en fait partie (du Conseil d’État) ?

8. Klarsfeld citoyen français uniforme Tsahal.jpg

Citoyen français en uniforme de Tsahal

(Et quid si Tsahal et l’Armée française se faisaient la guerre ?)

En attendant, ce sont les Palestiniens qui trinquent :

9. fillettepalestinienne.jpg

C’est un peu le Conseil d’État français, n’est-ce pas, qui l’a tuée. Bof ! On n’en est plus à un cadavre de bougnoule près…


*

Comme le rappelle, entre autres choses, la journaliste américaine Diana Johnstone, qui vient d’expliquer le « phénomène Dieudonné » à ses compatriotes, …

 

La Bête Noire de l’establishment français

par Diana Johnstone

 

Cet article, initialement publié aux Etats-Unis, entend expliquer aux étrangers la vindicte hystérique du gouvernement français contre l’humoriste le plus populaire du pays, Dieudonné. Pour Diana Johnstone, c’est l’occasion de montrer pourquoi et comment la classe dirigeante française abandonne toutes les valeurs républicaines dont elle se réclame.

Réseau Voltaire | Paris (France) | 5 janvier 2014

___________________________________________________________________________

Manuel Valls. Le ministre français de l’Intérieur, qui s’est déclaré « éternellement lié à Israël », entend poursuivre pour anti-sémitisme toute contestation du système en général et du colonialisme isréaélien en particulier.

À Paris, les médias traditionnels et les politiques commencent la nouvelle année avec une résolution partagée pour 2014 : museler définitivement un comédien franco-africain qui devient trop populaire auprès des jeunes gens.

Lire ici…

 

… « La France est un des rares pays où le mouvement BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions) contre la colonisation israélienne peut aussi être attaqué devant les tribunaux pour "incitation à la haine raciale". »

10. Hollande indigne.jpg

Sources :

En français : http://www.voltairenet.org/article181662.html

En anglais : http://www.counterpunch.org/2014/01/01/the-bete-noire-of-...

 

*

Comme nous ne sommes pas en France, profitons-en donc pour rappeler que le mouvement BOYCOTT-DÉSINVESTISSEMENT-SANCTIONS prend chaque jour plus d’ampleur et touche tous les pays du monde, sauf peut-être les pétromonarchies du Golfe et Israël (et pour Israël, encore, ce n’est pas sûr).

Quelques liens pour qui l’ignore :

http://www.info-palestine.eu/spip.php?article13269

http://chengetheworld.be/fr/tags/bds  (à l’ULB)

http://www.bdsfrance.org/index.php?option=com_content&...

http://electronicintifada.net/blogs/nora/bds-roundup-bds-...


Et quelques images :

11. BDS xxx.jpg

12. bds-4.gif

13. BDS xx.jpg

La liste de Mediapart, qui en vaut bien d’autres :

http://blogs.mediapart.fr/blog/di-leta/110213/je-boycotte...

Ils ont oublié les chaînes Carrefour et H & M.


14. code-barre-250.jpg

 

 





(cette mise en garde est obsolète : ils s’en sont procuré d’autres)


15. BDS x.jpg

16. boycott-coke-1.jpg

17. osez le boycott.jpeg

18. boycott_autocollants_sur_char_israelien.jpg

 

19. boycott.jpg

20. boycott_culturel.jpg

21. boycott_israel.jpg

 

Les personnes, célèbres ou anonymes, qui le soutiennent :

22. Oslo.jpg

Rappelez-vous, les gamins d’Oslo, juste avant de mourir…

23. Hawking BDS.jpg

L’engagement de Stephen Hawking vu par Latuff

 24. BDS - roger-waters-pink-floyd-israel-apartheid-the-wall.GIF

Celui de Roger Waters, par le même.

 

Sans compter ceux que Latuff n’a pas dessinés :

24.1 Nigel Kennedy.jpg

Nigel Kennedy

24.2  stephane hessel.jpg

Stéphane Hessel

25. israel-boycotte-etudiant-oxford-universite.jpg

Les étudiants d’Oxford

25.1  arundhati roy.jpg

Arundhati Roy (avec Noam Chomsky, Naomi Klein, Harold Pinter, José Saramago, Howard Zinn, Eduardo Galeano & d’autres gendelettres) 

25.2 Loach-on-set.jpg

Ken Loach et d’autres cinéastes…

25.3 godard.jpg

…comme Jean-Luc Godard

 

25.4  NAIR.jpg

ou Mira Nair 

Et d’autres et d’autres :

26. Tomemos conciencia BOICOT A LOS SIONISTAS!.jpg

C’est vrai qu’il y a eu aussi la fausse campagne de boycott de l’Autorité Palestinienne (quiconque a lu Aline de Dieguez, n’en sera pas surpris).

26.1  Fausse campagne de boycott de l'autorité pal..jpg

Mais la vraie et persistante campagne de boycott de la communauté des juifs Hassidiques est, elle, bien réelle :

27. Boycott Neturei.jpeg

28. Neturei Karta manifestant.jpg

29. lesvideos-neturei_karta2.jpg

 

 Ils manifestent dans le monde entier en portant l’étoile jaune. Y compris à Jérusalem :

30. à Jérusalem - Ils se sont fait tabasser.JPG

où ils se sont fait tabasser.

*

Mais revenons au sujet de ce post, LA QUENELLE,  et à nos moutons (à crocs) :


Loi Valls contre Dieudonné, la quenelle et le chômage

Philippe Alain

31. quenelle-double.jpg

 

Ça y est, c’est fait. On l’attendait depuis la prise de position de Manuel Valls contre Dieudonné. La République Socialiste Française était un pays sous-développé en ce qui concernait son arsenal législatif. Aucune loi ne permettait en effet d’interdire les opposants indépendants de tout financement public, les plats de mauvais goût et le chômage. C’est corrigé. Avec cette loi, la France devient la première dictature occidentale du XXIème siècle.

Article 1 : De la quenelle

Le geste dit de la « quenelle » qui consiste à tendre un bras vers le sol et poser l’autre sur l’épaule est interdit sur l’ensemble du territoire de la République.

Ce geste, déclaré antisémite par la LICRA, les extrémistes juifs et finalement par Manuel Valls lui-même est également une insulte au socialisme et donc à la France. Toute personne exécutant le geste de la quenelle sera fichée, traquée, retrouvée, frappée en place publique puis déportée en Israël qui a besoin de monde pour peupler les colonies palestiniennes.

Article 1 bis

Manuel Valls n'aime pas l'humour noir, il n'aime pas non plus les quenelles. Le plat culinaire dit de la « quenelle » est donc interdit sur l’ensemble du territoire de la République. De plus, d’après une étude très sérieuse du Ministère de la Propagande, avaler des quenelles conduit inéluctablement à en faire de manière incontrôlée. Toutes les quenelles figurant sur les menus des restaurants ou des cantines doivent disparaître avant le 15 janvier.

Passée cette date, tous les clients qui persistent à demander un plat de quenelles devront immédiatement être signalés à la police. Ils ne pourront pas dire qu’ils ne savaient pas.

Article 1 ter, minable

La cannelle est également interdite. Afin de ne pas permettre aux opposants de s’affubler d’un nouveau signe de ralliement trop proche de la quenelle, la cannelle est bannie du territoire national.

Article 2 : Des spectacles de Dieudonné

Tous les préfets sont invités à organiser des manifestations communautaires violentes devant les spectacles de Dieudonné en prenant contact avec la LICRA locale pour l’organisation.

La participation de policiers en civil pour provoquer des heurts violents avec les spectateurs de Dieudonné est fortement recommandée. Le recours aux chaînes télévisées est obligatoire afin de disposer d’images pour choquer l’opinion publique.

Article 2 bis

Constatant la présence systématique de manifestations violentes aux abords des spectacles de Dieudonné, les spectacles dudit Dieudonné sont désormais interdits. Les troubles à l’ordre public ne sont pas acceptables dans une dictature socialiste, démocratie. Sauf sur ordre venu d’en haut.

Article 3 : De la liberté de penser


Monsieur Patrick Cohen, animateur sur France Inter, qui avait qualifié publiquement Dieudonné de « cerveau malade » et qui a permis de relancer la répression anti-quenelle est nommé Ministre de la Communication, des Médias et de la Gauche Bien-Pensante.

Dorénavant, vous n’êtes plus libres de penser ce que vous voulez, comme Monsieur Cohen l’a affirmé dans la même émission (1)

La liste noire, sans jeu de mots, de Cohen sera communiquée à tous les médias afin de n’inviter que des personnalités officiellement agrées par la gauche moralisatrice bien pensante.

Article 4 : Du communautarisme

Le communautarisme qui consiste à segmenter la France en fonction des minorités et de leur appartenance ethnique ou religieuse est désormais officiellement instauré en France.

On ne parlera plus de citoyens, mais de Juifs, de Noirs, de Musulmans et d’Anti-mariage gay (veilleurs, sentinelles, manif pour tous, etc). Tous ceux qui ne sont ni Juifs, ni Noirs, ni Musulmans, ni Anti-mariage gay seront appelés « Antifas ».

Les Roms, eux, continueront à faire l’objet d’un traitement particulier qui sera détaillé dans un prochain article.

32. Valls Kippa.jpg
Article 5 : De la kippa

Seuls les Juifs de France et Manuel Valls pourront porter avec fierté leur kippa (2),  sur la voie publique et en particulier dans les manifestations de soutien au gouvernement socialiste.

Les Musulmanes, elles, ont plus que jamais interdiction de porter leur foulard, les Chrétiens, eux, ont interdiction de manifester leur opposition au mariage gay, à la GPA et la PMA et plus généralement toute opposition au gouvernement socialiste soit-disant laïc.

Les Roms, eux peuvent porter avec fierté leur étoile jaune.

Article 6 : Du racisme d'État

Le racisme d’Etat contre les Roms est officiellement instauré. Désormais, il est possible de déclarer comme le fait régulièrement Manuel Valls, ministre de la République, ministre de l’intérieur :

« Les Roms ont vocation à retourner en Roumanie »

« Les Roms n’ont pas vocation à s’intégrer »

« Les Roms ont des modes de vie extrêmement différents qui sont en confrontation »

Comme l’a décidé récemment la Cour de Protection des Ministres , il ne s’agit absolument pas d’incitation à la haine raciale, mais de propos s’inscrivant dans le débat public.
Bien évidemment, toute, personne qui remplacerait le mot « Rom » par le mot « Juif » tomberait immédiatement sous le coup de la loi et subirait de très lourdes sanctions.

Article 7 : Du Front National

Le Front National dirigé par la fille de celui qui a déclaré que « les chambres à gaz sont un détail de l’histoire » est dissous. Ce parti, qui déclare à longueur de temps que l’UMP et le PS se valent bien se veut en effet un sous-marin de l’idéologie anti-système. Il porte, comme Dieudonné, un « discours de haine et de rejet qui ne peut être accepté ».

Compte tenu du raz de marée prévu aux prochaines élections en raison du ras le bol généralisé des Français, mieux vaut prévenir que guérir.

Article 7 bis

Tant qu’à faire, toute opposition au gouvernement socialiste, au communautarisme, à la religion laïque, au mariage gay et à la politique d’Israël sont interdites. Seuls sont autorisés le Parti Socialiste et Jean-François Coppé.

Article 8 : Du chômage

Incapable d’inverser la courbe du chômage, le gouvernement efface le chômage

Le chômage est déclaré antisémite.

Toute personne évoquant le chômage sera immédiatement poursuivie pour injure à caractère racial. Tout média consacrant un reportage sur le chômage sera immédiatement suspendu.

Tous les chômeurs se déclarant comme tels deviennent porteurs d’une idéologie raciste et antisémite. Ils seront donc impitoyablement poursuivis et éliminés.

Article 9 : Des manifestations publiques

Les préfets sont invités à mettre « quelques blancs, quelques white, quelques blancos » dans toutes les manifestations publiques officielles, comme Manuel Valls à Evry (3).

Les noirs, les arabes, les roms, les opposants catholiques seront fermement éloignés, voire placés en garde à vue si nécessaire, après avoir été gazés, cela va sans dire.

Article 10 : Du lien éternel à Israël

Tout préfet, comme l’a fait Manuel Valls, devra s’afficher publiquement, au moins une fois par an, avec une kippa et se déclarer « lié de manière éternelle à la communauté Juive et à Israël », merde, quand même. (4)

Article 11


La présente loi s'applique sur l'ensemble du territoire de la République.  (Ainsi que dans les Dom Tom et dans les parties reconquises de l’Afrique ! NdGO)

Article 12


La présente loi sera exécutée comme loi de l'État.

Fait à Paris, le 5 janvier 2014.

(1) http://www.youtube.com/watch?v=Az-KjW5u41c

(2) http://www.youtube.com/watch?v=WSCxmenX9r0

(3) http://www.ina.fr/video/3933266001036

(4) http://www.youtube.com/watch?v=Y9Bs3tF1jj0


Source :

http://french.irib.ir/analyses/chroniques/item/309140-loi...

 

 

33. Manuel Valls.jpg

D’accord, c’est facile…


*

Mais qu’est-ce qu’une quenelle, après tout, sinon, pour les croulants, les octogénaires et autres cartes vermeil, un bon vieux bras d’honneur ?

 

34. coluche_bras_d_honneur.jpg

Fort utilisé dans leur jeunesse par les comiques qui ne faisaient pas rire…

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Même les femmes se le permettaient…

36. bébé bras d'honneur.jpg

… les bébés…

37. Mesrine-bras-d-honneur-funnyfox.gif

… Mesrine…

38. Hebrew Bras d'honneur.jpg

…et, euh, oui…

 

Sans parler du doigt d’honneur, qui a ses lettres de noblesse :

39. doigt.jpg

Chez les supporters de foot hollandais…

40. henri-emmanuelli-faisant-un-doigt-d-honneur-a-l-assemblee-nationale-le-7-juin-2011.jpg

…comme à l’Assemblée Nationale…

41. johnny-cash-finger.jpg

… ou chez les rockers (Johnny Cash, aussi mal élevé qu’Henri Emmanuelli).

 

42. Doigt.jpeg

Et alors ?!

 

Alors, la quenelle, quelle différence ?

 

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Oui, bon, un récidiviste !

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Le réinventeur, en demoiselle d’honneur du premier mariage gay entre gibiers de potence.

 

 





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… de 175 ou de 250 ? …

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Quenelle juive…

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Quenelle en haute mer…

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Quenelles de pompiers…

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Quenelles de militaires…

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Quenelles de skieurs…

51. quenelle échelle de jacob.jpg

Quenelles de chômeurs…

52. Quenelle_Géante_TGI.jpg

Quenelle géante au TGI (Tribunal de Grande Instance pour les Belges)

53. quenelle-valls.jpg

Quenelles d’électeurs ?...

 

Mais qu’est-ce que ces quenelles ont à voir avec le salut nazi, même inversé ? Le vrai, le voilà :

 

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À moins que celles-là peut-être ?

 

55. milice_juif_radical_sioniste_le_betar.jpg

Quenelles inversées des miliciens du Betar

 

Que le dernier mot reste à la musique (celle qui adoucit les mœurs) …

 

La Quenelle par Charlotte Aznavour

 

56. Une belle bande d'antisémites !.jpg

Et allez vous cacher, bande de racistes antisémites !

 

 

*

C’est le week-end et on ne pointe plus qu’une fois par mois, vous avez le temps de signer la pétition pour que l’Italie cesse de baisser son froc devant Erdogan et relâche Bahar Kimyongür. On aimerait bien aussi que la Belgique respecte sa Constitution, sinon ce n’était pas la peine d’en faire une, mais c’est peut-être beaucoup demander.

 

Pétition pour Bahar - petition for Bahar - petitie voor Bahar - petizione per Bahar - petición por Bahar - Bahar için imza verin

 

57. free_bahar_now.jpg

C’est ici.

 

*

58. Chat noir lisant.JPG

 

Des milliers de pélerins philippins à la procession du Nazaréen Noir

 vidéo :

http://rt.com/in-motion/philippines-procession-black-naza...

 

C’est le moment ou jamais de relire Chester Himes :

59. Himes Aveugle.jpg





Chester Himes

L’aveugle au pistolet

Paris, Folio, 1999

373 pages


 


*

 

 

 

Mis en ligne le 11 janvier 2014

 

 



12:48 Écrit par Theroigne dans Actualité, Général, Loisirs, Musique, Web | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook |

06/01/2014

In Memoriam Dalal al Mughrabi

1. pêcheurs gazaoui.JPG

 

In Memoriam Dalal al Mughrabi

Cinquième anniversaire du carnage israélien dans le camp de Gaza
( 27 décembre 2008 - 21 janvier 2009)

Aline de Dieguez


"Si vous n'êtes pas vigilants, les médias arriveront à vous faire détester les gens opprimés et à aimer ceux qui les oppriment."

Malcolm X

2. dalal.jpg

 Une photo rare de Dalal al Mughrabi

 

A la lecture de la nouvelle dérangeante pour les amis de la Palestine, selon laquelle trois mille Palestiniens, principalement membres du Hamas, combattent en Syrie aux côtés des égorgeurs et des cannibales wahhabites on ne peut qu'évoquer avec tristesse la mémoire des résistants qui ont donné leur vie afin que la Palestine ne sombre pas dans l'oubli et constater avec chagrin les dérives suicidaires de dirigeants qui envoient leurs combattants se faire tuer pour le double bénéfice et l'extrême jubilation de leur oppresseur.

Voir des Palestiniens tourner le dos à des Etats et à des groupes politiques qui ont soutenu leur résistance à l'occupation sioniste et qui les ont nourris et armés pendant des décennies, puis découvrir comment ils trahissent leurs seuls véritables soutiens en se rangeant dans le camp de leurs propres oppresseurs, laisse sans voix tout être normalement doué d'une étincelle de raison et de sens moral. [1]

En effet, il est clair pour tous ceux qui ont des yeux pour voir et des oreilles pour entendre, que les hordes de fanatiques, qualifiés "rebelles", "opposants" ou "djihadistes", mais jamais "terroristes", et qui se ruent en rangs serrés sur la Syrie ne sont que des mercenaires sponsorisés par les riches et rétrogrades Etaticules pétroliers et gaziers du Golfe, armés et entraînés par les services secrets de l'OTAN et ceux du Mossad israélien. Les illusions d'un "printemps arabe" en Syrie n'ont duré que ce que durent les roses.

D'importants groupes de mercenaires palestiniens, principalement affiliés au Hamas, recrutés par l'inénarrable Cheikh Hamad ben Khalifa al-Thani lors de sa visite à Gaza en octobre 2012, combattent donc dans le même camp qu'Israël et se font tuer pour le plus grand bénéfice de leur occupant !


3. emir.jpg

Le Cheikh Hamad ben Khalifa al-Thani, l'une de ses épouses, Cheikha Moza, Ismaël Haniyeh

 

Voir le responsable du Hamas à Gaza, M. Haniyeh, baiser les mains en public et en privé du pire pousse-au-crime et incitateur au meurtre de malheureux citoyens syriens qui n'ont pas l'heur de plaire à ce prétendu "religieux" qatari richissime et serviteur zélé du maître qui le couvre d'or - le Cheikh Qaradaoui - est un spectacle douloureux pour l'idée que l'on peut se faire de la dignité humaine: "Ceux qui agissent avec le pouvoir [syrien], il nous est obligatoire de TOUS les tuer: militaires, civils, oulémas ignorants..." clamait avec hargne ce prêcheur fanatique et haineux sur la chaîne du Qatar Al-Jazeira à l'intention de millions de cervelles prêtes à se saisir sur le champ d'un coutelas et à se ruer sur d'innocents Syriens. Son appel a d'ailleurs été suivi à la perfection par des dévoreurs de foie et de coeur humains encore sanguinolents. [2]


4. qaradawighazza.jpg5. haniye-qaradaoui.jpg

Cheik Yûssuf Al- Karadâwî en visite à Gaza, 10 mai 2013

Des images sont souvent plus parlantes qu’un long commentaire


C'est donc dans le même minuscule, mais richissime, émirat gazier du Qatar que s'est délocalisé le chef du bureau politique du Hamas, M. Khaled Meschaal, après avoir changé son fusil d'épaule et effectué une giration mentale à 180° qui l'a conduit à trahir le pays-hôte qui l'avait hébergé pendant plusieurs dizaines d'années et lui avait même, en son temps, sauvé la vie. Il a pu continuer à entretenir sa forme physique et jouer tranquillement au ping-pong dans son luxueux hôtel de Doha pendant que le Moyen Orient était en feu !


6. Meschal-hamad2.jpg

Khaled Meschaal – Cheik Hamad Ben Khalifa al-Tani

 

Néanmoins, le dieu Mars s’est enfin montré plus propice au patriotisme du soldat syrien et une révolution de palais menée par la CIA et la belle et influente seconde épouse, Moza, en faveur de son fils, nommé calife à la place du calife, a mis un terme prématuré au grandiose destin du cheikh Hamad. Elle rappelle l’histoire d’Agrippine et de son fils Néron.

M. Meschaal est alors devenu indésirable à Doha. On l’a vu errer ici et là, de la Turquie à la Tunisie, afin de trouver un nouveau point de chute et même tenter de se rapprocher de ses anciens soutiens. S’il avait lu Son Excellence Eugène Rougond’Emile Zola, il aurait su qu’en politique la félonie est un mauvais calcul politique et finit toujours par se retourner contre l’ingrat. La lecture de L’art de la guerre du célébre général chinois SUN-TZU (- Vie siècle) lui aurait appris qu’en toute guerre, la première et la plus importante des conditions du succès est de savoir identifier clairement son ennemi, d’apprécier les forces de l’adversaire et de bien connaître les siennes propres.

