26/04/2015

LE COMBAT DE LA RAISON

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Au moment où les philosophes de bac à sable se mettent à jacasser de sacré, en gavant les foules éberluées des pires lieux communs et platitudes pour nef des fous, il est bon de savoir ce qu’ont à en dire les vrais philosophes, même s’il faut, pour les comprendre quand on ne les connaît pas, faire un petit effort pour s’accoutumer à leurs métaphores. Le jeu vaut largement la chandelle, croyez-en ceux qui ont essayé.

Il est surtout primordial de savoir ce qu’ils ont à nous dire de la Raison, cette pauvre déesse aux outrages, qu’il est si à la mode de violenter-berner-vilipender sous prétexte de post-modernisme et de liberté des marchés.

Puisque les fous nous ont enfermés dans l’asile et sont partis avec la clé, il urge de secouer nos barreaux, de les desceller, d’enfoncer les portes blindées, de creuser des tunnels d’abbé Faria, n’importe quoi, mais DE L’AIR !

 

Manuel de Dieguez

Le combat de la raison

 

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J'achève cette semaine les quinze textes que j'avais annoncés le 9 janvier et que j'ai consacrés à un examen anthropologique de la science anthropologique moderne. Qu'en est-il de l'ignorance de la politique qui frappe les chefs d'État sous informés des progrès de la connaissance anthropologique des croyances religieuses ? Leur retard intellectuel sur les sciences humaines d'aujourd'hui condamne-t-il l'Europe à l'impuissance face à l'expansion nouvelle du sacré sur cette planète ? Le décalage entre les victoires de la science et l'ignorance de toute la classe dirigeante européenne deviendra-t-il aussi tragique qu'entre l'Église du Moyen-Age et l'astronomie de Copernic ?

Quoi qu'il en soit, le révélateur que fut l'attentat du 7 janvier contre Charlie Hebdo se place à ce point au cœur de la géopolitique et de l'histoire contemporaines que, dès la semaine prochaine, je pourrai faire le point de l'histoire de l'Europe à l'heure où, après soixante-dix ans d'expansion de leur mythe de la Liberté, les États-Unis sont parvenus à briser l'unification de l'Europe en engageant le Vieux Monde pour longtemps dans une guerre économique contre la Russie.

A la lecture de mon texte du 24 avril, nous verrons plus clairement la justesse de la phrase de Socrate qui disait que l'ignorance était la source de tous les maux.

 

1 - Les métamorphoses de Dieu, 9 janvier 2015


2 - Le sacré semi animal
, 16 janvier 2015


3 - Les étapes d'une errance
, 23 janvier 2015


4 - Le Dieu sanglant de la Liberté , 30 janvier 2015


5 - Le Dieu Liberté en majesté + L'ombre géante de la Grèce , 6 février 2015


6 - Trois monothéismes traumatisants
, 13 février 2015

 
7 - Le sang des dieux et le nôtre
, 20 février 2015


8 - Nos tributs au Dieu Liberté
, 27 février 2015


9 - Esquisse d'une histoire de l'ignorance
, 6 mars 2015


10 - La France et sa cervelle
, 13 mars 2015


11 - L'abaissement des peuples
, 20 mars 2015


12 - L'Europe des rats et des ragondins
, 27 mars 2015


13 - L'humiliation et la honte de l'Europe américaine
, 3 avril 2015

 
14 - La République des peureux et des tremblants , 10 avril 2015

 
15 - Les religions, miroirs de l'art de gouverner
, 17 avril 2015

 

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Et voilà, on est « la semaine prochaine » :

 

La vassalisation américaine de l'Europe est-elle réversible ?

24 avril 2015

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Pour la première fois de sa longue histoire, le continent européen se sera soumis aux ordres qu'un maître du dehors lui aura ordonné d'exécuter. Puis cette fraction du monde, autrefois prestigieuse, est montée pieds et poings liés sur la scène de sa démission internationale afin de se conformer point par point aux volontés d'un empire étranger. Un asservissement aussi spectaculaire ….

 Suite …

http://aline.dedieguez.pagesperso-orange.fr/tstmagic/1024...

 

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On peut lire (ou relire) aussi :

 

« L’empire américain s’est déjà effondré »

Une interview de Manuel de Dieguez par l’ambassade d’Iran

le 17 mars 2007

 

4. Chute de l'empire.JPG

L'ambassade d'Iran : Vous avez publié une vingtaine d'ouvrages chez les plus grands éditeurs, de nombreux articles dans les colonnes du Monde et quelque quatre-vingts articles de revue. Au lendemain de l'attentat du 11 septembre 2001, vous avez décidé de vous exprimer sur internet, convaincu que ce mode de communication ne manquerait pas de sceller une alliance d'un type nouveau entre la réflexion de fond du philosophe et l'actualité politique la plus brûlante. Vous y mettez une passion intellectuelle qui illustre, à vos yeux, les brèches que seul internet sera en mesure d'ouvrir à la réflexion anthropologique sur la politique de demain. Vous soutenez que le cerveau de notre espèce se trouvant scindé entre le réel et des mondes oniriques, il s'agit d'apprendre à interpréter en anthropologue cette dichotomie fondatrice du sacré. Vous êtes également co-fondateur de l'Encyclopedia Universalis, dont vous avez orienté la philosophie des sciences dans une direction aujourd'hui partagée par les analystes des fondements inconsciemment théologiques de la physique classique. Votre anthropologie critique éclaire les fondements psychologiques de la notion de " théorie de la nature ". Pouvez-vous nous expliquer cela d'une manière accessible au grand public?

Lire ici…

Source : http://aline.dedieguez.pagesperso-orange.fr/tstmagic/1024...

 

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5. LIVRES - Parthénon bannière.JPG

 

Manuel de Dieguez

 

 6. Barbarie.JPG

 

 

La barbarie commence seulement

Ed. du Triolet, 1948

? pages

 

 

 

 

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De l’absurde, essai sur le nihilisme.

Précédé d’une lettre à Albert Camus

Éd du Triolet, 1948

188 pages

 

 

 

 

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L’écrivain et son langage

Gallimard, 1960

350 pages

 

 

 

 

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Rabelais

Seuil, 1960

188 p

 

 

 

 

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Chateaubriand ou le poète face à l’histoire

Plon, 1963

 

 

 

 

 

 

11. De l'idolâtrie.jpg

 

 

 

De l’idolâtrie. Discours aux clercs et aux derviches.

Gallimard, 1969

 

 

 

 

 

 

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La caverne

Gallimard, 1974

1100 pages

 

 

 

 

 

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Le mythe rationnel de l’Occident

PUF -  1980

111 pages

 

 

 

 

 

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L’idole monothéiste

PUF, 1981

 

 

 

 

 

 

À propos de L’idole monothéiste :

La lucidité prophétique de Manuel de Diéguez

Un regard incisif sur le fondement des religions.

Il est des livres qui dispensent une pensée toute faite et d'autres, beaucoup plus rares, qui stimulent le lecteur et l'incitent à penser par lui-même : tels sont ceux de Manuel de Diéguez, philosophe exigeant, solitaire et résolument non conformiste.

Lire la suite…

Source : http://www.oocities.org/dieguezmd/articles/810522mondeliv...

 

15. Et l'homme créa son Dieu.jpeg

 

 

 

Et l’homme créa son Dieu

Fayard, 1984

332 pages

 

 

 

 

 

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Jésus

Fayard, 1985

 

 

 

 

 

 

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Une histoire de l’intelligence. Idéocritique

Fayard, 1986

 

 

 

 

 

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Essai sur l’universalité de la France

Albin Michel, 1991

312 pages

 

 

 

 

 

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Collectif sous la direction de Manuel de Dieguez

Le cerveau

Jérôme Millon, 1993

217 pages

 

 

 

Depuis septembre 2001, Manuel de Dieguez n’a plus rien publié que sur Internet, confiant dans la gratuité de ce moyen de communication nouveau pour assurer une plus grande et plus libre circulation des idées à travers générations, classes, races, religions et philosophies, garant non du choc mais de l’enrichissement mutuel des civilisations.

Recommandons-le et recommandons-nous à la déesse WI-FI.

 

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Jane Ellen Harrison

 

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Prolegomena to the study of Greek religion

Reprint (inédit en français)

Nabu Press, 5 mars 2010

716 pages

 

 

 

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Themis : A study of the social origins of Greek religion

Reprint (inédit en français)

Cambridge University Press, 2010

604 pages

 

 

 

 

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Patrick Rödel

 

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Spinoza, le masque de la sagesse

Climats, 1997

140 pages

 

 

 

 

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Pour solde de tous comptes : Notes acerbes sur la philosophie française du XXe siècle

Édition du Passant (Poche), 2000

 

 

 

 

 

Revue Le passant ordinaire

http://www.passant-ordinaire.com/auteurs/auteur_57.asp

 

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Hommage à Florentino Esteban dit Paco

et autres nouvelles

Confluences, février 2015

160 pages

 

 

 

Vient de sortir :

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Les petits papiers d’Henri Guillemin

Utovie – Avril 2015

240 pages

 

 

 

 

On ne choisit pas sa famille.

Patrick Rödel, philosophe et écrivain, se trouve être le neveu d’Henri Guillemin. Ce qui ne fut pas toujours facile à vivre…

Le portrait qu’il nous donne ici de cet oncle parfois encombrant, est sans complaisance. Impertinent, parfois, sans doute. Irrévérencieux ? Juste ce qu’il faut : pas mécontent le neveu de prendre l’oncle en défaut sur une déclinaison latine !

Mais toujours respectueux, d’un respect fraternel teinté d’humour, jusque dans les petits arrangements qu’on prend avec son histoire et de la trace qu’on veut laisser au-delà des célèbres petits papiers de l’historien.

« Voici venu le moment d’apurer mes comptes avec lui, de dresser le bilan de ce que je lui dois et de ce que je lui reproche, de ce que j’admire en lui et de ce qui, chez lui, me déçoit… ». P.R.

 

Où l’on apprend que la correspondance Guillemin-Mauriac restera, pour le demi-siècle qui vient, interdite aux chercheurs… Arbitraire des familles, enfers pavés de bonnes intentions…

Saint-Just avait souhaité que les enfants fussent enlevés à leurs parents dès l’âge de trois ans pour être élevés par la République. Il n’a pas eu le temps de souhaiter que la propriété intellectuelle des citoyens soit « jointe au patrimoine de la nation » trois ans après leur mort. Nous le faisons à sa place.

 

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En modeste hommage des Grosses Orchades à Manuel de Dieguez, court extrait d’un ouvrage non publié et sans grand intérêt, juste pour le plaisir de lui offrir la plus ancienne image connue de pesée des âmes (et des vies).

 

la kÈre est une destinÉe

 

Dans l’Iliade, les Kères jouent encore un autre rôle : celui de destinées. On peut même dire qu’elles en jouent deux, puisqu’elles y sont les destinées des corps mais aussi des âmes.

Ainsi, quand Achille « eut poursuivi trois fois Hector autour des murs de Troie, Zeus, fatigué, suspendit ses balances d’or et y déposa deux Kères, destins de mort, terrasseuses d’hommes ».

Cette pesée des Kères, dite kerostasia, est la « pesée des destins de mort », mais il est intéressant de savoir qu’elle réapparaît sous le nom de psychostasia, « pesée des âmes ».

Dans une pièce perdue d’Eschyle racontée par Plutarque se produisait une situation analogue, où il n’était plus question d’Achille et Hector, mais d’Achille et Memnon. À la représentation, les spectateurs pouvaient voir, de chaque côté de la balance, les mères des héros, Thétis et éos, priant pour leurs fils. Zeus et sa suite apparaissaient dans les airs, suspendus à une grue, et le public ne s’y trompait pas, car il voyait clairement dans les balances, que le futur vaincu, Memnon, avait une Kère noire et ridée, tandis que celle d’Achille était brillante et juvénile. Cette scène de kérostase (ou de psychostase) apparaît aussi sur des vases peints.

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Sur celui-ci (il est au British Museum), ce n’est pas Zeus mais Hermès qui tient la balance. Dans chacun des plateaux se trouve la Kère ou eiddon d’un des deux combattants. Ce lekytos à figures noires est la source la plus ancienne qui nous parle de kérostase.

 

Mes lecteurs auront aussi fait le rapprochement qui s’impose avec les nombreuses pesées d’âmes de l’art égyptien par le dieu-chien Anubis, en présence d’Osiris, dieu des morts, un des plateaux de la balance étant toujours occupé par la déesse-plume Maat.

On peut ajouter encore qu’Hésiode attribue aux Kères le rôle qu’Homère adjuge aux Erinyes, celui de destinées vengeresses. En les nommant Clotho, Lachesis et Atropos, il les assimile même aux Parques. Ainsi dit-il, dans Les Traveaux et les jours : « C’est alors que l’étoile du chien monte et brille au milieu du jour, pendant un court instant, sur les têtes des hommes nourris par les Kères », l’idée étant que chaque homme abrite en son sein une Kère, une chose qui le nourrit, et qui en le nourrissant le tue. Il est « nourri par la vie, pour la mort qui l’attend au bout ». La fonction de la Kère-Destinée est ainsi très clairement double : l’allusion aux Parques est on ne peut plus précise sur ce point.

 

C. L. Arduinna ou La Bête du Staneux fut-elle pour quelque chose dans le Congrès de Polleur ? (avec emprunts éhontés à Jane Ellen Harrison Prolegomena to the study of Greek religion, Cambridge, 1903.)

 

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Et la déesse Midum, ennemie d’Athéna, vous connaissez ?

 

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La pérennité des tyrannies et l’entêtement des servitudes volontaires incarnés sous un même uniforme : Inquisition capitaliste néo-conservatrice en Iraq au nom de la déesse Midum (Main Invisible Du Marché), qu’on appelle aussi I-Hô-Them, divinité des vertus de cruauté et d’avidité. Les maîtres de ces esclaves leur ont affirmé que Midum était de leur côté. Sur cette photo, on voit les esclaves, en habits sacerdotaux, en contemplation devant Midum. Ils affirment avec conviction ne pas voir la déesse, ce qui démontre hors de tout doute, à leurs yeux, qu’elle existe bel et bien puisqu’elle est invisible – contrairement à la torture à laquelle ils se livrent et à laquelle ils soumettent les Iraqiens, qui, elle, est devenue visible – et pour cette raison, n’existe pas. Les fidèles de Midum ont conservé le symbole de la Crosse – mais l’ont cependant hornée (pardon : ornée) d’un impressionnant et long doigt universel visible, apparemment inspiré de l’Index : le Doigt Canon. Leur devise : Fais ce que Doigt. C’est majeur. Il y aurait un lien occulte entre cette devise et le pas de marche militaire dit « pas de lois ».

Source : http ://electrodes-h-sinclair-502.com/2009/06/19/la-...

 

Ne désespérons pas… les Grecs s’en occupent !

 

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Curiosité :

 

Des Pussy Riots hexagonales soft

 

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ou

Quand Les Actes des Apôtres se déguisent pour de rire en Comité de Salut Public

ou

Quand E&R, les Antifaspronazis et la Chouannerie new look font de la propagande...

 

... pour Moscou et Washington à la fois (c’est pas beau de bouffer à tous les râteliers), il y a forcément une des deux capitales qui est baisée.

 

42. loup-vengeur-masque.gif

http://www.lecomitedesalutpublic.com/laissez-vivre-la-rus...

42. loup-vengeur-masque.gif

http://www.lecomitedesalutpublic.com/la-loge-des-jacobins/

 

Bref, si Alexander Sobyanin a raison, il jette ses roubles remontés par les fenêtres, Volodia (c’est pas beau de prendre les Français pour des cruches, il y en a qui ne le sont pas).

 

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Suggestion des Grosses Orchades :

Et si elles épousaient Fred Vargas ? Le mariage même-genre polygamique, on n’a pas encore essayé…

Elle est moche ? On sait, chéries, on sait. Mais Hillary et Madonna sont hors de prix. Et elles aussi sont moches.

 

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À part ça :

 

Les nouvelles sont mauvaises d’où qu’elles viennent…

Quelques images qui valent des tonnes de mots.

KIEV : Trois journalistes assassinés en un jour. Rien dans les merdias. Aucun ne s’appelait Charlie.

 

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Le mur de la MÉditerranÉe ou assassinat institutionnel de masse de l’Union Européenne :

 

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We have a dream…

32. Europe en Méditerranée.jpg

On a fauché tout ça à Michel Collon et à ses lecteurs.

http://www.michelcollon.info/

 

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Mais les humiliÉs et les offensÉs ne sont pas du genre À baisser les bras

Soumis à l’embargo de l’occupant, des pêcheurs de Gaza inventent le moyen de leur survie !

 

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Ces jeunes pêcheurs de Gaza, n’ayant aucun moyen de remplacer leurs barques de pêche détruites, ont eu l’idée de s’en fabriquer avec des bouteilles en plastique de récup. Leur ingéniosité devrait leur permettre de ramener à nouveau un peu de poisson pour nourrir leurs familles.

Nécessité, déesse-mère des inventions.

 

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Assemblage des bouteilles

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On met la barque de fortune à la mer.

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Et… ça flotte !

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Bon vent !

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L’actualité n’en finissant pas d’inventer des choses qui n’ont rien à voir avec la raison, que faire d’autre qu’en rendre compte ?

 

La Force « arabe » de Défense commune

par Thierry Meyssan

De nombreux États et personnalités qui avaient pris position au début de la guerre du Yémen se sont ravisés. Se gardant de se positionner automatiquement selon le clivage sunnites/chiites, ils appellent au cessez-le-feu et à une solution politique. Derrière cette guerre inutile se cache en effet le projet de création d’un Otan arabe… sous commandement israélien.

Réseau Voltaire International | Damas (Syrie) | 20 avril 2015 

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Nabil el-Arabi, secrétaire général de la Ligue arabe, tente d’expliquer le projet de Force « arabe » de Défense commune.

 

 

Dans sa Doctrine de Sécurité nationale, publiée le 6 février 2015, le président Obama écrivait : « Une stabilité à long terme [au Moyen-Orient et en Afrique du Nord] requiert plus que l’usage et la présence de Forces militaires états-uniennes. Elle exige des partenaires qui soient capables de se défendre par eux-mêmes. C’est pourquoi nous investissons dans la capacité d’Israël, de la Jordanie et de nos partenaires du Golfe de décourager une agression tout en maintenant notre engagement indéfectible à la sécurité d’Israël, y compris par son avance militaire qualitative » [1].

La lecture attentive du document ne laisse aucun doute. La stratégie du Pentagone consiste à créer une version moderne du Pacte de Bagdad, un Otan arabe, de manière à pouvoir retirer ses forces militaires du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord et les repositionner en Extrême-Orient (le « pivot » contre la Chine).

Lire la suite…

Source : http://www.voltairenet.org/article187351.html

 

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Les relations secrètes entre la France et la Syrie

Réseau Voltaire International | 20 avril 2015 

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Qui a du goût pour les interviouveurs mal élevés (arrogants, grossiers et surtout inconscients) peut cliquer sur le lien.

 

Dans un entretien avec la télévision publique française, France2, qui sera diffusé le 20 avril à 20h, le président Bachar el-Assad évoque les relations secrètes actuelles entre son pays, la République arabe syrienne, et la France.

Au cours des dernières semaines, des signaux contradictoires ont été émis qui attestent de divisions au sein de l’Exécutif :

• Un émissaire français s’est rendu à Damas sous le contrôle du président François Hollande. Il y a été reçu par le chef des services secrets, le général Ali Mamelouk.

• Le gouvernement français, dirigé par Manuel Valls, a vendu pour plusieurs millions d’euros de marchandises à la Syrie bien qu’il ait décrété un embargo contre cet État.

• Dans le même temps, l’Élysée et le Quai d’Orsay continuent activement de soutenir
- al-Qaïda en Syrie (le Front al-Nosra)—y compris par des fournitures d’armes et la présence de conseillers militaires—, alors même que la France a fait inscrire cette structure sur la liste des organisations terroristes des Nations unies ;
- les Frères musulmans, une société secrète qui travaille pour la CIA depuis 1953 et a déjà tenté de renverser la République arabe syrienne en 1982.

En 2010, la France et le Royaume-Uni ont préparé pour le compte des États-Unis les événements qui furent médiatisés comme une « révolte populaire » contre la République arabe syrienne et justifièrent aux yeux des opinions publiques occidentales et du Golfe quatre années de guerre. La France et le Royaume-uni portent ainsi la responsabilité première dans un conflit international qui a déjà fait plus de 80 000 morts parmi l’Armée arabe syrienne (soit plus que les guerres livrées par Israël) et plus de 140 000 morts parmi les civils.

Source : http://www.voltairenet.org/article187381.html

 

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41. Heureux 1er Mai GIF.gif

quand même aux survivants temporaires !

 

 

 

Mis en ligne le 26  avril 2015

 

 

 

 

 

 

 

16:46 Écrit par Theroigne dans Actualité, Général, Loisirs, Musique, Web | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook |

20/04/2015

LOUONS MAINTENANT LES GRANDS HOMMES

1. bombardement d'Alicante 1938.JPG

 

Louons maintenant les grands hommes

 

 Pour mémoire :

Let us now praise famous men est un livre de James Agee, écrivain et de Walker Evans, photographe. Leur titre est une citation de Siracide, aussi appelé Ben Sira, ou encore L’Ecclésiaste, qui disait « Et maintenant, celébrons les grands hommes glorieux qui nous ont engendrés ».

 USA 1936. Grande Dépression. New Deal. F.D. Roosevelt veut que l’on enquête sur les populations les plus pauvres du pays et sur le moyen de les aider. Le magazine Fortune commande ce travail à plusieurs journalistes et photographes. Seuls, Agee et Evans feront de cette enquête une œuvre. Les « hommes » dont il est question sont trois familles de métayers blancs du Sud profond et le livre témoigne de leur extrême misère. Fortune ne le publiera pas. Nous lui empruntons son titre.

 Pour en savoir plus :

http://fr.wikipedia.org/wiki/Louons_maintenant_les_grands_hommes

 

2. etoile-polaire.GIF

 

Notre post d’aujourd’hui n’a d’autre but que de célébrer de grands écrivains qui viennent de nous quitter et les 27 millions de martyrs soviétiques à qui nous devons d’avoir été libérés du nazisme allemand, si pas du nazisme tout court.

 

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Comme on le sait, les maîtres néocons US n’ont eu qu’à tirer un coup sur la laisse pour que, ne reculant devant aucune bassesse, les gouvernements caniches d’Europe fassent savoir à celui de la Fédération de Russie qu’ils n’assisteraient pas, merci, aux célébrations du 70e Anniversaire de la Victoire de l’URSS et un peu des Alliés sur le IIIe Reich.

Cette insulte a au moins le mérite de ne plus laisser subsister aucun doute sur la vérité historique la plus massivement occultée, à savoir, que le but réel de la IIIe Guerre mondiale a bien été de détruire l’URSS et de s’emparer de tout ce qu’elle représentait : territoires, richesses, populations d’esclaves potentiels, après avoir préemptivement détruit tout ce qui tendait à l’égalité-fraternité en Espagne, et qu’Adolf Hitler, Benito Mussolini et leurs troupes ne furent jamais que le bras armé de ces bourgeoisies du capital baptisées en leur temps, par Philippe Buonarroti, « Parti de l’égoïsme ». Quiconque en doute encore doit se référer sans tarder à Mme Annie Lacroix-Riz, à MM. Jacques Pauwels, Henri Guillemin et aux quelques autres, très rares, que clamer la vérité dans le désert n’a pas rebutés.