Quant à l’ancien Président de la République d’Egypte, M. Morsi, sur lequel le peuple palestinien fondait d’immenses espoirs, rapidement déçus, hélas, il a, dans son dernier discours de chef d’Etat dit « démocratique », prôné le « djihad », c’est-à-dire rien moins que la « guerre sainte » … mais contre la Syrie, un autre Etat à majorité musulmane.

Aucune guerre n’est sainte et tout « djihad » politique n’est qu’une monstruosité barbare. Ainsi, M. Morsi venait ex abrupto de déclarer la guerre à un Etat avec lequel il n’avait aucun différend politique, et cela pour le plus grand bonheur et jubilation de l’axe otano-qataro-saoudo-sioniste qui manipule à son profit les faibles esprits religieux fanatisés et les politiciens corrompus de la région, mais à la grande fureur d’une partie importante de la société égyptienne, violemment hostile à une dictature religieuse. La lettre personnelle d’allégeance adressée au Président Peres, par laquelle le Président égyptien fraîchement élu avait souhaité à l’Etat d’Israël « bonheur et prospérité » demeure dans toutes les mémoires et a pris tout son sens à la lumière des évènements qui ont suivi. [3]


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Lettre de félicitations et d’affection du Président égyptien Morsi au Président israélien Peres (traduction en note)


Trois jours après le prêche religieux sectaire de M. Morsi, qui aurait envoyé des dizaines de milliers d'Egyptiens grossir les rangs des hordes internationales d'égorgeurs et de décapiteurs de civils syriens sous prétexte qu'ils ne priaient pas leur Dieu de la même manière qu'eux, la junte militaire en a profité pour reprendre le pouvoir - avec le soutien d'une importante proportion de la société civile, il faut bien le constater. Peut-être subsistait-il chez les généraux égyptiens quelques traces de l'authentique patriotisme égyptien qu'avait incarné le Colonel Nasser. Peut-être se souvenaient-ils qu'il n'y a pas si longtemps, l'Egypte et la Syrie ne formaient qu'un seul Etat. Les deux étoiles qui ornent encore le drapeau syrien en sont les vestiges.

Quant aux citoyens ordinaires qui ont soutenu les généraux, ils refusaient la dictature religieuse en germe dans la constitution en préparation par M. Morsi, mais ils ne souhaitaient évidemment pas l'établissement d'une dictature militaire qui semble se profiler. Mais pour les habitants de Gaza, le changement de régime en Egypte se traduisit par le passage du Charybde d'un Morsi soucieux de ne déplaire en rien à Israël et aux Etats-Unis, au Scylla de généraux, violemment hostiles aux Frères musulmans et à la direction prise par le Hamas.


8. barbares.jpg

Les « combattants » de l’axe otano-saoudo-sioniste jouent au foot-ball avec une tête de soldat chiite


"Ils font pourtant du bon boulot"
M. Laurent Fabius, Ministre des affaires étrangères du gouvernement de M. Hollande

 

Néanmoins, le coup d'Etat militaire en Egypte a au moins eu le mérite d'avoir sauvé la vie de milliers de malheureux chiites, alaouites, chrétiens, kurdes, druzes, sunnites modérés, assyriens, arméniens, yezidis, juifs et autres variétés de croyants qui font l'originalité de la mosaïque sociale syrienne - et y compris des minorités religieuses égyptiennes, notamment coptes et chiites. Par la même occasion des masses d'écervelés égyptiens, dont les cadavres seraient allés nourrir la terre syrienne, ont également eu la vie sauve faute d'être allés se suicider en compagnie des cannibales wahhabites drainés par le grand "démocrate", Son Excellence Bandar ben Sultan ben Abdelaziz Al Saoud, non moins "démocrate", aux yeux des Occidentaux, que son collègue qatari dont il a pris la succession en tant que financier et pourvoyeur d'engins de mort des mercenaires internationaux.


9. bandar1.jpg10. bandar2.jpg

Son Excellence Bandar ben Sultan ben Abdelaziz Al Saoud, Ministre de l’intérieur du royaume des Saoud 

À gauche, version couleur locale, à droite, version cosa nostra.

 

Son Excellence Hamad ben Khalifa al-Thani, quant à lui, déchu et trahi, il peut désormais goûter les délices d'un luxueux exil dans l'île d'Ithaque, qu'il avait achetée à un Etat grec impécunieux - sage précaution - et rêver à Ulysse et à Nausicaa. Pendant ce temps, son fils nouvellement promu à la tête de l'empire gazier de sa pustule d'Etat, détricote toute la politique du père et rame à contre-courant, chéquier à la main, afin de tenter de se "réconcilier" avec la Syrie et avec l'Algérie.

Quant au Quisling qui règne sur des confettis cisjordaniens emmurés, il est engagé depuis plus de vingt ans dans une véritable "économie" des négociations qui ressemblent à la tapisserie de Pénélope, mais qui nourrissent grassement tout une administration de conseillers, d'experts, de géomètres ou de secrétaires, véritables sangsues du budget de ce fantôme d'Etat. En collaborateur conséquent, c'est contre les résistants de Cisjordanie que M. Abbas lance ses supplétifs armés, tout en mendiant des miettes aux uns et aux autres. Il se vante d'avoir empêché quatre-vingt dix prises en otage de soldats israéliens destinés à être échangés contre la libération des milliers de prisonniers palestiniens qui croupissent dans les geôles de l'occupant. Il se garde bien de protester contre l'enfermement dans des cages en plein air, et sous la pluie et le vent, de prisonniers et même d'enfants raflés par une brutale et impitoyable soldatesque. Y a-t-il une limite à l'ignominie contre les Palestiniens?

Alors que le parlement de l'Etat hébreu vient de voter l'annexion pure et simple de la vallée du Joudain et la construction de mille cinq cents nouveaux logements dans les colonies, les forces d'occupation de la Cisjordanie ont offert à M. Mahmoud Abbas une petite sucrerie destinée à rendre moins amère la pillule à avaler, à savoir la libération - pour combien de temps avant de les "convoquer" de nouveau ? - de vingt-six Palestiniens détenus depuis plus de vingt ans dans leur Archipel du Goulag. Or, durant la seule année 2013, quatre mille citoyens ont été enlevés et brutalisés, la plupart après de violentes incursions dévastatrices dans les logements familiaux des malheureux kidnappés.

Pendant ce temps l'occupant cligne de l'oeil et s'étale sur les restes du maigre territoire imparti aux autochtones, qu'il grignote mètre carré par mètre carré et colline par colline.

 

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Nième rencontre Abbas-Netanyahou, décembre 2013

 

*

A l'occasion du cinquième anniversaire de la tuerie israélienne à Gaza (27 déc. 2008 - 21 janvier 2009) et parce que la situation politique de la Palestine et du Moyen-Orient tout entier, sont aujourd'hui plus catastrophiques que jamais, comme il est esquissé dans le rapide tour d'horizon ci-dessus, il m'a semblé important de tenter de faire revivre une héroïque et lumineuse figure de la résistance patriotique palestinienne.

Mais auparavant, je rappellerai quelques exploits particulièrement remarquables de la manière dont le sionisme s'est imposé en Palestine.

 

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Dalal Mughrabi

"Point your guns in only one direction- your enemy - Israel " .

"Dirigez vos fusils dans une seule direction - celle de votre
ennemi - Israël"


Héroïne de la résistance et honorée par le peuple palestinien et certaines autorités locales qui ne sont pas encore atteintes par la lèpre de la collaboration et de la démission, la mémoire de Dalal al Mughrabi est délibérément occultée par la direction d'une "Autorité" dépourvue non seulement de toute autorité réelle, mais de toute légitimité depuis quatre ans, puisque M. Abbas occupe son poste par la grâce de l'occupant, de celle de l'allié privilégié et soutien américain de l'Etat sioniste , ainsi que de celle de bailleurs de fonds des pays du Golfe.

Son action audacieuse demeure gravée dans la pauvre histoire de la résistance palestinienne. Il n'est évidemment pas étonnant, en revanche, que l'État d'Israël, se soit senti humilié par la "réussite" - il faut le reconnaître, même si elle ne fut que partielle - d'un commando dirigé par une toute jeune fille et que cet Etat, qui s'emploie à terroriser la population palestinienne par les moyens les plus vicieux et les plus pervers, la proclame une des "pires terroristes" de sa courte histoire de colonisateur de la Palestine.

Tout d'abord, je rappellerai quelques points d'un droit international dont l'Etat hébreu n'a jamais respecté la moindre injonction. Fort du soutien d'une diaspora puissante et fortunée, il a toujours méprisé toutes les injonctions du droit international.

Or, le droit à l'autodétermination, à l'indépendance nationale, à l'intégrité territoriale, à l'unité nationale et à la souveraineté sans interférence extérieure a été affirmé à maintes reprises par de nombreux organes des Nations Unies, dont le Conseil de sécurité, l'Assemblée générale, la Commission des droits de l'homme, la Commission du droit international et la Cour internationale de justice.

Voir: - Ils ont crucifié Marianne... Les nouveaux exploits de Tartuffe en Palestine .

 

Le principe de l'autodétermination stipule que lorsque le droit à l'autodétermination a été supprimé par la force, le recours à la force est permis pour contrer cette situation et atteindre l'autodétermination.

La Commission des droits de l'Homme a régulièrement réaffirmé la légitimité de la lutte contre l'occupation par tous les moyens disponibles, dont la lutte armée (Résolution de la CDH No. 3 XXXV, 21 février 1979 et Résolution de la CDH No. 1989/19, 6 mars 1989)

Le droit international donne donc expressément à un peuple occupé le droit de se défendre par tous les moyens. En effet, la Résolution 2621 XXV, du 12.10.1970 des Nations Unies affirme "le droit inhérent des peuples coloniaux de lutter par tous les moyens nécessaires contre les puissances coloniales qui répriment leur aspiration à la liberté et à l'indépendance", donc, y compris par les armes et par la force.

De façon explicite, la Résolution 37/43 , de l'Assemblée générale des Nations Unies, adoptée le 3 décembre 1982 : "Réaffirme la légitimité de la lutte des peuples pour l'indépendance, l'intégrité territoriale, l'unité nationale et la libération de la domination étrangère et coloniale et de l'occupation étrangère par tous les moyens disponibles, incluant la lutte armée." (Voir aussi les Résolutions de l'Assemblée générale des Nations Unies 1514 , 3070 , 3103 , 3246 , 3328 , 3382 , 3421 , 3481 , 31/91 , 32/42 et 32/154 ).

Le droit à la résistance est non seulement conforté, mais légitimé par l'article 1er §4 du premier protocole additionnel de Genève du 08.06.1977 , qui précise que, parmi les conflits armés internationaux, figurent ceux "dans lesquels les peuples luttent contre la domination coloniale et l'occupation étrangère et contre les régimes racistes dans l'exercice du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes… "


Les grands exemples de Jean Moulin, jugé terroriste par l'occupant allemand de la France de 1940, et aujourd'hui honoré au Panthéon ou celui de Mandela, considéré comme terroriste durant plusieurs décennies par de nombreux chefs d'Etat occidentaux avant de se métamorphoser en héros mondial de l'anti-apartheid aux yeux des mêmes et d'avoir drainé la quasi totalité des chefs d'Etat de la planète à ses funérailles - hormis les dirigeants israéliens, qui jugèrent le prix du vol vers l'Afrique du Sud trop élevé - ces exemples, dis-je, sont des métamorphoses éloquentes du terroriste en héros international au gré des évolutions politiques.

Il existe néanmoins un exemple un peu moins flatteur: celui d'Yitzhak Shamir. Son activisme au sein du Lehi et de sa section la plus violente, le Stern Gang, qui compta entre 60 et 200 personnes, puis dans celui des assassins de l'Irgoun spécialisés dans les attentats anti-arabes entre 1936 et 1939 fut à l'origine de milliers de victimes. Il est également le principal organisateur de l'assassinat du comte Folke Bernadotte et de celui de Lord Moyne. Cela ne l'a pas empêché d'occuper plusieurs postes ministériels importants lorsque le mouvement sioniste a été reconnu par l'ONU et même celui de Premier Ministre entre 1986 et 1992. Mais M. Shamir n'est jamais devenu un modèle moral, et pour cause ! Il n'a d'ailleurs jamais été autorisé à se rendre en Angleterre.

Lord MOYNE, secrétaire d'Etat britannique, avait déclaré le 9 juin 1942 devant la Chambre des Lords que "les Juifs n'étaient pas les descendants des Hébreux antiques et qu'ils n'avaient aucune réclamation légitime sur la terre sainte." Déclaré "ennemi de l'indépendance hébreu", il a été assassiné le 6 novembre 1944 au Caire par le Stern Gang dirigé par Yitzhak Shamir.

Je rappelle également l'assassinat par le Lehi, toujours dirigé par le même Yitzhak Shamir, du comte Folke Bernadotte, le 17 septembre 1948 à Jérusalem - les terroristes sionistes jugeaient le médiateur des Nations Unies trop "pro-palestinien". Le diplomate suédois n'avait-il pas osé s'indigner devant « le pillage sioniste à grande échelle et la destruction de villages sans nécessité militaire apparente». 

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   Lord Moyne

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                                                                                                                                          Comte Folke Bernadotte



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Itzak Shamir

L'assassin frappe toujours deux fois

 

Bien avant qu'une existence légale ait été fournie à l'ONU par un vote contesté et contestable, à la colonie de peuplement d'immigrants juifs, majoritairement orientaux, en terre palestinienne, le groupe armé radical Lehi, qui se qualifiait lui-même de "terroriste" et sa branche la plus meurtrière, le Stern Gang, auxquels s'est ajoutée une nouvelle organisation terroriste, l'Irgoun, ont compté à leur actif d'innombrables assassinats au moyen de camions, de voitures et de trains piégés, de bombes jetées contre des bus, ou au milieu d'attroupements "d'Arabes", d'assassinats individuels, d'opérations de sabotage, y compris en Angleterre où le groupe Lehi a fait exploser un engin dans le Club Colonial. L'ancien chef des opérations du Lehi, Yaakov Eliav a révélé dans ses Mémoires, que les terroristes sionistes avaient eu le projet de recourir à un attentat bactériologique en répandant du bacille de choléra dans le réseau d'eau potable de Londres.

En effet, n'étant à l'époque les représentants d'aucun Etat constitué, qui aurait été victime d'une agression ou d'une occupation, les commandos meurtriers ne peuvaient en aucun cas se réclamer de la moindre légitimité internationale. Il s'agissait purement et simplement de l'avant-garde meurtrière d'une colonisation de peuplement dont les membres étaient mus par le désir de s'approprier un territoire habité par un autre peuple. Les comploteurs militarisés juifs se réclamaient d'une idéologie messianique née dans les vapeurs des shtetls d'Europe orientale. Ils formaient des milices armées et des groupes d'assassins animés par un double objectif: terroriser la population indigène afin de l'inciter à fuir, tout en cherchant à évincer par la force les Anglais détenteurs d'un mandat international sur la Palestine et qui, dans un premier temps, s'étaient dressés contre eux.


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Déraillement du train Le Caire-Haïfa sur des mines posées sur la voie par le Stern Gang : 40 tués, 60 blessés.

 

C'est pourquoi il est bon de rafraîchir la mémoire des pleureuses de l'Etat hébreu, oublieuses de leurs propres turpitudes, et de situer leur vertueuse indignation envers de légitimes résistants palestiniens en la replaçant dans le contexte historique des évènements qui ont précédé et directement suivi la naissance de cet Etat. J'ai donc rappelé quelques épisodes marquants du terrorisme violent et meurtrier auquel se sont livrés de véritables groupes organisés d'assassins qui ensanglantèrent la terre palestinienne pendant des années par des meurtres de masse et des attentats ciblés. Se considérant déjà comme jouissant de privilèges et de droits exceptionnels, poser des bombes, faire dérailler des trains et assassiner des civils en masse était aux yeux des groupes de terroristes juifs un moyen politique légitime.

Ce même moyen à petite échelle devient illégitime à leurs yeux et fait l'objet de clameurs indignées lorsqu'il est utilisé, conformément au droit international, par les victimes spoliées, volées, chassées, martyrisées par les moyens les plus sadiques et les plus cruels. L'actuel Etat d'Israël repose sur des monceaux de cadavres palestiniens et, dans une moindre mesure, anglais. Ses mains, comme celles de lady Macbeth, sont couvertes d'un sang indélébile.

N'oublions pas un autre attentat sioniste marquant, commis par un autre ancien terroriste, Menahem Beguin, devenu Premier Ministre d'Israël à la fin des années 1970. Il est l'initiateur et la cheville ouvrière de l'attentat meurtrier perpétré le 22 juillet 1946 contre l'hôtel King David qui fit 91 victimes et 46 blessés. Cette attaque à la bombe a été préparée et menée par l'organisation extrémiste juive de l'Irgoun de M. Beguin. Elle visait les autorités britanniques dont les bureaux étaient situés au sein de cet hôtel à Jérusalem, ville alors sous mandat anglais.


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Hôtel King David… après l’action de l’Irgoun

 

Deir Yassin, l'Oradour palestinien, fut rayé de la carte en une nuit . Plus de 300 civils furent exécutés froidement, femmes, enfants, hommes , vieillards. Les tueurs ne faisaient pas de quartiers et pour faire bonne mesure, ils jetèrent les corps suppliciés dans le puits du village. Fiers de leur exploit, ils organisèrent des visites guidées des ruines et des cadavres. Cette initiative connut un vif succès parmi les colons.

Deir Yassin, Haïfa, Jaffa, Acre, Oum Al Fahem et AL-Ramla, Al-Daouayma, Abou Shousha, Qazaza, Jaffa à plusieurs reprises, Tannoura, Tireh, Kfar Husseinia, Haïfa encore et encore, Sarafand, Kolonia, Saris, Biddu, Lod, Bayt Surik, Sasa, Balad al-Cheikh, hier Jenine , Gaza hier et aujourd'hui ont expérimenté dans leur chair la mise en pratique des directives vétéro-testamentaires en usage dans l'armée et l'efficacité des criminels militarisés des organisations juives chargées de semer la terreur et la mort.

Il m'est impossible de citer ici - la liste en serait trop longue - les innombrables meurtres, exactions et attentats commis par les terroristes du Lehi, de l'Irgoun, de la Haganah créée un peu plus tard , en attendant les attentats du Mossad plus ciblés, redoutablement efficaces - organisation qui opère désormais sur la planète entière. [4]

Face à de tels professionnels des assassinats et des attentats - y compris bactériologiques - et qui jouissaient visiblement d'une manne financière inépuisable - les victimes autochtones palestiniennes de la colonie de peuplement sioniste, devenue Etat d'Israël en 1948, ne sont que de rustiques amateurs.

L'histoire est rédigée par les vainqueurs. La narration israélienne s'est donc imposée - en tout cas en Occident - si bien que le pauvre Etat d'Israël est toujours présenté par la quasi totalité d'une presse paresseuse, oublieuse ou complice comme une malheureuse victime du "terrorisme palestinien". Sa "sécurité" n'est jamais suffisamment assurée. C'est pourquoi la mise en garde de Malcolm X est plus que jamais d'actualité: "Si vous n'êtes pas vigilants, les médias arriveront à vous faire détester les gens opprimés et à aimer ceux qui les oppriment."

 

Lettre d'Albert Einstein à l'éditeur du New-York Times, New York, 2 décembre 1948

Les dirigeants israéliens sont des fascistes

Parmi les phénomènes politiques les plus inquiétants de notre époque, il y a dans l'État nouvellement créé d'Israël, l'apparition du "Parti de la Liberté" (Tnuat Haherut), un parti politique étroitement apparenté dans son organisation, ses méthodes, sa philosophie politique et son appel social aux partis nazis et fascistes. Il a été formé par les membres et partisans de l'ancien Irgun Zvai Leumi, une organisation terroriste d'extrême-droite et nationaliste en Palestine.

La visite actuelle de Menahem Begin, le chef de ce parti, aux États-Unis est évidemment calculée pour donner l'impression d'un soutien américain à son parti lors des prochaines élections israéliennes, et pour cimenter les liens politiques avec les éléments sionistes conservateurs aux États-Unis. (...)

Avant que des dommages irréparables ne soient faits par des contributions financières, des manifestations publiques en soutien à Begin et avant de donner l'impression en Palestine qu'une grande partie de l'Amérique soutient des éléments fascistes en Israël, le public américain doit être informé sur le passé et les objectifs de M. Begin et de son mouvement. Les déclarations publiques du parti de Begin ne montrent rien quant à leur caractère réel. Aujourd'hui ils parlent de liberté, de démocratie et d'anti-impérialisme, alors que jusqu'à récemment ils ont prêché ouvertement la doctrine de l'État fasciste. C'est dans ses actions que le parti terroriste trahit son véritable caractère. De ses actions passées, nous pouvons juger ce qu'il pourrait faire à l'avenir.

Attaque d'un village arabe : Un exemple choquant fût leur comportement dans le village Arabe de Deir Yassin. Ce village, à l'écart des routes principales et entouré par des terres juives, n'avait pas pris part à la guerre et avait même combattu des bandes arabes qui voulaient utiliser comme base le village. Le 9 avril, d'après le New York Times, des bandes de terroristes ont attaqué ce village paisible, qui n'était pas un objectif militaire dans le combat, ont tué la plupart de ses habitants - 240 hommes, femmes et enfants - et ont maintenu quelques-uns en vie pour les faire défiler comme captifs dans les rues de Jérusalem. ( Imitation des défilés de "triomphe" des empereurs romains. N.de l'A)

La majeure partie de la communauté juive a été horrifiée par cet acte,et l'Agence Juive a envoyé un télégramme d'excuses au Roi Abdullah de Trans-Jordanie. Mais les terroristes, loin d'avoir honte de leurs actes, étaient fiers de ce massacre, l'ont largement annoncé et ont invité tous les correspondants étrangers présents dans le pays à venir voir les tas de cadavres et les dégâts causés à Deir Yassin. (...)

Ont signé:

ISIDORE ABRAMOWITZ, HANNAH ARENDT, ABRAHAM BRICK, RABBI JESSURUN CARDOZO, ALBERT EINSTEIN, HERMAN EISEN, M.D., HAYIM FINEMAN, M. GALLEN, M.D., H.H. HARRIS, ZELIG S. HARRIS, SIDNEY HOOK, FRED KARUSH, BRURIA KAUFMAN, IRMA L. LINDHEIM, NACHMAN MAJSEL, SEYMOUR MELMAN, MYER D. MENDELSON, M.D., HARRY M. ORLINSKY, SAMUEL PITLICK, FRITZ ROHRLICH, LOUIS P. ROCKER, RUTH SAGER, ITZHAK SANKOWSKY, I.J. SHOENBERG, SAMUEL SHUMAN, M. ZNGER, IRMA WOLPE, STEFAN WOLPE.

(C'est moi qui souligne)

*

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Dalal al Mughrabi

 

"Point your guns in only one direction - your enemy - Israel " . Telle était la prière en forme de testament laissée par la jeune résistante avant de se lancier dans une mission qu'elle savait sacrificielle pour elle et ses treize compagnons et qui, a posteriori, paraît effectivement d'une folle témérité..

Dalal avait vingt ans. Née en 1958 dans le camp de réfugiés de Sabra, au Liban, qui connaîtra, en 1982, le triste sort des massacres supervisés par l'actuel moribond comateux - Ariel Sharon - durant l'une des nombreuses guerres d'agression de l'Etat hébreu contre le Liban, la jeune palestinienne poursuivait un double objectif: officiellement, il s'agissait de kidnapper des soldats israéliens afin de les échanger contre des prisonniers palestiniens. Mais surtout, elle était consciente que même si ses chances de réussite étaient minces, seule une action d'éclat pouvait remettre dans la voie d'un juste combat une résistance encalminée et embourbée dans des conflits entre factions à l'intérieur et à l'extérieur des camps. Hier comme aujourd'hui, certains chrétiens libanais se présentaient en collaborateurs actifs d'Israël et donc violemment hostiles aux Palestiniens.

L'exil et la déportation mûrissent les êtres d'exception. Peut-être savait-elle que le fil de sa vie serait court. A peine sortie de l'enfance, la jeune étudiante infirmière était déjà une militante et une fervente patriote, aguerrie aux techniques de la guérilla et au maniement de tous les types d'armes en vigueur à l'époque. Elle avait compris que la liberté n'est pas quelque chose qui serait donné aux peuples. C'est quelque chose qui se conquiert.

A la tête du groupe qui prit le nom de Deir Yassin, le célèbre village martyrisé par la soldatesque, les quatorze volontaires se sont lancés dans une incroyable épopée. Partis de la côte libanaise, le groupe a d'abord voyagé dans un navire marchand, puis a tenté d'aborder la côte israélienne près de Tel Aviv à l'aide de bateaux gonflables, mais une météo défavorable a contraint les combattants à passer une nuit en mer. Ayant fini par gagner la terre ferme, ils ont réussi à arrêter deux bus, dont l'un rempli de soldats. Ils disposaient donc à ce moment-là de soixante huit otages.

Dalal a averti les otages de leur intention, qui n'était nullement de les tuer, mais de les échanger contre des prisonniers palestiniens. Le bus contraint de se diriger vers Tel-Aviv, un drapeau palestinien accroché à une fenêtre figurait symboliquement la patrie reconquise. Le groupe a alors entonné l'hymne national palestinien et, disent les survivants, s'est mis à sauter de joie - voilà qui révèle une gaminerie qui n'était pas le fait de meurtriers.

Les forces israéliennes ont fini par découvrir la prise d'otages. Malgré les tentatives de négociation avec Ehud Barak, le responsable des soldats et des garde-frontière envoyés sur place. Malgré l'assurance que les otages ne seraie

,,0nt pas touchés, il a refusé tout compromis face à des "saboteurs", exigeant une reddition pure et simple. Les soldats ont commencé à tirer. Dalal a alors ordonné à ses compagnons de riposter

Un combat à mort s'est trouvé engagé. Après une résistance acharnée six compagnons de Dalal blessée ont été tués. De plus, très rapidement le groupe mal équipé a manqué de munitions. Des explosions ont retenti dans le bus. Les Israéliens prétendent que c'est le groupe de Dalal qui aurait lancé des grenades à l'intérieur, d'autres témoins parlent de mitraillages par l'armée. Comme il est dit ci-dessus, l'histoire est écrite par les vainqueurs, et surtout... par les survivants. Dalal et onze de ses compagnons ont été tués ainsi que trente soldats israéliens. Des civils ont également péri dans la fusillade. Il y eut également quatre-vingts blessés.

Au seul survivant palestinien du groupe, Yahya Skaf, toujours depuis lors enfermé dans les geôles israéliennes sous l'appellation "Prisonnier X", Barak a demandé qu'il désigne le chef du groupe. Il montra le cadavre de Dalal. La fureur de Barak s'est alors déchaînée sur la dépouille encore chaude de la jeune fille qu'il a atrocement martyrisée. Après l'avoir tirée par les cheveux en lui donnant des coups de pied, il arraché ses vêtements, découvert sa poitrine et a frappé ses seins et son bas-ventre à coups de poignard.


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Le cadavre de Dalal al Mughrabi martyrisé par Ehud Barak

 

Lors de l'échange de prisonniers qui eut lieu en 2000 entre le Hezbollah et Israël, les noms de Yahya Skaf et la dépouille de Dalal figuraient sur la liste proposée par le valeureux mouvement de résistance libanais, Hezbollah. Israël a prétendu que les autorités de son Goulag n'avaient aucun détenu de ce nom dans leurs geôles. En revanche, un cercueil censé contenir les restes de Dalal fut livré.

Lorsque la famille l'ouvrit, elle vit qu'il contenait des pierres et un peu de terre. Les os de Dalal sont toujours emprisonnés en Israël dans le fameux cimetière-prison dont les tombes ne portent qu'un numéro. [5]

Le célèbre poète et écrivain syrien, Nizar Kabbani (1923-1998) , a rendu un hommage vibrant à la jeune résistante palestino-libanaise par l'émouvant poème ci-dessous.

 

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Nizam Kabbani

 

Je suis pour le terrorisme

De terrorisme on nous accuse
Si nous osons prendre défense
De notre femme et de la rose
Et de l'azur et du poème
Si nous osons prendre défense
D'une patrie sans eau sans air,
D'une patrie qui a perdu
Sa tente et sa chamelle
Et même son café noir.
(...)

De terrorisme on nous accuse
Quand nous décrivons les dépouilles
D'une patrie
Décomposée et dénudée
Et dont les restes en lambeaux
Sont dispersés aux quatre vents…,
D'une patrie
Cherchant son adresse et son nom…
D'une patrie ne conservant
De ses antiques épopées
Que les élégies de Khansa…,
D'une patrie
Où ni le rouge, ni le jaune, ni le vert
Ne teignent plus les horizons…,
D'une patrie qui nous défend
D'écouter les informations
Ou d'acheter quelque journal…,
D'une patrie où les oiseaux
Sont censurés dans leurs chansons,

D'une patrie où, terrifiés,
Les écrivains ont pris le pli
D'écrire la page du néant…,
(...)

Dans notre nation,
Il n'y a plus de Mu'awya
Plus de Abu Sufiane
Plus personne pour crier "Gare" !
A la face de ceux qui ont abandonné
A autrui notre foyer
Et notre huile et notre pain
Transformant notre maison
Si heureuse en capharnaum.
Il ne reste plus rien de notre poésie
Qui n'ait sur le lit d'un tyran
Perdu sa virginité.

Du mépris nous avons pris
Le pli de l'habitude.
Que reste-t-il donc de l'homme
Lorsqu'il s'habitue au mépris ?

(...)
De terrorisme on nous accuse
Quand nous refusons notre mort
Sous les râteaux israéliens
Qui ratissent notre terre
Qui ratissent notre Histoire
Qui ratissent notre Evangile
Qui ratissent notre Coran
Et le sol de nos prophètes.
Si c'est là notre crime
Que vive le terrorisme !

De terrorisme on nous accuse
Si nous refusons que les Juifs
Que les Mongols et les Barbares
Nous effacent de leur main.
Oui, nous lançons des pierres
Sur la maison de verre
Du Conseil de Sécurité
Soumis à l'empereur suprême.

De terrorisme on nous accuse
Lorsque nous refusons
De négocier avec les loups
Et de tendre nos deux bras
A la prostitution.
L'Amérique
Ennemie de la culture humaine
Elle-même sans culture,
Ennemie de l'urbaine civilisation
Dont elle-même est dépourvue,
L'Amérique
Bâtisse géante
Mais sans murs.

De terrorisme on nous accuse
Si nous refusons un siècle
Où ce pays de lui-même satisfait
S'est érigé
En traducteur assermenté
De la langue des Hébreux.

 

 

NOTES

[1] " The Syrian soldier had to show courage to fight against the international coalition which brought together western special forces officers and murderous Wahabi thugs from all over the planet. But he also had to show a different kind of courage not to get discouraged with the so-called "friends of Syria" got together for that international meeting on how to crush Syria. It took a very special courage for the Syrian soldier not to get disgusted and bitter when he saw the wave of betrayals coming from all over the Muslim and Arab world, especially from the political prostitutes of Hamas and the rest of the Palestinian "intellectuals" who sided with Uncle Sam and his Empire. "

"Le soldat syrien a dû faire preuve de courage afin de lutter contre la coalition internationale qui a réuni les membres des forces spéciales occidentales et des voyous wahhabites meurtriers venus de tous les coins de la planète. Mais il avait aussi dû montrer un autre type de courage, celui de ne pas avoir été découragé par les soi-disant "amis de la Syrie" et leurs rencontres internationales destinées à planifier la meilleure manière d'écraser la Syrie. Il a fallu un courage très spécial au soldat syrien pour n'avoir pas été écoeuré et amer lorsqu'il a été témoin des vagues de trahisons venant de tous les pays du monde arabe et musulman, en particulier de celle venant des prostituées politiques du Hamas et du reste des «intellectuels» palestiniens qui ont pris le parti de l'Oncle Sam et de son empire."

http://www.vineyardsaker.blogspot.co.uk/2013/12/sakers-man-of-year-2013-syrian-solider.html , mercredi 25 décembre 2013

[2] Le cheikh Yûsuf Al-Qaradâwî, au nom de l'Union Mondiale des Savants Musulmans, prêche prononcé en décembre 2012 , au cours de l'émission phare d'Al-Jazîra ("La charia et la vie") 

[3] Ci-après le texte de la lettre publié par The Times of Israël : « Votre excellence Monsieur Shimon Peres, président de l’Etat Israël, mon cher et grand ami… Compte tenu de mon grand désir de développer les relations amicales qui lient heureusement nos deux pays, j’ai choisi comme ambassadeur extraordinaire, Atef Mohammad Salem, mandaté de ma part auprès de votre excellence. Je vous prie de le soutenir (…) et de croire à tout ce qu’il vous rapporte de ma part. Je souhaite à votre excellence le bonheur, et à votre pays la prospérité. » A la fin de la lettre, datant du 19 juillet dernier, on pouvait lire, « votre ami fidèle…" Mohammad Morsi 

[4] Liste des attentats de l'Irgoun pendant la Grande Révolte arabe :  http://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_attentats_de_l%27Irgoun_pendant_la_Grande_R%C3%A9volte_arabe

Voir également l'excellent site de Catherine Lieutenant et notamment : http://lesgrossesorchadeslesamplesthalameges.skynetblogs.be/archive/2010/06/19/il-pleut-de-l-actualite-sinistre-partie-1.html

[5] Israel failed to return Dalal Al-Mughrabi's remains, says sister
http://www.maannews.net/eng/ViewDetails.aspx?ID=216714


le 6 janvier 2014

Source : http://aline.dedieguez.pagesperso-orange.fr/mariali/pales...


Mis en ligne le 6.1.2014




18:56 Écrit par Theroigne dans Actualité, Général, Musique, Web | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook |

01/01/2014

Rita MONALDI et Francesco SORTI sont-ils en train de ré-écrire l'histoire d'Europe ?

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Rita MONALDI et Francesco SORTI sont-ils en train de ré-écrire l’histoire d’Europe ?

 

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Il y a longtemps que nous voulions parler ici de ce couple d’écrivains, et nos tribulations nous en ont fait différer le plaisir. Nous y voici, avec les carabiniers.

Rita et Francesco, respectivement nés en 1966 et 1964, ont été mariés, un beau jour de nous ne savons pas quand, à Castel Gandolfo, par Mgr. Lorenzo Dell’Agio, qui deviendrait plus tard un personnage de leur premier livre. Elle était licenciée en philologie classique, lui en musicologie. Elle s’était spécialisée dans l’histoire des religions, lui dans la musique baroque. Tous deux étaient journalistes : Rita, au département de presse de la Chambre des Députés, Francesco produisait des programmes musicaux pour la RAI et pour Radio Vatican.

Tout aurait pu aller pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles, si ce n’était que l’Italie berlusconienne commençait à sentir mauvais. Fatigués de la pourriture en politique et des medias aux ordres – pas qu’en Italie, mais, bon… - ils envisagèrent sérieusement de tout laisser tomber et de prendre le chemin de l’exil. Mais pour aller où ?

Ils avaient passé leur lune de miel à travailler dans les archives de la Bibliothèque Impériale de Vienne et en avaient gardé un excellent souvenir. Pourquoi ne pas aller s’y installer ? Pourquoi ne pas essayer d’y gagner leur vie en mettant leurs connaissances en commun pour écrire des livres à quatre mains ?

Un jour, ils sautèrent le pas, dirent « Adieu à tout ça » et s’en furent. Avec leurs deux bambini.

Restait à savoir quel genre de livres ils allaient écrire. Leur goût pour certains auteurs et peut-être l’exemple d’Umberto Eco les poussèrent vers le « thriller historique ». Et – à quoi bon lésiner ? – l’idée leur vint d’écrire carrément une heptalogie, c’est-à-dire un ensemble de sept romans, qui pourraient se lire séparément ou à la suite les uns des autres, dont les titres, alors, mis bout à bout, formeraient une phrase latine comme celle-ci par exemple :

IMPRIMATUR

         SECRETUM

                  VERITAS

                          MYSTERIUM

          UNICUM

           ……………

                  …………….

 Qui peut se traduire par :

« Bien que soient imprimés tous les secrets du monde, la vérité est toujours un mystère. Ne reste à la fin que…………. »

Les deux derniers titres ne seront révélés qu’en leur temps,  mais il est déjà clair, pour les lecteurs des trois premiers romans, que cette phrase exprime exactement l’idée sur laquelle tout le cycle se fonde. Il s’agit bien, pour les auteurs, de chercher la vérité qui, quoi qu’imprimée, reste mystérieuse à beaucoup sinon à tous.

C’est ainsi qu’à trifouiller dans des archives ouvertes mais dédaignées et à courir sur les traces d’Alexandre Dumas, d’Agatha Christie et d’Ellis Peters, on se retrouve en train d’écrire une nouvelle histoire d’Europe. Est-ce la vraie ? Seul le temps, dont la vérité, comme on sait, est la fille, le dira.

À la fin de ses études, Francesco avait consacré sa thèse à l’abbé Atto Melani, castrat célèbre au Grand Siècle, qui, non content de mener de front sa carrière artistique et celle d’espion au service de Mazarin d’abord, de Louis XIV ensuite, avait aussi beaucoup écrit, notamment un curieux ouvrage intitulé Les secrets des conclaves, destiné au roi de France et resté inédit. Pourquoi ne pas prendre pour personnage central ce fils d’une famille de Pistoia, qu’elle avait fait châtrer pour l’offrir à l’Église et qui devait finir non seulement créateur de l’Orfeo de Rossi mais familier de papes, de princes et de rois ? Avec un tel héros, tant Rita que Francesco pourraient s’en donner à cœur joie, marier musique et histoire des religions. Ils ne s’en privèrent pas.

Tout cela, bien sûr, aurait pu n’être que velléité, tentative plus ou moins réussie des’imposer dans le monde de l’édition où les places sont si chères. Mais – aux innocents les mains pleines – leur premier coup fut un coup de maître et leur premier roman un best seller. Comme dans les contes de fées, Imprimatur ne mit pas longtemps à paraître dans une quarantaine de pays, traduit dans plus de 20 langues, au point de dépasser le Da Vinci Code  au tableau des meilleures ventes, et fut interdit en Italie.

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Monaldi & Sorti

IMPRIMATUR

Paris, Jean-Claude Lattès – 14 novembre 2002

620 pages.


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Monaldi & Sorti

IMPRIMATUR

Paris, Pocket – 7 septembre 2004

Collection Best (11929)

855 pages

 

C’est toute une histoire.

Voyons d’abord ce que raconte Imprimatur. Si vous l’avez lu, sautez.

Tout commence un 11 septembre : celui de 1683, veille de la décisive bataille de Vienne, assiégée par les troupes ottomanes. La sanction va tomber dans quelques heures. Toute la chrétienté retient son souffle.

L’action, cependant, se passe à Rome, où, à l’auberge du Damoiseau, meurt un vieux voyageur français, le chevalier de Mourai, dans des circonstances qui font craindre un cas de peste. Aussitôt, portes et fenêtres sont murées par les autorités, et les occupants mis en quarantaine. Or, ceux-ci ne sont pas n’importe qui. Outre le mystérieux chevalier – qui, en fait, meurt empoisonné – on y trouve l’abbé Atto Melani, en sa qualité non de chanteur mais d’agent secret de Louis XIV, chargé par lui de retrouver Nicolas Fouquet, théoriquement mort à la forteresse de Pignerol, mais en réalité libéré contre la recette du secretum morbi, soit la manière de diffuser la peste, que le roi de France a l’intention d’utiliser à des fins militaires. Hélas pour Sa Majesté Très Chrétienne, l’ex-surintendant victime de Colbert a livré à ses ennemis la recette de l’antidote. Quelle est la mission de Melani ? Trucider Fouquet ? Lui arracher la recette manquante ? Le nom de ceux qui la détiennent ? Mystère. Quoi qu’il en soit, de Mourai meurt. C’était Fouquet incognito. Mort de la peste ou empoisonné ? Pour Melani, empoisonné. Mais par qui ? Par lequel des autres voyageurs mis en quarantaine ? Dont un jésuite espagnol, un verrier vénitien, un chirurgien toscan, un poète napolitain, un musicien français et un jeune anglais. Sans oublier Cloridia, ravissante courtisane, ex-esclave italo-turque, qui exerce sa profession dans une tour surplombant le toit, à laquelle on accède par deux escaliers : l’un réservé aux clients qui ne doivent pas être vus, l’autre qui descend dans l’auberge. Ajoutons-y le Signor Pellegrino, patron du lieu, en grand danger de faire faillite, et son garçon à tout faire, orphelin recueilli par lui, qui n’a pas de nom.

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                                                                                          Nicolas Fouquet

Quoi qu’il en soit, c’est sur le garçon qu’Atto jette – en tout bien tout honneur – son dévolu, entreprenant d’en faire à la fois son élève et son assistant. Et nous voici avec le deuxième personnage central des livres de Monaldi et Sorti, puisque ce garçon d’auberge est le narrateur de leur saga. Narrateur anonyme, que tous appellent ici « garçon », « petit » ou « jeune homme » (ce n’est qu’à la fin du roman qu’on croit deviner qu’il s’agit d’un nain, sans que cela soit jamais dit), et qui le restera jusque dans son âge mûr, à la fin du 3e livre.

Comment « Monsieur Atto » et son disciple vont s’aventurer dans les égouts de Rome, sur la piste de perles déposées par un des voyageurs dans le coffre-fort de l’auberge et aussitôt volées… et comment leurs explorations vont les amener à découvrir que si Louis XIV a fait secrètement alliance avec les Turcs et entend se servir d’une arme de destruction massive contre le pape et l’empereur du Saint Empire Romain, le pape de son côté (Innocent XI), est prêt à favoriser l’accession de Guillaume d’Orange, prince protestant, au trône d’Angleterre, au détriment des catholiques Stuart, constitue l’essentiel de ce roman où se mêlent et s’affrontent toutes les questions qui ont passionné l’époque et déterminé la suite de l’histoire du continent.