 

Répondre au mépris à l’égard du Jour de la Victoire.

Mikhaïl Vassilievitch Demourine – IA Regnum 8 avril 2015

 

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Celui qui écrit ces lignes est un homme politique, un publiciste et un diplomate de formation. Il est le premier fonctionnaire russe à qui l’Union Européenne ait appliqué des « sanctions » (en droit international : agression, acte de guerre.) en matière de visa, en 2004  Il a quitté le service diplomatique en 2005, en désaccord avec ce qu’il estimait être l’inconséquence de la politique de la Russie envers les pays baltes.  Il développe ici un propos mesuré mais très ferme et argumenté, au sujet des (scandaleuses) réactions occidentales à l’invitation de participer aux cérémonies du 70e anniversaire du Jour de la Victoire.

Il faut répondre, dit-il, aux dirigeants étrangers qui ont décliné l’invitation de participer à la célébration du Jour de la Victoire, en excluant de cette dernière leurs ambassadeurs à Moscou.

Cela va sans dire et mieux encore en le disant.

Le problème qui s’est fait jour autour de l’invitation des représentants étrangers aux cérémonies consacrées au 70e anniversaire du Jour de la Victoire a engendré une situation idiote, aux relents mauvais. Alors que je travaillais au Ministère des Affaires étrangères, je me suis prononcé, en 2004, contre l’invitation généralisée des Européens au soixantième anniversaire. Pour quelle raison devrions-nous en effet amener sur la Place Rouge, en cette journée pour nous chérie et sainte entre toutes, ceux qui sont incapables de prendre conscience, ni par l’esprit ni par le cœur, de la signification qu’elle revêt à nos yeux, et plus encore, qui raillent notre fête, que nous célébrons pour honorer les exploits et les sacrifices de nos pères et grands-pères ? Je pense que dans le meilleur des cas, quelques milliers d’Européens seulement, ou même quelques centaines, comprennent que pour le peuple de l’Union Soviétique, la Victoire ne fut pas tant triomphe (bien que triomphe elle fut évidemment aussi) que salut. Nos pertes furent immenses, particulièrement en ce qui concerne les simples citoyens civils exterminés au cours de l’invasion allemande. Ces pertes ne sont pas comparables à celles subies, disons par les Pays-Bas, où elles équivalaient à zéro en cas de non-résistance. Dans les régions concernées, ce furent jusqu’à 80% de nos concitoyens qui furent éliminés, comme en disposait le plan «Ost».

 

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Ceux qui subirent l’occupation allemande en Europe de l’Est et du Sud-est (mais non pas, évidemment, ceux qui la vécurent en qualité d’auxiliaires des occupants) ainsi que leurs enfants, sont les seuls à comprendre de façon adéquate ce qui s’est produit, tant chez eux, que dans la partie européenne de l’URSS au cours des années de la Seconde Guerre Mondiale. La mémoire humaine a  la propriété de s’effriter. Mais c’est de manière intentionnelle qu’au cours des dernières décennies, la juste compréhension du sens de cette guerre a été lessivée jusqu’à disparaître des cerveaux européens.

Ce qui s’est produit récemment en République Tchèque est significatif à cet égard. Le Président Zeman s’est élevé contre le diktat américain non seulement de par le caractère humiliant de ce dernier pour le dirigeant d’un État souverain, mais, j’en suis convaincu, parce qu’il a voulu prendre position au sujet de l’objet de ce diktat. Pour le Premier Ministre tchèque Sobotki, beaucoup plus jeune, une telle prise de position officielle sur les plans historique, politique et culturel prend une valeur nettement moins importante.

Tous les politiciens étrangers qui ont décliné l’invitation des autorités de Russie pour le 9 mai l’ont fait sur la base d’une discipline proaméricaine, mais aussi compte tenu de leurs situations spécifiques respectives. Celle de Varsovie est caractérisée par une haine séculaire vis-à-vis de Moscou, liée à la perte de nombreuses possibilités historiques du fait de sa tendance destructrice à envisager sa liberté comme étant en premier lieu la liberté de porter préjudice à la Russie. Que la Pologne étudie donc l’histoire. Qu’elle apprenne que chaque fois qu’elle a pris part à une coalition contre la Russie, et d’autant plus lorsqu’elle en a été l’initiatrice, elle a récolté une défaite historique. Mais tout cela ne lui vient pas à l’esprit.

Quant à ceux qui jouent aujourd’hui un rôle de premier plan dans les pays baltes, leur revanchisme pronazi ordinaire les incite à fonder leur «idée nationale» sur les exploits non pas de ceux qui libérèrent l’Europe du nazisme, mais de ceux qui furent les ennemis de l’Armée Rouge et qui se noyèrent ignominieusement dans l’oubli avec leurs maîtres hitlériens.

Pour l’élite du «petit frère» bulgare, c’est devenu une triste règle historique que de se retrouver à chaque moment critique de l’histoire au côté des ennemis de ceux qui les libérèrent du joug ottoman.

La haine secrète des Anglo-saxons à l’égard de Moscou provient de ce qu’au milieu du siècle dernier, elle fut non seulement la plus puissante sur les plans militaire et économique, mais qu’elle déjoua leurs projets politiques, dès l’entrée en guerre, et jusqu’à la fin de celle-ci, ce qui pour leur morgue «d’arbitre du monde», fut doublement insupportable.

Pour ce qui concerne l’Occident dans sa globalité, il faut évidemment être doté d’un courage intellectuel et moral certain pour admettre l’idée que les Européens s’avérèrent incapables de venir à bout par eux-mêmes du phénomène du national-totalitarisme, qui a grandi sur le sol européen et s’est nourri des sucs de ce dernier, et non de ceux de qui d’autre que ce fut. Il en va de même pour qu’ils admettent que la tâche fut menée à bien par ceux qu’ils considéraient appartenir à une «civilisation» largement inférieure à la leur. Au sein du Vieux Monde, et outre Atlantique, il y eut des politiciens dotés d’un pareil courage, et qui voulaient vraiment se débarrasser de la répugnante peste hitlérienne. Nous les connaissons. Nous nous souvenons d’eux. Mais aujourd’hui ce sont les descendants politiques et spirituels de ceux pour qui cette peste n’était pas du tout repoussante qui ont pris le dessus. En tous cas, elle était acceptable dans la mesure où elle contribuait à résoudre enfin le soi-disant «problème Russie», ce monstre incompréhensible, immense, qui faisait face à l’Europe et refusait on ne sait pourquoi de se soumettre à elle. Aujourd’hui, ils recherchent une nouvelle peste du même genre, pour «remettre la Russie à sa place».

Revenons maintenant à nos invités étrangers à la cérémonie du 9 mai. Comme je l’ai déjà dit, il eut mieux valu ne pas les convier, comme firent, en admettant de rares exceptions,  nos pères, qui portèrent cette guère sur leurs épaules. Ils comprenaient clairement qui devait participer à leur célébration. Nous devrions préserver cette tradition et nous en tenir à l’échange de délégations officielles à cette occasion, et seulement dans les cas où existe un intérêt mutuel. Mais une fois l’invitation lancée, donnons-y suite sérieusement. Ne réduisons pas cela à une occasion de se montrer, mais soulignons clairement une solidarité à l’égard du sacrifice et de l’exploit des vainqueurs du mal le plus effrayant qui ait jamais paru sur notre planète. Laissons pour l’opinion publique des pays respectifs de messieurs les dirigeants étrangers, le verbiage selon lequel bien sûr nous reconnaissons «la part» de la Russie dans l’écrasement du nazisme, mais non, nous n’irons pas à Moscou car nous n’approuvons pas la position du pouvoir russe quant à la situation en Ukraine. Car on ne peut s’y tromper longuement ; pour les gens sains d’esprit, il est évident que dans le Sud-est de l’Ukraine se déroule une lutte pareille à celle que menèrent les peuples de l’URSS entre 1941 et 1945. Ceux qui mènent ce combat le font dans le but de pouvoir déterminer leur propre destin, et ils luttent contre ceux qui, s’appuyant sur le soutien de l’Occident, veulent supprimer ce droit et imposer leur propre volonté. Et exterminer ceux qui ne seront pas d’accord.

Que proposerais-je donc de faire vis-à-vis de ces pays dont les dirigeants déclinent sur la base de motifs politiques, l’invitation à participer aux cérémonies de commémoration du Jour de la Victoire à Moscou ? Interdire à leur ambassadeur de participer à ces cérémonies. Vous voulez être à cheval sur les principes ? Et bien nous le serons jusqu’au bout ! Pourquoi ferions-nous preuve de respect à l’égard de ceux qui ne respectent pas ce qui pour nous est sacré ? Ne plus inviter les représentants de tels pays aux cérémonies va tout simplement de soi. Jusqu’à ce qu’ils en fassent eux-mêmes la demande. Il viendra un temps où la Russie sera forte. Alors ils demanderont !

Mais si les ambassadeurs de ces pays sont admis à ces cérémonies, la situation n’en deviendra que plus perverse : on crache sur nous, nous nous essuyons et nous sourions. La ligne de front politique et idéologique traverse aujourd’hui la question du sens de la Victoire du peuple Soviétique lors de la Grande Guerre Patriotique contre l’Allemagne nazie et ses alliés. «Fraterniser» par-delà cette ligne de front est inacceptable. Sinon, la chute nous attend.

Source :  http://reseauinternational.net/repondre-au-mepris-a-legar...

 

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Parade de la Victoire Moscou 1945 - Парад Победы

 

Ceci est l’original de la bande d’actualités filmée à Moscou le 9 mai 1945, sans « re-mastering ».  Si vous la visionnez en entier, au bout de 7 minutes 50’ et de 19 minutes 50’ environ, vous verrez les drapeaux pris à l’ennemi avec leur croix gammée, l’emblème bien connu, qui est resté, aujourd’hui, celui des nazis ukrainiens (et des nazies ukrainiennes, n’oublions pas les jolies femmes qui posent pour Elle).

Puis, à la minute 34, lorsque, après le défilé au son de « Stenka Razine », ils jettent les drapeaux par terre, on revoit le sigle à nouveau utilisé aujourd’hui en notre nom par notre Pravy sektor et nos bataillons privés d’Ukraine.

 

 

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« Le gÉnie, le gÉant, le gÊneur »

« L’INCOMMODE TÉMOIN DU XXe siècle »…

 

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Le 21 mars dernier, en compagnie de Grita Löbsack, épouse de son traducteur espagnol Miguel Saenz, qui allait lui servir d’interprète, un journaliste d’El Païs s’est rendu à Lübeck, dans la maison où vivaient Günter Grass et son épouse Ute.

Les visiteurs furent reçus avec des douceurs sucrées faites maison, d’après une recette laissée par le premier mari d’Ute, récemment venu lui aussi en visite. Ils avaient apporté avec eux un jambon serrano, dont Grass s’était aussitôt mis à « jouer », lui trouvant la forme d’une mandoline italienne. Il était allègre, attentif au monde comme jamais et plein de projets, tels que par exemple retourner au Cercle des Beaux-Arts de Madrid exposer ses dernières œuvres. Il devait s’aider d’un respirateur mais continuait de fumer la pipe. Quelques jours plus tard, une pneumonie l’envoya à l’hôpital, et c’est elle qui eut le dernier mot.

 

Günter Grass : « La douleur est la cause principale qui me fait travailler et créer. »

 

Transcription de l’interview inédite accordée par l’écrivain allemand au journal espagnol El Païs, en sa maison de Lübeck, le 21 mars dernier.

 

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Question : En tant qu’être humain, que vous apporte l’écriture quotidienne de poèmes ?

Réponse : Mon premier livre est sorti dans les années 50 et ce fut un livre de poésie avec des dessins. Ce n’est que plus tard que j’ai commencé à écrire un roman : Le tambour. À cette époque, je vivais à Berlin où j’étudiais la sculpture. J’écrivais un roman, et quand je l’achevais, il me fallait changer de moyen d’expression. À ce moment-là, c’était la poésie, parce que je me rendais compte que, en m’identifiant à tant de personnages de mes romans, je m’éloignais de moi-même. Et je voulais y revenir et aussi me mesurer à moi-même, en quelque sorte.

Q : Et vous dessiniez.

R : Quand j’avais dessiné pendant longtemps, il me fallait revenir aux mots, à la poésie. Il me fallait revenir à la rencontre de moi-même et aussi du lieu où je me trouvais, parce que toute mon activité antérieure m’avait éloigné de moi.

Q : Que trouvez-vous, quand vous revenez à vous-même ?

R : Dans les années 50 et 60, j’ai dû me mettre à porter des lunettes, et j’ai écrit un poème où j’y faisais allusion. Dans ce poème, je dis que tout est plus précis mais… en oblique, que les impuretés se voient avec plus de netteté. Et avec les années qui passent aussi, je me rends compte des progrès de l’âge, d’une certaine fatigue des matériaux du corps, et qu’il faut recourir à un atelier de réparation. En même temps, j’acquiers la conscience de ce que tout est « fini », a des limites.

Q : Vous avez toujours eu cette impression, même dans votre jeunesse ?

R : Pour moi, cela a été très clair très vite, parce que, philosophiquement, je n’étais pas sous l’influence de Heidegger mais de Camus. C'est-à-dire que nous vivons maintenant et, maintenant, nous avons la possibilité de faire quelque chose de notre vie. C’est Le mythe de Sisyphe, que j’ai découvert après la guerre. Au fil des années, je me suis rendu compte que nous avons la possibilité de nous auto-détruire, chose qui auparavant n’existait pas, on disait que c’était la Nature qui causait les famines, les sécheresses, toutes choses dont la responsabilité ne nous incombait pas. Pour la première fois, nous sommes responsables, nous avons la possibilité et la capacité de nous annihiler et nous ne faisons rien pour que le monde échappe à ce péril. À côté de la misère sociale qu’il y a maintenant partout, voilà que nous avons le problème du changement climatique, dont nous ne tenons même pas compte des conséquences. On organise une réunion après l’autre et la problématique reste la même : on ne fait rien

Q : Et les problèmes augmentent.

R : On doit y ajouter le problème de la surpopulation. Tout ça mis ensemble me fait me rendre compte de ce que les choses sont limitées, de ce que nous ne disposons pas d’un temps indéfini, Si on tient compte de la durée d’existence de notre planète, il nous faut reconnaître que nous sommes des invités qui y passons un temps très court et déterminé, et que la seule chose que nous allons laisser derrière nous est une poubelle à ordures atomique… Dans les années 70 et 80, j’ai écrit deux romans épiques, Le turbot et La ratte : la capacité de l’homme à s’autodétruire est reflétée par ces romans.

Q : Il n’y a pas un seul de vos livres de prose qui n’aille au centre de votre propre vie, depuis Le tambour jusqu’à Pelures d’oignon ou En crabe… La fiction vous sert à raconter votre réalité intérieure…

R : Oui, et c’est pourquoi je tiens à dire que ce nouveau livre qui va sortir en automne est fait de textes brefs dans lesquels je veux montrer la relation intense qu’il y a entre la prose et la poésie. Normalement, les germanistes séparent les genres. Moi, je veux les voir réunis, parce que je crois qu’ils sont liés : les frontières entre la prose et la poésie, pour moi, ne sont pas définies, elles sont fluctuantes.

Q : Cette association vous permet de mieux dire ce qui vous arrive ?

R : De ma mère, j’ai hérité deux talents : pour moi, ça n’a jamais été un problème de laisser une chose pour m’adonner à une autre… Je veux dire que j’ai deux talents et qu’avec beaucoup de travail, je dois les développer et essayer de m’exprimer en me servant des deux. Choisir entre une chose et une autre n’a jamais été une alternative mais un enrichissement. Par exemple, si j’écrivais pendant longtemps, j’avais la sensation que la sculpture me ferait beaucoup de bien, parce qu’elle exprimait quelque chose de tous les côtés à la fois, quelque chose qui était dans l’espace. Beaucoup de mes poèmes commencent par un dessin : quand l’idée d’une métaphore me vient, je la concrétise sur le papier, et tout de suite, j’en fais un dessin, pour voir si elle tiendra la route ou pas. En composant Trouvailles pour gens qui ne lisent pas [117 aquarelles et 131 poèmes courts, à notre connaissance inédit en français, NdT], je peignais des aquarelles et, avant même qu’elles soient sèches, je commençais à écrire des poèmes de quatre ou cinq lignes. C’est un bon exemple de la manière dont les disciplines (peinture, écriture) se mélangent et s’enrichissent mutuellement.

 

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2005 - Vernissage d’une exposition de ses dessins (Luxembourg, Galerie Clairefontaine)

 

Q : Humainement, que signifie le travail, pour vous ?

R : Vous avez lu mes livres, et vous savez, comme je l’ai dit dans Pelures d’oignon, qu’à seize ans, j’ai survécu par pur hasard, qu’en trois ou quatre semaines de temps, pendant la guerre, j’ai eu cinq ou six fois l’occasion de mourir comme tant d’autres de mon âge. J’en ai encore conscience aujourd’hui. Travailler le plus possible m’aide à me prouver à moi-même que j’ai survécu, que  j’existe et que je continue à vivre, que je suis vivant.

Q : Tout à l’heure, vous avez mentionné Camus. L’œuvre de Camus est une explication ou une expiation de la douleur, une recherche de la survie à travers la littérature. Camus, vous l’appréciez pour cette même attitude ?

R : L’essai sur le mythe de Sisyphe décrit le travail : ce qui est horrible, c’est de soulever le rocher en sachant que cela ne sert à rien, puisqu’il va quand même retomber ; cependant, Sisyphe n’a d’autre possibilité que de le soulever, puisque, s’il ne le fait pas, il sera sans fonction. Camus termine cet essai en disant qu’on peut considérer que Sisyphe était un homme heureux… Pour moi, c’était très important, c’était une nouvelle interprétation du mythe réellement passionnante ; toute la cause, au fond, est dans la douleur. Chaque personne a sa propre situation, et je me suis rendu compte que non seulement je pouvais m’exprimer artistiquement, mais que je devais traiter des thèmes déterminés : celui de ma jeunesse et de la capitulation sans conditions de l’Allemagne, avec la destruction totale de toutes ses maisons mais aussi l’effondrement total de ses habitants.

Q : Une histoire de douleur.

R : Pendant toute ma vie et jusqu’à ce jour, c’est toujours la même chose. Et ce qui est incroyable, c’est que l’histoire de l’Allemagne est une histoire sans fin, parce que l’Holocauste et le génocide sont des crimes horribles ; ils sont une histoire qui ne finit jamais. Nous le voyons bien aujourd’hui en Grèce : une fois de plus, nous sommes confrontés aux problèmes des horreurs causées par les soldats allemands pendant l’occupation… Cette histoire nous suit et nous suit encore… C’est pourquoi j’en reviens une fois de plus au thème de la douleur de Camus : la douleur est la cause principale qui me fait travailler et créer.

Q : Camus a cette phrase : « la belle chaleur qui régnait sur mon enfance m’a privé de tout ressentiment » [L’envers et l’endroit, Préface. NdT]. Votre enfance à vous a-t-elle aussi été capitale pour le développement ultérieur de votre œuvre littéraire ?

R : Dans Pelures d’oignon, il y a une nécrologie de ma mère. Elle est morte d’un cancer à 57 ans. J’étais retourné voir mes parents et ma sœur deux ans après la guerre. Ma mère, ils l’avaient expulsée de Dantzig. Quand je l’ai revue, c’était une femme brisée et vieille…. Quand j’étais petit, je lui racontais beaucoup d’histoires qui sortaient de mon imagination, et l’imagination des enfants est très fertile. Elle disait : « Mensonges d’enfant ». Mais, dans le fond, ces mensonges lui plaisaient. Je lui disais toujours que, quand je serais majeur et que j’aurais de l’argent, je l’emmènerais dans des pays merveilleux et tout ça… Mais comme elle est morte si tôt, je n’ai jamais pu lui prouver que je disais la vérité… Jamais je n’ai rien pu faire pour elle… Elle a été malheureuse quand je lui ai dit que je voulais devenir artiste, mon père y était complètement opposé, mais elle m’a toujours soutenu, et moi, j’ai été malheureux pour elle. Aujourd’hui encore, je suis malheureux de n’avoir rien pu faire pour elle de ce que je lui avais promis. J’ai un complexe maternel prononcé : je ne suis jamais allé chez le psychiatre et c’est la source de toute ma créativité.

Q : Vous dites que, dans Pelures d’oignons, vous racontez l’histoire d’un jeune homme (vous) qui aurait pu mourir et disparaître. Ce n’est pas arrivé, vous êtes là. Mais, d’une certaine manière, est-ce que cette guerre ne vous a pas blessé pour toujours, vous et votre génération ?

R : Sûrement, oui. Nous avons tous été marqués par la IIe Guerre mondiale. Et ses effets les plus terribles sont ceux à long terme… qui n’en finissent pas. C’est pourquoi ma génération est plus attentive aux problèmes du présent, puisqu’il semble que nous nous dirigions vers une IIIe Guerre mondiale sans pouvoir dire comment elle a commencé. La IIe Guerre mondiale a commencé par l’entrée de l’Allemagne en Pologne, mais, au fond, elle avait déjà commencé avec la Guerre d’Espagne. Pour l’Allemagne, l’Italie, l’URSS et les autres, la Guerre Civile espagnole fut l’occasion de tester leurs armes dans un conflit concret. Lorsqu’elle s’est achevée, en 1939, a commencé la IIe Guerre Mondiale. En 1936, le Japon avait commencé par entrer en Mandchourie, puis, de là, en Chine, et on sait quels horribles massacres se sont perpétrés… sans compter qu’il y avait encore d’autres foyers de guerre en Asie… Aujourd’hui, nous avons, d’une part, l’Ukraine, dont la situation ne s’améliore en aucune manière ; en Israël et en Palestine, c’est tout le temps pire ; le désastre que les Américains nous ont laissé en Irak, les atrocités de l’Armée Islamique et le problème de la Syrie, où les gens continuent à se battre même s’ils ont disparu des informations… Il y a la guerre partout, nous risquons de commettre à nouveau les erreurs du passé, dès que nous serons entrés comme des somnambules dans une IIIe Guerre mondiale.

Q : Vous avez écrit Mon siècle sur le XXe siècle et ses méfaits. Ce XXIe siècle prolonge les méfaits et le fanatisme est un lieu commun. Est-il la méchanceté humaine du XXIe siècle ?

R : J’en doute. Je ne dis pas du tout que celui-ci est bon et que celui-là est mauvais, ce serait par trop simplifier les choses… Bush a été un problème… Bush parlait du mal et il ne faisait rien pour y trouver une solution : il conduisait au manichéisme, au blanc et noir…  Ce qu’il faut faire, c’est se rappeler les origines de cette histoire. Par exemple, que s’est-il passé après la Ière Guerre mondiale ? L’empire ottoman s’est effondré, on a morcelé les Balkans et le pétrole est devenu primordial. L’Irak, auparavant, n’existait pas, il a été inventé de toutes pièces par les puissances coloniales victorieuses… La Palestine est devenue un protectorat anglais, de même que la Syrie est devenue un protectorat français. Et l’Holocauste a généré le problème palestinien. Tout cela, au fond, n’a été qu’annexions de territoires et, jusqu’au jour d’aujourd’hui, tous les problèmes sont nés de l’attitude des vainqueurs de la Ière Guerre mondiale.