Si Le nom de la Rose doit beaucoup à la grande érudition et à la fertile imagination d’Umberto Eco, Imprimatur se fonde avant tout sur des documents d’archives, voire sur des livres d’histoire (« bien que tous les secrets du monde aient été imprimés… »). Or, on sait ou on devrait savoir que le pape Innocent XI est tenu pour le sauveur de la chrétienté, au motif que lui et sa famille auraient plus ou moins financé les troupes chargées d’arrêter l’envahisseur au cimeterre entre les dents.

Sauveur de la chrétienté et pas saint ?  Comment cela peut-il être ? À croire que de mauvais coucheurs s’y sont opposés pour les raisons évoquées par Imprimatur… Quoi qu’il en soit, l’opposition a persisté jusqu’à ce que Pie XII mette fin à ce désordre en béatifiant – en 1956 – son lointain prédécesseur. Restait à le déclarer saint. Ce que s’apprêtait à faire SS. Jean-Paul II, pour le 320e anniversaire de la bataille gagnée, justement, bienheureuse coïncidence, par le prince polonais Jean Sobieski.

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                                                                              Jean III Sobieski

 Supposons les fins stratèges de la CIA, de la NED, de la NSA, de l’USAID, du MOSSAD, de l’OTAN et tutti quanti occupés à prêcher la guerre sainte contre l’islam, déclenchée par un 11 septembre qui nous fit « tous Américains »…

Supposons cette opportunité merveilleuse : la canonisation – enfin ! – du « sauveur de l’Occident » par un autre Polonais…

Supposons cette épatante répétition de l’histoire à faire avaler par les cerveaux béants des troupeaux béats en délire…

Et voilà que ces deux zozos de Rita et Francesco, au nom d’une foutaise appelée par eux « vérité historique » viennent vous couper les pâquerettes sous le pied. Que fait-on dans un cas pareil ? Si on a un accommodant cavaliere sous la main, on censure, on interdit, on boycotte. Mais les festivités sont néanmoins remises à plus tard.

Et ailleurs ? Ailleurs, on ne sait pas vivre ! À la Foire de Francfort de 2006, où les auteurs sont reçus comme des souverains en visite, on projette en première mondiale en documentaire intitulé Monaldi et Sorti, quand un roman réécrit l’histoire. Un débat, modéré par un journaliste du Stern se tient sur le sujet « Monaldi et Sorti, un cas d’exil littéraire dans l’Italie de Berlusconi ». Et enfin, l’éditeur (allemand) du troisième roman, Veritas, donne une grande fête en l’honneur de sa sortie. Rita et Francesco sont interviewés par des journalistes venus du monde entier, y compris de la lointaine Australie. Et en Italie ? Rien. Pas une ligne. Même dans la presse d’opposition.

Ce que voyant, un petit groupe de lecteurs italiens, qui s’étaient déplacés exprès en Allemagne après avoir lu leurs compatriotes en anglais, s’unissent pour leur consacrer un site Internet (« Pour chercher un espace libre où pouvoir informer le peuple libre d’Internet sur ce qui se passe dans notre pays. ») C’est ainsi que trois femmes – Simona, Nicola, Marta – et deux hommes – Ettore et Simone – animent, en italien et en anglais, le site

http://www.attomelani.net

 Mieux encore : ils ont rencontré, à Francfort, un éditeur hollandais, qui s'est engagé à publier tous les livres de Monaldi et Sorti en italien, et de les vendre à prix coûtant. (« Ils n’y gagnent pas un centime »). Cet éditeur, qui eût en d’autres temps publié Rousseau, Voltaire ou Diderot, s’appelle De Bezige Bij (« L’abeille diligente »), Amsterdam et Anvers, maison bien connue des néerlandophones.

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IMPRIMATUR(E) ou CENSURE ?

Les deux auteurs, en remerciement, lui ont donné en exclusivité, pour la sortie d’Imprimatur en italien, la préface que voici :

Histoire d’un boycott

« Nul n’est prophète en son pays ».

La censure est toujours l’effet d’un régime totalitaire. Quand il en est frappé, un auteur a deux possibilités : renoncer à la publication de son oeuvre ou la faire publier en dehors des frontières nationales. S’il opte pour la seconde solution, il convient qu’il choisisse un endroit où la liberté d’expression ne soit pas un vain mot. De ceci, la Hollande offre un bon exemple. L’histoire récente rapporte le cas de Klaus Mann, le fils de Thomas, qui, s’étant enfui de l’Allemagne nazie, y fonda une revue, aidé par Gide et Aldous Huxley. Plus anciennement, c’est à Amsterdam que s’imprimèrent les livres d’auteurs de tous les pays, persécutés par l’Inquisition. Aujourd’hui, ce roman écrit en italien, grâce à la disponibilité d’un éditeur courageux et dynamique, est imprimé dans la langue de Dante mais en terre hollandaise.

Il est bon de rappeler qu’Imprimatur est traduit en 22 langues et publié dans 53 pays, cas presque unique parmi les romans historiques italiens, mis à part Le nom de la rose et Le guépard. Ce n’est que dans le pays des auteurs, dans la démocratique Italie, que le lecteur ne peut le trouver.

Les récentes élections ont porté au gouvernement une nouvelle coalition politique [février 2010 – NdGO ]. Nous verrons si elle abolira la dictature éditoriale qui empêche le retour dans leur patrie de nos livres, ou si, comme dans Le guépard, de Giuseppe Tommasi di Lampedusa, « tout doit changer afin que rien ne change ».

L’aventure singulière de ce roman commence au printemps 2001, quand le manuscrit est acheté poar une maison d’édition qui est la propriété d’un homme politique et néanmoins chef d’entreprises en même temps que Président du Conseil. Le livre sort en mars 2002 et, nonobstant une promotion égale à zéro, il occupe immédiatement la 4e place dans la liste des dix livres les plus vendus, selon le Corriere della Sera, et son tirage est très rapidement épuisé. Le deuxième tirage sort avec quatre semaines de retard. La troisième édition arrive encore plus lentement, alors que les libraires sont en rupture de stock depuis près de trois mois et que les ventes tombent.

Entre-temps, dans un journal milanais appartenant à l’éditeur-Président du Conseil, un historien catholique connu publie un compte-rendu anormalement hostile, dans lequel, se référant aux auteurs (jusqu’alors inconnus) il commente « on en a assez de ce genre de gens ». Après quoi, inexplicablement, le livre disparaît de la circulation. Sur Internet, commencent à se multiplier les messages de lecteurs qui cherchent en vain à s’en procurer un exemplaire. Les libraires demandent un nouveau tirage à l’éditeur, qui répond invariablement : « Il est en cours. Il arrive. » Mais il n’arrive pas. Le titre Imprimatur est même supprimé de son catalogue, de même que de son site Internet, où certains lecteurs ont commencé à signaler les anomalies de sa publication.

Après quelques mois, se produit un petit tremblement de terre politique : le prêtre qui a célébré le mariage des deux auteurs, archiprêtre et curé de la résidence estivale des papes à Castelgandolfo, est dégradé de ses fonctions et transféré, sans préavis ni explication valable, dans une lointaine ville roumaine des rives de la Mer Noire, Constanţa. C’est l’antique Tomis, où l’empereur Auguste avait exilé le poète Ovide, coupable d’avoir révélé dans ses écrits les secrets de la maison impériale. Le message n’est que trop clair : l’ecclésiastique a été puni pour un péché littéraire… commis par d’autres. Il a, en fait, été représenté dans le roman comme un de ses personnages, sous un autre nom que le sien mais facilement identifiable. L’évêque par qui débute et se termine l’histoire, c’est lui.

À l’étranger, les choses se passent tout autrement. Imprimatur grimpe en tête des « best sellers » dans tous les pays où il est publié, au point de ravir son sceptre au Da Vinci code pendant plusieurs semaines. Et cela, jusque dans les pays les plus éloignés de notre culture : de la Corée à la Turquie,  de la Bulgarie à l’Ukraine. Partout, les jugements de la critique sont particulièrement généreux, certains grands quotidiens et hebdomadaires le plaçant même devant les romans d’Umberto Eco. Les droits des livres suivants sont achetés blind, c’est-à-dire avant même d'être écrits.

Pendant ce temps, en Italie, la maison d’édition du Président du Conseil présente aux auteurs des comptes truffés d’étranges anomalies. Excédés d’autant d’étrangetés, les auteurs et leur agent réclament la rupture du contrat, annonçant une action en justice en cas de refus. La société du Président du Conseil accepte immédiatement.

Les journaux et les télévisions étrangères interviewent les auteurs sur leur mésaventure italienne ; dans les principaux pays d’Europe, les télévisions publiques y consacrent de longs documentaires. Un quotidien va jusqu’à envoyer quelqu’un en Roumanie, interviewer le prêtre exilé. Les journaux étrangers se répandent en commentaires ironiques sur ce qu’est devenue l’édition dans notre pays. En Italie : silence.

Les auteurs, alors, choisissent l’embargo. Tant pis pour l’Italie : leurs livres ne sortiront plus désormais qu’à l’étranger, en traductions. Les peuples de beaucoup de pays pourront les lire dans plus de vingt langues, l’original en italien restera dans leurs tiroirs.

Inutile de dire que le «système italien » fait piètre figure : à Francfort et dans les autres foires du livre internationales, la juteuse histoire court de bouche en bouche. Les patrons de l’édition italienne doivent même essuyer quelques sarcasmes de leurs collègues étrangers. C’est alors que, par surprise, au printemps de 2005, se manifeste le second groupe éditorial italien, le seul à pouvoir entrer en compétition avec le précédent. Il offre de republier Imprimatur et de sortir Secretum, deuxième roman de la série, dès l’automne de la même année. Étrange hâte, étant donnés les rythmes des maisons d’édition, qui programment presque toujours leurs publications un an à l’avance. Les auteurs prennent l’avis de leurs éditeurs étrangers, qui leur conseillent de se méfier des boulettes empoisonnées. Ils demandent alors une date de sortie plus éloignée et des garanties contractuelles égales à celles qu’ils obtiennent ailleurs. Pour toute réponse, « le second groupe éditorial italien » disparaît dans le néant.

Le lecteur de cette préface se demandera certainement « mais pourquoi tout cela ? ». Comme dans tout polar qui se respecte, il lui faudra attendre la fin pour connaître la clé de l’énigme. 

En lisant Imprimatur, il apprendra que les auteurs, en faisant des recherches pour construire leur thriller historique, ont découvert des documents originaux, sur lesquels ils se sont basés pour écrire leur histoire. Il découvrira que certains de ces documents, recherchés pendant des siècles par les historiens, ont été retrouvés par les auteurs dans les Archives secrètes du Vatican et dans celles de la ville de Rome. Que, faisant l’objet d’annexes publiées en fin de volume, ils s’avèrent mortels pour la réputation d’un pape béatifié en 1956. Un pape, lit-on dans le roman, qui s’est rendu coupable de crimes graves envers sa propre religion, et donc élevé injustement à l’honneur des autels.

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Innocent XI

 Il faut savoir qu’à la suite du 11 septembre 2001, le Vatican avait préparé, pour ce pape, une cérémonie de canonisation colossale. De fait, lors de la bataille de Vienne - le 12 septembre 1683 – les troupes catholiques avaient sauvé l’Europe des Turcs , et ce pape était réputé avoir été la cheville ouvrière de la victoire. C’est pourquoi le Vatican voulait en faire un saint, sa canonisation ayant pour but de sanctionner officiellement l’appui de l’Église au déchaînement international programmé contre l’Islam. Imprimatur une fois sorti avec ses révélations, le projet partait en fumée.

Le reste est de notoriété publique. Sur la place Saint Pierre, le 27 avril 2003, fut béatifié, en guise de pis-aller, l’obscur frère capucin Marco d’Aviano, qui avait été, à Vienne, le factotum du peu vertueux pape.  Sa béatification, après 300 ans de liste d’attente, était tout à coup devenue urgente.

On chercha quand même à donner quelque lustre à l’événement. De grands articles parurent dans la plupart des principaux journaux italiens : « Cette béatification va faire trembler l’Islam » titra le Corriere della Sera sur cinq colonnes à la une. Du Proche-Orient, on demanda en riant : « Marco d’Aviano ? Qui est-ce ? » Du grand absent, du pape d’Imprimatur, il ne fut pas question. La presse dut se livrer à des acrobaties pour ne pas imprimer le nom de celui qui, tout en donnant ses ordres à Marco d’Aviano, finançait l’invasion de l’Angleterre par l’hérétique Guillaume d’Orange, au détriment des catholiques Stuart. C’était un peu comme si, dans une biographie de Sancho Pança, on avait dû s’interdire de nommer Don Quichotte.

Et voilà comment un simple roman historique, dont la trame se déroule dans la Rome d’il y a trois siècles, a pu mettre sens dessus-dessous  journaux, maisons d’édition et jusqu’au Vatican. Il ne pouvait en aller autrement, du reste. Des signaux rares mais clairs – l’anathème de l’historien catholique, l’exil du curé de Castelgandolfo – avaient donné le « la » au boycott d’Imprimatur. Et aucun éditeur-Président du Conseil à la tête d’une majorité parlementaire disparate dont il fallait maintenir la cohésion à tout prix ne pouvait rester insensible à de telles admonestations.

On a beaucoup discuté en Italie sur le fait de savoir s’il était opportun qu’une seule personne puisse être à la fois propriétaire d’équipes de football, de palais, de journaux, de compagnies d’assurance, de chaînes de télévision, de librairies, de la plus grande concentration de maisons d’édition jamais vue, et qu’il lui soit permis, en même temps, d’être Président du Conseil. Le problème, à notre avis, a été mal posé. Il faudrait plutôt se demander s’il ne conviendrait pas de le faire aussi pape.

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Comment cela finira-t-il ? Nous ne le savons pas. En ce moment, il n’y a pas place pour nous dans un pays où les propriétaires de presque toutes les librairies et des principaux groupes d’édition peuvent confortablement s’asseoir à une table pour quatre.

Au début de 2005, cette concentration de pouvoirs,  qui n’a d’égale dans aucun pays civilisé, est allée jusqu’à expulser de ses chaînes de librairies tous les petits éditeurs, c’est-à-dire tous ceux qui ne peuvent s’asseoir à la table pour quatre. Et cela, pendant que les journaux du système exaltent, avec des accents de représentants de commerce, les habituels auteurs-système, propageant avec un aplomb incroyable des chiffres de ventes gonflés jusqu’au grotesque (il suffit d’interroger les libraires…) En guise de feuille de vigne, on fait aussi, bien sûr, le compte-rendu de quelques livres d’auteurs indépendants, étant bien entendu que, dans les librairies appartenant à ceux de la table pour quatre, on ne les trouve pas. Et le lecteur, plutôt que repartir les mains vides, se résigne à se laisser fourguer un livre-système

Ainsi, le nœud coulant dictatorial d’une élite fallacieuse, dirigée par l’éditeur-Président du Conseil, se resserre autour du cou des auteurs et des éditeurs indépendants, et surtout autour de celui des lecteurs, auxquels ont cache l’existence de milliers de titres.

Ce n’est pas une surprise si l’« Italie- Système », comme aux temps du fascisme, applique aux dissidents la relégation et va grossir les rangs des pays comme l’Iran, le Nigeria, le Tchad et l’Albanie, où le métier d’écrivain conduit à l’exil [« l’Iran, le Nigera, le Tchad et l’Albanie » ? NdGO].

Nous verrons bientôt si la défaite électorale de l’éditeur-Président du Conseil aura l’effet bénéfique de ramener au pays ses exilés ou si le système est désormais trop pourri pour se reprendre.

Grâce à Internet, un groupe de lecteurs italiens, soucieux de corriger cette situation paradoxale, a fondé un Imprimatur fan club [ On le trouve – en italien et en anglais – à l’adresse : http://www.attomelani.net/ dont nous avons parlé plus haut. NdGO ].

C’est aux encouragements de ceux qui nous estiment et à de nombreuses demandes de réimpression que la présente édition doit de voir le jour, sans pour autant lever l’embargo de protestation que nous opposons au « système Italie » : on ne pourra pas acheter ce livre dans les librairies italiennes d’Italie, mais uniquement via Internet, dans les librairies italiennes à l’étranger ou dans les librairies étrangères en Italie.

À l’éditeur De Bezige Bij et à son courageux directeur Robbert Ammerlaan va notre plus sincère gratitude pour nous avoir permis de satisfaire les demandes des lecteurs.

Mai 2006

Monaldi & Sorti.

*

Nous avons dit qu’à ce jour seuls les trois premiers volumes avaient paru en français, et encore, pas vite ! C’est que les droits du deuxième avaient été achetés par la maison Plon et que, tandis que Mondadori faisait l’objet d’une OPA de la part de Silvio Berlusconi, les éditions Plon (et quelques autres) avaient été achetées par Ernest-Antoine Seillères, milliardaire bien connu, ami du précédent. Entre oligarques, on se rend parfois de ces petits services : Ernest-Antoine gela, en France, la diffusion de Secretum, comme Silvio avait gelé, en Italie, celle d’Imprimatur.

En conséquence de quoi les auteurs refusèrent de signer avec Plon pour leur troisième titre. Si Veritas a finalement paru chez cet éditeur, c’est qu’entretemps, celui-ci avait à nouveau changé de mains, c’est-à-dire qu’Ernest-Antoine l’avait revendu à quelqu’un d’autre et que le quelqu’un d’autre (De Wendel) l’avait à son tour revendu à quelqu’un d’autre (actuellement le groupe espagnol Planeta) lequel a accepté les exigences contractuelles des auteurs. Ouf ! Pour l’instant.

 

*

Parce que leur premier livre a été un best seller et qu’il contient non des révélations mais des rappels d’actions qui ont eu le Vatican pour cadre, on a dit de Monaldi et Sorti qu’ils attaquaient l’Église et on les a comparés à Dan Brown. Rien n’est plus faux.

Si on peut les comparer à d’autres auteurs, c’’est à leurs compatriotes Umberto Eco,  Giuseppe Tomasi di Lapedusa, Alessandro Manzoni. C’est à ceux dont ils se réclament. C’est aussi, à notre avis, et bien qu’ils semblent ne pas le savoir, à la Josephine Tey de La fille du temps, qui a tant fait pour réhabiliter le roi Richard III, si maltraité par ce propagandiste à gages de William Shakespeare. C’est sûrement aussi au grand poète et romancier historique Robert Graves (sans aller jusqu’à King Jesus, nous pensons surtout à Bélisaire, à Épouse de M. Milton, à La fille d’Homère). C’est, évidemment, à Jean d’Aillon, auteur de thrillers historiques français, à qui il serait doublement intéressant de les comparer, dans ceux de ses romans où il traite de la même époque et, parfois, des mêmes personnages. C’est surtout à l’Anglaise du Cap, Mary Renault, dont le Nikeratos, acteur tragique (prêtre de Dionysos) et espion grec d’Alexandre  (Le Masque d’Apollon), est une parfaite préfiguration d’Atto Melani en France comme de Farinelli en Espagne.

Rien à voir, donc, avec Dan Brown, c’est-à-dire avec l’ordinateur dans lequel ont été enfournés les ingrédients censés produire un immanquable succès commercial. Faire de nos deux Italiens des adversaires, à son instar, du Vatican est tout aussi faux. Dan Brown attaque, c’est vrai, non le Vatican mais les fondements mêmes de la religion catholique. C’est normal : le Da Vinci Code est une arme de guerre. S’en prendre, quand on veut atomiser un continent, aux deux formes d’organisation religieuse – l’Église catholique et l’Église orthodoxe – encore en état d’y maintenir une certaine cohésion, est l’abc de l’art de la guerre qu’on dit « soft » après l’avoir si longtemps prétendue « froide ». Oui, le Da Vinci Code, outre un très mauvais ersatz de roman est une de ces armes de destruction (cérébrale) massive dont raffole l’Organisation Terroriste de l’Atlantique Nord. Et, bien entendu, ce livre et son auteur n’ont jamais été boycottés ou si peu que ce soit censurés, ni en Italie ni ailleurs.

Nous parlons ici de littérature, de secrets ouverts n’ayant intéressé personne pendant trois cents ans et de vérités historiques restées mystérieuses en dépit de tant de livres publiés. Monaldi et Sorti, bien sûr, n’attaquent pas le catholicisme : ils sont catholiques.

Ainsi qu’ils l’ont déclaré à quelqu’un (Davide Malacaria) qui les interviewait :

« L’idée d’écrire ce livre nous est venue dans le cadre de notre activité de journalistes, à force de constater les si nombreux torts d’aujourd’hui, devant lesquels on reste impuissants. Il a été pour nous une manière de réparer au moins les torts du passé. Notre livre, en fait, est dédié « aux vaincus », parce que, l’histoire, ce sont les vainqueurs qui la font.

À propos de celle d’Innocent XI :

« Elle n’est venue s’ajouter au reste que par la suite. L’idée originelle du livre, nous l’avons eue en relisant sous un éclairage différent les vicissitudes historiques de Nicolas Fouquet et d’Atto Melani, que notre roman, dans les limites du genre, tente de réhabiliter. »

Voilà qui eût enchanté Madame de Sévigné, grande amie du surintendant déchu, et Jean de La Fontaine, qui ne le fut pas moins et qui écrivit ces vers quand son autre ami, Melani, traversa, à la Cour de France, une longue période de disgrâce :

« Niert, qui, pour charmer le plus juste des rois,
Inventas le bel art de conduire la voix,
Et dont le goût sublime à la grande justesse,
Ajouta l’agrément et la délicatesse ;
Toi qui sais mieux qu’aucun le succès que jadis
Les Pièces de Musique eurent dedans Paris,
Que dis-tu de l’ardeur dont la Cour échauffée
Frondoit en ce tems-là les grands Concerts d’Orphée
,
Les passages d’Atto, et de Leonora (…) »

ÉPÎTRE À M. DE NIERT
Sur l’Opéra
. 1677.

 

*

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Tous leurs livres après celui-là

 

Secretum

Rome. Dix-sept ans on passé. C’est l’année du jubilé : 1700. Notre narrateur toujours sans nom a épousé la ravissante courtisane de son ex-auberge, qui a quitté son ancien métier pour se faire sage-femme. Il est aide-jardinier chez le cardinal Spada.

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Mgr. Bernardino Spada

Lequel célèbre avec faste, dans sa villa du Janicule, le mariage d’un sien neveu. Faut-il dire que les noces ne sont qu’un prétexte à nouer et si possible à dénouer des intrigues machiavéliques ? Le vieux pape se meurt, il y a du conclave en vue, et le roi d’Espagne ne va pas bien lui non plus. Or, il n’a pas d’héritier direct. Là, c’est la guerre de succession d’Espagne qui est en vue.

Au milieu de ces fêtes, réjouissances, banquets, danses, concerts et feux d’artifice, où se croisent grands de tous les pays d’Europe, représentants des principales familles italiennes et presque tous les prélats de la Curie, débarque un Atto Melani vieillissant, toujours au service d’un Louis XIV qui ne rajeunit pas mais qui n’a rien perdu de ses dents longues. Atto sait-il que son ancien factotum de l’auberge du Damoiseau est marié, père de deux filles et qu’il vient donner des coups de main aux jardiniers de son hôte ? Oui, bien sûr. Atto sait tout sur tout. Et voilà notre pauvre narrateur réembarqué, avec des promesses qui ne seront pas nécessairement tenues, dans de nouvelles péripéties rocambolesques. Auxquelles sont mêlés de nouveaux personnages hauts en couleurs que le lecteur pourra se délecter à découvrir.

Parmi nos préférés, deux sont des personnages historiques. Le premier est un musicien du nom d’Albicastro, sorti d’une ombre injuste par Francesco Sorti, en réalité militaire allemand, violoniste virtuose et compositeur, qui finira par prendre parti dans la guerre qui va opposer la France à l’Europe en s’engageant dans l’armée hollandaise. L’autre est Marie Mancini. Nos auteurs ont fait, de celle des « petites mazarines » qui avait été la première flamme du roi dans sa jeunesse, une espionne à son service et… l’amie de cœur d’Atto le castrat. Se non è vero è ben trovato ! Nous ne voudrions pas déflorer cette intrigue romanesque, peut-être réelle après tout, qui se mêle aux intrigues politiques, mais c’est une des plus jolies trouvailles du livre.

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                                                                                          Marie Mancini

Cette fois encore, Francesco et Rita ont fondé leur thèse sur des documents réels, à commencer par le testament du roi d’Espagne qui, pour eux, est un faux (ils ont fait expertiser la signature par des graphologues). Autrement dit, Louis XIV aurait fait fabriquer ce faux pour imposer son petit-fils, le duc d’Anjou, sur le trône d’Espagne destiné à un Habsbourg. Rien ne vaut une guerre pour trancher de ces choses. Elle aura lieu. Et Atto redisparaît, plantant là, une fois de plus, son assistant bénévole et involontaire.

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Monaldi & Sorti

SECRETUM

Paris, Plon – 4 novembre 2004

762 pages

(C’est celui-là qui fut gelé)

 

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Monaldi & Sorti

SECRETUM

Paris, Pocket – 4 mars 2010

1081 pages


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Veritas

Vienne. Onze ans plus tard.

Notre narrateur romain, entretemps devenu ramoneur, y débarque désormais quadragénaire, avec épouse et jeune fils. Les deux filles, devenues sages-femmes comme maman, sont restées à Rome, proches de leurs promis qu’elles ne peuvent hélas épouser pour cause de trop grande misère. Car, en Italie, c’est la crise.

Que viennent faire dans la capitale de l’empire ces trois êtres qui ne parlent pas un mot d’allemand ? Y prendre possession d’une maisonnette et d’une vigne que leur a léguées Melani. L’abbé tient donc quelquefois ses promesses ? Un bonheur n’allant pas toujours seul, il s’avère que la Cour a besoin d’un ramoneur qualifié pour les cheminées d’un palais qu’avait fait construire l’empereur Maximilien II avant de mourir inopinément. Il s’agit de remettre en état cette construction inachevée et – murmure-t-on – maudite.

Tout serait pour le mieux ou presque si notre Italien, qui recommence à peine à manger à sa faim, ne tombait soudain sur un vieillard cacochyme, en qui il croit reconnaître son ancien mentor. Il ne serait donc pas mort ? Eh, non. Et… devinez… il a besoin de son obligé pour l’assister dans de nouvelles intrigues plus dangereuses que jamais. C’est donc reparti pour un tour.

Si tant est qu’il dise la vérité, l’abbé, devenu aveugle et cornaqué par un de ses nombreux neveux, doit entrer en contact – incognito ! - avec l’empereur Joseph Ier, qu’un grave danger menace. Tout se ligue évidemment pour l’en empêcher, tandis que la vie jusque là paisible de Vienne est soudain bouleversée par une série de meurtres.  C’est en se lançant sur la piste du (ou des ?) meurtrier (s ?) que Melani et son aide  mettent au jour une vaste conspiration qui ne connaît pas de frontières. Bien sûr, Atto, rentré à Paris, meurt à la fin du livre (qui s'ouvre d'ailleurs sur son enterrement), mais quelque chose nous dit qu'il va réapparaître dans les suivants, sinon, ce ne serait pas la peine d'avoir inventé le flash back.

Si Veritas est, comme les auteurs nous y ont accoutumés, plein de dangers, de pièges, de mystères et de coups de théâtre, c’est aussi, à ce jour, le plus sombre des romans de la saga. La guerre à l’ancienne, c’est fini. Les règles du jeu d’échecs des rois, c’est fini aussi. L’or et l’argent sont remplacés par le papier, les héros par des entités sans visages, sans foi comme sans lois. Le continent commence à perdre son âme en même temps que ses plumes. C’est le lointain XXIe siècle qui s’annonce  et ils ne le savent pas.  Que peuvent Atto et son aide, pour empêcher l’Europe de sombrer dans un conflit général ? La dédicace « aux vaincus » est plus que jamais de mise.

Un palais inachevé, connu comme « Le Palais Sans Nom », une ménagerie exotique et un fantastique bateau volant ne sont que quelques-uns des ingrédients inattendus de cette histoire d’espionnage baroque.

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Esboços da Passarola, de 1709 : em cima, publicado num jornal de Viena,

em baixo, encontrado numa missiva na Biblioteca do Vaticano.


(La Passarola, inventée en 1709 par Bartolomeu Lourenço de Gusmão, prêtre et savant brésilien,pour le roi de Portugal, fut le premier aeronef de l’Histoire)

Tandis que Rita et Francesco la font atterrir à Vienne et en redécoller deux fois sans que quiconque en ait le moindre soupçon, la Princesse Elisabeth Christine, épouse de Charles III d’Espagne, très intéressée par la nouvelle invention, en parle, dans une lettre du 2 juillet 1709, à sa mère Christine Louise d'Oettingen-Oettingen, Duchesse de Brunswick :

« Je me souhaiterais seulement un seul jour aupres de Votre Altesse. Que j’aurais de choses à Luy dire ! La Reine de Portugal ma feit la proposition de venir la trouvé sitôt qu’un navire volant serai fait, étant a Lisbonne un homme qui se vante de pouvoir faire qui passe par l’air. Se cette invention réussit, je viendrais toutes les semaines un jour trouver Votre Altesse. Ce seroit un charmant moyens et tres aggréable pour moi, mais je doute fort qu’il réussira dans son entreprise. »

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Monaldi & Sorti
VERITAS
Paris, Plon, 3 novembre 2011
740 pages

 



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Monaldi & Sorti
VERITAS
Paris, Pocket, 4 avril 2013
1120 pages

 



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Mysterium

Nous avions deviné juste ! L’action se passe en 1646 et Atto – qui a 20 ans – est agent secret au service des Médicis. [Puisqu’il n’existe pas encore en français, nous empruntons ce résumé succinct au fan-club de nos auteurs.]

Les Medicis l’envoient à Paris interpréter un opéra dont nul ne sait rien. Pendant la traversée, le navire à bord duquel il voyage est attaqué par des pirates musulmans. Atto et quelques autres survivants se réfugient dans l’ancienne abbaye de Gorgona, la plus petite île de l’archipel toscan.

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Il y découvrira un manuscrit en latin qui remet en question toute l’histoire de l’humanité, en mettant au jour bien des vérités cachées sur l’Egypte ancienne, sur la Grèce et sur la splendeur de l’empire de Rome. Ce sont les notes de Jacques Bouchard, assassiné cinq ans plus tôt dans des circonstances étranges, alors qu’il venait de découvrir un très ancien codex caché entre les volumes de la Bibliothèque du Vatican.

Atto Melani saura faire le lien entre les deux textes et découvrira ce qui se cache derrière la mort de Bouchard

Mais ce sont là des choses que les docteurs de l’Église n’entendent pas révéler…

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Monaldi & Sorti

MYSTERIUM

Amsterdam, De Bezige Bij – Septembre 2011

Edition en néerlandais.

795 pages

 

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Monaldi & Sorti

Der Mysterium der Zeit

Édition en allemand

Aufbau Verglag GmbH – Novembre 2011

859 pages

 

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Monaldi & Sorti

MYSTERIUM

Édition en espagnol

Baja - 24 février 2012

792 pages

 

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Monaldi & Sorti

MYSTERIUM

Édition en italien

Amsterdam – De Bezige Bij – 11 octobre 2012

798 pages

 

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Les doutes de Salai

Celui-là, en revanche, ne fait pas partie de la Saga. C’est un outsider, un électron libre jailli de la Renaissance comme un diable d’une boîte. Mais c’est un roman par lettres, tels ceux qui allaient être si furieusement à la mode aux XVIIe et XVIIIe siècles

Qui fut Salai ?

Gian Giacomo Caprotti (1450-1524), fils adoptif (et amant ?) de Léonard de Vinci, qui le prit en apprentissage alors qu’il avait 11 ans. Beau comme un Adonis. Il servira de modèle pour le Saint Jean-Baptiste.

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                                                                                 Salai

Salai signifie « petit diable », et c’est son père adoptif lui-même qui le décrit comme « voleur, menteur, entêté et glouton ». On sait, par les notes de Léonard, qu’à peine arrivé sous son toit, Salai lui déroba deux peaux de grand prix reçues en cadeau de Russie pour qu’il s’en fît faire une paire de bottes, que le petit diable alla vendre pour s’acheter des réglisses. Larcin dont il ne se cacha nullement, d’ailleurs, quand on l’interrogea. Il fut pardonné et en dépit de son douteux pedigree, on sait qu’il resta aux côtés du Vinci jusqu’à sa mort à Amboise et qu’il fut son principal héritier.

Rita et Francesco se servent ici d’une des « disparitions » de Léonard, qui ne s’en expliqua jamais sinon par des carabistouilles (un peu à la manière de Me Vergès), pour imaginer une correspondance entre Salai et un mystérieux « quelqu’un » resté à Florence, à qui le disciple accepte – contre espèces sonnantes et trébuchantes – de rendre compte des moindres mouvements de son maître. On devine que le personnage en question veille sur les intérêts des autorités de la ville et veut savoir à qui Léonard s’en est allé faire des offres de service. Le pape ? (C’est à Rome qu’ils se trouvent). César ? Ou qui d’autre ?

Salai s’acquitte à sa manière de sa mission, non sans se plaindre à intervalles réguliers des maigres émoluments qu’il reçoit… ou même qu’il ne reçoit pas, bref, de la ladrerie de son officieux employeur. Quant à la manière dont il cafarde le grand homme… « Il n’y a pas de grand homme pour son valet de chambre » ont dit plus ou moins Montaigne, Hegel et Tolstoï. Salai nous en administre la preuve.

Mais de quoi est-il vraiment question dans ce livre ? De réhabiliter les Borgia, père et fils. De montrer ce que fut l’irrésistible ascension du protestantisme germanique. De révéler de quelles armes – ô combien contemporaines – il s’est servi pour saper le pouvoir de l’Église de Rome et faire monter vers le nord le centre européen des affaires et du pouvoir.

Comme tout ce qui est systématique, un roman épistolaire peut assez vite devenir ennuyeux. Il n’en est rien ici, grâce à la truculence du mauvais sujet, grâce à la richesse des détails historiques révélés et grâce à celle des tableaux de mœurs vibrants d’authenticité d’une période charnière de notre histoire.

« Bon sang, mais c’est bien sûr ! » s’exclame le lecteur, quand il apprend, à la fin du livre, qui est le mystérieux correspondant de Salai.


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Monaldi & Sorti

LES DOUTES DE SALAI

Paris, Éd. SW Télémaque – 25 mai 2010

395 pages

 



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Les secrets des conclaves

Révélés par Atto Melani

ne sont évidemment pas l’œuvre de Monaldi et Sorti, qui n’ont fait que les retrouver et en assurer la publication.

Écrit en 1700, alors que la mort du pape Innocent XII était imminente, et dédié à Louis XIV, Les secrets des conclaves est une mine d’informations sur les papes, les cardinaux et leurs dits conclaves. Petit chef d’œuvre de cynisme et d’ironie, illuminé par la mémoire historique de l’abbé et par sa défense totalement dénuée de scrupules de la raison d’état, ce document remarquable est un guide de l’initié pour qui veut s’orienter sans se perdre dans le dédale des machinations d’une élection papale.

Selon Melani, les chausse-trapes, dans un conclave, ne se repèrent pas à l’œil nu : haines personnelles, embuscades, vendettas, erreurs phénoménales et malentendus tragiques s’y bousculent. Dans un monde grincheux ou des gangs comme la Brigade Volante ou les Zélotes se prennent à la gorge, il convient de ne faire confiance à rien ni à personne. Est-il besoin de préciser que les voies et les moyens recommandés pour triompher dans un conclave font largement appel aux arts les plus sombres ? Mais ce sont bien ces techniques-là, n’est-ce pas, qui ont ouvert à Atto Melani le chemin du succès : l’adulation, la tromperie, la corruption et, par-dessus tout, l’espionnage ?

Le document d’origine écrit en français a été découvert par Rita Monaldi et Francesco Sorti dans les archives de la Bibliothèque du Sénat, à Paris.

 

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Il a été fait grand cas ici, et à juste titre, des tares de l’édition italienne. Mais que dire de l’édition française ? S’agissant des ouvrages de Monaldi et Sorti, elle est bel et bien lanterne rouge, derrière les traductions allemande, anglaise, espagnole, portugaise, néerlandaise, tchèque, grecque et on en passe. Depuis l’entrée en scène de De Bezige Bij, elle est même derrière l’édition italienne !

Le comble est atteint avec le livre d’Atto Melani, publié depuis 2005 dans quantité de traductions, mais jamais dans sa langue d’origine : le français.

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ta ystika ton konklavion / τα ?υστικά των κονκλαβίων

édition grecque

Diigisi  - 1er janvier 2005

 


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OS SEGREDOS DOS CONCLAVES

édition en portugais

Editorial Presença - 1er janvier 2005

 



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De Geheimen van het Conclaaf

édition en néerlandais

De Bezige Bij, 2005

 



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Los secretos del conclave

édition en espagnol

Salamandra, 2005


 


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Die Geheimnisse der Konklaven und die Laster der Kardinäle

édition en allemand

Klett-Cotta Verlag – 28 février 2013

 



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The secrets of the Conclaves

Revealed by Atto Melani

by Rita Monaldi & Francesco Sorti

Birlinn eBooks – 4 avril 2013

édition en anglais

Available as an e-book only - £ 2.50

 

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Un château mythique, une villa-fantôme et un palais mort-né


Dans les romans de Monaldi et Sorti – en tout cas dans les trois premiers -  il y a des personnages inventés, des personnages historiques – archi-connus ou ressuscités – et il y a aussi des lieux qui sont des personnages.

Chacun des romans est ainsi hanté, que ce soit à l’arrière ou à l’avant-plan, par une construction qui fut en son temps célèbre. Qui, parfois, l’est encore.

Vaux-le-Vicomte

Ainsi, dans Imprimatur, même si nul des personnages n’en parle, le château de Vaux-le-Vicomte, qui joua un si grand rôle dans la chute de Nicolas Fouquet, ne se laisse pas oublier.

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On sait que Louis XIV y fut reçu avec faste la veille même du jour où il fit arrêter son trop brillant surintendant.

Ce château existe encore. Les habitants du lieu le maintiennent plus ou moins dans son état d’origine « en souvenir de Nicolas Fouquet ». C’est une curiosité à la fois historique et architecturale, qui se visite et où se tiennent des banquets à thème.

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Les armes de Nicolas Fouquet : D'argent à l'écureuil rampant de gueules.

Et sa devise : « Jusqu’où ne grimperai-je pas ? »

Nous avons dit que La Fontaine et Madame de Sévigné avaient été des amis du surintendant et qu’ils l’étaient restés après sa chute. Voici ce qu’en disait la célèbre épistolière, dans une lettre à Pomponne, datée de Paris, le lundi 1er décembre 1664 :

« Il y a deux jours que tout le monde croyait que l’on voulait tirer l’affaire de M. Foucquet en longueur ; présentement, ce n’est plus la même chose. C’est tout le contraire : on presse extraordinairement les interrogations. Ce matin, Monsieur le Chancelier a pris son papier, et a lu, comme une liste, dix chefs d’accusation, sur quoi il ne donnait pas le loisir de répondre. M. Foucquet a dit : « Monsieur, je ne prétends point tirer les choses en longueur, mais je vous supplie de me donner loisir de répondre. Vous m’interrogez et il semble que vous ne vouliez pas écouter ma réponse ; il m’est important que je parle. Il y a plusieurs articles qu’il faut que j’éclaircisse, et il est juste que je réponde sur tous ceux qui sont dans mon procès. » Il a donc fallu l’entendre, contre le gré des malintentionnés ; car il est certain qu’ils ne sauraient souffrir qu’il se défende si bien. Il a fort bien répondu sur tous les chefs. On contuinuera de suite, et la chose ira si vite que je crois que les interrogations finiront cette semaine.

Je viens de souper à l’hôtel de Nevers ; nous avons bien causé, la maîtresse du logis et moi, sur ce chapitre. Nous sommes dans des inquiétudes qu’il n’y a que vous qui puissiez comprendre, car pour toute la famille du malheureux, la tranquillité et l’espérance y règnent. On dit que M. de Nesmond a témoigné en mourant que son plus grand déplaisir était de n’avoir pas été d’avis de la récusation de ces deux juges, que s’il eût été à la fin du procès, il aurait réparé cette faute, qu’il priait Dieu qu’il lui pardonnât celle qu’il avait faite.

(…) Je suis au désespoir que ce ne soit pas moi qui ai dit la métamorphose de Pierrot en Tartuffe. Cela est si naturellement dit que, si j’avais autant d’esprit que vous m’en croyez, je l’aurais trouvé au bout de ma plume.»

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« La métamorphose de Pierrot en Tartuffe… »
Le chancelier Pierre Séguier, qui présida les débats au cours du procès de Nicolas Fouquet, et dont Mme de Sévigné a déjà raillé, dans une précédente lettre, l’hypocrite piété. (Buste par Charles Hérard. Musée du Louvre.)


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Il vascello

Dans Secretum, c’est une autre curiosité architecturale dont il est question. Une villa appelée Il vascello (« le vaisseau »), parce qu’elle affectait la forme d’un bateau.

Pas d’arrière-plan cette fois, puisqu’une grande partie de l’action s’y déroule.

Mais pourquoi « fantôme » ? Parce qu’elle fut détruite, en 1849, par les troupes françaises venues combattre Garibaldi. Pour qui croirait que le « droit d’ingérence » est une invention récente…

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 Il Vascello

Cette villa si particulière avait été construite en 1663, sur les pentes du Janicule (où se trouvait la villa Spada), pour l’abbé Elpidio Benedetti, agent du cardinal Mazarin à Rome, sur le projet des architectes Basilio et Plautilla Bricci (ils étaient frère et sœur). Elle avait d’abord été conçue dans une forme traditionnelle – en forme de « L » - mais ses plans avaient ensuite été modifiés par Plautilla, pour aboutir à une solution beaucoup plus novatrice et originale, qui lui donna la silhouette d’un navire, symbole de l’Église.

En fait, Plautilla Ricci – une des toutes premières femmes-architectes – est la seule désignée comme créatrice de la villa par les documents les plus anciens (on dit que ce fut le Bernin qui lui conseilla d’utiliser de faux rochers comme éléments architecturaux). On dit aussi que Mgr Benedetti était si fier de sa villa révolutionnaire qu’il fit publier un « guide » à l’usage de ses visiteurs importants, mais qu’il répugnait à admettre qu’elle fût l’œuvre d’une femme. D’où le « Basilio et Plautilla Ricci » chargé de sauver les apparences.

Splendeur absolue du baroque, au moment où le classicisme commençait à lui être préféré, la villa du Vascello fut voulue comme une synthèse de la connaissance du monde contemporain et du monde antique, exposée pour enseigner aux hôtes privilégiés « un modèle de vie différent ».