Q : Peut-on espérer que l’homme sera meilleur au XXIe siècle ? Il semble régresser, et vous, en prédisant la IIIe Guerre mondiale, semblez voir l’avenir avec pessimisme.

R : Ce n’est pas du pessimisme. Je me base sur l’expérience et sur les fautes que nous avons commises, quelque chose qu’on peut vérifier historiquement, c’est pourquoi je doute que l’homme s’améliore. Que l’homme soit capable d’apprendre des erreurs du passé est une autre chose. Par exemple, regardons le conflit avec la Russie. Depuis l’effondrement de l’URSS, qui fut un désastre, sont apparus Eltsine et Poutine ! Après quoi sont venus Poutine et Poutine ! Poutine a surgi en 88 et en 90, quand tout s’écroulait, quand en dépit de tous les engagements occidentaux, l’OTAN l’encerclait de plus en plus près. Or, il y a des traumatismes russes, depuis Napoléon et depuis la IIe Guerre mondiale et les 27 millions de morts qu’y causèrent les Allemands, et voilà qu’ils se retrouvent à nouveau encerclés par l’ennemi. Je ne dis pas que ce qu’ils ont fait en Crimée se justifie, c’est injustifiable, mais il faut les comprendre, et c’est ce que nous devons absolument faire : comprendre la Russie.

Q : Et nous ne la comprenons pas.

R : Nous avons perdu la capacité de comprendre les erreurs que nous avons commises depuis 1989. Après la chute de l’URSS, le Pacte de Varsovie s’est dissout, mais l’OTAN a continué imperturbablement, comme si rien ne s’était passé. Il n’y a eu aucune tentative sérieuse pour créer une nouvelle alliance de sécurité incluant la Russie, et ce sont là des échecs terribles. On promet à l’Ukraine qu’elle fera partie de l’Union européenne et qu’ensuite, elle entrera dans l’OTAN. C’est logique, c’est normal que la Russie réagisse avec nervosité. Toutes les réactions de Poutine ont des causes et, puisqu’en Europe, nous avons pris l’habitude de collaborer économiquement et financièrement, il aurait fallu que nous suivions aussi une politique extérieure commune. Malheureusement, nous dépendons beaucoup trop des désirs des Américains, et les États-Unis sont loin de nous et de ce que nous devrons faire. Si les Républicains arrivent au pouvoir, il y aura une nouvelle course aux armements, et il y aura une fois de plus un ennemi terriblement menaçant aux portes de la Russie.

Q : Vous avez créé beaucoup de métaphores. Celle qui a le plus marqué est celle d’Oskar Matzerath. On a l’impression que ce personnage, qui ne voulait pas grandir ni se mêler au monde adulte, refuserait de grandir aujourd’hui aussi…

R : La différence entre le XXe et le XXIe siècles est que le XXe a été caractérisé par ses idéologies, et pas seulement par le fascisme italien, le national-socialisme allemand et le communisme, mais aussi par l’american way of life et par le capitalisme dominant. La seule de toutes ces idéologies qui soit restée est celle du capitalisme et le capitalisme est capable de changer. Cependant, le capitalisme est en train de se détruire : toutes ces quantités irrationnelles d’argent qui passent par le monde entier et qui n’ont rien à voir avec l’économie réelle. Cette irrationnalité n’était pas aussi marquée au XXe siècle. Oskar serait aujourd’hui une personne différente et il lui faudrait luttrer contre des résistances différentes. De plus, il serait plongé dans des milieux complètement différents. Au XXe siècle, Oskar provenait d’un milieu prolétaire et petit-bourgeois et c’est à cela qu’il devait réagir. Aujourd’hui, il serait un computer freak, un hacker ou quelque chose de ce genre, et il lui faudrait vaincre d’autres résistances.

Q : Avez-vous été Oskar Matzenrath ?

R : Non, moi j’ai poursuivi ma croissance.

Q : Vous auriez aimé l’être ?

R : Non, au fond, non. Je ne suis pas semblable à Oskar. Ce qui se passe, c’est que le personnage d’Oskar a des racines picaresques, il joue le rôle d’une espèce de miroir, avec une loupe capable d’allumer un incendie, capable par ailleurs d’exprimer l’infantilisme du XXe siècle, dont je n’ai pas eu envie d’être ni envie de me défendre.

Q : Vous travaillez  sous des gravures de Goya. Que vous apporte Goya ?

R : Je travaille en effet sous une série d’eaux-fortes de Goya. Chaque fois que j’atteins un anniversaire important, de ceux qui se terminent par un 0 ou un 5, ma femme m’en offre un, s’il s’en trouve encore sur le marché. Pour moi, c’est comme la mesure de l’artiste, le critère de la vérité. C’est d’une imagination impressionnante, la manière dont il illustre la démence de ce monde ! J’ai plusieurs des Caprichos, de ceux qui montrent qu’il était contre l’Inquisition et la démence de l’Église catholique d’une part, et pour la vie comme elle est, de l’autre… Goya est, pour moi, le grand exemple, celui qui me donne la mesure de ce qui est bien ou mal.

Source :http://cultura.elpais.com/cultura/2015/04/13/actualidad/1428918239_167030.html

Traduction c.l. pour Les Grosses Orchades

 

N.B. - On peut discuter plusieurs des affirmations de Günter Grass. Ce n’est pas à nous de le faire. Grass est un artiste multiforme digne de la Renaissance, il n’est pas un politique ni un historien. Il se trompe (selon nous) sur des faits, lorsque c’est sa conscience allemande qui parle, lorsqu’un sens catholique du péché obscurcit à ses yeux des réalités qui sont sans ambiguïté à ceux des mécréants.

 

 

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Un entretien de Günter Grass avec Pierre Bourdieu

(2012 ?)

 

 

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Si on vous demandait quel grand homme incarne, plus que quiconque, Barcelone, peut-être diriez-vous Gaudi. Nous répondrions sans hésiter Ledesma. Il vient de mourir, le 2 mars dernier, comme nous l’avons signalé dans notre post précédent. Il avait dix ans au début de la Guerre d’Espagne. Il en est indissociable. Son œuvre aussi.

 

Francisco González Ledesma

 

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Un hommage de Laherrère (Actu du noir) :

https://actudunoir.wordpress.com/2015/03/02/mort-de-francisco-gonzalez-ledesma/

 

Pour mémoire, une page d’histoire au hasard :

Un épisode peu glorieux, les accords Bérard/Jordana : une trahison

http://www.24-aout 1944.org/IMG/pdf/les_accord_honteux_berard_jordana_.pdf

 

Une autre plus honorable, hélas privée :

François Mauriac et l’Espagne

http://temoignagechretien.fr/articles/international/lheure-du-choix

Jean Lacouture : http://francois-mauriac.aquitaine.fr/h_engage/htm/contenu/espagne/engage05.htm

  

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« Les voilà, vos terroristes ! »

(François Mauriac, 1939 - Prix Nobel de littérature en 1952)

 

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Eduardo Galeano: « Peu de Palestine reste. Pas à pas, Israël l’efface de la carte »

 

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Eduardo Galeano, l’écrivain sensible, l’homme attachant n’est plus. Il s’est éteint trop vite, trop tôt, le 13 avril, alors qu’il n’avait que 74 ans. Nous lui rendons hommage en publiant un texte qu’il avait dédié à la Palestine. [ASI]

Pour se justifier, le terrorisme de l’État fabrique des terroristes : il sème de la haine et récolte des alibis. Tout indique que cette boucherie de Gaza, qui selon ses auteurs veut en finir avec les terroristes, réussira à les multiplier. Depuis 1948, les Palestiniens vivent condamnés à l’humiliation perpétuelle. Ils ne peuvent même respirer sans permission. Ils ont perdu leur patrie, leurs terres, leur eau, leur liberté, leur tout. Ils n’ont même pas le droit de choisir leurs gouvernants. Quand ils votent pour celui pour lequel ils ne doivent pas voter, ils sont punis. Gaza est punie. C’est devenu une souricière sans sortie, depuis que le Hamas a proprement gagné les élections en 2006. Quelque chose de semblable était arrivée en 1932, quand le Parti Communiste a triomphé aux élections d’El Salvador.

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Source : http://reseauinternational.net/eduardo-galeano-peu-de-pal...

 

Vivir sin medio

 

 

 

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Et parce que Raúl Castro est encore, lui, bien en vie (touchons du bois !) et qu’il vient de dire de vive voix, brièvement (50 minutes) mais décisivement, ce que Galeano avait écrit dans Les veines ouvertes de l’Amérique latine, nous lui donnons ici la parole, d’autant plus volontiers que ce remarquable discours a été prononcé, le 11 avril dernier, en présence de Barack Obama, au Sommet des Amériques, le premier auquel il ait été permis à Cuba d’assister.

Soit dit en passant : en a-t-on fait des supputations, quand une espèce de dégel a été annoncé entre l’île et le puissant voisin… C’en était fait des Cubains… les USA avaient enfin triomphé… ils allaient se farcir les imprudents castristes en deux coups de cuillère à pot… etc. etc. La seule hypothèse à laquelle personne apparemment n’a songé, c’est que les USA ont été contraints de réintégrer les Cubains, par les autres pays d’Amérique latine.

 

Discours de M. Raúl Castro Ruz, président de la République socialiste de Cuba,  au VIIème Sommet des Amériques, Panama, le 11 Avril 2015.

 

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Il était temps que je parle devant vous au nom de Cuba. On m’avait informé au départ que je devais parler huit minutes. Alors j’ai fait un gros effort, aidé de mon ministre des Relations extérieures, pour ramener mon discours à ce temps de parole. Mais comme vous me devez six Sommets, ceux d’où nous avons été exclus (rires et applaudissements), j’ai demandé au président Varela, juste avant d’entrer dans cette magnifique salle, de me céder quelques minutes de plus. Surtout après avoir écouté tant de discours si intéressants. Je ne parle pas seulement de celui du président Obama, mais aussi de celui du président équatorien Rafael Correa, de celui de la présidente Dilma Rousseff, et d’autres. Sans plus de préambules, je commencerai donc.

Cher Juan Carlos Varela, président de la République du Panama ;

Chers présidents et présidentes, chers et chères Premiers ministres ;

Chers invités,

Je tiens tout d’abord à exprimer ma solidarité à la présidente Bachelet et au peuple chilien pour les catastrophes naturelles qu’ils sont en train de souffrir.

Lire la suite…

Source : http://www.legrandsoir.info/discours-de-m-raul-castro-ruz...

 

En vivo :

 


 

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Livres

(oui, chez Günter Grass, les rattes lisent)

 

Günter GRASS : bien sûr, il faut TOUT lire.

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Francisco González LEDESMA : bien sûr, il faut TOUT lire aussi, en commençant par les écrits post-franquistes parus chez l’excellent éditeur français (il en reste quelques-uns) L’ATALANTE, à Nantes, mais il faut lire aussi les autres, les Méndez, etc.

          Voir ci-dessous, tout en bas (à vos roulettes), la Postface à Los Napoleones qu’il a écrite pour ses lecteurs français, lors de la réédition de 2001.

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Eduardo GALEANO : bien sûr, il faut TOUT lire, à commencer par :

 

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Les veines ouvertes de l’Amérique latine

Plon – Terres humaines – 1998

447 pages

Réédité en Poche (Pocket) - 2001.

 

 

 

 

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Mémoire du feu : Les naissances ; Les visages et les masques ; Le siècle du vent - (Une histoire populaire de l’Amérique latine)

Lux – 2013 – 990 pages

 

 

 

 

 

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 Le livre des étreintes

Lux – 2012 – 250 pages

 

 

 

 

« Système de la dissociation : On n’est jamais si bien servi que par soi-même. Ton prochain n’est ni ton frère ni ton amant. Ton prochain est un concurrent, un ennemi, un obstacle à franchir ou une chose à utiliser. Le système qui ne donne pas à manger, ne donne pas non plus à aimer : nombreux sont ceux qu’il prive de pain, mais plus nombreux encore sont ceux qu’il condamne à une famine d’étreintes. »

Non sans ressemblance avec les Trouvailles pour gens qui ne lisent pas de Grass : Textes courts, précédés de dessins de l’auteur.

Voir, sur Babelio, le commentaire de mariecesttout 

 

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François MAURIAC : au pif, dans une production foisonnante, diverse et longue…

 

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Journal – Mémoires politiques

R. Laffont/Bouquins – 2008

1138 pages

 

 

 

 « D'un charnier à un autre charnier, l'humanité n'apprend rien, ne retient rien. La nouvelle guerre est toujours plus stupide, la moins excusable. Nous y courons les yeux ouverts» (Article paru dans Le Temps, 27 mai 1938).

 

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Georges BERNANOS : « Il faut le lire, absolument ! » (Henri Guillemin).

 

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Les grands cimetières sous la lune

Points – 2014

329 pages

 

 

 

 

Sur ce pamphlet, voir Simone Weil et Albert Camus

Avant celui-là – en 1931 – il avait écrit :

 

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La Grande Peur des bien-pensants

Le Livre de Poche – 1998

414 pages

 

 

 

 

 

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George ORWELL sur la Guerre d’Espagne, où il fut :

 

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Hommage à la Catalogne : 1936-1937

10/18 – 1999 + Rééd.

293 pages

 

 

 

 

 « Texte fondateur qui préfigure en partie les visions dramatiques du monde totalitaire de 1984, Hommage à la Catalogne est autant un reportage qu'une réflexion sur la guerre d'Espagne. Engagé aux côtés des républicains, Orwell voit dans la trahison des communistes les conséquences du jeu politique stalinien. Il en découlera la prise de conscience d'un nécessaire engagement... »

 

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Francisco González Ledesma

Postface (autobiographique) de l’auteur À l’Édition française de LOS NAPOLEONES

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Ce jour-là, cela faisait soixante-douze heures que nous n’avions rien avalé. Nous les plus âgés nous tenions le coup, mais il était probable que mes deux petits frères allaient finir par mourir de faim. C’est pourquoi ma mère – c’était toujours elle qui prenait les décisions – déclara :

  – Cet après-midi, il nous faut aller à tout prix au port. Avec les bombardements, il y a beaucoup de bateaux échoués, et à bord on trouvera à manger. Nous irons à la nage et nous prendrons ce qui nous tombera sous la main.

J’avais 12 ans et ma mère 32. Nous ne savions nager ni l’un ni l’autre…

Ce matin-là, j’avais pris une autre décision héroïque, mais tout seul : près de notre maison, sur le Paralelo barcelonais, il y avait des dépôts de l’armée, pratiquement à l’abandon à cause de l’arrivée imminente des troupes de Franco ; la population affamée s’y était précipitée, malgré la présence de quelques sentinelles qui en interdisaient l’accès à coups de fusil. Des gamins de ma rue et moi-même avions décidé d’y pénétrer coûte que coûte.

Et au milieu de cette foule, il nous fut donné, en premier lieu, d’assister à un coup de chance inouï : une des sentinelles tira à hauteur de la tête sur un assaillant et la balle le transperça, mais il se produisit un vrai miracle car le projectile ne provoqua aucun dommage important. Cet homme était en train de hurler : la balle pénétra par une joue, traversa la bouche grande ouverte et ressortit par l’autre joue, sans même frôler une dent. Ce jour-là, j’ai appris bien des choses (dans la mesure où les bombardements et la guerre ne me les avaient pas déjà toutes apprises), et l’une d’entre elles fut que chacun de nous, quoi qu’il fasse, ne mourra que lorsque son heure sera venue. Bien des années plus tard, je fus conforté dans cette idée : un portier du journal de La Vanguardia – dont je devais plus tard devenir rédacteur en chef –, en proie à une dépression, tenta de se suicider ; il choisit la fenêtre la plus élevée de l’édifice et se jeta dans le vide. Mais dans l’un des commerces du rez-de-chaussée on était en train de dérouler un store fermé quelques secondes plus tôt. Le portier s’en sortit indemne, et quelques jours plus tard il reprit son travail.

Si ce matin-là j’appris que la mort ne vient qu’à son heure, j’appris aussi, entre autres choses, qu’il y a des morts absurdes.

Nous parvînmes, mes camarades et moi, à pénétrer dans le dépôt militaire, mais une immense pile de sacs s’effondra sur deux d’entre eux, les enterrant sous leur poids, et les gamins restèrent là à pourrir des jours et des jours, car personne ne déplaça les sacs : le bruit avait couru que les Maures arrivaient, et ceux-ci, comme nous le croyions fermement, allaient nous égorger tous.

Mais tout cela se déroulait le matin, et j’étais en train de vous raconter ce qui eut lieu l’après-midi. Je vous disais que ma mère et moi avions décidé, quoique ne sachant pas nager, d’aller à bord d’un bateau échoué. Nous avions atteint le Paseo de Colón, près des quais, et nous nous trouvions au centre d’une esplanade déserte, lorsque débuta la charge de la cavalerie maure. Je suis persuadé que vous le savez pour l’avoir entendu dire, les Maures étaient les soldats favoris de Franco, ce fervant catholique, sauveur de l’Espagne… et j’espère pour vous, amis lecteurs, que vous ne vous êtes jamais trouvés face à une charge pareille. Tout en brandissant leur cimeterre, les Maures poussèrent d’effroyables cris et lancèrent leur monture dans un galop effréné. Ma mère et moi restâmes allongés sur le sol pendant que la charge passait par-dessus nos corps, et je crois que c’est depuis ce moment-là que j’aime les chevaux, car ils s’efforcent d’éviter les obstacles au lieu de les piétiner. Mais alors que nous essayions, ma mère et moi, d’atteindre en courant un porche pour nous y abriter (des années plus tard, j’ai appris qu’il s’agissait de la maison où avait vécu Cervantès lors de son séjour barcelonais), j’assistai à un spectacle qui m’a profondément frappé et que je n’oublierai jamais : quatre soldats de l’armée républicaine, genou en terre face à la cavalerie maure, en train de tirer avec leurs pitoyables Mauser, disposés à accomplir leur devoir jusqu’au bout. Il n’y avait aucun officier, ils n’avaient pas de drapeau, n’avaient reçu aucune consigne, aucun ordre. Rien que leur sens du devoir. Et si ce matin-là j’avais appris ce qu’était une mort absurde, cet après-midi-là j’appris ce qu’était une mort héroïque.

J’ignore si tous les sacrifices sont inutiles. Il est sûr et certain que celui-ci le fut totalement : les malheureux soldats étaient morts alors que Franco avait gagné la guerre… et qu’il s’apprêtait à gouverner l’Espagne durant presque quarante ans. Cependant, quelque chose s’est gravé à jamais dans mon âme d’enfant : loyauté et sens du devoir. Le 19 juillet 1936, alors que les fascistes tentaient de s’emparer de la ville, j’avais vu bon nombre d’hommes et de femmes aller au-devant de la mort sans autre arme qu’une vieille carabine, sans autre drapeau qu’un bout de chiffon rouge, mais avec un espoir au cœur. Ces quatre soldats de 1939, eux, n’avaient même pas cela, même pas d’espoir. Depuis lors, j’oublie ce qu’il y a de relatif en ce monde, pour me rappeler seulement qu’il existe encore des valeurs absolues, des morts sans sépulture, des héros anonymes et sans médaille, et lorsque j’écris je leur rends sans trêve un hommage silencieux, parce que je sais qu’ils existent, parce que je les ai vus exister. Je reconnais qu’aujourd’hui peu de gens croient en ces valeurs, j’accepte de courir le risque que vous me considériez comme un homme qui n’est plus dans l’air du temps.

J’ai oublié de vous dire la date de ces événements : le 26 janvier 1939, jour de la chute de Barcelone. Et, en disant cela, j’accepte un autre risque : celui de vous inspirer une certaine compassion, car un simple calcul vous permettra de vous rendre compte que l’enfant qui était en train d’apprendre tant de choses est devenu un vieil homme.

Sur la place des Trois Cultures, à Mexico, une plaque rappelle l’ultime bataille que les Aztèques ont livrée – et perdue – en ce lieu. Il y est écrit qu’avec la domination sans partage des Espagnols débuta « un accouchement long et douloureux ». Eh bien, j’ai toujours pensé qu’il en avait été de même pour Barcelone – et ses enfants affamés – en janvier 1939. J’ai vu changer bien des choses, quoique au fond de moi il en subsiste quelques-unes qui, au moins, ont forgé ma personnalité, une personnalité peut-être vaine, mais qui a gardé quelques idéaux et m’a permis de les reconnaître dans les rues de ma ville. Je n’ai pas perdu le souvenir de la mort absurde, pas plus que le respect de la mort héroïque, et mes romans ont redonné vie à ces hommes et femmes qui sont tombés la foi au cœur. Il y a une phrase célèbre qu’a prononcée un instituteur face au peloton d’exécution : « Vous, vous ne savez pas pourquoi vous me tuez, mais moi, je sais pourquoi je meurs. »

Dans le roman que vous avez entre les mains vivent deux personnages aux idées entièrement opposées : Iglesias et Gonzalez Conde (et permettez-moi de vous confier que l’histoire de la liste des fusillés, qui a permis à Iglesias de sortir sain et sauf de la Modelo, est rigoureusement authentique). Nous y trouvons également Ochando, qui a vécu dans la dignité et qui, comme tant et tant d’Espagnols, a accepté un sort indigne, même si est indigne celui qui humilie, non l’humilié. Dans Soldados vit Marcos Javier, le militant communiste, dont le nom m’est venu inconsciemment à l’esprit comme un hommage à un poète « rouge », Marcos Ana, qui après de nombreuses années de prison découvrit que la seule chose qui lui restait, c’était les prénoms de ses parents, Marcos et Ana… et depuis lors il en a fait son nom… Et dans Los Simbolos vit Fernández-Soldat, l’homme qui a lutté et espéré jusqu’au bout, jusqu’au moment où, voyant Felipe González passer ses vacances à bord du yacht de Franco, lorsque la politique est devenue la politique des affaires, il essuie ses larmes avec un mouchoir qui est un bout de drapeau rouge…

Mais ma mémoire n’a pas seulement gardé les morts qui offraient leur dsang pour l’avenir, elle a aussi gardé les instituteurs qui offraient à l’avenir la seule chose qu’ils possédaient : la parole. Dans les écoles gratuites de la République, j’ai eu des maîtres exceptionnels ; l’un d’eux s’appelait Fernández, et des années plus tard j’ai dû refouler mes larmes en le voyant faire des paquets dans une salle des ventes. Cet homme qui croyait en Dieu – et voyait Dieu dans chaque enfant – hante les pages de Los Simbolos, sous le nom de Fernández-Salomon, celui qui fait la classe, même sur les toits en terrasses des quartiers pauvres. Avec des êtres tels que lui, j’ai appris à aimer des choses aussi simples – aussi importantes et aussi mal aimées – que la lumière du matin et la voix des poètes. Une femme, une institutrice, m’a appris à aimer en silence la solitude des femmes, qui parfois ne disposent même pas de la parole comme consolation. Alors que j’étais très jeune, je la voyais tirer vers elle un camarade, le presser contre sa jupe et ensuite éclater en sanglots.