Voici ce qu’en disent, dans le livre, Monaldi & Sorti :

La proue était constituée par le double escalier de la façade, enfoncé dans la verdure du jardin, qui menait avec une double courbure symétrique et convergente à une petite terrasse, fidèle image d’une figure de proue. La poupe, du côté opposée, était, en revanche, représentée par une façade semi-circulaire, au-dedans de laquelle une loggia couverte par de vastes fenêtres en forme d’arc regardait la via di Porta San Pancrazio, à l’arrière. Enfin, la coque était composée de quatre étages habitables, au trait agile et aérien, surmontés par quatre tourelles, que dominaient autant d’étendards, telles des bannières perchées sur la mâture d’un voilier.

Quelques pages plus loin, ils ajoutent :

 Ondoyant sur des flots imaginaires, le Vaisseau semblait ancré à une falaise. Au milieu des pins, des lauriers, des trèfles et des marguerites, il offrait l’image délicieuse et absurde d’un voilier accosté sur la colline du Janicule.

L’intérieur était richement décoré de tapisseries, de peintures et de statues. Des miroirs allongeaient les perspectives, les sols étaient recouverts de faïences et les murs ornés de stucs dorés. Galeries, salons, chambres, salles de bain même, se succédaient dans un luxe inouï, presque digne de Fouquet. Ne déshonorant pas, certes, les armes de Louis XIV fièrement exhibées.

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Le destin de cette magnifique villa, fut scellé le 3 juin 1849, lors de la bataille qui opposa Giuseppe Garibaldi, qui défendait la république romaine, aux troupes françaises menées par le général Nicolas Oudinot, qui voulaient rendre Rome au pape Pie IX exilé à Gaeta. Le Janicule, par sa position stratégique dominant la ville, fut l’objet de violents combats qui détruisirent presque toutes les magnifiques villas qui s’y trouvaient. Le Vaisseau, qui hébergeait les farouches partisans de la république, subit le feu continu des Français postés en face, dans le Palais des Quatre-Vents.

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Goethe et Châteaubriand comptent au nombre des chanceux voyageurs qui eurent le bonheur de visiter cette petite merveille d’architecture avant qu’elle fût détruite.

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Le vaisseau après la bataille

 

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Quelques pauvres vestiges

 

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Ce qui reste du Vaisseau est aujourd’hui le siège du grand orient d’Italie

 

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Neugebau (« Château Neuf »)

 

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               Maximilien, II

Dans Veritas, l’action tourne autour d’une autre construction exceptionnelle : le palais de Neugebau, rêve inachevé de l’empereur Maximilien II qui l’avait voulu faire construire sur le site même du camp des envahisseurs ottomans de 1529 – celui de Soliman le Magnifique - et apparemment sur son modèle. Il est situé à Simmering, XIe arrondissement de Vienne, en Autriche.

Maximilien voulait ainsi célébrer, à chaud, la victoire du Saint-Empire sur les Turcs.

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Soliman le Magnifique sous les murs de Vienne – 1529

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Schloss Neugebäude – 1568

(dont la construction avait commencé en 1529)

Après la mort de l’empereur, le palais fut abandonné et il est aujourd’hui en ruines, bien que, selon Rita et Francesco, des efforts soient en cours pour le restaurer. (Voir ce qu’ils en disent dans leurs notes annexes, en fin de volume).

Voir aussi ce qu’en dit l’auteur de cet historique en anglais : http://www.tourmycountry.com/austria/neugebaeude-palace-vienna.htm 

Au moment où se déroule l’action de Veritas, il ne servait plus que de ménagerie exotique. L’impératrice Marie-Thérèse, qui lui préférait Schönbrunn, finit par y faire transporter les animaux et fermer la ménagerie. Ce fut le début d’une irrésistible destruction, œuvre non d’envahisseurs étrangers mais des Viennois eux-mêmes. Ce palais avait eu pourtant la réputation d’être le plus bel exemple d’architecture (maniériste) Renaissance en dehors d’Italie, ce qui n’est pas peu dire. Il sert aujourd’hui, entre autres choses, de crematorium.

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 Ce tableau, qui se trouve au Musée de Vienne, représente Neugebäu au temps de sa transitoire splendeur.

 

*

 Deux musiciens sortis d’un injuste oubli

Atto Melani

Est né le 30 mars 1626 à Pistoia, un des sept fils de Domenico di Santi Melani, sonneur de cloches de la cathédrale San Zeno et conducteur de litière de l’évêque. Domenico fit châtrer qautre de ses fils, dont Atto, pour les offrir à l’Église. Dans cette famille de musiciens, deux des cousins des petits Melani subirent le même sort. Deux des frères d’Atto, Alessandro et Jacopo, devaient plus tard se faire un nom comme compositeurs de musique sacrée et d’opéras et fréquenter, comme lui, plusieurs des cours d’Europe. Jacopo est généralement considéré comme le père de l’opéra bouffe.

Atto, pour sa part, allait mener de front la double carrière d’un des castrats alto les plus célèbres de son temps et d’un agent secret, espion et diplomate, au service de plusieurs maîtres, dont un roi et un pape. Le premier de ceux-ci fut Mattias de Medicis, dont il fut aussi l’amant. On devrait même parler de triple carrière, si l’on n’oublie pas qu’il fut écrivain.

Atto était déjà brillamment connu comme chanteur en Italie lorsque les Medicis l’envoyèrent en cadeau à la cour de France, n’ignorant pas à quel point la reine Anne aimait l’opéra. C’est bien sûr le cardinal Mazarin qui l’y avait initiée et qui avait introduit ce goût en France, où il avait fait venir quantité de chanteurs, mais aussi de musiciens, de compositeurs et même de décorateurs comme le célèbre Torelli.

Il existe, à Versailles, une propriété dite « Maison des Musiciens Italiens », qui abrita, au temps du cardinal, jusqu’à huit castrats simultanément. Elle se visite encore.

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Le cardinal Mazarin, très désireux de sensibiliser le public français au baroque italien, avait invité à Paris le compositeur Luigi Rossi. Il lui commanda un opéra, qui devait être le tout premier jamais joué en France, sur le thème d’Orphée et Eurydice.

L’Orfeo fut créé le 2 mars 1647 au Petit-Bourbon, devant le roi et toute la cour, avec Marc’Antonio Pasqualini (castrat soprano) dans le rôle d’Aristé et Atto Melani (castrat alto) dans celui d’Orphée.

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Atto en Orphée

La représentation – à grand spectacle – avait duré six heures. Le succès fut immense et l’oeuvre fut rejouée plusieurs fois la même année. Elle ne contribua pas seulement à faire connaître l’opéra en France mais exerça également, par la suite, une influence certaine sur ce qu’allaient produire Lully en France, Cavalli et Cesti en Italie. Les ennemis du cardinal en dirent pis que pendre et stigmatisèrent ces « dépenses extravagantes », les autres la portèrent aux nues.

Monseigneur, en grand politique, fit d’une pierre deux coups en introduisant le jeune et brillant interprète dans le monde de la diplomatie et de l’espionnage. Pour notre chanteur, se déplacer d’une cour à l’autre et s’y produire devant des reines et des princesses ravies constituait une couverture idéale pour observer, espionner, nouer des contacts et accomplir toutes les missions dont le chargeait son mécène. On ne survit pas à la Fronde sans beaucoup de talents divers, et Jules Mazarin n’y avait pas seulement survécu, il y avait fait survivre la royauté.

C’est ainsi qu’Atto fut un jour envoyé en Bavière, à la cour du Prince-Électeur Ferdinand (dont l’épouse raffolait elle aussi d’opéra) pour le persuader de se porter candidat au trône du Saint-Empire. L’entreprise ne réussit pas, mais Mazarin n’en fut pas moins très satisfait des services de son agent et ne cessa de l’employer toujours davantage.

En 1661, la mort du cardinal-ministre donna un coup d’arrêt à la carrière d’espion et même de chanteur d’Atto Melani. D’abord parce que les ennemis « du Mazzarini » se rapprochèrent dangereusement du pouvoir, mais aussi parce qu’elle fut suivie, presqu’immédiatement, de la chute de Nicolas Fouquet, et qu’en perquisitionnant à Vaux-le-Vicomte, on y trouva des lettres confidentielles de Louis XIV qu’Atto avait recopiées pour les communiquer à son autre protecteur et ami.

Tout cela – son indiscrétion, la mort de Mazarin et la chute de Fouquet – s’était produit en l’espace de quelques semaines. Atto apprit d’un seul coup qu’il était indésirable à la Cour, qu’il ne chanterait pas comme prévu l’Hercule amoureux de Cavalli et que la mesure d’éloignement qu’on lui signifiait frappait également quantité d’autres Italiens, dont le décorateur Torelli. Le cardinal n’étant plus là pour défendre ses artistes, le parti de l’opposition avait assez relevé la tête pour obtenir du roi cette mesure d’épuration. Le goût pour l’opéra allait rapidement décroître et être remplacé par des formes de divertissement plus françaises, comme la tragédie classique, dont la vogue n’allait alors plus cesser de s’affirmer. C’est de cela qu’il est question dans l’Épître de La Fontaine à M. de Niert. Il se murmura aussi, à l’époque, que l’exil de Melani avait été réclamé au roi par l’avare, bigot et grincheux duc de la Meilleraye, époux d’Hortense Mancini, qui suspectait une liaison entre sa femme et le trop séduisant castrat.

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« Une des plus belles femmes de son temps » :

Hortense Mancini

Banni de France, Atto passa les quinze années suivantes à Rome, où il se mit au service du cardinal Rospigliosi, comme lui natif de Pistoia.

À la mort d’Alexandre VII, c’est Rospigliosi qui fut élu et devint pape sous le nom de Clément IX. Inutile de dire qu’Atto avait assisté et activement participé au conclave. Or, cette élection convenait tout à fait à la Cour de France. Louis XIV ne pouvait dès lors que rapporter la mesure d’exil qui frappait son ancien agent. Il fit mieux : il lui donna l’abbaye de Normandia, qui lui assurait, outre le titre d’abbé, un considérable bénéfice, et il lui accorda en plus la naturalisation française.

Atto Melani avait chanté, pour la dernière fois de sa carrière d’artiste, au palais Colonna, devant la famille Rospigliosi, en 1668. Rentré à Paris, il y poursuivit son autre carrière jusqu’en 1714, où il mourut âgé de 88 ans. Il laissait à ses héritiers beaucoup d’argent en dépôts bancaires, plusieurs riches immeubles tant en Italie qu’en France, et une vaste bibliothèque. Les 108 volumes de sa correspondance ont été perdus : il n’en reste que l’index. Plus tard, son corps fut rapatrié en Italie, où il repose, dans le chœur de la cathédrale dont son père avait été le sonneur.

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Apollon (Atto Melani) couronnant Aristé (Marcantonio Pasqualini).

 

Qui est l’auteur de cette belle toile ? Nous ne le savons. Et où se trouve-t-elle ? Peut-être au Louvre, avec les Trois portraits de musiciens dessinés par Watteau…

 

*

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« Violon. Instrument qui titille les oreilles humaines par le frottement d’une queue d’un cheval sur les boyaux d’un chat. »
       Ambrose Bierce

Henrico Albicastro

(c.1660-1730)

De son vrai nom Johannes Heinrich von Weissenburg fut un violoniste virtuose et un compositeur allemand, né aux environs de 1660 à Pappenheim, dans le Saint-Empire Romain Germanique.


Dans son Musicalischen Lexicon de 1732, le musicien allemand Johann Gottfried Walther affirme sans preuve qu’Albicastro était originaire de Suisse. Cette invention est encore assez répandue aujourd’hui, mais tout ce qu’on a pu établir de certain, c’est qu’Albicastro a grandi à Bieswang, en Bavière, près de Pappenheim où il est né. La localité toute proche de Weissenburg est sans doute à l’origine du nom de la famille. Mais les légendes ont la vie dure : c’est dans le cadre des festivités du 700e anniversaire de l’existence de la Confédération Suisse qu’a été gravé le tout premier disque contenant des œuvres d’Albicastro.

Non content d’être allemand et pas du tout suisse, c’est aux Pays-Bas espagnols, c’est-à-dire en Hollande, que le jeune Heinrich a fait ses études musicales, à l’université de Leyde, où il avait, en 1686, le titre de Musicus Academiæ, ce qui en fait un chef d’orchestre (maintenant, on dit concertmeister) responsable des exécutions musicales officielles de l’Académie lors des solennités, comme, par exemple, l’installation d’un recteur.

On ne sait rien de sa vie entre ce moment et 1708, date à laquelle on retrouve sa trace dans les archives de l’armée hollandaise, où il est mentionné comme capitaine de cavalerie. À l’instar d’Atto Melani chanteur-espion, Albicastro fut un sabreur-violoniste. Mais fut-il un militaire qui jouait du violon ou un violoniste qui s’engagea pour vivre ? Ou par conviction ? Fut-il noble (von Weissenburg) ou roturier (des habitants de Weissenburg) ? On ne sait.

Ce qui est sûr, c’est qu’il a participé, dans les rangs hollandais, à la guerre de Succession d’Espagne (1701-1714). D’un bout à l’autre pour Rita et Francesco, qui le font partir de Rome en 1700 pour s’y engager.

Il est mentionné pour la dernière fois dans les registres de l’armée en 1730. Il devait avoir alors plus ou moins 70 ans et on suppose qu’il est mort peu après. À cheval ?

[ Les « Wallonnes de cavalerie » furent les armes utilisées pendant les guerres des XVIIe et XVIIIe siècles. Albicastro mania une de celles-ci aussi souvent qu’un archet : fr.wikipedia.org/wiki/Épée_wallonne . Illustrations : taper wallonne de cavalerie dans Google ]

Dans son autre domaine – musical - il était alors, et depuis longtemps, considéré à l’égal des plus grands virtuoses du violon, puisqu’on le comparait à Biber et à Walther. On sait à présent – après l’avoir longtemps oublié – qu’il fut aussi un compositeur comparable aux plus célèbres de ses contemporains, même si, hélas, beaucoup de partitions de ses œuvres ont été perdues.

Pourquoi ce nom italien d’Albicastro ? Quelqu’un a émis l’hypothèse qu’il fut un petit noble allemand qui se produisait en virtuose dilettante dans les salons, où ses auditeurs auraient fini par lui suggérer de ne pas laisser perdre ses improvisations et de les faire publier. Ce qu’il fit à partir de 1701. Et c’est son éditeur hollandais, Etienne Roger, « qui surfait sur la vague italienne » et venait d’imprimer le célébrissime opus V de Corelli, qui décida de transformer Weissenburg en Albicastro (« Château Blanc » dans les deux langues). Pour des raisons commerciales, donc.

Dans le CD des « morceaux de musique exécutés dans le roman » qui accompagnait l’édition Plon de Secretum, on trouve plusieurs œuvres d’Albicastro. Un des plus importants est sa Follia.

Mais qu’est-ce qu’une « Follia » ou une « Folie » 

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D’après Le Lutin d’Ecouves :

« La Folia est, à l’origine, une danse dont il est fait pour la première fois mention dans un texte portugais du XVe siècle.

Il s’agissait d’un rite chorégraphique lié à la fertilité, lors duquel les danseurs portaient des hommes habillés en femmes sur leurs épaules. Le rythme rapide de la danse ainsi que son aspect insensé furent certainement à l’origine de son nom.

Parmi un certain nombre de thèmes, émergea une mélodie de base. Jusqu’au milieu du XVIIe siècle, elle se répandit en Espagne (Follia) et en France (Folie d’Espagne) puis le thème évolua rapidement pour prendre sa forme définitive dans cette suite d’accords : réM/La7/réM/do/fa/do/réM/la7 réM/La7/réM/do/fa/do/rém-la7/réM. Apparue aux alentours de 1650 puis publiée en 1672 par Lully, cette mélodie se stabilisera en se ralentissant et deviendra le thème d’innombrables variations dont les plus célèbres seront celles de Corelli, parues en 1700.

À partir de ce moment, les Folies habitèrent consciemment, et parfois inconsciemment, la musique occidentale et ne la quittèrent plus. La plupart du temps, elles prirent la forme «thème et variations » ; parfois elles ne furent qu’une citation sans grand développement (J.S.Bach, Keiser) ; quelquefois, elles ne furent qu’une inspiration pour une autre mélodie (sarabande de Händel, chaconne de Purcell) ; elles sont même dissimulées dans certaines œuvres comme dans l’andante de la 5ème symphonie de Beethoven. Même si les XIXème & XXème siècles furent moins riches en Folias, elles inspirèrent de nombreux compositeurs tels que Liszt, Paganini, Rodrigo ou Rachmaninov, qui intitula ses variations «sur un thème de Corelli » car il ignorait l’origine exacte de la mélodie. De nos jours, les Folies hantent encore notre imaginaire musical et l’on peut les retrouver dans des musiques de films (La B.O. du Barry Lyndon de Kubrick, inspirée de la sarabande de Händel, ou encore celle de 1492 de Ridley Scott, composée par Vangelis.) et, plus surprenant, dans l’univers des jeux vidéo (bande sonore de Final Fantasy IX, composée par Nobuo Uematsu). »

La Follia di Albicastro

Sonate opus 9, n°12, pour violon et basse continue

Par l’Ensemble 415

Dir. Chiara Bianchini, violon continu


Nous regrettons beaucoup que les deux CD qui accompagnaient l’édition originale d’Imprimatur et de Secretum ne soient pas commercialisés. Nous regrettons surtout que leurs interprètes ne soient pas identifiés, car, en ce qui concerne la Follia et surtout le cristallin et déchirant Adagio qui accompagne, dans le roman, le départ d’Albicastro pour la guerre, ils atteignent une perfection qu’on ne trouve pas dans la plupart des autres enregistrements, pourtant loin d’être négligeables.

Concerto à 4 en Do mineur opus 7, n°4, pour hautbois et cordes

Grave-Allegro-Adagio-Allegro

Ici dans l’interprétation du Collegium Marianum, Collegium 1704

Dir. Vάclav Luks

Hautbois. Xenia Löffer


Il n’existe pas d’œuvre d’Albicastro interprétée par Nigel Kennedy. Qui lui suggérera de le mettre à son répertoire ?

 

*

On aura compris que nous sommes des inconditionnels de Rita Monaldi et Francesco Sorti, même si nous ne partageons pas leur forme d’idéalisme, qui est celle de l’évangile chrétien, ou, si on veut, leur grille de décodage.

Ce qui nous intéresse, c’est leur revisitation de l’Histoire et la manière dont ils s’y prennent pour la revisiter : en retournant aux sources réelles et en ne prenant pas pour argent comptant tout ce qui en a été dit et même « imprimé ».

Robert Graves n’a-t-il pas écrit en substance (nous citons de mémoire) : « Tous les historiens mentent. Il suffit de savoir pourquoi et comment ; il suffit de les comparer et, à la lumière de ces comparaisons, de chercher la vérité la plus proche de « ce qui s’est réellement passé ».

Si on suit la méthode de Graves et si on y ajoute celle de Rita et Francesco, on n’a peut-être pas la vérité vraie, seule, absolue et totale, mais on est assurément devenu plus riche et plus intelligent.

Voilà, c’est dit, nos deux Italiens en exil rendent leurs lecteurs plus intelligents. Est-ce à dire qu’ils sont faciles à lire, que, même ignare, on n’a qu’à y aller, foncer dans leurs histoires comme dans Les trois mousquetaires (après tout, ils se réclament d’Alexandre Dumas) et qu’à l’arrivée on se retrouve épaule contre épaule avec les Pic de la Mirandole de l’univers ? Assurément pas. Les romans de Rita et Francesco ne sont pas des livres pour lecteurs pressés ou superficiels, moins encore pour lecteurs partisans du moindre effort. Tous ceux de la saga sont des briques (853, 1088 et 1120 pages dans les éditions de poche) et l’action ne s’y déroule pas comme chez Agatha Christie (autre référence). C’est au point que certains lecteurs, alléchés par les sujets, s’arrêtent en route, observant avec dépit qu’« à la page 170, il ne s’est encore rien passé »

C’est vrai et c’est faux. Car, jusqu’à la page 170 et au-delà, les auteurs vous plongent littéralement dans l’époque, dans les lieux, dans les habitudes, les mentalités, les préoccupations de leurs protagonistes. Ils vous révèlent des choses dont vous n’aviez jamais entendu parler. L’action n’avance pas au rythme habituel des romans à énigme, parce que l’énigme n’en est qu’une des parties constituantes. Immersion totale ! Mais celui qui arrive au bout y arrive couvert de richesses.

Prenons un exemple dans notre propre expérience de lecteurs... de Robert Graves encore. Quiconque a lu sa Déesse blanche, s’est assurément, comme nous, demandé jusqu’à passés les trois-quarts du livre : « Mais où veut-il en venir ? De quoi est-il question au juste ? », pour ne commencer à entrevoir la limpidité du propos et l’implacable simplicité du théorème que tout à la fin. Pour découvrir enfin, à sa relecture et à sa re-relecture, la nécessité d’un foisonnement à l’apparence de jungle impénétrable. C’est que, malgré sa désorientation initiale – quelquefois même teintée d’ennui – le lecteur n’aura pas plus que nous été capable de le lâcher.

C’est la grâce que nous souhaitons à ceux de Monaldi et Sorti.

Quel échantillon vous offrir, de ces 3061 pages ?

Bornons-nous à Veritas.