Et les chiens perdus… Comme je les ai aimés dans les rues de cette Barcelone de la faim et du silence qui auraient été odieuses si elles n’avaient été, en même temps, celles de la solidarité ! Nous les enfants du quartier pauvre, nous parrainions un chien qui nous suivait partout, et nous gardions pour lui un morceau de pain que nous n’avions pas et une caresse que nous ne recevions pas. Dans cette Barcelone sans espoir, il y eut de petites choses miraculeuses qui nous remplissaient d’espoir, même si, pour quelqu’un qui rêvait d’être écrivain, une poignée de héros morts, quelques instituteurs mis à pied et des chiens errants représentaient un bien maigre bagage. Mais nous n’en avions pas d’autre.

Je vous ai parlé plus haut d’un « accouchement long et douloureux » ; dans ma ville, il se déroulait sur deux tableaux. D’un côté, c’étaient les prisons pleines, les quartiers misérables et les exécutions à l’aube. Les soldats qui avaient occupé Barcelone ne nous avaient pas égorgés comme nous le craignions sincèrement ; au contraire, ils se montrèrent cordiaux et aimables, et nous aidèrent à survivre. Mais dans leur sillage, venaient les tribunaux militaires qui, eux, étaient sans pitié. Chaque matin, sur les plages de Somorrostro et de Pékin, on exécutait des dizaines d’hommes et de femmes dont il fallait effacer jusqu’au souvenir. Amis lecteurs, si vous visitez Barcelone et que vous vous promenez dans la nouvelle Ville olympique construite sur ces plages, sachez que ses fondations plongent dans une lagune de sang.

L’autre aspect de cet accouchement qui modifiait tellement la ville était placé, pour bien d’autres, sous le signe du bonheur, une rage de bonheur. Étaient alors apparus des personnages qui ont marqué à jamais ma communauté, et je crois qu’il est intéressant de leur consacrer quelques mots, eux à qui j’ai dédié quelques pages dans mes romans. Certains faisaient partie des « vainqueurs », c’étaient les « occupants », les « sauveurs de l’Espagne », des justiciers avec un pouvoir – et par là même un bonheur – que n’avaient pas connu autrefois les seigneurs féodaux eux-mêmes. Dans leur ombre prospéraient les profiteurs, les « fidèles du régime » en quête d’une prébende ou d’une place au soleil, quand bien même ils devraient pour cela écraser père et mère… Et avec eux apparaissaient les nouveaux industriels, les nouveaux commerçants, les nouveaux riches, qui officiellement « développaient le pays », alors qu’ils n’étaient en réalité que des industriels et des commerçants de la faim. Je les voyais toutes les nuits attendre les choristes du Teatro Cómico sur le Paralelo, dans leurs luxueuses automobiles, et, entreprenants et canailles, leur tripoter les fesses avant même qu’elles fussent montées à bord ; je les voyais également dans des endroits chics, et qui même sentaient bon, aujourd’hui disparus, comme le Rigat, sur la place de Catalogne – sur l’emplacement de l’actuel Corte Inglès –, où des demoiselles sans fortune promenaient leur cul et cachaient une larme secrète. Il y avait aussi le Llibre, à l’angle de la Gran Vía et du Paseo de Gracia, où se trouve actuellement l’hôtel Avenida Palace, ou bien encore le Parador del Hidalgo, sur le Paseo de Gracia, entre les rues Valencia et Mallorca, ces lieux où de vraies jeunes filles passaient leur temps à attendre les messieurs, les hidalgos, en exhibant leurs jambes croisées, leur regard perdu et leurs dix-sept ans de crève-la-faim. Tous les soirs elles étalaient là leur nécessité de gagner quelques pièces, leur avidité qui, au bout du compte, était une forme d’espoir. Et c’est ainsi que naissait une nouvelle ville…

Ce roman auquel vous avez consacré un peu de votre temps est en partie l’histoire de ces hommes et de ces femmes et je peux vous assurer que sur bien des points il est rigoureusement authentique. Toutes ces familles, je les ai bien connues en tant qu’avocat, lorsqu’elles me confiaient leurs intérêts, parfaitement résumés en une simple phrase – gagner vite de l’argent ! – et plus tard en tant que journaliste, après avoir abandonné une profession lucrative pour me lancer dans l’aventure de la presse et de la rue, car je me sentais incapable de me regarder dans la glace chaque matin. Mais je n’eus aucun mérite en cela : c’était l’ultime tentative pour sauver cette part de moi-même qui venait de mon enfance.

Comme il n’y a jamais de miracle, il convient certainement d’expliquer comment un gamin affamé est devenu un avocat doté d’un certain prestige. Tout cela, je le dois aux souffrances, de ma mère, qui, la journée durant, travaillait comme couturière pour les pauvres, et à sa sœur, l’inoubliable tante Victoria, qui était à Saragosse modiste pour les riches. C’est elle qui m’accueillit chez elle et décida que je devais devenir quelqu’un. Ma tante Victoria portait en elle la force, l’acharnement et l’orgueil, c’est-à-dire l’unique patrimoine des morts de faim de l’Espagne profonde, et cela lui venait en droite ligne de ceux qui avaient su se battre la tête haute : son père, mon grand-père maternel, était boulanger à Logroño, et le jour où son patron lui avait dit qu’il était trop vieux pour travailler et qu’il ne pouvait plus porter les sacs de farine, piqué dans son orgueil, il descendit l’escalier du fournil portant un sac sur le dos (la descente est plus difficile que la montée) et le patron assis dessus.

Ce roman est donc l’histoire de gens que j’ai connus ; j’ai été témoin de leurs manigances dans leurs bureaux, et parfois de leur mort dans leur lit. Je les ai appelés Los Napoleones car ils ne pouvaient se réclamer d’aucune légitimité, ils avaient commencé très bas et ils finirent par n’avoir comme credo que leur seule ambition. Ils estimèrent que leur pays et leur liberté étaient à jamais écrasés, ils perdirent leurs idéaux – pour autant qu’eux ou leur père en aient jamais eu – et firent de l’argent le bien suprême. Leur histoire est celle d’une gigantesque corruption morale, mais on ne peut nier qu’ils aient développé leur pays ; à mon grand regret, les ans m’ont appris qu’en général les bons écrivent des poèmes ou des paroles de chanson, alors que les méchants ouvrent des commerces, créent du travail et savent choisir la meilleure terre, non pas pour y mourir mais pour y planter leur semence.

Dans ce roman, donc, j’ai évolué dans le monde de la réalité, mais je n’en étais pas à mon premier essai. Barcelone, au-delà de son intense activité commerciale, a toujours eu un fond libéral, et en son sein sont nés tous les épisodes de violence toutes les révolutions et, si l’on veut, tous les idéaux disparus. Aussi, poussé par ce que je voyais dans les rues et par une force à laquelle j’étais incapable de résister, je commençai à écrire, à l’âge de seize ans, un roman intitulé Sombras viejas [Ombres du passé] que je terminai trois ans plus tard. J’y racontai la vie des étudiants de gauche avant 1936, évoquant leur idéalisme et leur fin tragique lorsqu’ils se rendirent compte, en 1939, qu’on avait détruit la ville qu’ils avaient rêvée. C’est aussi l’histoire de la première révolution « rouge » fomentée par le gouvernement catalan lui-même et son président, Lluis Companys, qui périt quelques années plus tard, fusillé par les franquistes dans les fossés du château de Montjuich, en demandant une seule faveur, celle de mourir pieds nus, en contact avec sa terre. Sombras viejas est aussi l’histoire de la solitude de deux femmes sans autre compagnie que celle d’un souvenir et d’une ombre qui évolue parfois dans l’air.

Ce premier roman connut un sort tout à fait dans l’air du temps à cette époque-là : un grand éditeur, qui avait été « rouge », Josep Janés, avait créé le Prix international du roman, dont le jury était présidé par Somerset Maugham, et je le gagnai avec cette œuvre à l’âge de vingt et un ans. Est-il besoin de préciser qu’à vingt-deux ans, j’étais auteur d’un roman que la censure franquiste avait interdit par deux fois, et la seconde fut définitive ?

Sombras viejas est donc la première œuvre de celles que j’ai écrites sur ma ville natale ; vient ensuite Los Napoleones que vous venez, amis lecteurs, de découvrir. La troisième – en s’en tenant à la chronologie historique – est Le Dossier Barcelone, la quatrième Soldados et la cinquième Los Simbolos. Ce cycle de Barcelone – et de ma vie – s’achève avec Cenizas [Cendres], qui montre que les idéaux constituent l’ultime refuge – probablement illusoire – de la mémoire.

Ma ville est la protagoniste de tous ces romans, avec les péripéties qu’elle a vécues, et moi avec elle, avec son histoire la plus récente, celle d’hommes et de femmes oubliés qui, peu à peu, n’ont rien laissé dans ses rues, pas même une ombre.

L’histoire de ses rues – plus précisément celles des quartiers ouvriers où je suis né – est à l’origine d’une série de romans policiers ayant pour héros le vieil inspecteur Méndez. J’ai quelque réticence à les inclure dans le genre trop ambigu ou trop vaste, qu’on appelle « roman noir », car il s’agit plutôt de radiographies de la société (du moins telle était mon intention, peut-être vaine) où l’on voit palpiter le passé d’un quartier populaire parmi les plus célèbres du monde entier : le Barrio Chino, selon une terminologie d’autrefois, ou cinquième district, aujourd’hui intégré dans le district de la Vieille Ville, lui aussi bien trop vaste et ambigu. J’ai choisi la technique et l’intrigue policières parce qu’elles permettent de se plonger dans la vie secrète des villes, laquelle ne peut probablement pas s’expliquer d’une autre façon.

Méndez a déjà fait l’objet d’interviews et même d’un article dans une encyclopédie, mais je ne voudrais pas terminer cette postface sans le citer, car même s’il n’a pas existé réellement, il est la combinaison de quatre personnes, elles, bien réelles. De ces quatre policiers que j’ai connus est né Méndez, mon ami, mais un ami chicaneur, à manier avec des pincettes, et de surcroît mal vu des autorités.

Tous les autoportraits ont quelque chose de faux parce que ce que l’on a vécu s’y mélange avec ce que l’on a rêvé – et peut-être est-ce là que réside vraiment le réel –, et parce qu’ils sont l’expression d’un échec, étant donné que l’on n’écrit jamais ce qu’on aurait voulu écrire.

Mais du moins suis-je parvenu à mettre un point final à ce roman, et vous lecteurs, avez-vous eu l’amabilité de le lire jusqu’au bout… Je ne sais trop si je dois vous présenter mes excuses ou vous dire de tout cœur merci.

Francisco González Ledesma

avril 2001.

 

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Dernière minute :

 

 

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Grèce

19 avril 2015 

 

Les prisons de type-C sont abolies ! La grève de la faim s’achève

 

Une batterie de lois a été validée par le parlement grec : abolition des prisons de type-C, décriminalisation du port du masque en manifestation, expertise indépendante de l’ADN, libération des prisonniers invalides de longues peines, rétrécissement du cadre d’enfermement des mineurs et en général, libération de milliers de personnes sans-papiers.

 

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Voir le dossier: Grèce


 

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Mis en ligne le 20 avril 2015.

Nos bateaux d’aujourd’hui :

Bombardement d’Alicanthe, 1938.

 

 

 

 

 

 

22:12 Écrit par Theroigne dans Actualité, Général, Loisirs, Musique, Web | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook |

13/04/2015

SYRIZA ESPOIR DE LA GRÈCE ET DE L'EUROPE

 

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SYRIZA

Espoir de la Grèce et de l’Europe

 

*

 

Notre édito (vous pouvez sauter)

Lorsque, en 1945, les Grecs s’aperçurent que de nouveaux envahisseurs succédaient à ceux qu’ils venaient de vaincre, ils ne déposèrent pas les armes. Ils continuèrent à se battre. Ils furent les seuls. On a dit que cette résistance à la colonisation étrangère était surtout le fait des communistes. La résistance au nazisme avait dû l’être aussi, alors. Le nazisme changeait d’uniformes et ils l’avaient compris. Qui aurait l’effronterie de le leur reprocher ?

Lorsque, en 1948, l’Italie, qui savait de quoi elle sortait, se prépara à porter massivement les communistes au pouvoir, Palmiro décida qu’il fallait les perdre, ces élections. De justesse, mais les perdre. Pas de sang ! Pas de sang ! Il avait donc compris ce qui se passait en Grèce.

Le sang continua d’y couler, pendant que toutes les gauches d’Europe regardaient ailleurs. Certes, il y avait eu Yalta, et l’URSS, respectueuse des accords signés avec les capitalistes occidentaux, laissa les Grecs à leurs problèmes. Mais les foules, elles, n’avaient rien signé et n’étaient tenues en rien de respecter des accords qui faisaient bon marché de leur internationalisme et d’ailleurs, déjà, de leur souveraineté. Mais, docilement, elles s’alignèrent sur leurs bourgeois.

Ce n’était pas la première fois.

En 1936, alors que la République espagnole qui venait de naître tout ce qu’il y a de plus démocratiquement avait été aussitôt prise à la gorge par les crocs des meutes hitléro-mussoliniennes, les « gauches » d’Europe se mobilisèrent, sous la houlette de leurs partis et syndicats, en un Front Populaire qui arracha de haute lutte… un « acquis social » mémorable : les congés payés. Et tout le monde partit en vacances. À bicyclette. L’Espagne, elle, continua de lutter seule jusqu’à son écrasement en 1939. Certes, presque aussitôt éclata la IIe mondiale et on eut d’autres chats à fouetter. Sauf qu’il n’y aurait pas eu la guerre, si les peuples d’Europe avaient aidé l’Espagne.

Encore ne fut-ce pas tout, puisque, en 1991, les mêmes capitalistes qui avaient jadis armé les hitléro-mussoliniens décidèrent de démembrer la Yougoslavie et que l’Europe, cette fois, ne se contenta pas de regarder ailleurs pendant qu’on massacrait, elle y alla. Ou plutôt, elle encouragea joyeusement à y aller les troupes mercenaires soldées de ses deniers. Ah, l’inoubliable enthousiasme guerrier de Charlie-Hebdo et de Cavanna ! Ah, ces jacassantes gauches… Qu’ont-elles fait de leur principe d’Égalité ? Qu’ont-elles fait de leur Fraternité ? Quand donc auront-elles honte ?

Aujourd’hui, tout recommence. Les Grecs et les Espagnols, une fois de plus se battent seuls contre l’ennemi commun pendant que les autres « peuples de gauche », du rose pâle au rose saumon, le cul calé dans leurs fauteuils, regardent en bouffant leur popcorn. Les plus engagés comptent les coups. Ne serait-il pourtant pas temps qu’ils se livrent à ce que les cathos appelaient dans le temps « examen de conscience » et les bolchos « autocritique » ?

Si les gauches d’Europe n’avaient pas permis l’écrasement des Espagnols en 1939, il n’y aurait pas eu de IIe Guerre mondiale. Si elles n’avaient pas permis l’écrasement des Palestiniens en 1948, des Grecs en 1949 et des Yougoslaves de 1991 à 2001, si, enfin, elles n’avaient pas permis la complicité active de leurs parasites respectifs avec les nazis Usrahello-Ukrainiens depuis plus d’un an, il n’y aurait pas, aujourd’hui, de IIIe planétaire en cours. Au nucléaire.

Ne parlons même plus de leur internationalisme de pacotille, mais pour s’en tenir au Liberté-Égalité-Fraternité (devise de Robespierre, qui leur sert de logo commercial sans substance), ont-elles oublié ou font-elle honteusement semblant de n’avoir jamais su que son unité-indivisibilité ne peut pas plus être remise en cause que la  consubstantialité du Père, du Fils et du Saint-Esprit pour les chrétiens ? Qu’attendent-elles pour s’en souvenir, non  pas pour se livrer à de glaireux actes de contrition, mais pour sortir de leur pleutre apathie, retrousser leurs manches et faire une bonne fois LEUR DEVOIR bordeldedieu ?!

Les grèves politiques de solidarité sont-elles :

-  faites pour les chiens ?

- la terreur des apparatchiks ?

 

*

« L’art de la guerre »

Grèce, le facteur Otan

par Manlio Dinucci

Autant que par affinités culturelles et historiques, la Grèce espère l’aide de la Russie pour résoudre son problème économique. Cependant, le putsch organisé par l’Otan, en 1967, rappelle les limites politiques de la souveraineté des États européens en général et de la Grèce en particulier.

Réseau Voltaire International | Rome (Italie) | 7 avril 2015

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italiano  Español 

 

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Le souvenir du coup d’État militaire, organisé par l’Otan en 1967, hante la vie politique grecque. Aujourd’hui, la Grèce peut-elle se rapprocher de la Russie ?

Aléxis Tsipras rencontre Vladimir Poutine à Moscou le 8 avril, au moment même où l’UE, la BCE et le FMI tiennent un nouveau sommet sur la Grèce, qui le jour suivant doit rembourser une échéance de 450 millions d’euros du prêt concédé par le Fonds monétaire international.

Les thèmes officiels, dans la rencontre de Moscou, sont ceux du commerce et de l’énergie, dont la possibilité que la Grèce devienne le hub européen du nouveau gazoduc, remplaçant le South Stream bloqué par la Bulgarie sous pression états-unienne, qui, à travers la Turquie, apportera le gaz russe au seuil de l’UE. On parlera aussi d’un possible relâchement des contre-sanctions russes, en permettant l’importation de produits agricoles grecs.

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Source : http://www.voltairenet.org/article187269.html

Source d’origine :  Il Manifesto (Italie)

 

 

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Les théoriciens de la place Syntagma

Alexander Clapp – LRB20 mars 2015

 

Il y a une ville, au sud de Budapest, que les Hongrois appellent Görögfalva, « Village grec ». Son nom officiel est Nikos Beloyannis, qui fut un commandant communiste dans la Guerre Civile grecque. Après la défaite de la gauche, en 1949, certains communistes grecs s’enfuirent en Yougoslavie, d’autres en Asie Centrale, une poignée construisit cette colonie temporaire, juste en dehors de la grande plaine hongroise. Ils n’avaient pas l’intention de rester plus de quelques mois, le temps, pour la gauche, de se regrouper en Grèce. Leur équipe de football, Partisan, installa ses buts en dehors de l’agglomération. Leur journal, La lutte populaire, continua la guerre civile sur le papier. La place centrale, Lenin Tér, fut pavée en bleu à la grecque. Un prix fut attribué chaque année à l’étudiant qui réussissait la meilleure copie du portrait de Beloyannis par Picasso : L’homme à l’œillet.

 

3. Beloyannis.jpg2. Picasso - Beloyannis 1.jpg

 

Après la chute de la Junte, quelques villageois retournèrent en Grèce. D’autres, plus nombreux, repartirent en 1989. Aujourd’hui, aucun enfant n’y parle plus le grec, quoique l’école locale fasse venir des expatriés grecs de Budapest pour y enseigner. Quand j’ai demandé à un des expats ce qu’il pensait de Syriza, il m’a demandé si Alexis avait viré l’Église ou pas. Au café Platán, passé la rue Szarafisz, les derniers colons d’origine de Beloyannis étaient réunis autour d’une antique télévision, installée en-dessous d’un portrait d’Engels.

 

4. Alekos_Alavanos.jpgSyriza est, à ce jour, la meilleure chose qu’ait produit la gauche restée au pays. Le premier pas important vers sa victoire électorale ultérieure avait été fait en 1992, quand une coalition appelée Synapismos avait regroupé les gens de gauche restés en Grèce après la Guerre Civile – qui étaient alors des eurocommunistes – et ceux rentrés d’endroits comme Beloyannis, qui étaient restés des communistes « orthodoxes ». Trois ans plus tard, presque la moitié des communistes orthodoxes avaient quitté la coalition, à cause de ce qu’ils considéraient comme trop de capitulations devant les intérêts capitalistes. Alexis Tsipras, le mouton noir d’une famille d’ingénieurs affiliée au Pasok, qui avait 18 ans à l’époque, y resta avec les eurocommunistes. La mission que s’était donnée Synapismos était d’établir une « vraie » gauche grecque. En 1981, Andreas Papandreou avait fait campagne sur la promesse que le Pasok apporterait le socialisme à la Grèce. Mais la « décade Pasok » des années 80 ne fit qu’accroître le clientélisme qu’il avait juré d’éradiquer. À partir des années 1990, lorsque le « nouveau Pasok » d’après la mort de Papandreou accueillit à bras ouverts les investissements étrangers et les privatisations, Synapismos devint le foyer des éléments de la gauche radicale. Les jusqu’auboutistes repentants revinrent et les premiers groupes de l’altermondialisme se joignirent à eux. « L’idée était de représenter au Parlement un radicalisme que devaient bien avoir dans leurs gènes les électeurs qui avaient jusque là voté mécaniquement pour le Pasok », m’expliqua  Alékos Alavános, le mentor intellectuel de Tsipras. « Mais il était difficile de savoir à l’avance à quel point la base populaire du Pasok y resterait intégrée. Offrir une alternative électorale n’était pas assez. Nous devions creuser plus profond. »

( Ci-dessus : Alékos Alavános)

Synapismos commença à attirer des féministes, des verts et de jeunes militants. Ceux-là furent les sunistóses, les « petits bouts », qui fusionnèrent en Syriza en 2004. Les eurocommunistes étaient les plus loin à la droite de tous ces bouts. Depuis lors, le fossé n’a fait que se creuser, entre les fondateurs pro-européens de Syriza et la faction anti-U.E., constituée de tous ceux qui avaient afflué dans le parti au milieu des années 2000, puis qui l’ont inondé au début de la crise économique.

Quand Syriza arriva au pouvoir le 25 janvier, il fit un certain nombre de gestes et de déclarations symboliques, pour bien montrer qu’il appartenait toujours à la « vraie » gauche. Tsipras rendit visite à Kaisariani, site d’un massacre de partisans communistes par les nazis en mai 1944. La privatisation du port du Pirée par la compagnie de navigation chinoise Cosco « serait revue en faveur du peuple grec ». La fermeture des centres de détention pour réfugiés était à l’étude. Les immigrants sans papiers ne pourraient plus être fouillés à tout bout de champ par la police. La citoyenneté grecque serait accordée à tous les enfants de parents migrants. La police anti-émeute et les Unités pour le Rétablissement de l’Ordre ne pourraient plus circuler armés de fusils. La majorité des membres de Syriza élus au Parlement prêtèrent serment civilement, non plus religieusement.

Pour un parti de gauche, en Grèce, prendre le pouvoir est une chose, mais une autre est, pour ses membres, de parler – même dans des déclarations publiques – comme ils prendraient la parole dans des séances de théorie critique. Le cabinet de Tsipras est plein de gens qui ont tous un doctorat, plus familiers de la « gouvernementalité » que du gouvernement. Yannis Panousis, un théoricien de la criminologie, est en charge du ministère de l’Ordre public. Le Transport maritime est revenu à Giorgos Stathakis, historien du plan Marshall ; Ginnis Tsironis, un écologiste, est ministre de l’Environnement ; Aristidis Baltas, qui est philosophe, a le ministère de l’Éducation ; Costas Fotakis, physicien des lasers est ministre de la Recherche. La gauche eurocommuniste,  d’où sont issus les plus vieux universitaires de Syriza, était une créature du système universitaire grec. Beaucoup d’entre ses membres avaient été à l’université Panteion d’Athènes, spécialisée dans la théorie sociale et politique, ou bien étaient sortis d’universités provinciales, fondées sous la Junte mais qui étaient devenues les principaux foyers de politisation pendant les années Pasok.

 

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Giorgos Stathakis, ministre du Transport maritime

 

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Ginnis Tsironis, ministre de l’Environnement

 

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Aristidis Baltas, ministre de l’Éducation

 

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Costas Fotakis, ministre de la Recherche

 

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Nikos Kotzias, ministre des Affaires étrangères

 

La victoire de Syriza a aussi provoqué une fuite des cerveaux à l’envers. Il y a un an d’ici, Rania Antonopoulos était directrice de l’égalité économique entre les genres du Levy Institute, au Bard College de New York, où elle s’était spécialisée au cours des années 70, dans les actes de garantie dans l’emploi rural en Inde. « En 2012, j’envoyai un message “Contactez-moi” via la version en ligne du journal de Syriza, Avgi. “Écoutez, mon nom est Rania Antonopoulos. J’ai assisté, en Amérique Latine, à tout ce qui se passe en Grèce. Si je puis faire quoi que ce soit pour vous, n’hésitez pas.” ». Euclid Tsakalotos, un économiste de Syriza, lui a écrit par retour, et Antonopoulos a commencé à se rendre en Grèce tous les quelques mois, pour rencontrer les dirigeants de Syriza. Elle est aujourd’hui vice-ministre du Travail. « Faire une carrière politique ne m’intéresse pas », dit-elle, « je n’ai pas l’intention de rester en politique. Syriza m’a demandé de m’y coller par devoir patriotique. »

 

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Rania Antonopoulos

 

Syriza n’essaie nullement de dissimuler ses penchants universitaires. En bas de la rue où se trouve le quartier-général croulant du parti, à Psiri, une redoute gauchiste d’Athènes, se trouve l’Institut Nicos Poulantzas. C’est le think tank de Syriza, où quelque deux cents intellectuels du parti, pour la plupart économistes, polissent leurs théories depuis 1997. Des gens de gauche de plus de vingt organisations similaires d’Europe – la Fondation Rosa Luxembourg en Allemagne, les Espaces Marx en France – arrivent chaque semaine pour y faire des conférences. Un bureau de presse, Nissos, publie chaque année plusieurs volumes d’érudition du parti. Des analyses, produites par des membres du parti – « Économie politique de la dette publique », par Nikos Theocharakis ; « Développement, reconstruction productive, memoranda et dette en Grèce, pays d’1.5 millions de chômeurs », par Nadia Valavani, ministre des Finances alternatif – paraissent dans Avgi, sur les ondes de Kokkino, la station de radio du parti, et sur left.gr, son blog. « Les politiques de Syriza nous laissent faire marcher l’Institut comme nous l’entendons », m’a dit Georgios Daremas, un de ses administrateurs. « Nous émettons des idées ; ils se saisissent de l’une ou l’autre. »

 

11. poulantzas xxx.jpgNicos Poulantzas, un sociologue marxiste qui s’est tué en 1979 à l’âge de 43 ans [en se jetant de la Tour Montparnasse, NdT], a été la personnalité décisive dans le renouvellement de la pensée de gauche en Grèce, et il reste l’ancre intellectuelle du parti. Une poignée des dirigeants de Syriza d’aujourd’hui l’ont connu. Son cousin Vasilis m’a montré une photo de Poulantzas, prise le soir de la chute de la Junte en 1974. Il est en train de rire avec Konstantinos Tsoukalas, aujourd’hui un des Membres du Parlement de Syriza. Ils sont entourés de femmes, de bouteilles de champagne et de ballons. Quelqu’un a donné à Poulantzas une pancarte « Tu es le prêtre du marxisme » et une grande banderole pend du plafond : « La Grèce vous salue, sociologues prophétiques ! ». De Paris, où il enseignait, Poulantzas avait regardé la Junte s’effondrer, lorsque la faction policière de Joannidis, avait renversé la faction militaire de Papadopoulos. Il était préoccupé par les exemples du Chili et du Portugal. Au Chili, la gauche n’avait pas pénétré une structure étatique cruciale : l’armée. Au Portugal, en 1974-75, elle avait démoli certains secteurs de l’État en voulant les occuper – le Ministère de l’Agriculture par exemple – ce qui avait rendu totalement inutilisables certaines parties de l’État récemment acquises. La tâche de la gauche n’était pas de s’emparer de l’État par un assaut frontal, à la Lénine, ni de l’encercler par des mouvements populaires, comme le préconisait Gramsci. C’est une stratégie double qui s’imposait. Pour commencer, la gauche devait pénétrer l’État. Ceci exigeait qu’elle jouât le jeu électoral. Une fois à l’intérieur, elle pourrait démocratiser les structures de l’État en détruisant les réseaux du pouvoir capitaliste. « La lutte », a écrit Poulantzas, « doit toujours s’exprimer par le développement de mouvements populaires, d’organismes démocratiques, surgissant à la base comme des champignons apparaissent après la pluie, et par l’essor de centres d’auto-direction. » Ces mouvements auraient pour tâche de travailler en tandem avec le front politique, mais d’agir aussi comme un frein. Le système du parti ne doit jamais prendre le pas sur l’expression de la volonté populaire.

Les dirigeants de Syriza se sont bien gardés de politiser les mouvements de citoyens, non seulement parce que Poulantzas y était opposé, mais parce qu’ils comprennent combien il serait facile, en Grèce, pour des sociétés d’organisation civile, de se faire capturer par des appareils d’État. L’euphorie dans laquelle baigne Syriza lui donne quelquefois l’apparence d’un mouvement populaire de base. Il n'en est rien. Syriza n’a pas dirigé de grèves de travailleurs ; il n’a pas figuré de façon éminente dans les initiatives sociales – soupes populaires, conseils locaux, refuges pour sans abri – qui ont émergé suite à l’effondrement des services publics de base. Quand des manifestations estudiantines et antifascistes ont commencé, en 2006, à Athènes, Syriza les a soutenues en paroles mais n’a guère fait plus. Pendant la crise, le parti n’a pas détourné à son profit les manifestations anti-austérité, en dépit de leur potentiel politique. Les Grecs ont voté pour Syriza, parce que, seuls à gauche, ses dirigeants offraient un complément politique à l’espèce d’activisme que représentaient tous les mouvements de rues.

Syriza fait office de conduit. Eleni Kyramargiou, qui prépare son doctorat en sociologie, consacre son temps libre à faire du bénévolat dans les refuges pour immigrants. Konstantina Venieri, qui est journaliste, collecte de la nourriture en boîtes pour le comité de son quartier. Anastasia Veritzoglou, qui est infirmière à temps partiel, travaille bénévolement dans une clinique médicale improvisée. C’est leur appartenance à Syriza qui les relie. Pour y adhérer, vous devez prouver votre engagement auprès de mouvements qui n’en font pas techniquement partie ; pendant quelques mois, on vous demande de participer à des rassemblements solidaires ou de prendre part à des initiatives populaires. Syriza garde ces réseaux bien séparés de ses opérations politiques. Ses dirigeants parlent de drastiriopoisi, « activation », pas de « recrutement ». Le parti n’a que 35.000 membres, une fraction du soutien dont dispose Démocratie Nouvelle, le parti qu’il a écarté du pouvoir. L’identité de Syriza n’est pas fixe : on ne doit pas y avoir sa carte de membre, et la plupart des « membres » auxquels j’ai parlé m’ont assuré qu’ils n’avaient, en fait, jamais rien signé du tout. Il est même difficile de se rendre aux meetings de Syriza dans Athènes ; personne n’a l’air de savoir s’il y en a régulièrement.

Tsipras a peu d’amis dans l’élite capitaliste et un accès limité aux fonds étrangers qui ont permis au Pasok de balancer des cadeaux en guise de carottes sous le nez de chaque secteur de la société grecque. Syriza ne peut pas distribuer de subventions. Ce qu’il fait, c’est générer du soutien en étant ce que Lucio Magni a reproché au Parti Communiste Italien de n’être jamais devenu : un « parti léger », qui interprète la société au lieu d’essayer de la transformer. « Quand vous étiez dirigeant syndical sous le Pasok, votre travail, c’était d’être reconnaissant envers le gouvernement », dit Giorgos Gogos, secrétaire général de l’Union des Dockers du Pirée. « Syriza exige que nous nous fassions le relais des critiques. »

 

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Giorgos Gogos

 

À Thessalonique, en 2011, l’État s’est donné beaucoup de mal pour essayer de privatiser l’approvisionnement de la ville en eau. Plus de cinquante groupes de citoyens se sont spontanément mobilisés pour s’opposer à cette mesure ; il y a eu des manifestations en chaîne et des piquets devant des bâtiments gouvernementaux. Tsipras en a entendu parler et a encouragé des groupes à continuer de se former. Au niveau de l’État, il leur a donné une voix : « L’eau n’est pas une marchandise » a-t-il dit au Parlement. « Il faut organiser un référendum pour la sauvegarder. Nous sommes les 99%. » Finalement, le référendum a eu lieu et, en mai dernier, les habitants de Thessalonique ont voté pour arrêter la privatisation. Un membre éminent du Pasok, Kriton Arsenis, a aussitôt fait allégeance à Syriza. Et un contingent de parlementaires de Syriza a fait le voyage de Dublin pour expliquer aux Irlandais comment organiser une campagne de ce genre.

Beaucoup d’observateurs sympathisants de la gauche grecque prétendent que Syriza n’est pas dans une position qui lui permette de réformer l’État. Ils font allusion à la nébuleuse de l’armée, de la police, du système judiciaire et des oligarques grecs, au pays et à l’étranger. Dans ses interviews, Yanis Varoufakis, le ministre des Finances, les appelle « les forces obscures » du pays. Elles sont « l’état profond », qui s’est cristallisé pendant la Guerre Civile en arme de la droite pour éradiquer les communistes. Les parents de beaucoup de membres de Syriza ont été victimes des persécutions de la droite pendant ces années-là ; le père de Varoufakis a été emprisonné à Makrouisos, un camp de concentration pour prisonniers politiques situé au large des côtes de l’Attique. Des membres de Syriza eux-mêmes ont combattu la rechute dans l’autoritarisme sous la Junte. Étudiante, Nadia Valavani a été torturée par la police des colonels.

 

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Nadia Valavani

Cette frange de droite a continué de se tapir et de menacer après la chute de la Junte, pendant les metapolitefsi, les soi-disant décennies de prospérité démocratique. Sa manifestation la plus visible est Aube dorée, qui a pu prospérer, en partie parce que le ministère de la Justice l’a autorisé à opérer depuis des années avec une impunité virtuelle. Elle a des soutiens dans l’Église et dans la police. Deux généraux à la retraite siègent au Parlement européen sous l’étiquette Aube dorée.

Pour ce qui est de l’Église, Tsipras est apparu en public avec l’archevêque Ieronimos, pour montrer aux Grecs qu’il n’essaie pas de renverser l’orthodoxie. Quant à l’armée, il fraie avec quelques généraux à la retraite. Le mois dernier, au ministère de la Défense, j’ai rencontré l’un d’entre eux, Nikos Tsokas, un commandant de l’OTAN, que les Grecs appellent maintenant kokkinos stratigos, le « général rouge ».

 

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Le général à la retraite Nikos Toskas

Tsipras a parlé avec lui l’été de 2012, et les deux hommes sont tombés d’accord sur le fait que quelque chose devait être entrepris, à propos du nombre croissant d’incursions turques dans l’espace aérien grec. Toskas est aujourd’hui sous-secrétaire à la Défense. Malgré la riche histoire des coups d’état militaires en Grèce – huit dans le siècle qui vient de s’achever – l’armée grecque ne représente pas, pour l’instant, un danger pour Syriza. La dernière rumeur en date sur l’éventualité d’un nouveau putsch remonte à 2011 et se rapporte à un chef militaire nationaliste du nom de Frangoulis Frangos. Je l’ai rencontré les jours derniers à la terrasse d’un café, sous l’Acropole. « Je peux juste dire que nous n’avons pas eu de sérieux problèmes avec les politiques depuis quelques décennies » m’a dit Frangos. « Ils nous respectent et nous les respectons. »

C’est la police qui pourrait causer le plus d’ennuis à Syriza. En 2010, alors que les premières mesures d’austérité faisaient leur apparition, une nouvelle force de police spéciale appelée DIAS fut créée. Les policiers de DIAS circulent par paires, à moto, dans Athènes, et y créent une atmosphère d’intimidation étatique. « Pour ce qui concerne DIAS, nous avons demandé à l’État de ne pas se servir uniquement d’hommes inéduqués d’à peine passé vingt ans » m’a dit Antonis Zacharioudakis, vice-président du Syndicat des policiers. « Mais les politiciens voulaient que l’austérité soit imposée par une très faible partie de la société, presque comme par un groupe d’étrangers. Il y a des dizaines de milliers d’hommes comme ceux-là qui, au cours des cinq dernières années ont appliqué ainsi la répression d’État ; et ils savent très bien que la population, dans son ensemble, les méprise. »

La police a mis Syriza dans une position particulière. Le parti doit donner suite à sa promesse de ne pas continuer à donner l’impression que l’État est en guerre avec le peuple. En même temps, réduire les forces de police pourrait aggraver le sentiment d’insécurité. La mise en œuvre de la politique du gouvernement en matière d’immigration a été maladroite : les centres de rétention pour immigrés ont été fermés dans tout le pays, mais la décision de Syriza de relâcher les immigrants sur la place Omonia d’Athènes pousse les gens dans les bras de la droite. Un autre problème est celui des salaires des employés du secteur public. Ils dépendent des fonds d’urgence alloués à la Grèce, à condition qu’elle persévère dans l’austérité, à laquelle, bien sûr, Syriza a juré de résister. Si on refuse à la Grèce les prêts dont elle a besoin pour payer ses salariés, la police prendra-t-elle fait et cause pour les populistes anti-Syriza ? Démocratie Nouvelle a jadis amadoué la police avec des promesses de hausses de salaires « quand l’ordre économique serait rétabli ». Syriza n’a en rien fait mine de l’imiter. En dépit des tentatives faites pour purger la police de quiconque porte des svastikas tatouées ou affiche des sympathies fascistes, la moitié des officiers continue à voter pour Aube dorée. Dans les semaines qui viennent, Yannis Panousis, un criminologue de l’université d’Athènes et aujourd’hui vice-ministre de la Protection civile, a l’intention de superviser le licenciement de tous les officiers de police ayant des liens avec Aube dorée. Il devrait y en avoir une centaine m’a-t-il dit, peut-être plus. « J’ai enseigné à la plupart de ces types, à l’académie de police. Ils sont très faciles à repérer. » Son intention est de desserrer l’étroite association entre la police et Aube dorée en éduquant les policiers dans des universités, aux côtés des autres étudiants. Mais des réformes de cette envergure prennent du temps, et Syriza n’en a pas beaucoup à sa disposition. Le procès d’Aube dorée commence ce mois-ci. On craint que ses chefs se présentent comme des victimes d’un système judiciaire injuste, ne soient acquittés et sortent de prison en héros. En juin, l’extension de dette obtenue de l’U.E. par Syriza vient à échéance.

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Yannis Panousis, « le plus poitevin des ministres grecs ».

 

L’intransigeance de l’Allemagne au cours du premier round des négociations a mis Syriza face au dilemme de trahir entièrement sa rhétorique anti-austérité ou de proposer un référendum public sur l’opportunité, pour la Grèce, de sortir de l’U.E. Dans le premier cas, il perd tout espoir de soutien populaire massif. Dans le second, il perd le filet de sauvegarde supposé lui être garanti par son appartenance à l’U.E.

J’ai quitté Athènes peu avant les élections et j’y suis retourné un mois après. C’est une ville légèrement différente que j’ai retrouvée. Il y avait davantage d’immigrants qui erraient dans les rues, particulièrement dans des endroits comme Mets, où je n’en avais jamais vu avant. Ils avaient toujours l’air malheureux. La Grèce, pour eux, est un relais d’étape, pas un domicile. Les gens, à Kodonaki, s’en plaignaient par-dessus leurs apéritifs. Mais, dans l’ensemble, les Athéniens étaient plus xalara, « ragaillardis », comme disent les Grecs. Syriza avait fait des petits mais substantiels progrès. Les grilles en fer forgé qui entouraient le Parlement avaient été enlevées. Mon voisin m’a soutenu qu’il avait vu des politiciens prendre le métro pour se rendre au Parlement. Les gens se plaignent toujours du gouvernement, mais plus avec la hargne qu’ils déversaient sur Antonis Samaras. La présence policière a été réduite. Dans la rue Ermou, près de l’accès à la place Syntagma, où ils avaient coutume de traînasser en groupes armés, les sbires ont disparu, du moins pour l’instant.

Traduction c.l. pour Les Grosses Orchades.

 

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17. Aube Dorée.JPG

 

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Quelques liens :

http://tlaxcala-int.blogspot.be/2015/01/la-grece-et-ses-deux-alexis.html

http://www.oocities.org/tourkopanayis/pictures.html

http://lesamisdekarlmarx.over-blog.com/article-23948329.html

http://canempechepasnicolas.over-blog.com/article-beloyannis-l-homme-a-l-oeillet-rouge-comme-jean-nicoli-46265632.html

 

D’autres liens de sites à suivre :

http://www.okeanews.fr/

https://solidaritefrancogrecque.wordpress.com/

http://syriza-fr.org/

 

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Au moment où on met en ligne, on ne sait rien des accords pris ou pas pris à Moscou par le premier ministre grec et le président de Russie.

Il a filtré que les deux pays ont beaucoup de choses à partager, que, sans doute, le Turk Stream, qui devait s’arrêter à la frontière grecque, va traverser le pays et ainsi fournir du gaz au Sud de l’Europe ; que les sanctions russes à l’encontre de l’Europe seront probablement levées en ce qui concerne la Grèce, et, bref, que la Russie aidera la Grèce de toutes les façons possibles sauf en lui baillant des fonds qui « ne feraient qu’envenimer ses rapports avec l’U.E. ». Pour le reste, il vous faudra, comme nous, attendre.

Russia and Greece to ink Turkish Stream gas pipeline deal within days - Greek minister

http://rt.com/business/248629-greece-russia-memorandum-pipeline/

 

Russia Rapprochement Highly Popular in Greece

http://russia-insider.com/en/playing-putin-card/5492

 

Putin and Greek PM Agree Closer Ties Short of Russian Financial Aid

http://russia-insider.com/en/putin-offers-cooperation-greece-no-financial-aid/5434

 

Greeks Warned Not to Ride With Putin by Mainstream

Phil Butler

[Updated] Greece’s Prime Minister is meeting with Russia’s Vladmir Putin today to discuss closer relations and a possible bailout of the Greek economy. Meanwhile, western mainstream media exhibits fearful commentary on the potential. 

http://russia-insider.com/en/greeks-warned-mainstrream-media-beware-putin/5417 

 

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Entretemps, Madame Sarah Wagenknecht (Die Linke) a « remis ça ». Vous vous souvenez de son retentissant discours du mois de novembre dernier, où elle avait sonné les cloches à la chancelière ? Le 19 mars 2015, elle est remontée à la tribune du Bundestag (affichant plus que jamais sa couleur) pour mettre à jour ses remontrances.

Discours de Sahra Wagenknecht au Bundestag : « Mme Merkel, votre politique atlantiste emmène l’Europe droit dans le mur »

 

Transcription traduite en français

 

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« Monsieur le président, Madame la Chancelière, Mesdames, Messieurs. En des temps meilleurs, la politique étrangère allemande avait deux priorités : l’intégration européenne, et une politique de bon voisinage avec la Russie. Cela devrait vous inquiéter, Madame Merkel, si vous daigniez m’écouter, que presque dix ans après votre nomination comme chancelière,  les nationalismes et les conflits en Europe prospèrent plus que jamais, et que les dissensions avec la Russie  laissent la place à une nouvelle Guerre froide.

Le directeur de l’influent think-tank (groupe de réflexion – NdT) Stratfor, lors d’une récente conférence de presse, a dressé une liste claire des intérêts spécifiques des USA en Europe : le principal est celui d’éviter une alliance entre l’Allemagne et la Russie, car, je cite : « Ensemble, ils seraient la seule puissance capable de menacer les États-Unis. » Cette supposée menace des intérêts américains a été repoussée avec succès dans l’immédiat. L’Union européenne est née, et a cherché dans le contexte du partenariat avec l’Est, à casser toute coopération économique et politique entre les pays intéressés et la Russie. Mme Merkel, cela visait évidemment et directement la Russie ! Ce n’était pas dans l’intérêt des pays concernés.

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Source : http://arretsurinfo.ch/mme-merkel-votre-politique-atlanti...

 

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Pourquoi des polars ? Parce que quelqu’un nous a écrit « Vous faites des posts sur la Grèce et vous ne parlez même pas de Markaris ». Vrai. Et regrettable. D’où cette rubrique.

Nous commencerons cependant par un autre…

Un polar hexagonal fait la presque Une de la grosse cavalerie des merdias ces jours-ci : le dernier opus de Fred Vargas. On ne le lira pas. Non qu’il soit nul comme polar – on n’en sait forcément rien – mais parce qu’il y en a des tas d’autres et qu’on ne traîne pas avec n’importe qui. Comme si cela ne suffisait pas, c’est le moment qu’a choisi le Saker francophone pour publier un papier où la même auteuse tartine des considérations pseudo-philo sur ce qu’elle prend pour des révolutions. Ouch ! La totale.

Disons-le tout net, ils sont plutôt bien les Saker depuis leurs soubresauts de janvier dernier. Ils traduisent tant de choses intéressantes qu’on a même du mal à les suivre. Mais se lancent aussi quelquefois dans la publication de quelque article franco-français pas toujours à la hauteur de leurs ambitions. Comme quand la chère Rosa Llorens fait des infidélités au Grand Soir pour débloquer sur le pape… Ou comme cette sorte de carte blanche à Vargas. À notre avis, ils sont jeunes et n’ont pas encore appris à trier, se cultiver un peu en politique. Pas dur : il suffit d’appliquer quelques règles universelles de morale publique en guise de grille de décryptage. Et, bon, le monde ne s’est pas fait en un jour.

Donc, Vargas. Nous, qui sommes assez vieux pour savoir trier et qui avons lu jadis, non sans plaisir, ses anciens titres, nous savons aussi que mémé Vargas est de la bande à Charlie. Le vrai Saker a dit ce qu’il en pensait et nous pensons de même. Résumé lapidaire d’un autre grand (William Blum Anti-Empire Report Hé ho le Saker francophone, besoin de traducteurs !) :

« En politique internationale, les Charlie Hebdo étaient néo-conservateurs. Ils ont soutenu chacune des interventions de l’OTAN, de la Yougoslavie à celles d’aujourd’hui. Ils étaient anti-musulmans, anti-Hamas (ou toute autre organisation palestinienne), anti-russes, anti-cubains (à l’exception d’un seul d’entre eux), anti-Hugo Chavez, anti-Iran, anti-Syrie, pro-Pussy Riots, pro-Kiev. Ai-je besoin de continuer ? » 

Au moment de l’ubuesque Appel des Douze, nous nous étions ici demandé pourquoi ils n’étaient pas treize. Autrement dit : Fred Vargas-BHL même combat.