L’enterrement de Maximilien II – quatre mois, de Vienne à Prague – s'achevant sur une espèce de printemps arabe d’il y a trois siècles en plein hiver, est une page d’anthologie. Mais elle est bien trop longue pour une citation autorisée.

Nous nous contenterons donc d’un bref passage, qui a le mérite de réunir le Narrateur (nain et ramoneur), le Lieu Sans Nom, la Machine Volante du padre Gusmão, une ménagerie en déréliction et des réminiscences de Rome, de sa villa du Vaisseau – vouée, mais on ne le sait pas encore, à la destruction – et d'un mystérieux musicien-soldat qui joue du violon comme personne.

Veritas

Dimanche 12 avril 1711

Quatrième journée

Géant abandonné, le Lieu Sans Nom reposait sous sa couvertutre de neige. Je traversai le grand jardin aux tours hexagonales sous une myriade de flocons blancs qui pirouettaient en un ballet gracieux. Il n’y avait pas de vent, l’air était limpide et immobile comme dans un souvenir. Se dressant comme des minarets, les pinacles des tours étaient saupoudrés d’une blancheur féerique.

Devant la façade du manoir, je dus me protéger les yeux pour ne pas être aveuglé par l’éclat de la pierre alabastrine, renforcé par la réverbération de la neige et la luminosité du ciel laiteux. Je tournai sur la droite, dépassai la maior domus, arrivai dans la cour de l’entrée principale et descendis l’escalier en colimaçon qui conduisait à l’enclos des fauves.

La neige tombait en bénédiction sur ma tête, tout scintillait comme au paradis. Même les arbres aux branches dépouillées et crochues comme des griffes s’attendrissaient devant tant de candeur. En descendant l’escalier en colimaçon, j’aperçus par la fenêtre le vivier situé au nord du Lieu Sans Nom. Il était obstrué par une légère couche de glace, opalescente comme de la pâte d’amandes et craquante comme un biscuit.

J’arrivai à l’enclos des lions où Frosch m’attendait.

« Mustapha s’est échappé, m’annonça-t-il. Il a filé dans l’enceinte du jeu de Paume et a disparu. »

Comment était-ce possible ? Je me fis accompagner dans l’enceinte, soupçonnant qu’une fois de plus Frosch avait trop levé le coude et oublié où il avait bien pu remiser son lion préféré.

« Voilà, ça s’est passé ici. »

Il désignait le Bateau Volant qui reposait toujours sur le ventre, au centre du terrain. Dans le tourbillon des événements de ces dernières heures, j’avais presque oublié son existence.

Enréponse, je regardai Frosch pour lui communiquer mes doutes muets. Un lion, ça ne s’envole pas.

Mais comme le gardien du Lieu Sans Nom s’obstinait à montrer du doigt le vieux vaisseau des airs (à supposer qu’il eût jamais volé ), je me résolus à y jeter un œil.

« Si Mustapha devait s’approcher, venez aussitôt me secourir », ordonnai-je à Frosch.

Je fis un tour complet du Bateau Volant. Rien. La neige portait en effet les empreintes du vieux lion, lesquelles toutefois disparaissaient soudain, à l’endroit précis où je me trouvais, à hauteur d’une des deux grandes ailes.

Je m’agrippai à l’aile, me hissai à bord et explorai l’habitacle de la nacelle. C’est là que tout commença.

Je sentis tout d’abord un léger tangage, puis un tremblement marqué qui s’amplifiait de manière constante. Comme si, partant de la queue et des ailes du Bateau Volant, de puissantes secousses parcouraient sa structure en bois et se communiquaient au reste du navire jusqu’à le faire gémir. Soudain, ces vibrations cessèrent.

Frosch m’observait avec attention, mais ne semblait pas étonné. Le navire décollait.

Me retenant d’instinct à la rambarde en bois, je vis les hauts murs de l’enceinte du jeu de paume s’enfoncer, l’horizon s’ouvrir, le toit du Lieu Sans Nom se rapprocher, la clarté diffuse du paysage hivernal s’étendre et, comme j’ai toujours imaginé que cela se passe quand on arrive au paradis, la lumière bénie du ciel jaillir de toute part, autour de moi, dessus, dessous. Le Bateau Volant avait enfin repris son vol. Je me retournai et le vis. Le noir pilote regardait droit devant lui, tandis que d’une main sûre il conduisait son navire dans les courants aériens. Mais il lâcha bientôt la barre qui garda seule le cap, comme si elle était tenue par un esprit invisible. Il se pencha et réapparut avec un violon. Maniant l’archet avec dextérité, il modula les premières notes d’un air que je connaissais. À cet instant, je le reconnus. C’était Albicastro, le violoniste que j’avais rencontré il y a bien longtemps dans la villa du Vaisseau, et cette mélodie était la folìa portugaise qu’il jouait toujours.

Je compris soudain que la gazette que Frosch m’avait fait lire ne mentait pas. Deux ans plus tôt, cette vieille embarcation avait en effet volé et frôlé le clocher de Saint- Étienne, passant à portée de main du pinacle où trônait la Pomme d’or et son mystérieux conducteur – foin de religieux brésilien ! – n’était autre que Giovanni Henrico Albicastro, le Hollandais volant et son vaisseau fantôme. C’est ainsi que l’avait apostrophé Atto Melani, pétrifié par la peur, la première fois que nous l’avions rencontré, alors qu’il semblait voler dans son manteau de gaze noire sur les murs crénelés du Vaisseau.

Mon regard embrassait désormais les jardins du Lieu Sans Nom et la plaine enneigée de Simmering, et plus loin les toits de Vienne et la flèche de Saint-Étienne. Je m’avançai vers Albicastro, qui jouait sa folìa en me souriant, pour le serrer dans mes bras, quand tout s’arrêta. Derrière moi, je perçus de nouveau un frémissement et un grondement sourd et hostile. «J’aurais dû y penser : il était caché ici », me dis-je dans un éclair d’intuition, et je me retournai, frappé de plein fouet par l’haleine chaude et inhumaine de ce cri infernal. Mustapha rugit une fois, deux fois, trois fois, lança sa patte avant droite sur moi et ses griffes s’abattirent sur mon visage, le réduisant en charpie. Un autre cri, le mien, s’éleva alors, désespéré. Enfin, je m’éveillai.

C’était un cauchemar auquel je m’étais condamné tout seul, et d’où je parvenais enfin à ressortir. Je me retrouvai dans mes draps trempés de sueur, le visage aussi brûlant que l’haleine de Mustapha, les pieds et les mains aussi froids que la neige de mon rêve. Le Lieu Sans Nom ne se contentait plus d’accaparer mes pensées le jour, il envahissait aussi mes nuits. C’était comme si Neugebäu contenait trop de secrets pour être relégué au rang de préoccupation raisonnable. Cloridia était déjà levée avec notre garçonnet, et tous deux étaient sortis. Ils m’attendaient sûrement pour la messe. Le ciel soit loué, pensai-je, la prière et la communion m’arracheraient définitivement aux trompeuses ombres nocturnes.

 

*

Vous avons-nous dit que les romans sont suivis d’un important appareil de notes annexes, où les auteurs s’expliquent sur leur démarche, racontent un peu la genèse (maintenant, on dit making of) de leur œuvre, et justifient les conclusions qu’ils ont tirées de leurs recherches ?

En voici un exemple, tiré de celles du même Veritas. Toute l’action du roman tourne autour de l’empereur Joseph Ier de Habsbourg.

 

La variole de Joseph Ier

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              Joseph 1er

L’empereur Joseph Ier mourut à 10h15 le vendredi 17 avril 1711, à moins de trente-trois ans. Diagnostic officiel : variole.

Un préambule s’impose. La variole, horrible maladie aujourd’hui (presque) éradiquée, n’a jamais été vaincue par aucun traitement. En d’autres termes, il n’existe pas de traitement contre la variole.

Dans le célèbre manuel Harrison de médecine interne (Dennis L. Kasper, Harrison’s Manual of Medicine, XVI edizione, New York, 2005, traductionn française : Principes de médecine interne, XVIe édition, Paris, 2006), ouvrage fondamental pour tout étudiant en médecine, on lit que la variole est, avec l’anthrax, un des dix virus de classe A, c’est-à-dire la plus dangereuse, placée « sous surveillance spéciale » dans la lutte contre le bioterrrorisme.

En 1996, des délégués de cent quatre-vingt-dix pays prirent une résolution. Le 10 juin 1999, toutes les souches de variole encore existantes dans le monde allaient être détruites. Mais ce ne fut pas le cas. Le CDC d’Atlanta (Center for Disease Control and Prevention), aux États-Unis, en possède toujours.

Quand Joseph tomba malade, le 7 avril 1711, personne à la cour n’était atteint de variole. Des études ultérieures (voir par exemple C. Ingrao, Joseph I der « vergessene Kaiser », Graz-Vienne-Cologne, 1982), rapportent qu’à cette époque, une épidémie de variole sévissait dans tout Vienne. C’est faux.

L’historien Hermann Joseph Fenger, dans son répertoire des épidémies à vienne depuis 1224 (Historiam Pestilentiarum Vindobonensis, Vienne, 1817), ne mentionne aucune épidémie de variole en 1711, pas davantage Erich Zöllner dans son Histoire de l’Autriche (Geschichte Osterreichs, p. 275-278).

Nous avons voulu vérifier par nous-mêmes. Nous avons consulté, aux archives municipales de Vienne les Totenbeschauprotokolle, c’est-à-dire les certificats de décès remplis par les autorités médicales de la ville pour chaque mort. Nous avons passé en revue jour après jour les mois de mars, d’avril et de mai 1711. Non seulement il n’y avait aucune épidémie de variole, mais le nombre de décès est toujuours resté dans la moyenne de la période.


Dix jours avant de mourir, Joseph Ier était un jeune homme robuste en parfaite santé, sportif et grand chasseur.

Le certificat de décès décrit le visage du cadavre couvert de nombreuses pustules. Mais il n’en est pas fait mention dans la gazette distribuée à ce moment-là, où sont décrites la mort de l’empereur et l’exposition de sa dépouille (Umständliche Beschreibung von Weyland Ihrer Mayestät / JOSEPH / Dieses Namens des Ersten / Römischen Kayser /Auch zu Ungarn und Böheim Könih u. Erz~Herzegen zu Oesterreich / u. u. Glorwürdigsten Angedenckens Ausgestandener Kranckheit /Höchst~seeligstem Ableiben / Und dann erfolgter Prächtigsten Leich~Begängnuß / zusamengetragen / und verlegt durch Johann Baptist Schönwetter, Vienne, 1711). D’ailleurs, on n’aurait sûrement pas montré à ses sujets un  visage défiguré par des vésicules. Faut-il y voir l’œuvre des embaumeurs ?

 

Selon le journal personnel du docteur Franz Holler von Doblhof, tenu en langue latine (Archives nationales de Vienne, HausHof- und Staatsarchiv, Familienakten, Karton 67), l’empereur vomit des glaires et du sang dès les premiers symptômes. Juste après le décès,  lit-on dans cette chronique, « du sang s’écoula longuement des narines et de la bouche ». Le cou était enflé et « atro livore soffuso », c’est-à-dire bleu sombre à cause de l’hémorragie interne  À l’autopsie, effectuée par le même médecin, foie et poumons aussi sont décrits comme « bleus et gangréneux, ayant perdu leur couleur naturelle » (« amisso colore naturali, lividum et gangrenosum ») : une hémiorragie donc, là aussi. À cause de l’odeur insupportable, l’autopsie fut écourtée et on n’ouvrit pas le crâne.

Cette description médicale est cataloguée chaque jour comme « variole hémorragique », une forme particulièrement virulente et mortelle de la maladie. Chose étrange, cette forme de variole n’a pas existé de tout temps.

 

Avant la mort de Joseph Ier, aucun traité de médecine ne connaît la forme hémorragique de la variole.

Les premiers auteurs à parler de variole sont avant tout Galien, puis les médecins du Xe siècle : le Persan Rhazes, Ali Ben el Abbas et Avicenne, ainsi que, au XIe siècle, Constantin l’Africain, secrétaire de Robert le Guiscard. Tous se répandent en descriptions détaillées de la variole, de ses complications et évolutions possibles, mais aucun d’entre eux ne mentionne la possibilité d’une hémorragie. Bien au contraire : l’évolution de la variole est décrite comme habituellement bénigne. Son issue n’est mortelle que chez les enfants déjà affaiblis. Même chose dans les siècles suivants, jusqu’aux XVIe et XVIIe siècles : Ambroise Paré, Niccolò Massa, Girolamo Fracastori, l’Alpinus, Ochi Rizetti, Scipione Mercuri et Sydenham, pour ne citer que les plus célèbres, consacrent de longs chapitres de leurs œuvres à la variole, mais pas trace de variole hémorragique. Eux aussi décrivent cette maladie comme très commune et bénigne. Elle ne devient mortelle que pendant les vastes pandémies provoquées par la guerre et la famine. La variole est généralement décrite dans les chapitres qui traitent des maladies infantiles, souvent en même temps que la varicelle et la rougeole. Thazes, dans son Traité de la variole et de la rougeole, opère une distinction très détaillée entre ces deux maladies : « l’agitation, la nausée et l’anxiété sont plus fréquentes avec la rougeole qu’avec la variole ; les douleurs dans le dos sont plus caractéristiques de la variole ». De même, Ambroise Paré (Œuvres, Lyon, 1664, livre XX, chap. 1-2) ne consacre qu’un chapitre à la variole et à la rougeole, en insistant sur les différences entre les deux. Des précisions qui, pour nous modernes, apparaissent totalement incompréhensibles. Aujourd’hui, la variole est malheureusement très différente de la presque toujuours inoffensive rougeole. Les horribles pustules varioliques et l’ensemble de ce grave syndrome n’ont rien à voir avec les petits boutons de la rougeole ni avec les troubles qui les accompagnent. Sydenham aussi établit un diagnostic différentiel précis entre la variole et la rougeole. Du Xe au XVIIe siècle, la variole est donc restée identique, à savoir une maladie contagieuse qu’on pouvait confondre avec la rougeole. La fille de Joseph, Marie-Josèphe, l’avait contractée en janvier 1711, trois mois avant son père, et en avait guéri. Pas d’hémorragie non plus.

 

Le premier témoignage de variole hémorragique arrivé jusqu’à nous est précisément ce certificat du médecin de Joseph Ier.

Deux ans plus tard, en 1713, le médecin grec (ou, selon d’autres, bolonais) Emmanuele Timoni, dans son traité intitulé Historia Valiolarum quae per insitionem excitantur, rapporte pour la première fois une pratique suivie à Constantinople : l’inoculation sous-cutanée.

Préambule : l’inoculation est le terme désignant l’ancienne façon d’immuniser, avant que le médecin anglais Edward Jenner, à la fin du XVIIIe siècle, ne mette au point la méthode de vaccination encore employée aujourd’hui. L’inoculationn consistant à prélever du sérum dans des pustules de varioleux chez qui l’évolution était sans gravité, et à l’injecter au moyen d’une incision cutanée à un patient sain, afin de provoquer une variole, bénigne chez lui aussi. Le patient contractait ainsi une forme brève et bénigne de variole et était protégé pour toujours de sa forme grave. Il était universellement reconnu, en effet, que la variole ne frappait jamais deux fois la même personne.

Bien sûr, l’inoculation sous-cutanée peut aussi servir à des fins non-préventives, mais criminelles, avec une forme mortelle du virus.

Timoni rapporte la présence, à Constantinople, de deux vieilles guérisseuses d’origine grecque, appelées la Thessalienne et la Philippopolis. Dès la fin du XVIIe siècle, ces deux femmes pratiquaient dans la capitale ottomane des inoculations sur la population « franque », c’est-à-dire non musulmane, les musulmans pour leur part refusant de se laisser inoculer. En 1701 et en 1709, c’est-à-dire quelques années après la diffusion de cette pratique dans la ville, Constantinople subit les premières hécatombes dues à la variole. Les deux guérisseuses ne furent pas lynchées, bien au contraire : on les encensa. En effet, des médecins renommés avaient affirmé que, sans l’intervention des deux Grecques, l’épidémie aurait frappé encore plus fort. Bientôt, le clergé local donna son aval, ouvrant définitivement la porte à l’inoculation.

En 1714, un an après les faits rapportés par Timoni, l’ambassadeur de Venise à Constantinople cite à son tour la pratique de l’inoculation dans son Nova et tuta variolas excitandi per transplantationem methodus nuper inventa et in usum tracta.

L’inoculation sous-cutanée connut une véritable explosion en Europe, deux ans plus tard, entre 1716 et 1718, quand la femme de l’ambassadeur anglais à Constantinople, Lady Mary Wortley Montagu, l’importa officiellement de Turquie en Angleterre. L’aristocrate britannique défendit avec enthousiasme la cause de l’inoculation auprès de toutes les cours européennes, et fit inoculer ses propres enfants. Comme en atteste son journal, elle était à Vienne en 1716, où elle rencontra la veuve et les filles de Joseph. En 1720, en Angleterre, elle convainquit le roi de faire inoculer des condamnés à mort. À partir de 1723, l’inoculation devint une pratique de masse.

Mais au cours des mêmes années, non seulement la variole ne perdit pas de terrain, mais elle cessa d’être « une maladie bénigne » pour devenir mortelle dans la presque totalité des cas. Elle ne fut plus considérée comme une maladie infantile. Les symptômes devinrent beaucoup plus graves que ceux décrits dans les siècles précédents. Ils étaient surtout d’une monstruosité sans équivoque. Impossible désormais de confondre les horribles pustules varioliques avec celles de la varicelle, et encore moins avec les petits boutons de la rougeole.

L’étude de Marco Cesare Nannini, La storia del vaiolo (Modène, 1963) fournit des statistiques effroyables. Dans les vingt-cinq années qui ont suivi l’ntroduction de l’inoculation, 10% de la population mondiale mourut. Les cas de variole hémorragique étaient très nombreux. L’inoculation se révéla bien vite un excellent instrument de conquête coloniale. On décima de la sorte Indiens d’Amérique, Peaux-Roouges et Indios. E. Bertarelli (Jenner e la scoperta della vaccinazione, Milan, 1932) rapporte que, dans la seule Saint-Domingue par exemple, 60% de la population mourut en quelques mois. À Haïti, la variole importée en 1767, tua rapidement les deux tiers des habitants. Au Groenland, en 1733, elle extermina les trois-quarts de la population.

En Europe, entre l’introduction de l’inoculation et la fin du XVIIIe siècle, soixante millions de personnes moururent de la variole. (H.J. Parish, A History of Immunization, Londres, 1965, p. 21). À la fin du XVIIIe siècle, les estimations donnaient les mêmes chiffres (D. Faust, Communication au congrès de Rastadt sur l’extirpation de la petite vérole, 1798, Archives nationales de France, F8 124). En 1716, à Paris, la variole causa 14.000 décès et 20.000 en 1723 ; en 1756, ce fut l’hécatombe en Russie, tandis qu’en 1730 c’était l’Angleterre qui avait été frappée, laquelle totalisa, en à peine quatre décennies, 80.505 décès dus à la variole ; à Naples, en 1768, on dénombra en quelques semaines plus de 6.000 morts ; à Rome en 1762, 6000 décès ; à Modène en 1778, à la suite d’une seule intervention d’inoculation sous-cutanée, la ville fut décimée par une épidémie qui dura huit mois ; à Amsterdam, en 1784, 2.000 morts ; en Allemagne en 1798, 42.379 ; rien qu’à Berlin, en 1766, 1.077 morts ; à Londres, en 1763, 3.528. L’Angleterre fit des affaires en or avec l’inoculation. Daniel Sutton avait fondé une entreprise florissante d’inoculation. Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, ses succursales étaient disséminées jusque dans les contrées orientales de la Nouvelle Angleterre et de la Jamaïque.

Combien de personnes mouraient de la variole avant l’introduction de l’inoculation ? Quelques chiffres pour Londres : 38 morts en 1666, 60 en 1684, 82 en 1636. Bref, quasiment personne. À la cour de Vienne, la variole n’avait frappé que Ferdinand IV avant Joseph. En revanche, la maladie explosa après le décès de Joseph. Jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, elle ne tua pas moins de neuf autres Habsbourg. À cette époque, les cas de variole hémorragique, désormais innombrables, se terminèrent par la mort du malade.

 

Voici la comparaison entre deux descriptions de la maladie. La pmremière, de Scipione Mercuri, le célèbre médecin romain qui vécut entrev 1540 et 1615 (La commare, Venise, 1676, livre trois, chap. XXIV, p. 276, Delle varole e cure loro), est antérieure à l’introduction de l’inoculation. On notera que Mercuri aussi assimile la variole à la rougeole (il s’y attarde dans son De morbis puerorum, lib. I, De variolis et de morbillis, Venetiis, 1588).

La seconde description de la variole, du docteur Faust, est tirée du rapport déjà cité datant de 1798, c’est-à-dire en pleine euphorie de vaccination.

Voici ce qu écrit Mercuri :

« Je traiterai maintenant des maladies universelles externes, et en premier lieu de la plus commune, qu’on appelle en ce pays petite vérole. Il y a des différences entre la petite vérole et la rougeole, mais comme elles se soignent de la même façon, je les aborderai ensemble. Dans la petite vérole, des pustules ou vésicules apparaissent partout sur le corps de façon spontanée, ell’es provoquent douleurs, démangeaisons et fièvre et quand elles éclatent, elles donnent des plaies… Les signes annonciateurs sont les maux de ventre, les maux de gorge, les rougeurs au visage, les maux de tête, les éternuements pituiteux. Les signes montrant que  la maladie est déjà installée sont le délire, les pustules ou vésicules sur tout le corps, tantôt blanches, tantôt rouges, de taille variable selon les patients. En général, la petite vérole n’est pas mortelle, sauf certaines fois où, à cause de l’air ou d’erreurs commises par ceux qui s’occupent de ces enfants, il meurt autant de gens que pendant une peste. »

Et voici la description de Faust en 1798 :

« La variole prolifère en pustules innombrables de la tête aux pieds. Le corps semble plongé dans l’eau bouillante, les douleurs sont atroces Avec la suppuration, le malade dont le visage enfle de façon monstrueuse est défiguré ; les yeux sont fermés, la gorge enflammée et contractée est incapable d’avaler l’eau qu’un râle réclame sans cesse. Le malade est privé à la fois de la lumière, de l’air et de l’eau ; de ses yeux coulent du pus et des larmes, ses poumons exhalent une odeur fétide ; sa salive aigre coule de façon incontrôlée ; les excréments sont corrompus et purulents, de même souvent que l’urine. Le corps n’est que pus et pustules et ne peut ni bouger ni être touché ; il gémit et gît immobile, tandis que la partie sur laquelle il repose est souvent gangrenée. »

En 1773, dans son poème L’inoculation, l’abbé Jean-Joseph Roman donne du varioleux une description en vers non moins terrible :

La douleur contre lui s’arme de nouveaux traits,

Ses yeux sont arrosés d’une liqueur ardente,

La salive, sortant de sa bouche écumante,

N’apaise point la soif qui brûle son palais ;

De ses sens enchaînés il a perdu l’usage :

Il ne voit qu’à travers le plus sombre nuage,

Sa voix n’a point de timbre et son corps oppressé

N’est plus que la prison d’un esprit affaissé.

 

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La description de l’hémorragie décelée chez Joseph Ier semble très proche de la Purpura variolosa décrite par le médecin allemand Gerhard Buchwald dans son ouvrage Vaccinations. Le marché de l’angoisse (traduction française d’Alain Bernard, Riom, 2003). En 2004, quand nous l’avions contacté, le Dr. Buchwald était un des rares médecins vivants à avoir observé et étudié en personne des cas de variole (il est hélas décédé le 19 juillet 2009, à l’âge de 89 ans). Nous lui avions alors envoyé la documentation relative à la maladie de Joseph Ier, puis nous avions longuement conversé au téléphone. Sur la base de son expérience personnelle, Buchwald affirmait qu’on ne rencontre de lésions aux vaisseaux sanguins que dans les cas de variole provoquée par le virus injecté dans ces vaisseaux. On lit la même conclusion dans son ouvrage (p.43) :

« Il faut mettre de tels développements [c’est-à-dire hémorragiques ndr], qui par ailleurs sont toujours fatals, sur le compte de la vaccination administrée peu de temps auparavant. »

Pour Buchwald, la variole hémorragique n’existe pas dans la nature : elle a été artificiellement suscitée par l’introduction des pratiques d’inoculation et de vaccination.

 

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La littérature moderne sur la variole abonde d’études affirmant que l’inoculation sous-cutanée était connue depuis des millénaires en Chine et en Inde On retrouve là le même discours de propagande qu’au XVIIIe siècle, destiné à inspirer la confiance en cette pratique. Or, c’est faux.

En ce qui concerne la Chine, on cite en général le père jésuite d’Entrecolles, missionaire à Pékin. Celui-ci n’écrit cependant pas avant 1726, et se contente de citer un livre chinois où l’on décrit une pratique d’immunisation contre la variole, mais par inhalation. Rien à voir, donc, avec l’inoculation.

Dans son ouvrage History of Indian Medicine (Delhi 1922-1929, vol. I, p. 113-133), le célèbre médecin indien et professeur à l‘université de Calcutta, Girindranath Mukhopadhyaya, examine toutes les affirmations selon lesquelles, en Inde, la pratique de l’inoculation s’enracinerait dans la nuit des temps. Mukhopadhyaya arrive à la même conclusion que nous : il n’en existe pas la moindre preuve. Des médecins, presque tous anglais, rappellent dans leurs ouvrages qu’ils ont entendu en Inde des récits concernant cette pratique qui remonteraient à l’Antiquité. L’un d’eux, un certain docteur Gillman, a même mis en avant un traité de médecin sanscrit qui citerait l’inoculation. Mukhopadhyaya l’a fait expertiser par deux spécialistes du sanscrit, qui l’ont reconnu comme « interpolé ». En d’autres termes, il s’agit d’un faux en bonne et due forme. Dans les anciens traités de médecine indiens de Caraka, Suśruta, Vāgbhata, Mādhava, Vrnda Mādhava, Cakradatta, Bhāva Miāra et d’autres, Mukhopadhyaya n’a pas trouvé la moindre allusion à la pratique de l’inoculation de la variole. Plus encore, dans les hymnes à la déesse Śitala, tirés du Kāśikhanda de Skanda Purana, il est dit explicitement qu’il n’y a pas de remède à la variole, sinon les prières à cette déesse. Pourtant, souligne Mukhopadhyaya, « personne encore ne remet en discussion le fait que l’inoculation ait été fréquemment pratiquée en Inde ».  

Comme nous, Mukhopadhyaya souçonne une machination dans le but de fournir un pedigree à l’inoculation d’abord et à la vaccination ensuite, tout cela pour inciter les masses à se fier à de telles pratiques et à se faire vacciner, enfants comme adultes.

Constellée de faux, l’histoire de la variole l’est aussi de silences embarrassants. L’inventeur de la vaccination – étape qui suit immédiatement l’inoculation –, le célèbre médecin anglais Edward Jenner, vaccina avec des matières extraites des pustules d’un varioleux son fils de dix mois qui resta handicapé mental et mourut à l’âge de vingt et un ans. En 1798, Jenner vaccina un enfant de cinq ans qui mourut presque aussitôt et une femme enceinte de huit mois qui, un mois plus tard, avorta d’un petit corps couvert de pustules semblables à celles de la variole. Malgré ces précédents, Jenner envoya des souches de ces matières utilisées pour ses expériences aux dynasties régnantes en Europe, lesquelles en firent large usage sur des enfants orphelins, afin de développer de nouvelles maladies et d’en tirer de nouvelles souches de matière infectée. Les manuels d’histoire de la médecine se gardent bien de rapporter ces faits.

 

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Mais revenons au XVIIIe siècle. De nombreuses voix s’élevèrent bientôt contre l’inoculation. On dénonça le cas tragique de Mme de Sévigné qui, atteinte de variole, mourut elle aussi en 1711 dans d’atroces souffrances, non de la maladie elle-même, mais des effets de son traitement (cf. J. Chambon, Traité des métaux et des minéraux, Paris, 1714, p. 408 et suivantes). Luigi Gatti, médecin italien qui exerçait à Paris au milieu du XVIIIe siècle, soigna la variole de Mme Helvetius en exécutant devant sa patiente toutes sortes de cabrioles et de pitreries. Il était intimement convaincu du fait que la gaieté était le seul remède en pareil cas, et que les varioles mortelles n’avaient d’autres causes que les traitements des médecins. Pour des raisons mystérieuses, le même Gatti changea radicalement d’opinion un beau jour, devenant l’un des inoculateurs les plus actfs. Et les plus riches.

Au XIXe siècle encore, van Swieten rapportait que les nobles et les riches qui attrapaient la variole mouraient presque tous, alors que les gens du peuple, qui ne recevaient aucun soin, survivaient (cf. Rapport de l’Académie de Médecine sur les vaccinations pour l’année 1856, p. 35).

Ce n’est pas tout. Des rumeurs circulèrent selon lesquelles l’inoculation, quand elle ne tuait pas, était de toute façon inopérante. On relevait des cas de patients in oculée qui, ayant déclaré une forme bénigne de la variole ainsi provoquée, attrapaient quand même la variole, parfois des années plus tard. Le Mercure de France de janvier 1765 (tome II, p. 148) rapporte ainsi le cas de la duchesse de Boufflers.

Mais il y a un soupçon encore plus grave. L’inoculation peut-elle provoquer la variole chez les sujets qui l’ont déjà eue ? Comme dit Avicenne, il est notoire que « la variole ne frappe qu’une fois dans la vie », conférant une immunité définitive. Selon de nombreux médecins opposés à l’inoculation, la variole artificiellement donnée bouleverse cette loi de la nature. La preuve ? Un cas hyper célèbre : Lousi XV, qui avait eu la variole à l’âge de dix-huit ans, en mourut en 1774, à soixante-quatre ans, dans des circonstances très proches de celles de la mort de Joseph Ier.

Louis XV avait une particularité. Enfant, il avait été le seul survivant de l’incroyable hécatombe qui avait décimé les rangs des enfants et petits-enfants du Roi Soleil, son grand-père, frappant brutalement la dynastie des Bourbons de France engtre 1711 et 1712. Le comte de Mérode-Westerloo (Mémoires, Bruxelles, 1840) raconte avoir entendu Palatino prophétiser ces morts en 1706, les attribuant à des meurtres. Le petit Louis n’avait que deux ans en 1712, c’était le deuxième fils des ducs de Bourgogne. Ses parents et son jeune frère aîné étaient morts de la variole, mais Louis en avait réchappé. Quand les premiers signes de la maladie s’étaient déclarés chez l’enfant, ses nourrices s’étaient barricadées avec lui dans sa chambre, interdisant aux médecins de l’approcher. En effet, elles étaient persuadées que les autres membres de la famille royale avaient été tués par les médecins eux-mêmes. C’est ainsi que Louis échappa à la prophétie de Palatino. À sa majorité, il monta sur le trône de France, succédant à son grand-père Louis XIV. Entre-temps, la France avait subi les longues années de la Régence où avait sévi le maléfique John Law, l’inventeur des billets de banque, qui, comme le rappelle le ramoneur, avait mené le royaume à un désastre économique sans précédent.

Mais certaines « prophéties », tôt ou tard, se réalisent… À soixante-quatre ans, Louis XV n’avait plus ses braves nourrices pour le protéger.

Sa mort rappelle beaucoup celle de Joseph Ier. Tous deux étaient ennemis des jésuites (Louis XV abolit la compagnie de Jésus) et, tout comme Joseph, Louis XV entendit d’un prédicateur l’annonce menaçante, mais exacte, de sa propre mort. C’était le 1er avril 1774, un jeudi de carême. En chaire, l’évêque de Senez, pointant un doigt sur le roi, s’écria : « Encore quarante jours et Ninive sera détruite ! ». Quarante jours plus tard, jour pour jour, le 10 mai, Louis XV rendait son dernier soupir (Pierre Darmon, La variole, les nobles et les princes, Bruxelles, 1989, p. 93-94). Une semaine auparavant, il ne cessait de murmurer : « Si je ne l’avais pas déjà eue, je jurerais que c’est la variole. » Enfin, le 3 mai, il comprit : « C’est la variole !... Mais c’est la variole. » Devant l’approbation muette des personnes présentes, il avait détourné le visage en disant : « Voilà qui est vraiment incroyable. »

Une mort ironique à plus d’un titre, dont le moindre n’est pas que Louis XV s’était toujours opposé avec ténacité à la pratique de l’inoculation.

 

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Nos recherches historiques sur la variole achevées, et forts de l'avis du docteur Buchwald sur la mort de Joseph Ier, nous décidons de passer à la dernière phase de nos études : la recherche d’un anatomopathologiste qui appuie notre demande d’exhumer la dépouille de l’empereur et soit disposé à l’autopsier.

D’entrée de jeu, nous éliminons certains médecins qui occupent le devant de la scène quand il s’agit d’exhumer les corps de personnages historiques. Cette pratique sert avant tout à mettre au point de nouveaux vaccins, et les médecins impliqués sont régulièrement sponsorisés par les colosses de l’industrie pharmaceutique.

Nous nous adressons à plusieurs professeurs d’université italiens et autrichiens, mais notre requête ne suscite aucun intérêt, provoquant parfois même une certaine irritation.

Ce qui n’est pas pour nous surprendre. En 2003, quand il nous avait fallu trouver des experts en graphologie pour examiner la signature figurant sur le testament du roi d’Espagne Charles II de Habsbourg, la plupart des graphologues s’étaient défilés par crainte de mécontenter l’actuel roi d’Espagne, Juan Carlos de Bourbon. Pensez un peu, maintenant qu’il s’agit de variole…

En attendant, nous adressons une demande par lettre recommandée au Denkmalamt de Vienne (la direction du patrimoine) pour lancer les démarches d’exhumation de la dépouille de Joseph Ier. Nous savons que la procédure est longue et nous ne voulons pas perdre de temps.

Dans l’espoir de trouver une personne un peu plus courageuse, nous passons par notre réseau de connaissances. Nous arrivons ainsi au professeur Andrea Amorosi, anatomopathologiste originaire de la même ville qu’un de nous. Amorosi travaille au département de médecine expérimentale et clinique de l’université Magna Grecia de Catanzaro, dans le sud de l’Italie. Nos premiers contacts sont excellents. Le professeur Amorosi est attentif et disponible. Après avoir étudié la documentation que nous lui adressons, il est très séduit par l’idée d’exhumer la dépouille de Joseph. C’est lui qui nous apprend que la variole est « sous surveillance spéciale », classée « A » dans la lutte contre le bioterrorisme.

Nous lui demandons s’il est possible, si longtemps après, de prouver que Joseph a été empoisonné ou tué par une variole artificielle ou si, au contraire, il est vraiment mort d’une variole naturelle. Dans le cas d’un poison, nous répond-il, ce ne devrait pas être trop difficile, car on employait surtout des métaux à cette époque, dont le matériel moderne détecte la trace aujourd’hui. Les poisons actuels, en revanche, ne laissent aucune trace.

Dans le cas d’une mort par inoculation d’une maladie, explique encore le professeur, l’entreprise, sans être impossible, est plus compliquée. Il faut exhumer plusieurs dépouilles en plus de celle de Joseph. L’idéal serait d’avoir à disposition des corps morts de la variole longtemps avant Joseph, quand la variole n’était pas encore aussi mortelle, pour lesquels on pourrait donc raisonnablement partir du principe que le décès est dû à une variole naturelle – et des corps décédés de cette variole vers la fin du XVIIIe siècle, c’est-à-dire à l’époque des inoculations. Il faut également prélever l’ADN de ces dépouilles et le comparer avec celui de Joseph Ier. Au téléphne, le professeur Amorosi nous explique de fond en comble et avec force termes scientifiques les méthodes pour déceler une éventuelle cause artificielle à la mort du jeune empereur. Seule notre condition de profanes nous empêche de rapporter dans leur terminologie rigoureuse les idées et les intentions du professeur Amorosi.

Nous convenons avec le professeur Amorosi qu’avant toute chose, il nous enverra par la poste les pages du manuel Harrison de médecine interne relatives au bioterrorisme, et qu’entre-temps il consultera des collègues, dont il ne précise pas le nom de façon à travailler en équipe pour l’exhumation et l’autopsie de la dépouille.

Nous n’avons plus jamais eu de nouvelles de lui.

Nous n’avons jamais reçu les photocopies du manuel de Harrison (qu’au bout du compte, nous nous sommes procuré par nos propres moyens). Il n’a pas répondu à nos courriels et pendant des mois, nos nombreux appels téléphoniques se sont heurtés à la barrière d’une secrétaire, d’une infirmière ou d’une assistante qui nous demandait régulièrement notre nom, nous priant d’attendre, puis nous informait que le professeur Amorosi n’était pas là. Jusqu’au jour où nous décrochons notre téléphone, bien décidés à ne plus nous contenter d’une réponse évasive, qui nous oblige à rappeler ultérieurement. Nous insistons, rappelons cinq fois le même jour, puis le lendemain, et ainsi toute la semaine. Chaque fois, nous réexpliquons l’affaire depuis le début, même si nous sentons bien que la personne à l’autre bout du fil ne veut pas l’écouter. Peu à peu, nous sommes en mesure de reconnaître les voix et ces voix nous reconnaissent également. Nous surprenons nos interlocutrices en flagrante contradiction, certaines raccrochent après avoir tout juste pris le temps de dire bonjour. Ils font preuve d’une grande patience, car ils pourraient nous traiter beaucoup plus mal. En juin 2006, alors que nous prononçons pour la énième fois les mots « exhumation», « variole », « inoculation », quelqu’un nous murmure enfin d’une voix lasse et traînante : « Mais quel âge avez-vous ? Vous ne vous rendez donc pas compte ? Arrêtez avec cette histoire. Ne harcelez plus le professeur. »

Nous n’avons plus appelé. Pour la première fois depuis que nous menons nos enquêtes historiques à contre-courant, nous avons peur. La voix n’était pas menaçante, au contraire. Elle semblait sincère. C’était clair. Le professeur Amorosi avait reçu des intimidations, au point de rompre tout contact avec nous, fût-ce pour inventer un prétexte et se dégager de cette affaire. Serions-nous en train de jouer avec le feu ? Nous rouvrons alors le chapitre du manuel de médecine interne de Harrison consacré au bioterrorisme.  Nous lisons et relisons le même passage, comme si nous n’en comprenions la portée que maintenant. En dépit des recommandations réitérées de l’Organisation mondiale de la santé de détruire toutes les souches in vitro de variole, le CDC d’Atlanta, aux États-Unis, en conserve toujours qui servent à toutes sortes d’expériences. Le manuel souligne que la variole recombinante (c’est-à-dire artificielle) est beaucoup plus dangereuse et meurtrière que sa forme naturelle.

Reprenons le livre du professeur Buchwald. Il dresse une liste des scélératesses commises voici quelques décennies encore, pour cacher les morts dues au vaccin antivariolique et les faire passer pour des cas de variole naturelle : substitution de dossier médical, disparition de documents et ainsi de suite En voyant les photos terrifiantes de Waltraud B., une fillette horriblement couverte de pustules et de croûtes de sang à cause de la variole provoquée par le vaccin antivariolique, ainsi que celles du sang coulant des yeux et de la bouche ouverte du cadavre d’une jeune infirmière morte d’une variole hémorragique due elle aussi à la vaccination à Wiesbaden, dans les années soixante (p. 42 et 43) la plume nous tombe des mains. Et ce n’est pas une métaphore.

Au moment où ce livre va être imprimé, notre lettre recommandée au Denkmalamt de Vienne, contenant la demande d’exhumation de la dépouille de Joseph Ier, ainsi que la relance de cette demande n’ont reçu aucune réponse.

 

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Ce 1er janvier 2014

 

En guise d’étrennes, il nous a semblé opportun de vous offrir, au prix d’un clic ou deux, ce bouquet de « Folies ». Entre les portraits des deux grands contemporains italiens d’Albicastro,

48. Vivaldi  xxx.jpg

             Antonio Vivaldi

les voici presque toutes…

http://classic-intro.net/introductionalamusique/Encyclope...

À moins que vous préfériez celles-ci :

http://www.musicme.com/#/Follia/videos/?res=vidweb&v=2

Ou celle de Santiago de Murcia :

http://www.youtube.com/watch?v=L0_FB-vJ0O4

Une des plus anciennes : celle de Rodrigo Martinez – c. 1490 (peut-être celle ou la folie est la plus perceptible).

http://www.youtube.com/watch?v=V1HlSymdnB8

 

49. Arcangelo+Corelli.jpg

Arcangelo Corelli


Tout à fait d’actualité n’est-il pas ?

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In cauda…

 

De l’art de laver l’argent sale.

Recettes vieilles comme le monde.

Les notes annexes d’Imprimatur nous l’apprennent : la manière dont Guillaume ex-d’Orange a payé sa dette à la famille du pape Innocent XI n’a pas manqué de sel ni d’ingéniosité.

Il faut savoir qu’entretemps, la célèbre Reine Christine avait rendu, à Rome, son dernier soupir, laissant derrière elle une collection de peintures, de sculptures et d’objets d’art du genre fabuleux. Il a suffi à Guillaume de racheter tout le fourbi à ses héritiers et de le revendre, pour trois francs cinquante, au neveu du pape Odescalchi (défunté lui aussi dans l’intervalle) pour que le tour soit joué.

Oui, mais, comment et où avait-il trouvé de quoi acheter le dit fourbi ? Eh, c’est qu’il était devenu William III d’Angleterre, voyez-vous, et que les contribuables anglais n’ont pas été inventés pour les chiens, sinon ce n’est pas la peine de faire roi.

N’est-ce pas ainsi que le petit Bonaparte remboursera cent vingt-cinq ans plus tard au Suisse Perregaux le financement de son 18 Brumaire, en créant la « Banque de France » et en lui en faisant cadeau, au nom et aux dépens du peuple français ? (Allez, un petit coup de Guillemin pour le Nouvel An  : http://reseauinternational.net/les-grandes-arnaques/207-2/ .)

 

« Il faut que tout change pour que rien ne change » et les livres de Monaldi et Sorti sont, rappelons-le, dédiés

 

« aux vaincus ».

 

 

 

Oui, c’est aussi long qu’un banquet au temps de Balzac.

Non, nous n’aimons pas les fast foods.

Mis en ligne par Catherine, le 1er janvier 2014.

 

 

 

 

 

 

19:01 Écrit par Theroigne dans Actualité, Général, Loisirs, Musique, Web | Lien permanent | Commentaires (6) |  Facebook |