Or, voilà-t-il pas que, dans sa dernière histoire de gendarmes-z-et-voleurs, elle s’en prend à Robespierre. Ou plutôt, à ces quelques historiens et péquenots qui ont récemment cassé leurs tirelires pour acheter, à la place d’un État en-dessous de tout, à quelqu’un qui n’aurait pas dû se les faire payer, de précieuses archives nationales. (Ce n’est pas parce que le Pirée est chinois que les lettres de Robespierre doivent devenir yankees !). En panne d’inspiration Mâme Vargas ? Plus cap d’inventer des personnages de fiction dignes d’intérêt ? Allez savoir. Et tous les plumitifs à gages de service de se récrier : Ah, que c’est bien, ce livre, et, ah, que Fred Vargas est sans conteste l’Agatha Christie des Batignolles !

Une question qu’on se pose : si elle tient tant que ça à jouer les Patricia Cornwell… si elle aime tant que ça les tueurs en série – vrais ou supposés – pourquoi ne se sert-elle pas des siens, de ceux qu’elle admire ? On va vous le dire : « Robespierre » fait vendre. George Doublevé c’est moins sûr. Elle devrait le savoir, pourtant, que la guillotine, même au temps de M. Giscard d’Estaing, n’a jamais coupé qu’une tête à la fois, alors que ses chéris n’ont pas seulement cramé en masses des populations, inintéressantes certes, mais qui vont continuer à crever pendant des dizaines de générations, naître macrocéphales, à deux têtes ou sans bras ni jambes, ce qui vous a tout de même une autre gueule dans le polar gore que des archives dédaignées par des clientéleux démago. Nous, ce qu’on en dit…

À part quoi, il y a en ce moment, un journaliste US qui nous plaît bien. Il s’appelle Phil Butler (Hé, ho, le Saker francophone !). Ses papiers sont si jubilatoires que les médias russes pas trop à droite commencent à s’en délecter. La visite en cours d’Alexis Tsipras à Moscou vient de lui donner (voir plus haut dans sa langue) l’occasion de se défouler à cœur joie, sur l’Invincible Armada merdiaque, qui, d’une seule voix, se rue au secours du malheureux PM grec : « Faites gaffe à Poutine ! Il va vous entraîner dans le caca ! » etc. etc. Ne savent visiblement pas, se marre Butler, ce que « Plus rien à perdre » veut dire, et cèdent à une bien réjouissante panique. Ah, comme on le comprend, car c’est toujours – ici aussi - pareil : quand une petite main atlantiste se met à gagner son beefsteack en bavant un peu plus qu’à l’accoutumée sur Robespierre, on sait que les maîtres du monde ont les chocottes. Que Poutine tout seul ne leur suffit plus. Que Poutine + Castro + Chavez + Khadafi + Nasrallah + Assad non plus. Qu’il leur faut y ajouter Robespierre, mort depuis 221 ans. Croyez-nous, c’est jouissif.

Une autre fois, faites-nous penser de vous parler de Mémé Sigaut.

Mais trêve de bavardages :

 

Pétros MÁRKARIS

 

20. markaris.jpgRomancier grec né à Istanboul en 1937. Scénariste de cinéma et de télévision et auteur d’un certain nombre d’ouvrages dont une petite dizaine de romans policiers plus ou moins athéniens et contemporains. Accessoirement spécialiste de Bertold Brecht et traducteur de Goethe et de Wedekind.

Son commissaire Charitos flirte avec la soixantaine, a une épouse prénommée Adrienne (Adriani en grec) qui a toujours raison, ce qui l’énerve, une fille surdouée (Ekaterina)  qui fait des études de droit et une Mirafiori hors d’âge dont le dernier soupir toujours imminent constitue de livre en livre, un suspense qui en vaut bien d’autres. Il sillonne avec elle des rues d’Athènes chroniquement embouteillées aux noms imprononçables et dont il ne nous fait grâce d’aucune. Pas de raison ! La Ve Avenue, c’est ringard, à force.

Sa caractéristique principale, à Charitos, c’est qu’il a commencé sa carrière de jeune flic dans les prisons de la Junte et que, blanchi sous le Pasok – vous dire s’il est écoeuré – il n’a jamais tout à fait perdu le contact avec d’aucuns à qui il lui était arrivé de glisser un bout de mégot entre les lèvres, au sortir d’une séance de torture, persuadé que ce serait le dernier. Lambros Zissis est de ceux-là, aussi revenu de tout moralement que physiquement, qui vit en misanthrope, loin de la foule exaspérante. Il va le voir, quand il n’arrive pas à s’expliquer politiquement quelque chose, et parce qu’il fait le meilleur café d’Athènes. Il n’est d’ailleurs jamais si heureux que lorsqu’il peut s’asseoir, loin des réflexions d’Adriani, à la terrasse ou dans le fond d’un café, pour en siroter un, même tiède, même si le garçon le snobe.

- Cette fois, nous sommes d’accord, dis-je en souriant.

- Erreur. Moi, je suis avec l’assassin.

Il a de nouveau son air malin. Et il change soudain de sujet :

- J’ai appris que Katérina va s’occuper des immigrés. Bravo.

Toujours le même. Il ne dit pas « Katérina m’a dit », mais  « j’ai appris », craignant que je ne sois fâché de ce que ma fille et lui soient en contact. Mais je sais bien qu’elle lui dit tout, lui demande toujours conseil, et cela ne me gêne en rien, au contraire, je crois qu’il lui fait du bien en lui disant ce que je ne peux ou ne sais pas lui dire.

- Dans tout ce que j’ai fait, je me suis toujours planté dit Zissis. Sauf avec ta fille. Dès la première rencontre, quand tu me l’as amenée et que tu nous as laissés seuls, j’ai compris que cette fille-là allait tout faire bien.

 

Oui, dans les romans de Markaris, la jeune génération « remet ça », comme dans l’article d’Alexander Clapp. Ses trois derniers volumes parus forment un tout : la Trilogie du jugement. Le dernier, publié en 2012, anticipe les bouleversements actuels, même si ce qu’il annonce n’est pas tout à fait ce qui se passe, parce que le futur ne réalise jamais vraiment ce qu’on craint ni ce qu’on espère. Vous savez… les impondérables.

 

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Liquidations à la grecque,

traduit par Michel Volkovitch,

Paris, Seuil, 2012

réédition, Paris, Points, 2013

336 pages

 

 


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Le Justicier d’Athènes,

traduit par Michel Volkovitch, Paris, Seuil, 2013

réédition, Paris, Points, 2014

336 pages

 

 

 

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Pain, éducation et liberté

traduit par Michel Volkovitch,

Paris, Seuil, 2014

256 pages

 

 

 

 

Que cela ne vous empêche pas de lire ceux qui les ont précédés :

- Journal de la nuit

- Une défense béton

- Le Che s’est suicidé

- Actionnaire principal

- L’empoisonneuse d’Istanboul

Et ceux qui ne manqueront pas de les suivre.

 

*

Quelque chose, à la réflexion, nous a frappés, c’est que les autres anciennes dictatures ont, elles aussi, leurs Pétros Markaris, auteurs marqués par le passé, dont les héros sont souvent des rescapés de l’enfer à visage humain. Anciens jeunes idéalistes qui ont tout affronté, tout enduré et survécu. Qui se retrouvent à gagner chichement leur vie, au milieu de nouvelles couches à iPads et à selfies, tels Gulliver chez les pygmées, d’une postérité pour laquelle ils auraient sacrifié leur vie et qui ne les voit même pas.

On ne vous fera pas l’injure de vous dire qui est le grand Montalban, emblématique au point que le grand Camilleri a donné son nom à son héros principal, avec un o au bout pour faire italien. Et on ne va vous mentionner qu’un titre de chacun d’eux. À vous de trouver les autres si cela vous intéresse, en tapant leurs noms dans Google.

 

Espagne

Manuel Vásquez MONTALBÁN

 

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Né en 1939, mort en 2003 (d’un arrêt cardiaque à l’aéroport de Bangkok). Catalan, fils d’une couturière et d’un militant du PSUC.

Surtout connu pour ses romans policiers dont le héros est Pepe Carvalho. Inclassable, il se définissait lui-même « journaliste, romancier, poète, essayiste, anthologiste, préfacier, humoriste, critique et gastronome », ou plus simplement « communiste hédoniste et sentimental ».

On se rappellera ses débuts en fanfare de 1972 avec J’ai tué Kennedy.

Et on trouvera la (très longue) liste de ses autres œuvres sur Wikipedia.

 

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Manuel Vasquez Montalban

J’ai tué Kennedy, ou les mémoires d’un garde du corps

Christian Bourgois – 1994 – 211 pages

Seuil (Points Poche) – 2007 – 203 pages

 

 

 

 

 

                                *

Francisco González LEDESMA

 

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Né à Barcelone, en 1927, mort à Barcelone, le 2 mars dernier, à 88 ans.

Il a d’abord, comme Simenon, publié sous de nombreux pseudonymes : Silver Kane, Rosa Alcázar, Fernando Robles, Taylor Nummy, Enrique Moriel. Jusqu’à ce que la mort de Franco lui permette de le faire enfin sous son véritable patronyme. Los Napoleones sera suivi de beaucoup d’autres et Ledesma collectionnera les prix.

Il est le père de l’inspecteur Ricardo Mendez, qui n’a rien à envier à Kostas Charitos, à Pepe Carvalho ou à Salvo Montalbano. Une sacrée génération !

Pour la plupart situés à Barcelone, ses romans ont pour cadre les quartiers populaires où se démènent des marginaux et des ouvriers, maltraités par le franquisme et laissés pour compte de la démocratie. L'inspecteur Méndez y mène ses enquêtes de façon assez peu conventionnelle, tout en faisant « preuve d'un aimable scepticisme ».

Mais Barcelone est, bien plus encore que Mendez, le véritable personnage central de ses romans, une Barcelone qui se modernise alors même que l'inspecteur vieillit et qu’il a la nostalgie de ce qu’elle était « avant » et ne sera plus jamais.

 

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Le dossier Barcelone

Paris, Gallimatd, La Noire – 1998

Réédition Gallimard Folio Policier – 2003

368 pages

 

 

 

 

*

ESPAGNE ET… ARGENTINE

Carlos SALEM

 

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Est un écrivain, poète et journaliste argentin, né à Buénos Aires en 1959. Il a fui, comme d’autres, la dictature argentine et vit en Espagne depuis 1988. Installé à Madrid en 2000, il collabore à des magazines comme Cosmopolitan ou Marie-Claire, il faut bien manger, et il écrit des romans, des polars et des livres pour enfants. À partir de 2006, il devient un des animateurs du bar culturel Bukovski Club, où il organise des séances hebdomadaires de lectures d'œuvres poétiques et de courts récits de fiction.

 

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Je reste roi d’Espagne

Arles – Actes Sud – 2011

400 pages

 

 

Juan Carlos a disparu, laissant derrière lui une note énigmatique : « Je pars à la recherche de l'enfant. Je reviendrai quand je l'aurai trouvé. Ou pas. Joyeux Noël » Pour lui mettre la main dessus, le ministre de l'Intérieur joue sa dernière carte : José Maria Arregui, l'inspecteur mélancolique et sanguin qui, quelques années plus tôt, a déjà, par hasard, sauvé la vie au roi une première fois...

*

CHILI

Ramon Diaz ETEROVIC

 

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Né à Punta Arenas en 1956, principalement connu pour son détective privé Heredia (sans prénom). Il se réclame de la gauche, est marié à l’auteur chilien Sonia González Valdenegro, dont il a trois enfants.

 

« La novela policial que escribo está estrechamente ligada a los crímenes políticos que han asolado a Chile y a Latinoamérica. Un crimen que abandona el cuarto cerrado o las motivaciones individuales, y se relaciona al poder del Estado, a los negociados políticos y económicos, a la falta de credibilidad en la justicia, a la búsqueda de verdad. La novela policial ha sido para mi una perspectiva para hablar de temas sensibles en la sociedad chilena, como los detenidos desaparecidos, el narcotráfico, la carencia de una democracia real, las traiciones. Mis novelas las siento como una crónica de la historia chilena de los últimos 20 o 25 años, y con las novelas ya escritas y otras que escribiré, deseo construir una suerte de comedia humana chilena. »

 

La dictature militaire d’Augusto Pinochet (1973-1990) a anéanti l’utopie du président socialiste Salvador Allende, mais elle a tué aussi l’espérance, du moins aux yeux du brave Heredia, souvent embrumé par l’alcool.

Ce privé, Don Quichotte des causes perdues et des petites misères, est un orphelin de l’espoir, désenchanté par la transition démocratique, sans complaisance à l’égard des parvenus, des affairistes, des opportunistes, des repentis, des aigris et des cyniques, méchants caractères typiques du genre humain.

Il vit avec un chat, appelé Simenon, qui n’envoie pas dire à son humain, généralement, ce qu’il pense. On ne sait pourquoi, mais on croirait entendre, quelquefois, son homonyme…

 

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 Ramon Díaz-Eterovic

Les sept fils de Simenon

Métailié – 2004

294 pages

 

 

 

À ce jour, six aventures d’Heredia et Simenon ont été traduites en français

Un entretien

https://carnetsduchili.wordpress.com/2011/05/28/ramon-diaz-eterovic/

 

*

ITALIE

Andrea CAMILLERI

 

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On ne pourrait, même si on le voulait, vous les recenser tous, les auteurs italiens survivants de la dictature fasciste et/ou rescapés des années de plomb. Il y faudrait un volume. Contentons-nous de rappeler que chez le plus célèbre et le plus âgé de tous, outre les aventures et mésaventures de Salvo Montalbano et de sa fine équipe, outre les réflexions à deux voix sur le temps présent (avec Saverio Lodato : Un inverno italiano. Cronache con rabbia 2008-2009), il y a aussi les souvenirs du temps de la dictature mussolinienne, quand le vieux Camilleri était un petit balilla de dix ans endoctriné comme les autres.

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La prise de Makalé

Paris – Le livre de poche – 2008

277 pages

 

 

Une bourgade de Sicile en 1935. Alors que les troupes mussoliniennes envahissent l’Éthiopie, le petit Michilino, six ans, perçoit le monde à travers les valeurs catholiques et fascistes qu’on lui inculque en famille, à l’église, à l’école et dans son groupe de Balilla (encadrement fasciste de la jeunesse). Doué de capacités intellectuelles et sexuelles hors du commun, éduqué dans la haine du communisme et le culte du Duce, l’enfant adhère aveuglément à ces préceptes, sans déceler l’hypocrisie et les contradictions qui sous-tendent la rhétorique des adultes.

Dans une mise en scène magistrale et grotesque de la violence faite au corps et à la conscience d’un enfant victime de l’endoctrinement fasciste, Andrea Camilleri dénonce ici le fanatisme et fait le procès de toutes les hypocrisies sociales et idéologiques.

Un mot  en courant vite sur l’osmose qui fait de Camilleri et de son traducteur français, Serge Quadruppani, presque un auteur à deux têtes. Miracles qui se produisent quelquefois.

 

*

 

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La vie et la mort de Nikos Beloyannis ont inspiré un film, réalisé en 1980 par Tzimas Nikos : L’homme à l’œillet, qui a collectionné les distinctions partout où il est passé, mais dont nous n’avons trouvé ni DVD, ni trailer ni même une bête petite vidéo, ne fût-ce que pour la musique originale de Mikis Théodorakis !

Juste un lien, et encore, en anglais :

http://www.tainiothiki.gr/v2/lang_en/filmography/view/1/2...

Misère de la culture en déclin de l’Occident.

 

*

Avouons notre ignorance crasse en matière de cinéma grec, mis à part les films de Cacoyannis qui ont enchanté notre jeunesse. On vous aurait bien mis en ligne une video d’Electre, par exemple. Qui ne se souvient de la belle Irene Papas ? Sauf que… cela n’existe plus (ou pas ?) en français. On les trouve en grec, sous-titrées en anglais, en espagnol, en italien… En français, non. Rien.

 

*

Aurons-nous plus de chance avec l’incontournable Theo Angelopoulos ?

 

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Brèvissime bio :

Theódoros Angelópoulos estné à Athènes, en 1935. C’est en tournant une trilogie sur la crise grecque, au Pirée, qu’il meurt, renversé accidentellement par un motard de la police, le 24 janvier 2012.

Carrière : Études de droit à Athènes. Puis à Paris, depuis 1961 (Sorbonne - philosophie, filmologie, anthropologie - Levi Strauss). Viré de l’IDHEC au bout d’un an pour non-conformisme. Ce sont des choses qui comptent.

Ce manque d’atomes crochus avec l’intelligentsia française (ou l’establishment merdiatico-commercial ?) le poursuivra, puisque La poussière du temps, tourné en 2008, malgré sa réputation internationale, sa Palme d’Or pour L’éternité et un jour et une distribution en or massif (Michel Piccoli, Bruno Ganz, Willem Dafoe et Irène Jacob), ne sera distribué en France qu’en 2013, alors qu’il avait été projeté en ouverture de la Berlinale en février 2009.

À notre minuscule niveau, comment illustrer, en deux ou trois lignes, l’histoire de la Grèce, de ses crises, de son cinéma et des Balkans ? Cela, justement, se trouve réuni dans un film d’Angelopoulos :

 

Le regard d’Ulysse

1995

 

Un cinéaste grec exilé revient dans son pays (dans le nord de la Grèce, vers Thessalonique), à la recherche des bobines originales du premier film réalisé dans les Balkans par les frères Manákis au début du XXe siècle. Cette quête va le mener au travers de différents pays des Balkans, après la chute du communisme, de la Bulgarie à la République de Macédoine naissante, pour finir son périple à Sarajevo durant guerre de Bosnie-Herzegovine, dans une Yougoslavie en cours de désintégration. Il arrive finalement sous les balles durant le siège de Sarajevo, où il découvre les précieuses bobines conservées par un vieil homme, projectionniste de cinéma, qui tente tant bien que mal de préserver le patrimoine cinématographique de son pays en pleine explosion.

 

Deux extraits :

 

 

 

 

*

Quelques images de superbes films :

 

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Marcello Mastroianni, dans  L’Apiculteur, 1986

http://www.theguardian.com/film/gallery/2012/jan/26/theo-angelopoulos-best-films-in-pictures

 

*

Quant aux livres, nous avons épinglé deux auteurs (arbitraire et n’importe quoi) :

 

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Nicos Poulantzas

La crise des dictatures – Portugal, Grèce, Espagne

Paris, Seuil, 1976

188 pages

 

 

 

*

 

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Dido Sotiriou

d’un jardin d’Anatolie

Les éditeurs français réunis – 1965

259 pages

 

 

 

On en conseille la lecture à ceux qui rêvent de renvoyer des immigrés dans leurs pays d’origine. Cela s’est fait - le saviez-vous ? -  dans les années 20, à grande échelle…

 

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Dido Sotiriou

 

Née en 1909 (en Asie mineure) et morte en 2004 à Athènes, Dido Sotiriou fut une femme de lettres et une journaliste grecque. Elle fut surtout un large pan d’histoire grecque à elle toute seule.

Durant l'occupation de la Grèce, pendant la Seconde Guerre mondiale, elle a adhèré au Parti communiste et est entrée dans la résistance. Avant cela, elle avait étudié la littérature à la Sorbonne, connu Aragon, Gide et Malraux.

Elle allait publier son premier roman, Les morts attendent, en 1959, qui serait suivi d’Électre en 1961, et de son chef-d'œuvre D'un jardin d'Anatolie, également connu sous le titre Terres de sang, paru en 1962, réédité soixante-cinq fois en Grèce et traduit en six langues.

Lorsqu’elle est morte, âgée de 95 ans, on a retrouvé chez elle 600 manuscrits et, dans un coffre, à la banque, un roman presque achevé, qui avait pour titre Les enfants de Spartacus. Ce livre lui avait été inspiré par les histoires que lui racontait sa sœur, Eli Pappa, lorsqu’elle allait la voir en prison à la fin des années 50. Il y était question de femmes de Thrace, prisonnières politiques.

Le roman se passe en Thrace, dans les deux premières décades du XXe siècle, et à Athènes, dans l’immédiat après « Guerre Civile », et il traite des activités syndicales et de résistance de ses héros, eux-mêmes inspirés par l’histoire du Spartacus historique et des autres esclaves thraces. Elle avait commencé à l’écrire en 1963 et, chaque fois qu’elle avait terminé un chapitre, elle prenait le bus pour aller l’enfermer dans un coffre qu’elle avait loué à la Banque Nationale de Grèce, place Syntagma, pour le soustraire aux attentions de la police politique. C’est là qu’on l’a trouvé. Et il a été, tel quel, publié par les soins de Nikos Beloyannis le Jeune (fils de l’autre, l’homme à l’œillet).

Même morte, Dido Sotiriou gêne encore les fascistes et les nazillons, qui l’étripent à l’envi sur leurs sites. N'est-ce pas plus glorieux qu’une légion d’honneur ?

 

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ta paidia tou spartakou / τα παιδιά του σπάρτακου

(Les enfants de Spartacus)

Kedros – 2006 – (Grec)

Inédit en français

 

 

 

 

*

 

Et pour finir,  puisqu’on n’a pas trouvé le film dont il avait fait la musique :

 

Athènes, 1995

Mikis Theodorakis

Lors d’un concert donné en son honneur par le Metrople Orkest de Hilversum (Hollande), il monte sur scène et chante avec Georges Dalaras : O Kaimos (Le chagrin)

 

 

 

*

On ne le savait pas

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Wir waren immer dabei

 

On vient de l’apprendre après avoir fermé cette mise en ligne : Günther Grass est mort aujourd’hui, dans une clinique de Lübeck, dans sa 88e année.

Le temps nous manque pour dire quelle importance énorme il avait pour nous, pourquoi il était et restera un de nos auteurs de chevet. Pourquoi ses Pelures d’oignon n’en finiront pas de nous rappeler notre propre enfance, si près et dans le camp adverse. Puisque la source est tarie, on chérira encore plus qu’avant notre préféré Rencontre en Westphalie et on repensera souvent au sculpteur qu’il fut d’abord et qui a son musée à Lübeck. Une chose aussi est sûre : on ne lira pas ce que les merdias vont en dire, à quoi bon.

L’honnête hommage que lui rend, dans Le Grand Soir, Eugénie Barbezat nous convient tout à fait.

 

Günter Grass a cassé son tambour

Eugénie BARBEZAT – LGS13 avril 2015

 

L’éditeur du prix Nobel de Littérature 1999 vient d’annoncer son décès. L’écrivain allemand était âgé de 87 ans.

L’écrivain, père de quatre enfants, qui vivait à Lübeck s’impose comme l’un des auteurs majeurs de l’après-guerre. Il était l’écrivain allemand de la seconde moitié du XXe siècle le plus connu à l’étranger.

Depuis la publication en 1959 de son chef-d’œuvre, Le tambour", un succès planétaire adapté au cinéma par Volker Schloendorff, qui reçut la Palme d’Or à Cannes et l’Oscar du meilleur film, ce fumeur de pipe moustachu aux épaisses lunettes n’a eu de cesse de confronter son pays à son passé nazi, avec sa mauvaise conscience.

Lire la suite…

Source : http://www.legrandsoir.info/gunter-grass-a-casse-son-tamb...

 

 

*


Mis en ligne le 13 avril 2015.

 

 

 

 

 

15:57 Écrit par Theroigne dans Actualité, Général, Loisirs, Musique, Web | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook |

11/04/2015

ÉDITION SPÉCIALE HASSAN NASRALLAH

 

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Édition spéciale : Hassan Nasrallah

Sayed Hassan Nasrallah est un des personnages-clés de l’histoire contemporaine. Il est impossible d’essayer de se représenter le Moyen-Orient en faisant abstraction du rôle qu’il y joue, et qui dépasse de loin, faut-il le dire, le présent et l’avenir de la région.

Sayed  doit être un titre religieux musulman, comme imam ou ayatollah. Nous en ignorons la signification. « Celui qui enseigne » lui conviendrait à merveille. Mais il ne fait pas qu’enseigner, il « fait » aussi. C’est un homme politique d’envergure et un combattant exemplaire.

En d’autres termes, quiconque veut comprendre ce qui se passe entre nous et l’Asie doit écouter la voix de Sayed Hassan Nasrallah.

 

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Hassan Nasrallah sur le Yémen et la « rivalité » entre l’Arabie Saoudite et l’Iran au Moyen-Orient (VOSTFR)

Discours du Secrétaire Général du Hezbollah, Sayed Hassan Nasrallah, le 27 mars 2015

Sayed Hassan Nasrallah a vivement condamné l’agression américano-saoudienne contre le Yémen et a exprimé son soutien au peuple yéménite et au mouvement résistant indépendantiste Ansarallah, dont il prédit une victoire certaine et éclatante.

Dans cet extrait, il évoque longuement la prétendue ‘rivalité’ entre l’Arabie Saoudite et l’Iran au Moyen Orient depuis 1979, date à laquelle le Shah, qui dominait le régime saoudien, a été renversé. L’Arabie Saoudite est alors devenue le plus grand adversaire de la nouvelle République Islamique, dont l’influence n’a cessé de croître. En effet, comme Cuba à son heure, l’Iran révolutionnaire a toujours prêté une main secourable aux peuples opprimés du Moyen Orient sans jamais demander de contrepartie, tandis que l’Arabie Saoudite n'y traite qu'avec des vassaux et s’est toujours tenue aux côtés des oppresseurs, qu’ils soient locaux (Saddam Hussein, Al-Qaïda) ou importés (Américains, Israéliens). Par sa politique arrogante, destructrice et collaborationniste, l’Arabie Saoudite a irrésistiblement poussé tous les peuples martyrs de la région à se rapprocher de l’Iran. 

Transcription :

[…] 

Le troisième prétexte [de l’agression saoudienne contre le Yémen] est le plus important bien que ce soit également un faux prétexte, dépourvu de toute réalité ; je vous dirai ensuite quelle est la véritable raison de cette guerre. Le troisième prétexte, qui est actuellement le plus développé et répandu dans les médias saoudiens, du Golfe et arabes, et tous les médias financés par l’Arabie Saoudite et ses alliés, et (qui explique) pourquoi ils se lancent dans une guerre au Yémen... Le prétexte est que le Yémen est maintenant occupé par l’Iran. (Le prétexte est) l’hégémonie iranienne sur le Yémen, l’ingérence iranienne au Yémen. 

« Ça y est ! Le Yémen est devenu l’Iran ! Mais le Yémen est arabe ! Il faut que nous le récupérions ! Il fait partie de la péninsule arabique... ».

(C’est ce qu’ils prétendent) bien qu’ils n’aient jamais accepté de l’intégrer au Conseil de Coopération du Golfe, car ils le considèrent comme un sous-pays, de seconde classe, avec un peuple miséreux, un fardeau... Très bien. Il faudrait donc soustraire le Yémen à l’occupation iranienne, à la domination iranienne, au contrôle iranien. Et c’est là un des mensonges les plus énormes qu’on s’efforce aujourd’hui de répandre à travers cette campagne médiatique brutale qui est encore plus violente que l’agression militaire.

Lire la suite…

 

 


 

Source : http://sayed7asan.blogspot.be/2015/04/hassan-nasrallah-su...

 

*

Hassan Nasrallah : la guerre au Yémen annonce la fin de la dynastie saoudienne (VOSTFR)

Interview du Secrétaire Général du Hezbollah, Sayed Hassan Nasrallah par la chaîne d’informations syrienne Al-Ikhbariyya – Lundi 6 avril 2015

 

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Dans cet extrait, Sayed Hassan Nasrallah évoque l’opération américano-saoudienne au Yémen, un véritable désastre militaire jusqu’à présent. Selon lui, l’Arabie Saoudite s’est lancée dans une entreprise insensée, et elle est maintenant menacée dans son intégrité territoriale même. Il prédit avec certitude une victoire éclatante des Houthis, et des répercussions majeures sur la dynastie régnante saoudienne et l’ensemble de la région qui iront dans le sens de l’intérêt des peuples.

 

Transcription :

[…]

Journaliste : Je souhaite à nouveau la bienvenue à notre invité, le Sayed Hassan Nasrallah. Bienvenue à vous, votre Eminence le Sayed. Nous avons évoqué, juste avant la pause et cette dernière partie de notre entretien, des questions d'importance primordiale pour notre région. Vous avez déclaré que si le Pakistan intervient aux côtés de l'Arabie Saoudite, il le fera au prétexte d'une menace intérieure sur la sécurité saoudienne [pour défendre le Royaume et non attaquer le Yémen], et vous avez dit que cela n'est pas une possibilité lointaine, et que cela peut advenir dans un futur proche, les jours à venir nous montreront si un tel développement se produit depuis le Yémen, si les Houthis peuvent entrer en Arabie Saoudite. Que vouliez-vous dire ?

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Source : http://sayed7asan.blogspot.be/2015/04/hassan-nasrallah-la...

 

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Pendant que nous y sommes, complétons ces réflexions importantes par quelques autres, trouvées sur le même site, celui, infatigable, de : http://wwwsayed7asan.blogspot.fr

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Égypte et Arabie Saoudite au Yémen : de l’indépendance de Nasser à la servilité de Sissi (VOSTFR)


Discours de Gamal Abd-al-Nasser le 23 décembre 1962, durant la guerre du Yémen opposant les royalistes, soutenus par l'Arabie Saoudite et la Jordanie, aux Républicains, soutenus par l'Egypte.

L'Egypte d'aujourd'hui, vassale des Saoud et membre de leur coalition contre le Yémen, asphyxiant Gaza, main dans la main avec Israël, a sombré dans des abîmes de servilité insondables, et elle est bien loin de ce glorieux passé... 


« Depuis le premier jour jusqu’à aujourd’hui, nous avons perdu 136 officiers et soldats. Leurs chaussures ont plus de dignité que la couronne du roi Saoud et celle du roi Hussein. »

 

Source : http://sayed7asan.blogspot.be/2015/04/egypte-et-arabie-sa...

 

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Imagerie et Empire : Comprendre la peur occidentale des terroristes arabes et musulmans

Par Mahdi Darius Nazemroaya –strategic-culture - le 5 avril 2015.

 

L’idée que la majorité des attaques terroristes sont commises par des Arabes ou des musulmans manque non seulement de perspective historique, mais c’est un argument subjectif lié à l’orientalisme moderne, qui est bien vivant. L’orientalisme lui-même est fortement lié à la vision états-unienne de l’exceptionnalisme. C’est un domaine de pensée où les conceptions exceptionnalistes et racistes coïncident totalement. En fait, il y a une mince ligne entre les trois.

Selon une manière de penser linéaire désuète et géographiquement ethnocentrée, toutes les sociétés situées à l’Est et au Sud des États-Unis, du Canada et de l’Europe occidentale – en particulier la France, la Grande-Bretagne et les pays germanophones – sont considérées comme déficientes et inférieures. En Europe, cela signifie que quiconque vit à l’est de l’Allemagne est décrit tacitement ou ouvertement comme arriéré culturellement. Cela comprend les Balkans, les peuples slaves, les Albanais, les Grecs, les Turcs, les Roumains, les chrétiens orthodoxes et les anciennes républiques soviétiques.

Dans la conception orientaliste des États-Unis, les non-Européens se trouvent encore plus bas sur l’échelle. Cela comprend les peuples d’Afrique, d’Asie, d’Amérique latine et des Caraïbes.

4. Strategic Culture.jpg

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Source : http://lesakerfrancophone.net/imagerie-et-empire-comprend...

Traduit par Diane, relu par jj pour le Saker Francophone

 

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Corruption : Olivier Jornot, procureur général du canton de Genève

par Frank BRUNNER (fb23661@gmail.com)

5. suisse-geneve-ministere-public-1.jpg

Le siège du Ministère public à Genève

Olivier Jornot, le procureur général du canton de Genève, est un magistrat corrompu qui se livre au trafic d’influence au profit d’agents israéliens opérant en Suisse en toute impunité. Il est vrai qu’il n’est pas le seul magistrat corrompu, le trafic d’influence s’étendant jusqu’à la Cour de Justice du canton de Genève. L’affaire qui m’oppose à la Coordination intercommunautaire contre l’antisémitisme et la diffamation (CICAD), une officine sioniste dirigée par des agents israéliens opérant depuis Genève, met en évidence cette situation de corruption généralisée.

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Source : http://www.interet-general.info/spip.php?article21304

 

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La République des banquiers : conférences d’Henri Guillemin sur l’avant-1914

 

6. hqdefault.jpg


« En réalité, pour dire les choses telles qu'elles sont, et sous une apparence peut-être véhémente mais pourtant exactement fidèle à la vérité, la IIIe République était, sous une apparence de démocratie, pratiquement une oligarchie financière. Et je sais bien qu'il n'y a pas très longtemps encore, un journal sérieux disait : ‘C'est une rengaine de parler de la toute-puissance de l'argent.’ Il est facile d'appeler rengaine la constatation obstinée d'une évidence.»

Henri Guillemin, La République bourgeoise



« En dépit des apparences démocratiques en France, le peuple ne contrôle pas ses gouvernements. Un groupe étroit s’est emparé des conseils d’administration des grandes sociétés financières. Ces quelques hommes tiennent entre leurs mains les banques, les mines, les chemins de fer, les compagnies de navigation, bref, tout l’outillage économique de la France. Sans oublier la sidérurgie et les fabriques d’armes d’où ils tirent de croissants profits. Ils dominent le parlement et ont à leur solde la grande presse. La guerre ne leur fait pas peur, ils la considèrent même avec intérêt. (…) Nos banques ont gardé le souvenir des bénéfices énormes réalisés par elles en 1871. »

 Francis Delaisi, La guerre qui vient, 1911

 

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(13 vidéos)

Source : http://sayed7asan.blogspot.be/2015/04/la-guerre-qui-vient...

 

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In cauda…

On se souviendra que nous avons mis en ligne, il y a peu, une vidéo en russe, sous-titrée en anglais, d’Evgeny Fyodorov, député à la Douma, à propos de « l’affaire Nemtsov ». Nous déplorions le manque d’intérêt des francophones pour ces choses et regrettions qu’il ne se fût pas trouvé quelqu’un pour la sous-titrer dans notre langue. Eh bien, nos vœux viennent d’être exaucés : le Saker Francophone l’a fait. Alléluia !

 

La démocratie, incapable de se défendre, est devenue une vieille relique condamnée


 

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Par Evgeny Fyodorov – Le 10 avril 2015

(…)

Préambule

A la différence des régimes autocratiques – monarchies, dictatures – les démocraties représentatives à mandat non impératif que nous connaissons aujourd’hui n’ont pas les moyens de se défendre efficacement contre les subversions, d’origine interne ou externe, menées avec des moyens plus ou moins élaborés qui utilisent les propres atouts de la démocratie pour la renverser.

Il est difficile de corrompre un roi ou un dictateur, celui-ci disposant déjà de tout, par définition; il est plus difficile encore de corrompre un peuple entier, cela coûterait beaucoup trop cher et résoudrait d’ailleurs en même temps le problème de la distribution des richesses, et donc de la gouvernance politique idéale ; tous corrompus signifiant tous égaux.

La ruse ultime consiste à regrouper tout le pouvoir entre les mains de quelques-uns. Dans les démocraties formelles, ce sera au niveau d’un parti unique élisant ses délégués dans une assemblée populaire suprême, comme en Corée du Nord, ou au niveau d’une oligarchie ploutocratique élisant également ses représentants dans une chambre des représentants, comme aux États-Unis. Dans les deux cas, la corruption interne fonctionne parfaitement dans un cadre pseudo-démocratique.

Dans ces pseudo-démocraties, le fonctionnement ne diffère pas de celui des dictatures pures et simples, seul le décor change. L’État profond est structuré de la même manière.

Restent les vraies démocraties, belles et pures, telles qu’on les trouve en Europe, style social-démocratie. Bien que n’étant pas exemptes de corruption, elles gardent tout de même encore de véritables préoccupations quant au bien-être de leurs populations, le mot de démocratie n’est donc pas totalement usurpé dans ce cas – pour l’instant.

Lorsqu’un pouvoir hégémonique de nature dictatoriale ou pseudo-démocratique veut s’emparer des ressources d’un autre État qui lui résiste, il a deux solutions : la guerre ou la corruption. Bien que l’idéal soit de préparer la guerre pour enrichir les conglomérats, mais sans la faire, il préfère à priori la seconde solution, encore faut-il que la corruption soit possible. Il faut pour cela que l’État à corrompre soit une véritable démocratie, avec tous ses atours, dans laquelle l’agresseur pourra installer lentement sa cinquième colonne sans susciter la méfiance, afin d’obtenir un changement de régime qui lui convienne, en exploitant justement les atouts de la démocratie : liberté d’expression, liberté de déplacement des personnes et des capitaux, liberté d’installation d’ONG et de fondations diverses, et surtout liberté de manifestation.

La CIA et tous les services de renseignements occidentaux ont depuis longtemps théorisé et mis en œuvre ces procédés dans le cadre des révolutions de couleur ou des  printemps diversement fleuris, avec des succès mitigés dans l’exécution et des échecs certains dans les résultats.

Le Saker Francophone

 

Nous rappellerons seulement, à ce propos, notre conviction : « Le Maidan de Nemtsov », qui s’est planté, se serait planté bien davantage encore si quelqu’un n’avait eu l’idée opportune de charliser Nemtsov juste avant la déroute.

 


 

Source : http://lesakerfrancophone.net/la-democratie-incapable-de-...

 

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Mis en ligne le 11 avril 2015

 

17:00 Écrit par Theroigne dans Actualité, Général, Loisirs, Web | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook |

07/04/2015

JOYEUSES PÂQUES... Malgré tout

1. Sinbad_the_Sailor_(5th_Voyage).JPG

 

Joyeuses Pâques malgré tout !

 

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C’est passé mais on s’en fiche :

1er Avril à Kiev 

2.500 personnes sont allées huer l’ambassade des États-Unis

 

 Source :

http://russia-insider.com/en/2500-demonstrators-target-us...

 

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Quoi, les femmes ?

 

La guerre civile arabe

par Thierry Meyssan

 

Reprenant un thème qu’il avait déjà abordé, Thierry Meyssan montre que, au-delà des stratégies des États, les peuples du monde arabe se divisent désormais en deux camps qui ne sont ni déterminés par des conflits de classe, ni par la Résistance au sionisme, ni même par des guerres de religion. L’affrontement qui est en train de se généraliser avec le bombardement du Yémen par l’Arabie saoudite fait apparaître un clivage sociétal que personne n’attendait : deux nouveaux camps émergent autour de la question des droits des femmes.

2. Guerre Civile Arabe 1.jpg

Symboles de la lutte de Mouamar el-Kadhafi contre les islamistes, le leader libyen s’était entouré de gardes du corps féminins. Cependant, après l’avoir lynché et enterré, l’Otan justifiait son crime vis-à-vis des opinions publiques occidentales en « révélant » que les amazones n’étaient que des prostituées aux mains d’un prédateur sexuel. Cette propagande était relayée par un livre, basé sur un seul et unique témoignage, de la « journaliste » du Monde, Annick Coljean.

 

L’Occident applaudit au bombardement du Yémen par l’Arabie saoudite et à la prise d’Idleb par al-Qaïda. Pourtant, officiellement, al-Qaïda serait une organisation terroriste anti-saoudienne responsable des attentats du 11-Septembre. Que se passe-t-il donc qui fait repasser les disciples d’Oussama Ben Laden du côté des « combattants de la liberté », comme jadis lorsqu’ils luttaient contre les Soviétiques en Afghanistan, au motif qu’ils ont pris Idleb à la Syrie de Bachar el-Assad ?

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Source : http://www.voltairenet.org/article187173.html

 

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Abrutissement par défaut

par Strategika51 - 3 avril 2015

 

Intoxication au seuil de la saturation. Le fameux deal nucléaire iranien fait l’objet d’un battage médiatique digne d’une petite comédie musicale très kitsch. Certains parlent d’un accord historique sur fond de guerre au Yémen. D’autres sont plus circonspects. Enfin le premier ministre israélien fait semblant de s’en alarmer.  Comble du ridicule, en Iran, certains zombies post-globalisation ont osé défiler en automobiles, histoire de trouver un petit prétexte à la fête. 

 

3. Obama-Iran & Netanyahu xxx.gif

 

Le complexe de Fordo est au centre de l’accord, lequel porte sur la réduction du nombre de centrifugeuses de 19000 à 6000. 

Le monde actuel adore le conjoncturel. L’événementiel sans lendemain. Le futile. Les faux-semblants.

Derrière toutes ces paillettes, une réalité : toute la région couverte par le CentCom est en feu. 

Exit la rivalité obsessionnelle entre l’Arabie Saoudite et l’Iran. Depuis longtemps et aujourd’hui plus que jamais, les deux pays ne voient plus aucun inconvénient à chercher un soutien israélien dans une équation à trois+1. À chacun ses méthodes et ses entrées, VIP ou pas. L’Iran d’Ahmadinejad n’est plus qu’un lointain souvenir exotique. Un cauchemar pour les milieux bourgeois contrôlant les rouages de l’économie iranienne et dont les inclinaisons réelles n’ont pas varié d’un iota depuis l’époque du Shah. 

Pour les Saoudiens, c’est plus facile. Ils ne se cachent plus et ne cachent plus leur détermination à s’allier avec tous les diables pour enrayer ce qu’ils perçoivent comme l’avancée perse chiite. Souvent perçue comme un retour des Sassanides. 

Netanyahou crie au loup sans trop y croire lui-même. Les Américains, eux, sont hilares. On s’amuse comme on peut. 

Vous avez dit nucléaire iranien ? 

L’économie iranienne est en lambeaux. Le pays a beaucoup souffert des sanctions internationales mais c’est surtout son engagement en Syrie qui l’a littéralement ruiné. En face, une Arabie Saoudite ayant financé des dizaines de conflits et de coups bas jusqu’à épuisement. Au milieu, Israël qui se croit au temps de Massada. Le seul point commun unissant les trois semble être l’état fort déliquescent de leurs sociétés respectives. 

Vaut mieux garder un œil sur le Yémen. Le détroit de Bab Al-Manden par où transite une part non négligeable des approvisionnements en hydrocarbures est en jeu. Pays pauvre, marginalisé par ses voisins du richissime Conseil de la Coopération du Golfe (CCG) duquel il a toujours été exclu, le Yémen est un pays à la géographie très rude. Ce ne sont pas les milices Houthis, bien ancrées dans le pays et que l’Iran a cherché à doter d’une organisation similaire à celle des Pasdarans (phénomène en cours en Syrie méridionale et en Irak) qui constituent un réel danger, mais le changement d’alliances entre les principales forces d’un pays habitué à la guerre. L’ancien président Ali Abdallah Salah qui a mené la guerre contre la sécession de 1994 et ex-adversaire acharné des Houthis est actuellement leur allié et ses troupes se battent contre cette étrange coalition saoudienne. 

Que reste-il des pays Arabes en 2015 ? Pas grand chose. L’Égypte est non seulement une dictature mais en banqueroute totale. Juste à côté, la Libye est dans un mélange de plein remake de Mad Max et de mythologie grecque. La Syrie est au purgatoire, le Liban ne tient qu’à un fil et ce n’est pas celui d’Ariane, la Jordanie risque à tout moment de disparaître et l’Irak est revenu au temps antiques et mythiques de la guerre de tous contre tous. Les pays du Maghreb ne sont pas mieux lotis puisqu’ils risquent de s’effondrer avec fracas au premier coup de vent et ce n’est pas pour rien si, après avoir tout vendu, ils tentent désespérément de s’accrocher aux loges maçonnes et autres petites confréries transnationales dont le pouvoir et l’influence sont plus ou moins avérés. 

Nous sommes en 2015 et les médias, de plus en plus amateurs, passent leur temps en litanies vides de sens. Sommes-nous à ce point devenus abrutis? Peut-être. 

| 4 Commentaires

Source : https://strategika51.wordpress.com/2015/04/03/abrutisseme...

 

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 Le plan de Washington pour les 10 prochaines annees au Proche-Orient

Ce que vous ignorez sur les accords états-uno-iraniens

par Thierry Meyssan

 

Depuis deux ans, les États-Unis négocient secrètement un cessez-le-feu régional avec l’Iran. Parvenus à un accord bilatéral, ils ont annoncé une solution au conflit nucléaire et aux sanctions économiques dans le cadre des négociations multilatérales qui traînaient depuis 2003. Témoin privilégié, Thierry Meyssan révèle ce qui est en jeu dans cet imbroglio diplomatique et comment Washington entend organiser le Levant et le Golfe pour les 10 prochaines années.

 

Réseau Voltaire International | Damas (Syrie) | 6 avril 2015 

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4. Kerry-Zarif.jpg

John Kerry et Mohammad Javad Zarif ont conclu un pré-accord politique bilatéral secret. Ce faisant, ils ont conclu un accord public dans le cadre des négociations multilatérales 5+1

 

Depuis mars 2013, les États-Unis et l’Iran se parlent en secret. Ces contacts ont débuté secrètement à Oman. Pour les Iraniens, étouffés par un siège économique et monétaire sans précédent dans l’Histoire, il n’était pas question de céder face à l’impérialisme, mais de parvenir à un cessez-le-feu de quelques années, le temps de reprendre des forces. Pour les États-Unis, qui espèrent déplacer leurs troupes du Proche-Orient vers l’Extrême-Orient, cette opportunité devait s’accompagner de garanties précises que Téhéran n’en profiterait pas pour étendre un peu plus son influence.

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Source : http://www.voltairenet.org/article187237.html

 

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L’assassinat de la Grèce

par James Petras

 

James Petras a été directeur du Centre d’études méditerranéennes à Athènes (1981-1984) et conseiller du Premier ministre Andreas Papandréou (1981-1984). Il analyse ici la crise grecque et ses enjeux au sein de l’Union européenne

 

Réseau Voltaire International | New York (États-Unis) | 5 avril 2015 

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5.Varoufakis-Tsipras.jpg

Le gouvernement grec est aujourd’hui enfermé dans une lutte à mort face à l’élite qui domine les banques et les centres du pouvoir politique de l’Union européenne.

Ce qui est en jeu, ce sont les conditions de vie de 11 millions de travailleurs, fonctionnaires et artisans grecs, ainsi que la viabilité de l’Union européenne. Si le gouvernement de Syriza capitule face aux exigences des banquiers de l’Union européenne et accepte de poursuivre la politique d’austérité, la Grèce sera alors condamnée à des décennies de régression, de misère et de domination coloniale. Si la Grèce décide de résister et si elle est contrainte de quitter l’Union européenne, il lui faudra répudier une dette extérieure de 270 milliards d’euros, provoquant la chute des marchés financiers internationaux et l’effondrement de l’Union européenne.

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Source : http://www.voltairenet.org/article187245.html

 

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Questions béotiennes des Grosses Orchades :

Pourquoi capituleraient-ils ?

Que deviennent, dans tout cela, les conversations Tsipras-Poutine ?

Et, pendant qu’on y est, pourquoi Petras fait-il grief aux deux ministres de leur qualité d’universitaires ? Rafaël Correa n’était-il pas, lui aussi, un universitaire, et cela a-t-il empêché qu’il cherche et qu’il trouve une solution à la dette abusive qui accablait l’Équateur ?

 

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L’impuissance apprise

 

Le concept d’« impuissance apprise » a été créé par le professeur Martin Seligman. Il décrit la situation d’un sujet placé dans une situation douloureuse et ne parvenant pas à y mettre fin. Lorsque cette expérience se répète, il peut apprendre son impuissance au point de ne plus rien tenter même lorsqu’il pourrait mettre fin à sa souffrance.
Ce mécanisme a été mis en pratique par la CIA et par l’US Navy avec une extrême cruauté dans diverses prisons secrètes comme à Guantánamo.

Ici, un professeur de psychologie en donne un avant-goût, en quelques minutes, à ses élèves.

 

Réseau Voltaire International| 31 mars 2015 

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« Le secret de Guantánamo », « Le rapport du Congrès sur la torture confirme qu’al-Qaïda n’est pas impliqué dans les attentats du 11-Septembre », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 28 octobre 2009 et 15 décembre 2014.

Traduction
IlFattoQutidiano.fr

Source : http://www.voltairenet.org/article187208.html

 

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Giulietto Chiesa :

« Ça y est, la tempête est là ! »

 

Dispiace, c’est en italien.

 

 

 

 

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Restons polyglottes :

Fin mars, le Président Bachar al-Assad a accordé à Charlie Rose, de CBS News, une très longue interview – 127 questions ! – auxquelles il a répondu avec une précision, une clarté, une connaissance approfondie des choses qui laissent pantois, habitués que nous sommes aux euh… euh… de nos marionnettes si peu nationales. Le président syrien n’a rien du tout à envier à Fidel Castro, à Ernesto Guevara, à Hugo Chavez, à Vladimir Poutine ou, en son temps, au général de Gaulle. Jamais il n’est pris au dépourvu par les questions les plus idiotes, les plus malveillantes, les plus arrogantes. Toujours, il répond avec calme et exactement ce qui s’imposait, non pas tant à son présomptueux questionneur, que, par-dessus sa tête, à nous, aux siens, à tous ceux dont il lui importe de se faire comprendre. Ainsi, nous savons que, dans leur malheur, les Syriens ont la chance d’être représentés par un des plus grands chefs d’état du XXIe siècle.

On remarquera que lorsque Bachar al-Assad rive poliment son clou à l’outrecuidant, celui-ci s’écrie « Oui, tout le monde sait que vous êtes un bon débatteur », car pas question, n’est-ce pas de s’arracher du bout des dents un « Oui, Monsieur, vous avez raison ».

Il faut donc reconnaître au président syrien, en plus du reste, une exceptionnelle maîtrise de soi. À sa place, nombre d’entre nous eussent fait passer l’insupportable par la fenêtre, avant même qu’il fût arrivé au tiers de ses questions.

 

President al-Assad’s [Full] interview with Charlie Rose of American CBS News

Video and Transcript.

Posted April 01, 2015

 

 

Damascus, SANA – President Bashar al-Assad made an interview with the U.S. CBS News. Following is the full text:

Question 1 : Mr. President, thank you for allowing us to come here. We asked for this interview because your country’s been at war for four years. It is a humanitarian crisis, perhaps the worst on the planet right now. 200,000 Syrians have died, four million refugees, ten million have left their homes, life expectancy is down, 50% of your country is occupied by hostile forces. It’s become a battleground for outside forces. What’s next ? Because we have seen since I last visited you the rise of ISIS, we have seen Hezbollah in here, we have seen the United States becoming increasingly concerned about ISIS, so much so that the President, and especially the Secretary of State, have said that there’s a need for a negotiated settlement.

President Assad : Actually, the beginning of your question is exaggerating the number a little bit, but that’s not the issue. I always invite the media and the West and the officials to deal with those numbers not as spreadsheets and numbers and counter; actually it’s bereaved families who lost their dear ones. It’s a tragedy that’s been going through, every Syrian family lost someone, lost their livelihood, and so on. Whether it’s a few thousands or hundreds of thousands, it’s a tragedy. What’s next? Actually, every conflict should end up with dialogue, with a political solution between the different parties, and that’s what we have been doing in Syria for the last two years; dealing directly with the militants, and we succeeded in making some reconciliations.

Regarding the rise of ISIS, in the context of events in Syria during the last four years, ISIS didn’t rise suddenly. It’s impossible for such – bigger than what we call an organization and smaller than a state – to appear suddenly with all these resources, financial resources, human resources, without support from the outside and without being prepared gradually or incrementally for a long time before the sudden rise during last summer. So, the rise of ISIS is not a precise word because it didn’t happen suddenly; it was a result of events that happened at the beginning of the conflict that we mentioned in our statements many times, but no-one in the West has listened to. If we want to mention the statement of Kerry regarding the dialogue, I would say that what we have in Syria so far is only a statement, nothing concrete yet, no facts, no new reality regarding the political approach of the United States towards our situation, our problem, our conflict in Syria. But as a principle, in Syria we could say that every dialogue is a positive thing, and we’re going to be open to any dialogue with anyone including the United States regarding anything based on mutual respect, and without breaching the sovereignty of Syria, and as a principle I would say that this approach, the new approach of the United States towards not only Syria, towards anyone, to make dialogue regarding any issue, is a positive thing, but we have to wait for the reality.

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Source : http://www.informationclearinghouse.info/article41423.htm

 

Cette remarquable mise au point sans appel a aussitôt généré six pleines pages de références sur Google. En langue anglaise. En français : pas une seule (référence). Or, nous sommes actuellement 92.61 millions de francophones (en ne comptant que la France, la Suisse, la Belgique et le Québec) et pas un seul qui ait trouvé en soi l’envie de traduire un document de cette importance. C’est là qu’on mesure ce que nous sommes devenus et ce que nous avons fait à notre langue. Colonisés jusqu’au trognon et fiers de l’être !

Nos excuses : on en trouve quelques brefs extraits sur le blog d’Allain Jules :

http://allainjules.com/2015/04/06/bachr-al-assad-3-extraits-de-son-interview-accordee-a-la-chaine-americaine-cbs/

Source originale : https://www.youtube.com/user/Axedelaresistance

(Moins de 5 minutes, sur une interview d’une heure dont chaque mot compte... mais c’est mieux que rien).

Bien entendu, la sémillante rédaction de Médiapart y va de son « dictateur syrien ». On n’en attendait pas moins d’elle.

 

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6. Déesse Mère Livre.JPG

 

En 1950 a paru, aux éditions Payot, un livre de M. Jean Przyluski, savant français d’origine polonaise comme son nom l’indique, consacré à la Grande Déesse universelle des temps préhistoriques. Le papier, à l’époque, était encore de très mauvaise qualité (la guerre, la guerre) et ce livre n’a jamais été, depuis, republié.

L’auteur y soutenait diverses thèses, dont certaines peuvent sans doute être discutées aujourd’hui, au nombre desquelles celle impliquant que le culte de la Grande Déesse, scruté avec suffisamment d’attention, révèle que des contacts et des échanges religieux ont existé, plusieurs millénaires avant la Guerre de Troie, entre la Chine, l’Inde, le Moyen Orient et l’Europe. Thèse suffisamment révolutionnaire pour justifier des études postérieures de savants versés dans les mêmes disciplines, mais qui n’a pas eu l’heur de plaire aux cuistres de service, subjugués par celles de M. Dumézil.

Au nombre des traces ou objets qui permettaient à M. Przyjulski de soutenir son affirmation, il y avait (la mauvaise photographie en noir et blanc d’) un bas-relief très ancien, se trouvant au Musée d’Alep et que personne n’avait encore interprété.

Aujourd’hui, les bibliothèques publiques assez chanceuses pour posséder ce livre de l’immédiat après-guerre, le dégraissent avec enthousiasme comme « trop vieux », « papier jauni », « pages manquantes », bref l’envoient au pilon. Et le bas-relief archi-précieux du Musée d’Alep n’existe plus non plus : il a été réduit en poussière ou volé pour quelque milliardaire US par les joyeux mercenaires de la démocratie occidentale en mission de civilisation chez « les barbares islamistes ».

Internautes qui nous lisez – ou pas – et qui avez peut-être vos entrées chez Payot, vous rendriez un signalé service à ceux qui ne se couchent pas le soir avec leur GSM et leur nounours, en réussissant à convaincre cette maison de republier l’ouvrage de M. Przyluski, tombé dans le domaine public 71 ans après sa mort.

 

7. Przyjulski -La grande déesse.jpg

 

 

 

Jean Przyluski

La Grande déesse : Introduction à l'étude comparative des religions

Préface de Charles Picard

Paris, Payot, 1950

 

 

 

 Liens à toutes fins utiles :

http://www.idref.fr/032612044

http://www.maisonneuve-adrien.com/collections/coll_przyluski.htm

 

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8. IMBOLC.jpeg

 

Enfin, pendant qu’on y est, on s’en voudrait de ne pas signaler, à ceux d’entre nous qui se disent « de souche » et voient dans les gens venus du Maghreb, du Moyen Orient ou d’ailleurs des alien envahisseurs, un site Internet fort bien fait, par un professeur irlandais nommé Brendan MacGonagle (donc en anglais, apprenez les langues, b…l !).

MacGonagle fait partie de ces désintéressés qui se servent d’Internet pour partager gratuitement leur savoir (quelquefois très grand) avec des gens qui ne mesurent pas assez leur chance.

Cela s’appelle :

balkancelts

Journal of Celtic Studies in Eastern Europe and Asia-Minor

 

In the tide of nationalism and revisionism which has marked the last century, our common European Celtic heritage has been systematically deconstructed, manipulated and denied. To balance this phenomenon, the BALKANCELTS organization presents the archaeological, numismatic, linguistic and historical facts pertaining to the Celts in Eastern Europe and Asia-Minor, within the context of the pan-European Celtic culture – a heritage which belongs to no nation, yet is common to all.

 

9. Galatia_Map.png

 

Si vous avez la curiosité d’explorer l’histoire de vos ancêtres, vous y apprendrez notamment qu’une partie des Celtes belges, partis de Toulouse et du Nord de l’Italie au IIIe siècle avant J.-C., envahirent d’abord l’Allemagne et finirent par se retrouver en Asie Mineure, sur un haut-plateau d’Anatolie (Turquie actuelle), où ils fondèrent (ou fauchèrent à d’autres) un pays qui allait s’appeler, à cause d’eux, la Galatie (en rouge sur la carte). Ces Belgae étaient les Trocmes, les Tolistoboiens et les Volques- Tectosages, lesquels étaient peut-être pour moitié des Volsques du Latium, autrement dit des Étrusques dissidents. (Notre hypothèse, qui serait trop longue à exposer ici.)

Il n’est pas sans intérêt de découvrir qu’ils semèrent partout – déjà ! bien avant les Croisades et les « Tempêtes du désert » – la mort et la désolation : en Grèce, par exemple, où ils s’emparèrent de l’or du temple d’Apollon à Delphes, aux frontières de la Syrie, ensuite, où l’ancêtre très lointain de Bachar al-Assad, Antiochus 1er Sôter (Sauveur), les affronta : éléphants contre chars équipés de faux mobiles. Il avait compté sur ses grosses bêtes pour effrayer les chevaux. Elles n'y manquèrent pas et ce fut un carnage : les chevaux, fous de terreur, se débarrassèrent de leurs conducteurs, foncèrent dans les rangs des éléphants, leur cisaillant les pattes, non sans avoir cisaillés d’abord leurs propres cochers. Ceux qui ne moururent pas sur le champ de bataille furent capturés. Victoire totale des Syriens.

Mais, s’ils eussent été vainqueurs, comme cela leur arriva un assez grand nombre de fois, les Galates se fussent livrés sur les vaincus à des actes qui laisseraient les Daesh verts de jalousie.

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La « Tour de Silence » de Ribemont-Sur-Ancre.

 Cette tour de cadavres d’ennemis vaincus fut érigée sur le site de la bataille de Ribemont, où on estime qu’un millier de guerriers avaient péri. (Celtes contre Celtes, cette fois-là). Pour célébrer la grande bataille, les Belges victorieux élevèrent cet autel de sacrifice et décapitèrent les corps des vaincus, dont ils emportèrent chez eux les têtes comme trophées, puis pendirent, sur un grand échafaud de bois, les corps sans têtes et des milliers d’armes ramassées sur le champ de bataille : c’est ce qui fut appelé la Tour de Silence.

Des preuves de désagrégation et de démembrement des morts – trouvées sur ce site et sur d’autres, comme par exemple à Ham Hill – correspondent à ce que l’on sait des pratiques religieuses des Celtes, telles que l’habitude d’exposer les corps après la mort pour qu’ils soient dévorés par les oiseaux de proie et les carnivores. La séparation de la chair et des os des morts, bien documentée dans le monde celtique, avait une signification particulière, très différente des pratiques funéraires gréco-romaines (Soprena Genzor 1995 : 198 et suiv.)

Tout cela pour dire que si au moins 10% de ces récits (grecs et romains) sont vrais, la plupart des habitants de l’Asie Mineure d’aujourd’hui (vous savez, les sauvages sans culture) ont les mêmes ancêtres que nous, venus là d’Europe occidentale. Cette contrée, la Galatie, était entourée des royaumes du Pont, de Paphlagonie, de Bythinye, de Pergame, de Syrie et de Cappadoce.

Sur BalkanCelts, vous verrez aussi (ou alors, consultez Abel Hugo, France historique et monumentale : Histoire générale de France depuis les temps les plus reculés jusqu’à nos jours), que les Tolistoboiens choisirent pour chef-lieu la ville phrygienne de Pessinonte, où se trouvait le temple de la Mère des dieux, qu’on y appelait Cybèle. Elle s’appelait aussi Q’R, qui se prononçait Cor : c’est la Mère du Coran (« Sagesse de Q’R »). On vous parle là d’un temps où le Prophète, Mohammed, n’était pas né – de nombreux siècles avant sa naissance : presque un millénaire. La Grande Mère était encore appelée « Dame Noire de Pessinonte », car elle y était tombée du ciel, sous forme d’aérolithe, en plein milieu de la tribu des Qoraïchites. Et il faut croire que cette pierre noire d’essence divine était radioactive, car quiconque s’en approchait ne tardait pas à mourir. Aussi avait-il été décidé que, seules, les femmes de cette tribu – où elle avait voulu demeurer – pourraient s’en approcher pour accomplir les rites, et le feraient couvertes d’un long voile, noir comme elle, ne laissant qu’une fente pour les yeux, destiné à les protéger. Privilège terrible, puisque mortel, considéré comme un honneur.

 

11. Cybèle, la Dame Noire de Pessinonte (ici anthropomorphisée et blanche) entre ses deux lions..jpg

Cybèle, Kybélé ou Κυβηλη

La « Dame Noire de Pessinonte » (Phrygie)

Ici anthropomorphisée et blanche, entre ses deux autres elle-même, puisqu’elle était aussi « Triple Lionne des Montagnes »

 

Quiconque aurait envie de rire n’a qu’à se représenter ceux qui – élus par la science – pénètrent jusqu’au cœur d’un réacteur atomique, et ne peuvent le faire que couverts des pieds à la tête d’une combinaison amiantée, qui joue aujourd'hui le rôle protecteur dévolu au voile ancien.

C’est là, évidemment, l’origine du si controversé voile total ou partiel que portent encore aujourd’hui les femmes musulmanes. Et c’est, bien sûr, le Prophète, qui a imposé à « toutes les femmes » le signe distinctif jusque là réservé aux seules femmes Qoraïchites. C’était un acte patriarcal despotique ? Sans doute, mais cette contrainte fut assurément ressentie par les autres femmes comme une révolution – c’en était une – et non pas comme une limitation de leur liberté, comme un accroissement de leurs privilèges et comme un grand pas vers une égalité qu’elles souhaitaient sans doute. Ceux qui, depuis ces temps fondateurs, ont inventé que ce voile a pour mission de cacher les cheveux dangereusement tentateurs des femmes ne font qu’insulter, en rationalisant ainsi ce qu’ils ne connaissent plus, le Créateur qu’ils prétendent vénérer, puisque c’est lui qui les a faites comme elles sont, cheveux et tout.

Les Qoraïchites, et leur société sans doute encore matriarcale, se laissèrent-ils dépouiller de leurs privilèges sans réagir ? Probablement pas. Y eut-il des affrontements entre les croyants de l’ancienne religion et ceux de la nouvelle ? Il y a de fortes chances, mais notre science, en matière d’histoire de l’Islam, est nulle. C’est à eux qu’il faut demander.

La Ka’aba est-elle la pierre tombée du ciel à Pessinonte ultérieurement transportée à La Mecque ? C’est possible, mais nous n’en savons rien non plus. La seule chose dont nous soyons sûrs, c’est qu’elle vint – plutôt de force que de gré – à Rome, en l’an 204 avant J.-C., une prophétie ayant révélé aux Romains qu’elle seule pourrait les protéger d’autres effrayants éléphants : ceux d’Hannibal.

Avec la Magna Mater débarquèrent ses prêtres, les Galles – tiens, tiens… - tous émasculés, vêtus de riches voiles féminins, couverts de bijoux, leurs cheveux longs ruisselants d’huiles et de parfums, dansant lascivement au son des tambourins et des flûtes. Les jeunes Romains s’enthousiasmèrent pour la religion exotique, et voulurent, eux aussi, servir la Déesse. La procédure était simple : il suffisait de défiler dans les rues dans une espèce de Gay Pride, de se laisser saoûler de bruit, de parfums et de substances diverses jusqu’à l’orgasme, de s’émasculer à vif de ses propres mains, et de lancer le membre ainsi sacrifié dans une fenêtre ouverte, les habitants de la maison ou du palais étant dès lors obligés de nourrir, de vêtir, de parfumer et de couvrir de bijourx le nouvel avatar d’Attis (fils-amant de la Déesse, qui avait péri à la chasse, émasculé par un sanglier). Cet engouement prit des proportions telles que l’empire dut sévir : il interdit aux classes pauvres de se convertir au nouveau culte, et tenta de dissuader les jeunes nobles ou riches d’interrompre leur lignée d’une manière aussi ridicule. Préoccupation pas si éloignée que cela de celles d’aujourd’hui sur le voile, ou plutôt, sur l’hémorragie de jeunes gens des deux sexes, qui s’en vont rejoindre Daesh comme les jeunes Romains décadents ne pouvaient résister à l’envie de se faire Galles.

 

12. Pince à castration, ornée des portraits de Cybèle et d'Attis.JPG

Pince pour castration, ornée des portraits de Cybèle et d’Attis.

 

Faut-il dire que la fameuse prophétie avait été faite par des augures étrusques, déjà machiavéliques fabricateurs de faux livres sibyllins, qui jouèrent à Rome, jusqu’à sa fin, le rôle que tient aujourd’hui l’AIPAC aux États-Unis. Leur art du faux et de l’imposture était si grand que l’éventualité n’est pas mince qu’ils aient pu fabriquer aussi le Nouveau Testament et les lettres de Saint-Paul, apparues au VIe siècle. Dont celle aux Galates…

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Et, oui, ce sont eux aussi qui ont inventé les fascii.

 

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Mais tenons-nous-en là pour aujourd’hui.

L’auteur du blog est :

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Brendan Mac Gonagle

University College Dublin, History.

http://ucd-ie.academia.edu/BrendanMacGonagle

Contact e-mail : Balkancelts@gmail.com

 

 

 

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16. Oeufs de Pâques.jpg

 

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Hélas !

Dernière minute :

 

URGENT

 

Nous n’avons pas d’autres détails pour l’instant : il semblerait que, dans le cadre de la guerre non-déclarée qu’ils livrent à leurs citoyens noirs, les États-Unis – en l’occurrence, celui de Pennsylvanie – aient tenté d’exécuter

 

17. Mumia_April3040315.jpg

Mumia Abu-Jamal

 

au moyen de « négligence» médicale.

Les « complotistes » auront reconnu l’expédient déjà utilisé avec succès pour liquider Slobodan Milošević.

Autrement dit :

Le 30 mars, Mumia Abu-Jamal a été transporté d’urgence, déjà inconscient, au Schuylkill (!) Medical Center, de Pottsville, Pa., souffrant d’un choc diabétique, avec un taux de sucre de 779 dans le sang. Après seulement deux jours de traitement aux Soins Intensifs Urgents de l’établissement – le 1er avril – Abu-Jamal a été remis, dans l’infirmerie de sa prison, aux mains des mêmes docteurs dont la négligence criminelle et les mauvais traitements ont failli le tuer.

L’administration pénitentiaire a d’abord interdit toute visite de sa famille, de ses avocats et de ceux qui le soutiennent, et n’a fini par céder qu’après avoir reçu des milliers d’appels téléphoniques. Ceux qui ont pu le voir le 3 avril disent qu’ils l’ont trouvé extrêmement faible, qu’il avait perdu 80 livres et que son taux de sucre sanguin était encore supérieur à 300. Au déjeûner de midi, ce jour-là, la prison lui a distribué des spaghetti, la pire sorte d’aliment qu’on puisse faire ingérer à un diabétique.

Assassiner des prisonniers politiques âgés, en leur déniant les soins médicaux dont ils ont besoin pour survivre, n’est pas une nouveauté dans les prisons américaines. Au début de cette année, Phil Africa, membre de MOVE 9, est mort dans des circonstances plus que douteuses, à SCI Dallas. L’absence de traitements médicaux adéquats frappe tous les prisonniers, mais davantage ceux qui ont plus de 55 ans. Mumia aura 61 ans le 24 avril prochain.

Les parents, amis et avocats de Mumia Abu-Jamal ont fait part à l’État de Pennsylvanie d’un certain nombre d’exigences et ils demandent à tous ceux qui le peuvent, de participer aux actions qui vont se dérouler dans les quelques jours qui viennent. Notamment :

 

-       Twitter le plus possible en utilisant les hashtags  #mumiamustlive, #savemumia et #Blacklivesmatter.

 

-       Appeler au téléphone, faxer et bombarder d’e-mails, les fonctionnaires d’État dont les coordonnées suivent, pour soutenir les exigences formulées :

 

-       DOC Secretary John Wetzel, 717-728-4109 ; crpadocsecretary@pa.gov

-       Gov. Tom Wolf , 717-772-5000 ; fax 717-772-8284 ; governor@pa.gov .

-       Prison Superintendent John Kerestes, 570-773-2158 ; contact.doc@pa.gov.

 

Aux dernières nouvelles – 6 avril – le Département des Corrections REFUSE de rencontrer une délégation des soutiens de Mumia.

 

Pour en savoir plus, consulter : http://www.iacenter.org/

 

 

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Mis en ligne à la bourre le 8 avril 2015

 

 

 

21:54 Écrit par Theroigne dans Actualité, Général, Loisirs, Musique, Web | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook |