28/11/2014

DES NOUVELLES DE LA FIN DU MONDE

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Des nouvelles de la fin du monde

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« Ils combattront la Russie jusqu’au dernier Ukrainien »

Le Saker

Projet Ukraine bouclé

Par Babeuf79 – Slavyangrad.org24 novembre 2014

 

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Poutine a quitté le sommet du G20 sans attendre la fin du programme. Il est certain que le Président de Russie avait le droit de dormir à son arrivée à Moscou, surtout si « du travail l’attendait lundi ».

Il est possible que Poutine soit incapable de dormir dans un avion, qui met huit heures à atteindre notre Extrême-Orient, et encore huit heures de là à Moscou. Il est difficilement croyable que l’avion du dirigeant d’une super-puissance ne soit pas équipé d’une chambre à coucher : ce genre d’option se trouve dans n’importe quel jet d’affaires modèle courant. Pour les gens qui passent une grande partie de leur vie en l’air (souvent pendant des heures d’affilée) et qui traversent des fuseaux horaires, ce genre d’équipement n’est pas un luxe mais une nécessité. Et il est impossible de supposer que le Ministère des Affaires étrangères et le Chef du protocole ne l’aient pas informé à l’avance du programme total et détaillé du Sommet.

Par conséquent, Poutine savait très bien quand le Sommet devait se terminer. Dans des occasions de ce genre, on reste jusqu’à la fin. Il n’est pas admissible que les hôtes préparent, planifient, et coordonnent l’événement et que les invités s’en aillent simplement quand ils en ont envie. Et cela, d’autant qu’événements culturels et dîners sont également utilisés pour servir aux négociations.

Ceci revient à dire que le Président russe a délibérément et ostensiblement quitté le Sommet, sans même se donner la peine de donner une explication polie de ses actes. On aurait, après tout, pu dire qu’il était malade, mais le désir de dormir après seize heures de vol était une explication insultante pour les Australiens, et l’insulte a été délibérée.

Qu’est-ce qui a causé cette réaction de Vladimir Vladimirovitch ? Même si le Premier ministre australien n’avait pas passé la semaine entière à annoncer son intention de réclamer agressivement des comptes à Poutine à propos de l’avion malaisien ; même si le service de presse du Premier ministre canadien n’avait pas fait « fuiter » en direction des médias sa « redoutable » exigence de retrait russe de l’Ukraine ; même si les médias russes, juste à temps pour le Sommet, n’avaient pas miraculeusement « trouvé » une photo d’un fighter jet mitraillant l’avion en vol, même alors, il était évident que le principal sujet des négociations entre le Président russe et les dirigeants occidentaux devait être la crise ukrainienne. En fait, la seule chose qui présente un intérêt pour la Russie dans cette affaire, c’est la position des États-Unis. Le reste des Occidentaux ne respire et ne bouge que de la façon définie par Washington.

Si on considère l’accumulation d’énergie sociale explosive, dans une Union Européenne en voie de déstabilisation rapide, celle-ci ne durera plus très longtemps, bien qu’elle soit encore là pour l’instant. Puisque les USA ne donnent à l’Ukraine ni de l’argent ni des armes, ne lui permettant même pas d’essayer de stabiliser la situation dans le pays en laissant se concentrer le pouvoir dans une seule main (premièrement, ils n’ont pas permis que Yatseniouk soit élu président ; puis Porochenko n’a pas pu avoir la majorité à la RADA, donc aucune possibilité de pouvoir nommer son candidat Premier ministre), il est clair, depuis des mois, qu’ils ont fait une croix sur l’Ukraine. C’est-à-dire qu’il serait dès lors logique de discuter avec Washington de la situation « post-Ukraine », en même temps que du problème de financer mutuellement le redressement économique du pays et le désarmement des bandes nazies.

Que peut offrir la Russie ? Poutine laisse toujours à un adversaire la possibilité de sauver la face. Par conséquent, les propositions russes devaient s’aligner sur les thèses de Poutine de février-mars. L’Ukraine devrait être préservée en tant qu’état mais réorganisée sur une base fédérale (ou confédérale). L’Occident et la Russie devraient conjointement garantir sa totale neutralité. Les droits de la population russe du pays devraient être respectés, notamment par un amendement de la Constitution garantissant officiellement le bilinguisme.

 

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Le problème de la Crimée sera résolu en rétablissant un état ukrainien qui en est déjà séparé. La Russie et l’Occident partageraient le fardeau de restaurer l’économie ukrainienne, y compris par l’annulation d’anciennes mauvaises dettes, d’ouvrir leurs marchés aux produits de l’Ukraine tout en réduisant les prix de ses importations les plus critiques, ceux de l’énergie y compris, et en lui garantissant une assistance financière sous forme de prêts soit directs soit à tarifs très réduits.

Il est clair que ce ne serait là qu’un moyen soft de réintégrer l’Ukraine dans la sphère d’influence russe, mais les USA et l’UE sauveraient la face en pouvant mettre l’accent sur le fait qu’ils auraient « sauvé » l’état ukrainien d’une perte de souveraineté, en même temps que « confirmé » le statut de neutralité de l’Ukraine.

Puisque Poutine a ostensiblement quitté le Sommet avant la fin, on peut dire avec certitude que les USA ont rejeté toute forme de compromis sur l’Ukraine. Conséquence : dans les jours qui viennent, une semaine au plus, commencera une guerre totale sur tout le territoire de l’état en voie de disparition. Cette guerre se déroulera sous deux formes.

Ce n’est pas pour rien que la Milice, pendant les mois de trêve, n’a pas cessé de chercher (et a trouvé) des véhicules lourdement blindés dans les steppe du Donetsk, a recruté et entraîné des milliers de volontaires, y compris des gens possédant le savoir spécifique et les compétences nécessaires à l’utilisation effective de la technologie moderne. Tous les témoins oculaires confirment que la densité des troupes dans les DPR/LPR (Républiques Populaires du Donetsk et de Lougansk) doit se lire « hors échelle » et que ces troupes sont concentrées sous forme de quelques groupes en formation d’offensive très prononcée. Et ces troupes ont été chouchoutées : elles n’ont pas été envoyées au front. Ceci est la première forme que prendra la guerre : effondrement du front, suivi d’une occupation graduelle du territoire, pas seulement de la Novorossia mais de la totalité de l’Ukraine. Ce sera un processus lent, qui dépendra de l’empressement (de l’état de préparation, aussi) de la Milice et des régions.

La seconde forme devrait amener les régions Centrale et Occidentale au degré d’empressement/préparation souhaité (la Novorossia est déjà prête). Cela, c’est une guerre civile entre autorités ukrainiennes (Yatseniouk contre Porochenko, Kolomoïsky contre tous, les nazis contre les oligarques, l’Armée contre la Garde Nationale, les groupes d’« auto-défense » paysans contre les expropriateurs de denrées alimentaires, les « détachements d’approvisionnement », etc.) C’est le conflit le plus terrible, capable de décimer rapidement la population ukrainienne dans la proportion de vingt-cinq à trente pour cent et de pousser les survivants à accepter n’importe quoi, juste pour que l’horreur s’arrête.

C’est cette horreur que Poutine a essayé d’éviter en offrant à l’Occident la préservation (inutile à la Russie) de l’Ukraine, à condition qu’elle soit fédérale et neutre. C’est cette horreur que les USA, délibérément, provoquent. En fait, ils ne la provoquent pas, ils l’ont provoquée : le coup d’état et la guerre civile sont devenus inévitables en Ukraine deux mois avant les élections parlementaires, lorsqu’il a été évident que Turchinov, Yatseniouk et Avakov n’allaient pas aller aux urnes avec Porochenko, mais contre lui. Les États-Unis attendent depuis longtemps que les dirigeants de Kiev et leurs hommes de main nazis commencent à s’entretuer.

Le studieux Yatseniouk, l’obéissant Avakov et Turchinov, définitivement privés de toute pertinence, sont prêts à appuyer sur la gâchette. Mais le second étage de leurs hommes de main a toujours peur. L’Armée soutient toujours Porochenko. Pour dire les choses modérément, elle n’éprouve pas de sentiments amicaux pour les bataillons de volontaires nazis. L’effondrement du front qui, après l’échec des négociations d’Australie est devenu inévitable, élimine ce point d’appui. De plus, Porochenko, étant leur commandant suprême à tous, perdra de sa crédibilité auprès des agences sociales (NGO) et sécuritaires (mercenaires).

Les USA obtiennent ce qu’ils veulent : une guerre civile sanglante à grande échelle en Ukraine, avec la liquidation de ce qui reste de l’économie et de l’état, plus l’effondrement de tous les services communaux et sociaux. [Comme en Yougoslavie. NdT] Le territoire entier sera, en l’espace de quelques jours, replongé dans l’Âge de pierre.

Les USA espèrent qu’ayant finalement formé le « peuple ukrainien », ils auront, par là, réussi à séparer définitivement l’Ukraine de la Russie. En outre, ils savent que la restauration de conditions de vie normales pour les survivants devra être assumée par la Russie et l’UE, ce qui devrait bloquer les ressources de Moscou et de Bruxelles, créant ainsi un avantage compétitif pour Washington.

Ces calculs sont aussi faux que le fut la tentative de février-mars de faire de l’Ukraine un formidable bélier nazi anti-russe. La plupart des gens censés former un  « peuple ukrainien » périront passivement ou iront s’abîmer sur les différents fronts de la guerre civile. Quant à ces « leaders de l’opinion publique », ceux qui ont façonné par leurs discours la russophobie en Ukraine au cours des vingt dernières années, les plus chanceux réussiront à émigrer à l’Ouest et passeront tranquillement le reste de leurs jours dans l’obscurité ; la majorité mourra d’autant plus facilement que les USA  n’ont nul besoin de laisser derrière eux des témoins de leurs crimes. Même la partie des gens qui commencent leur matinée en crachant en direction de Moscou et en se prosternant devant l’Occident, après un bref mais efficace bain  de sang organisé par les politiciens pro-Occidentaux à coups de slogans pro-Occidentaux, et surtout une fois que l’Occident se sera dissocié du sort de l’Ukraine (ce qui sera bientôt évident aux yeux des plus euphoriques pro-Maidan eux-mêmes), elle haïra l’Occident pour sa trahison (des articles et des blogs allant dans ce sens, écrits par les moins aveugles des partisans de l’intégration à l’UE, commencent déjà à faire leur apparition dans les mass media ukrainiens).

 

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Le reste de la population ukrainienne rencontrera les troupes (novorossiennes ou russes) comme les Allemands ont rencontré l’Armée Rouge en  1945 : en faisant la queue devant les cuisines de campagne, et en absorbant la nouvelle idéologie avec leur bouillie. N’oublions pas qu’un état totalitaire a été fabriqué de toutes pièces en Ukraine et que la propagande totalitaire a une grande particularité : les gens commencent à aimer ce qu’ils exécraient la veille, aussitôt qu'est déplacé le centre des préoccupations.

Permettez-moi de rappeler que l’Ukraine a été la république la plus loyale de l’URSS, plus loyale même que la RSFSR (République Socialiste Fédérative Soviétique de Russie) et que, d’un seul coup, après la déclaration d’indépendance, la grande majorité des membres du PCUS (y compris Koutchma, Kravchuk et Iouchtchenko) sont soudain devenus des « patriotes ukrainiens » et presque des combattants anti-communistes clandestins. L’attitude de la population a changé tout aussi vite. Les « constructeurs conséquents du communisme » d’hier sont devenus les transporteurs non moins conscients des idées de l’ukrainisation : Russes, Juifs, et même Tadjiks sont devenus des Ukrainiens plus purs et plus durs que les Ukrainiens de souche.

Par ailleurs, l’idée de retenir ne fût-ce qu’une souveraineté formelle a complètement disparu. Il n’y aucune logique de principe à partager des territoires entre les membres environnants de l’Union Européenne (Pologne, Roumanie, Hongrie). Donner la Galicie banderiste à la Pologne ne pourrait tout au plus servir que de subtile vengeance. Mais ce serait dommage de perdre ce territoire, alors que les banderistes peuvent être, de toute façon, éjectés vers la Pologne.

Espérons, pour des raisons objectives, que la Milice avancera lentement vers l’Ouest, de façon à ce que quiconque le souhaite ait le temps de s’enfuir en Europe et d’entrer ainsi dans l’U.E. à titre personnel.

En règle générale, plus la période de liquidation sera brève, plus de vies pourront être sauvées, mais que la facture en cadavres, qui dépasse déjà les trente mille, doive s’élever à des centaines de mille, c’est déjà inévitable. Aussi inévitable que deux à trois millions d’émigrants vers l’Europe. Et ceci, dans le meilleur des cas. Dans le pire des cas, l’Ukraine pourra perdre jusqu’à un quart de sa population d’avant cette guerre (et toutes les pertes ne se feront pas par émigration).

Eh, oui. Tout devra se payer. L’immaturité, la stupidité les cookies de Nuland, les enveloppes des ambassades US, les subventions, les voyages payés, les années de mensonges, l’inaptitude des élites politiques et l’incapacité du peuple à se donner une élite différente : le paiement se fera en sang. Parce que les USA l’ont décidé. Projet Ukraine bouclé.

 

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Traduction (angl.) d’Alexander Fedotov  pour Slavyansk.org

Traduction (fr.) de c.l. pour Les Grosses Orchades.

Source : http://slavyangrad.org/2014/11/24/project-ukraine-complete/

 

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La grand-mère de Nuland offrant des biscuits au premier Maidan de l’histoire américaine.

 

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Ils en veulent plus. Il traînait les pieds. Chuck Hagel viré.

Par Stephen Lendman – The Peoples Voice25 novembre 2014

 

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Lundi, le Stars & Stripes, sous contrôle du Pentagone, annonçait que le Secrétaire d’État à la Défense, Chuck Hagel, démissionnait « sous diverses pressions ». Langage codé pour dire sacqué.

« Après d’éprouvantes élections de mi-mandat. Au milieu des critiques croissantes contre la politique d’Obama en matière de Sécurité et d’Affaires étrangères ».

Les faucons veulent plus de guerres qu’ils n’en ont déjà. Et une intensification de la belligérence dans celles en cours. En février 2013, Hagel avait succédé à Leon Panetta.

L’ex- Directeur de la CIA d’Obama et Chef de la Maison Blanche de Clinton [Panetta] voit venir « une guerre de trente ans ». Au-delà des théâtres d’opération actuels.

« Obama s’est trompé » dit-il. Il s’est « perdu en route ». « En ne maintenant pas davantage de troupes en Irak, une force résiduelle capable de contenir l’opposition intérieure ».

« En rejetant l’avis de ses principaux conseillers. » (À commencer par lui-même.) « En échouant à armer suffisamment et assez tôt les forces anti-Assad. D’armes plus lourdes. »

« En n’agissant pas contre (selon les Gros Mensonges) les armes chimiques d’Assad. »

Panetta n’est pas allé tout à fait jusqu’à réclamer l’envoi d’urgence de troupes en Syrie, mais presque. Il a mis lourdement en doute la crédibilité de Washington.

Surtout avec Obama aux manettes… Exige sa détermination d’« aller jusqu’au bout »  quoi qu’il arrive.

Il doit « sauter dans l’arène et en découdre les deux années qui viennent ».

Comme d’autres officiels passés et présents de Washington, Panetta croit que les priorités impériales US sont ce qui compte le plus. Que la fin  justifie les moyens. Que la force prime le droit. Sans égards pour le mal fait aux autres. Peu importent les conséquences. Hagel, apparemment, n’était pas assez über-faucon.

Reste à voir qui va le remplacer. Des sources de l’Administration ont révélé que son renvoi a été décidé « après des semaines de discussions ».

Selon le New York Times, il « luttait souvent pour articuler un point de vue clair » et « était largement perçu comme… passif ».

Sceptique sur la guerre d’Irak d’Obama. Placé à ce poste pour « gérer la fin des combats en Afghanistan et les restrictions de budget du Pentagone, à cette époque  de séquestrations budgétaires ».

Mal à l’aise sur le renforcement de la guerre ? Peut-être bien. Un haut fonctionnaire anonyme de l’Administration a dit que « les deux ans qui viennent exigeront un autre genre de point de vue ».

Langage codé pour « plus de guerre ». En Irak et en Syrie. Peut-être en Iran. Peut-être aussi avec la Russie sur l’Ukraine. En équipant le gouvernement-polichinelle de ce pays d’armement lourd. Secrètement et ouvertement.

En violant les accords de Genève et de Minsk. En risquant un embrasement total de la région. Peut-être une guerre planétaire, si on ne les arrête pas à temps.

Ont-ils viré Hagel pour pouvoir poursuivre l’impensable ? Qui acceptera de s’engager à satisfaire ces exigences ? D’après le Times, les remplaçants éventuels pourraient être :

(Nous sautons la liste des candidats, dont une femme. Ceux qui s’intéressent de près à ces choses les trouveront dans l’article d’origine).

Le Times dit que « Hagel s’est donné du mal pendant des années pour s’intégrer au cercle des proches d’Obama » et « a été considéré comme n’y arrivant pas ».

« Après une lutte éprouvante avec d’ex-collègues du Sénat »… « Dans une tentative apparente de répondre à des questions tranchées »

« A largement joué le rôle de n°2 auprès du général Martin Dempsey. Des critiques disent qu’il n’a pas réussi à inspirer confiance aux commandants du Pentagone. »

Il aurait eu aussi « une propension à commettre des gaffes, comme d’appeler les combattants de l’État Islamique “une menace pas seulement pour les États-Unis mais pour tout le monde civilisé” ».

Les combattre est pour lui « une question humanitaire de grande conséquence pour le monde entier ». Il aurait même dit : « Et je pense que les grandes puissances comprennent qu’elles ont une responsabilité dans cette région ».

En octobre, Hagel a écrit une lettre critique à la Conseillère en Sécurité Nationale Suzan Rice. Sur la politique syrienne de l’Administration.

Avertissant qu’elle était en danger, « en danger de détérioration », pour avoir failli à marquer clairement ses intentions envers Assad.

Hagel est resté bouche cousue sur ses commentaires. Il s’est contenté de dire :

« Nous devons au Président et nous devons au Conseil National de Sécurité nos meilleurs avis. Et il faut qu’ils soient honnêtes et il faut qu’ils soient directs. »

« Les combats en Syrie peuvent se poursuivre pendant des années et des années. À quelles fins ? »  Il a même ajouté : « Il est de notre intérêt de ne pas avoir un Moyen-Orient instable ». Les menaces actuelles doivent être gérées, d’après lui, en se concentrant « sur des stratégies et des objectifs à plus long terme ».

Hagel était « exactement le Secrétaire à la Défense qu’Obama souhaitait », commente le Times. « Quelqu’un qui n’allait pas écrire un livre contre l’Administration quand il quitterait son poste ».

Il « a passé son temps à exécuter tout ce que voulait Obama , y compris en réduisant les effectifs des forces US en Afghanistan, en faisant la IIIe guerre d’Irak et en bombardant la Syrie ».

Ses assistants révèlent qu’il avait compté servir jusqu’à la fin du second mandat d’Obama. La question qui se pose est de savoir quel programme va suivre son successeur.

Hagel a centré ses efforts sur la politique Asie-Pacifique de l’Administration. Sur les plans de réduction des effectifs militaires. Il s’est opposé aux guerres d’Irak et d’Afghanistan.

En tant que sénateur, il s’est opposé à l’endiguement de l’Iran. A dit que les sanctions étaient inefficaces.

En même temps, il disait que sa « priorité majeure » était de planifier d’éventuelles actions militaires contre l’Iran. Qu’il était prêt à faire « ce qu’il fallait » pour l’empêcher de se doter d’armes nucléaires.

Fin août 2002, il a attaqué le Secrétaire d’État de l’époque, Colin Powell, en demandant :

« Qu’est-ce qui se passe, ici ? Vous, les gars, vous dites que vous ne partez pas en guerre. Vous partez en guerre ! Vous allez devoir occuper l’Irak pendant des années. »

« Pourquoi donc avons-nous envahi l’Irak ? » a-t-il un jour demandé. « Je crois que cela a été le triomphe de ce qu’on appelle l’idéologie néo-conservatrice, autant que l’arrogance et l’incompétence de l’administration Bush, qui ont embarqué l’Amérique dans cette guerre de choix. »

« Cette idéologie présentait la vision myope d’un Moyen-Orient démocratique, où serait injectée une large force américaine permanente, pour en garantir le réalignement. »

« Ils croyaient qu’en prenant la mesure relativement facile de renverser Saddam, ils pourraient commencer à réaliser leur vision, grâce au pouvoir militaire inégalé de l’Amérique, établissant ainsi la prééminence de l’Amérique au Moyen Orient et apportant leur soutien à la défense d’Israël. »

« Ils ont évidemment réussi à convaincre un président à l’expérience très limitée en matière de Sécurité et d’Affaires étrangères, sur qui a pesé le lourd fardeau de conduire la nation, dans la foulée de la plus mortelle attaque terroriste qui ait jamais frappé le sol américain. »

« Il est choquant de voir combien peu le Congrès et les médias se sont opposés à l’Administration Bush. »

Il était en faveur de relations avec l’Iran et la Syrie. « Que leurs peuples décident de leur avenir. »

Les responsables politiques « ont perdu leur objectif de vue en Afghanistan » a-t-il encore dit. « Ils y ont excessivement déployé la présence militaire américaine. »

Il a voté non quand il s’est agi de désigner comme terroristes les Gardes de la Révolution iranienne… Il a dit que l’Irak, sous Saddam, ne développait pas d’armes nucléaires, ni chimiques, ni biologique… Qu’il n’avait aucun lien avec Al Qaeda. Qu’il développait des missiles, « mais pas pour atteindre les États-Unis »…

Il s’est opposé à l’escalade militaire en Irak. Il pensait qu’on lui avait confié la mission de mettre un terme aux guerres en cours, pas de les envenimer. Ni d’en déclencher de nouvelles. Peut-être est-ce ce qui explique le mieux son limogeage.

Obama, quant à lui, continue à poursuivre des guerres directes et des guerres par procuration. Après s’être déclaré d’accord (avec ses alliés et avec Kaboul) pour que soit mis un terme à notre mission de combat en Afghanistan, il a autorisé les affaires à continuer comme de coutume. Au moins jusqu’à la fin de 2015. Vraisemblablement jusqu’à la fin de son second mandat. Peut-être pour les treize ans à venir. Sous les présidents qui lui succéderont.

La guerre la plus longue de l’Amérique a bien l’air d’être sa guerre pour toujours. D’autres conflits régionaux n’en finissent plus de faire rage. Peut-être Hagel ne voulait-il rien de tout cela.

(…)  Reste à savoir qui va le remplacer. (…) Quel programme sera suivi. Si la rhétorique sera suivie d’effet.

Il y a de très fortes chances pour qu’on aille vers plus de guerres, et non pas moins.

En un moment où la plupart des Américains veulent qu’elles finissent. Que ce soit avec Obama aux commandes ou avec quiconque lui succédera.

La guerre permanente est, depuis très longtemps, la politique des États-Unis, et aucune fin des conflits ne paraît imminente.

Traduction c.l. pour Les Grosses Orchades

Source : http://www.thepeoplesvoice.org/TPV3/Voices.php/2014/11/25...

 

[ Résumons le morse de Lendman : Chuck Hagel avait été nommé pour gérer le retrait US d’Irak et d’Afghanistan, et pour faire passer une drastique diminution des budgets du Pentagone. Les faucons ont gagné les récentes élections. Ils veulent plus d’argent, plus de guerres et pour plus longtemps. On va voir ce qu’on va voir. Des mouches à deux culs ? Beaucoup de sang en tout cas. En Ukraine. Et ailleurs. Attendons Meyssan, mais c’est tout vu. NdGO.]

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Diplomé de Harvard et de Wharton, Stephen Lendman est un écrivain et un animateur de radio qui vit à Chicago.

En 2011, le Club Mexicain de la Presse lui a décerné le prix de  « Meilleur journaliste d’investigation international ». La cérémonie de remise de ce prix a été diffusée dans toute l’Amérique Latine. Ses livres : How Wall Street Fleeces America (2011) et Banker Occupation (2013) sont publiés en Chine, mais ne le sont pas dans les pays francophones.

On peut le joindre à cette adresse : lendmanstephen@sbcglobal.net.

Et visiter son blog : sjlendman.blogspot.com.

Son dernier livre, dont il est à la fois le rédacteur et un des 22 contributeurs :

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Flashpoint in Ukraine – How the US Drive for Hegemony Risks World War III

22 Geopolitical Analysts Counter the Fraudulent Western Narrative on Ukraine
AND WHY IT MATTERS SO MUCH

Clarity Press 2014 - Edited by Stephen Lendman

Pour plus d’informations : http://www.claritypress.com/LendmanIII.html

 

 

On peut aussi, si on est anglophone et en Amérique, écouter ses entretiens avec des invités de marque, sur le programme  « Progressive Radio News Hour » du Réseau Progressive Network. Cette émission est diffusée trois fois par semaine, en direct le dimanche à 13 heures, et deux pré-enregistrements.

 

*

Cependant…

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- Quoi, une révolution colorée ? Ici ? Chez nous ?

- Non, Sire, une guerre civile.

  

« Justice bafouée ! »

La décision du Grand Jury de ne pas poursuivre le policier qui a tué l’adolescent noir Mike Brown de six balles dans le dos déclenche des émeutes dans des douzaines de villes des États-Unis

 

Certaines des plus violentes à New York (impliquant autant de blancs que de noirs désormais)

 

à Ferguson

A l’aéroport de Ferguson : Bombes au poivre

On vous fait grâce des autres.

Et, bien entendu, en prévision de ce genre de développements, la moindre des villes des États-Unis a doté sa police d’équipements militaires lourds.

 

The New York Times :

US War Gear Flows to Police Departments

(C’est en anglais, mais il y a des images)

http://www.nytimes.com/2014/06/09/us/war-gear-flows-to-police-departments.html

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Pour agrémenter l’horreur qui vient, comme en Ukraine en somme :

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Le KKK infiltre les groupes de soutien au policier assassin (Anonymous)

Et :

12. Missouri KKK- We will use lethal force against Ferguson protesters.jpg

Le KKK du Missouri : « Nous utiliserons la « force létale » contre les manifestants de Ferguson ».

 

Que de la joie en perspective.

 

*

« …et de finir par confondre la réalité de la démocratie avec un nouveau nominalisme politique. »

 

Le pape François à Strasbourg

 

Donc, le pape François a fait une visite-éclair à Strasbourg. Non pas à Strasbourg (France) mais à Strasbourg (siège du Parlement européen). Le temps d’y prononcer deux discours. Raison pour laquelle il n’a pas été accueilli par son homologue chef d’État (le Président), mais par Ségolène Royal et Harlem Désir pour la France et par Martin Schulz pour l’Europe.

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Allez, pour une fois, on va piquer ses images au Parisien.

Diapo :

http://www.leparisien.fr/pape-vatican/en-images-visite-ex...

 

L’Europe étant ce qu’elle est et les merdias ce qu’ils sont, il nous a fallu aller sur le site du Vatican pour savoir ce qu’il était venu dire au juste.

 

 VISITE DU SAINT-PÈRE
AU PARLEMENT EUROPÉEN ET AU CONSEIL DE L'EUROPE

DISCOURS DU PAPE FRANÇOIS
AU PARLEMENT EUROPÉEN

Strasbourg
Mardi 25 novembre 2014

Multimédia

  

Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les Vice-présidents,
Honorables Députés Européens,
Personnes qui travaillent à des titres divers dans cet hémicycle,
Chers amis,

Je vous remercie pour l’invitation à prendre la parole devant cette institution fondamentale de la vie de l’Union Européenne, et pour l’opportunité qui m’est offerte de m’adresser, à travers vous, à plus de cinq cents millions de citoyens des 28 pays membres que vous représentez. Je désire exprimer une gratitude particulière à vous, Monsieur le Président du Parlement, pour les paroles cordiales de bienvenue que vous m’avez adressées, au nom de tous les membres de l’Assemblée.

Ma visite a lieu plus d’un quart de siècle après celle accomplie par le Pape Jean Paul II. Beaucoup de choses ont changé depuis lors, en Europe et dans le monde entier. Les blocs opposés qui divisaient alors le continent en deux n’existent plus, et le désir que « l’Europe, se donnant souverainement des institutions libres, puisse un jour se déployer aux dimensions que lui ont données la géographie et plus encore l’histoire »[1], se réalise lentement.

À côté d’une Union Européenne plus grande, il y a aussi un monde plus complexe, et en fort mouvement. Un monde toujours plus interconnecté et globalisé, et donc de moins en moins « eurocentrique ». À une Union plus étendue, plus influente, semble cependant s’adjoindre l’image d’une Europe un peu vieillie et comprimée, qui tend à se sentir moins protagoniste dans un contexte qui la regarde souvent avec distance, méfiance, et parfois avec suspicion.

En m’adressant à vous aujourd’hui, à partir de ma vocation de pasteur, je désire adresser à tous les citoyens européens un message d’espérance et d’encouragement.

Lire la suite…

Source : http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/speeches/2014/n...

 

*

Pour qui sait lire entre les lignes, François I n’accuse personne mais suivez son regard. Il rappelle avec la plus grande urbanité quelques vérités élémentaires, dont plus grand monde ne se soucie (en Europe notamment). Et tire la sonnette d’alarme sur quelques dérives que les athées ne déplorent pas moins que les croyants, de quelque religion qu’ils soient, tant il est évident que les Léviathans responsables s’appellent, depuis toujours et sous toutes les latitudes, « Volonté de puissance » et « Rapacité ».

A-t-il été entendu ?  Ooouuuhhh…

Sera-t-il écouté ?  Ooooouuuuuhhhhh…

Cela dit : « …et des enfants tués avant de naître » :

Si, déjà, on s’abstenait de les tuer quand ils sont nés, soit tout de suite, soit après que leur mère et leur père les aient élevés, parfois jusqu’à l’âge adulte, au prix de mille soins… Si, déjà, « on » assurait aux mères pauvres que le fruit potentiel de leurs entrailles aura une petite chance de subsister et d’accomplir un destin qui ne soit pas de la quintessence d’enfer… Si, déjà, on apprenait aux géniteurs (futurs patriarches) qu’imposer la vie est un crime quand on n’est pas en mesure de l’assurer, et que l’abstention peut être un moindre mal auquel, peut-être, ils ne pensent pas assez…En amont, plutôt qu’en aval…

La visite du pontife n’a pas plu à tout le monde. À commencer par des catholiques déçus, qui ont trouvé anormal qu’il visite Strasbourg et snobe sa cathédrale. D’autres – pas les mêmes sûrement – ont trouvé à redire à une visite qu’ils qualifient de « politique » et de « pas religieuse ». (Faut-il dire que c’est parce qu’elle est politique, justement, qu’elle nous intéresse ?). D’autres encore, ou plutôt « une autre » a marqué sa désapprobation en se précipitant, la veille, à moitié nue, sur l’autel de la cathédrale non visitée, pour y brandir un drapeau européen (beurk) et y afficher, super pectus, des slogans chers à MM. Soros, CIA, NED & C°, aussi subtils que d’habitude.

Le phénomène des petites prostituées que leurs clients envoient officier dans la rue (à l’ULB ou à l’église) plutôt qu’au bordel ne serait, depuis, longtemps, plus qu’un souvenir vague (qui se souvient des Pussy Riots, condamnées en Russie et achevées par une grâce présidentielle ?), si les badauds imbéciles, sur les talons des merdias, ne se précipitaient, langue pendante et téléphones brandis pour se payer des selfies, et nous disons bien des selfie, car ce qu’ils photographient, c’est eux-mêmes. Détournez-vous de leurs simagrées, passez sans les voir, et le phénomène, qui ne sera plus payant pour leurs clients, cessera aussitôt, ces gens n’ayant pas pour habitude de dépenser de l’argent qui ne sert à rien. C’est pourquoi vous ne la verrez pas ici.

Reste M. Mélenchon, et sans doute quelques autres, qui, au nom de la laïcité… Que ne l’ont-ils invoquée quand SS Jean-Paul II jouait les femen pour le compte des mêmes clients et jetait sur les routes de sa sacrosainte Europe, qui n’a été f….. de rien empêcher, des centaines de milliers d’enfants, de jeunes femmes et de jeunes gens de l’ex-URSS et des pays de l’Est, enlevés, drogués, battus, torturés et prostitués, voire barbaque à snuff movies ? On ne les a guère entendus, alors, les champions de la laïcité.

Faut-il que ce soit nous, obscurs et sans-grades qui lui expliquions, à Jean-Luc Mélenchon, ce que c’est qu’un homme d’État ? Qu’un homme - comme Vladimir Poutine, tiens, pourquoi pas – qui, dans les premières années de son premier mandat, s’est baladé partout une croix en sautoir. Parce qu’il était croyant ? Possible, nous n’en savons rien, et cela le regarde, mais surtout parce qu’il avait un besoin urgent et absolu de l’Église orthodoxe pour l’aider à recimenter la nation qu’« on » avait voulu – et presque réussi - à désagréger. Faut-il que nous lui expliquions pourquoi, Président, il ne la porte plus aujourd’hui, pas plus que ne le ferait n’importe quel homme d’État conséquent, qui se voudrait le président d’une nation de chrétiens, de musulmans, de juifs et de sans dieu, le président de tous ?

Croit-il, M. Mélenchon, qu’il peut empêcher l’atomisation planifiée de l’Europe sans l’aide du pape ? Sans le soutien de Hassan Nasrallah (pourtant pas européen) et d’un certain nombre de rabbins hassidiques ? Il se prend pour Popeye ou quoi ? Il rêve ? Ou c’est juste de la démagogie ?

Enfin, laïcité mise à part et Mélenchon n’y est pour rien, que Jean XXIII et Jean-Paul II aient été béatifiés ensemble, nous paraît une insulte carabinée à la mémoire du premier. Mais qui sommes-nous, mécréants, pour donner notre avis sur ces choses ?

 

*

Dernière minute :

Nos plates excuses au Réseau Voltaire, qui a mis en ligne le texte intégral des deux discours. Voici celui au Conseil de l’Europe :

Discours du pape François au Conseil de l’Europe

par Pape François

Réseau Voltaire International | Strasbourg (France) | 25 novembre 2014 

 

14. Pape Conseil Europe.jpg

Monsieur le Secrétaire Général,
Madame la Présidente,
Excellences,
Mesdames et Messieurs,

Je suis heureux de pouvoir prendre la parole en cette Assemblée qui voit réunie une représentation significative de l’Assemblée Parlementaire du Conseil de l’Europe, les Représentants des pays membres, les Juges de la Cour Européenne des Droits de l’Homme, et aussi les diverses Institutions qui composent le Conseil de l’Europe. De fait, presque toute l’Europe est présente en cette enceinte, avec ses peuples, ses langues, ses expressions culturelles et religieuses, qui constituent la richesse de ce continent. Je suis particulièrement reconnaissant à Monsieur le Secrétaire général du Conseil de l’Europe, Monsieur Thorbjørn Jagland, pour la courtoise invitation et pour les aimables paroles de bienvenue qu’il m’a adressées. Je salue Madame Anne Brasseur, Présidente de l’Assemblée parlementaire, ainsi que les représentants des diverses institutions qui composent le Conseil de l’Europe. Je vous remercie tous de tout cœur pour l’engagement que vous prodiguez et pour la contribution que vous offrez à la paix en Europe, par la promotion de la démocratie, des droits humains et de l’État de droit.

Lire la suite…

Source : http://www.voltairenet.org/article186047.html

*

Oups !

(Sous réserve de confirmation)

[Mistral] L’Inde annule un contrat de 20 milliards si Hollande ne livre pas…

Lire ici :

Source : http://lesmoutonsenrages.fr/2014/11/26/mistral-linde-annu...

 

*

Et, vite, avant que le ciel nous tombe sur la tête, pourquoi n’irions-nous pas nous éclater en boîte ?

 


Excuses hypocrites aux anthropocentristes.

 

*

 

Mis en ligne par Cassandre, le 28 novembre 2014

Ne craignez pas qu’on vous en balance autant tous les deux jours. On va se calmer, rassurez-vous.

 

 

 

 

15:33 Écrit par Theroigne dans Actualité, Général, Loisirs, Musique, Web | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook |

25/11/2014

DEUX ANNIVERSAIRES

1. bateau-en-marbre-palais-dété-pékin-Chine.jpg

Deux anniversaires !

Un en France,  l’autre en Chine.

Non, on ne vous parlera pas du mur de Berlin – les meilleures choses ont une fin.

2. lautrec crosseyed.jpg

Ce 24 novembre, il aurait eu 150 ans

 

Toulouse Lautrec, Jean Jaurès, Thierry Carcenac, Christine Bouttin : cherchez l’intrus et l’intruse.

 

 

3. Toulouse Lautrec.jpgUne maladie des os, la pycnodysostose, l’empêcha de dépasser la taille de 1,52 m. Il marchait difficilement sans canne. L’absence de fermeture de sa fontanelle l’obligeait à toujours porter un chapeau rigide. Sa barbe dissimulait sa mandibule fuyante. Il bavait et zézayait. Sa bouche était lippue et son nez protubérant.

Et c’était un grand !

Pour commémorer le 150 ème anniversaire de la naissance (24 novembre 1864) de cet illustre tarnais, Thierry Carcenac, président PS du Conseil général du Tarn, aurait (conditionnel) eu ce mot : « Mourir d’alcoolisme et de syphilis, à près de 37 ans, c’est une chose, mais c’est quand même relativement stupide et bête ».

Christine Bouttin aurait déclaré : « Je me demande comment le pape a pu autoriser le mariage de ses parents alors qu’ils étaient cousins germains ».

Heureusement, cette Mère la vertu ignore qu’il passa sa vie dans des lieux de perdition où il se livrait à l’acte de chair en dehors des sacrements du mariage.

Quant aux médias, ils évoqueront la célèbre affiche à l’écharpe rouge sans signaler qu’Aristide Bruant, ainsi peint, était un olibrius « ennemi de la féodalité capitaliste », des « fils-à-papa, des fainéants, des incapables ».

Théophraste R. (Tarnais de cœur, jauressien d’esprit, votutilophobe).

Source :
http://www.legrandsoir.info/toulouse-lautrec-jean-jaures-...

Commentaires

24/11/2014 à 10:15 par Fald

Et surtout, ne dites pas à Christine Boutin ce qui lui a valu son surnom de « la cafetière »...

24/11/2014 à 12:48 legrandsoir

Ces dames l’appelaient aussi : « Scout » (toujours prêt).

 

0. chat clignant des yeux.gif


On aurait dû vous en parler le 4 juin…

…de l’anniversaire de Tian’Anmen

Vos merdias préférés l’ont sûrement fait, mais comme on ne les lit pas… En revanche, on lit COMAGUER, qui nous a envoyé quelques considérations et révélations bien intéressantes. Les voilà quasiment telles qu’on les a reçues.

 

0. LOGO COMAGUER.jpg

Les deux événements les plus importants de l’année 1989

Les actuelles célébrations de la chute du mur de Berlin tentent de faire passer cette  chute à fort contenu symbolique  comme l’évènement majeur de l’année 1989. Il s’agit d’une célébration typiquement « occidentale » à visée anticommuniste. La chute de ce mur là fait oublier d’autres murs toujours existants contre  lesquels les médias occidentaux ne mènent pas campagne et pour cause : ces murs sont presque tous des constructions  de puissances capitalistes ou d’alliés de pays capitalistes  dominants : mur séparant les Etats unis du Mexique, mur séparant la République de Chypre du territoire envahi en 1974 par la Turquie, mur  israélien incarcérant la population palestinienne, mur enfermant  les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla sur le sol africain, mur marocain emprisonnant le Sahara Occidental  et d’autres. Mais la chute du mur de Berlin qui ouvrait la voie à la réunification de l’Allemagne et annonçait la disparition de l’URSS a, pour le camp de la guerre froide, une valeur symbolique d’avant-goût de triomphe par effondrement de l’adversaire.

En vérité un autre évènement d’aussi grande importance n’a pas été un succès pour l’Occident capitaliste qui a du le réduire à la critique de l’autre adversaire, en l’occurrence la République populaire de Chine, mais sans avoir atteint l’objectif ultime à savoir le renversement du régime communiste. La critique a été baptisée « TIAN AN MEN » et l’image bien connue qui l’accompagne est un stéréotype très présent dans la fabrication de l’opinion occidentale. Stéréotype d’ailleurs ambivalent puisque ce face à face d’un jeune homme sans armes face à un char d’assaut ne se termine pas comme il s’est trop de fois terminé en Palestine : sur la vidéo qui a fait le tour du monde le char ne tire pas et il n’a effectivement pas tiré.

 

7. tien an men 89 xx.jpg

 

L’immense esplanade qui fait face à la Cité interdite en plein cœur de Pékin a constitué au printemps 1989 le centre symbolique et médiatique d’une tentative de coup d’Etat. L’image qui en a été fabriquée par la propagande occidentale est celle d’un face à face tragique entre des démocrates chinois sincères et aux mains nues et un appareil d’Etat incorrigible et brutal.

Image évidemment réductrice et que la lecture d’un ouvrage permet de dépasser. Les éditions du Félin ont publié voici dix ans sous le titre « LES ARCHIVES DE TIAN AN MEN » la traduction française d’un livre publié en 2001 aux Etats-Unis, en anglais et en chinois, sous le titre « TIAN AN MEN PAPERS ». Livre à la fois étrange et exceptionnel.

Un dissident chinois, ZHANG LIANG, le publie avec deux intellectuels étatsuniens PERRY LINK et ANDREW J. NATHAN, bon connaisseurs de la Chine, parlant et lisant le chinois des documents qu’ils commentent. Il s’agit de  transcriptions de comptes-rendus internes des débats tenus au plus haut niveau de l’appareil d’Etat et du PC chinois. L’événement est d’importance : une « fuite » magistrale, sans précédent, de textes dans lesquels s’expriment sans fard les plus hauts dirigeants chinois, membres du Bureau permanent du Comité Central, soit 7 personnes et quelques anciens de poids dont Deng Xiao Ping, la plus fine pointe de l’appareil de gouvernement chinois. Il y aurait donc eu dans ces cercles les mieux protégés de la RPC une « taupe ». S’agit-il de faux ?  Sont-ils victimes d’une opération d’intoxication ? Une  lecture  scrupuleuse des textes, qui leur fait bien reconnaitre le vocabulaire des dirigeants chinois, leur style, leurs références, les conduit à les considérer comme authentiques et c’est forts de cette conviction assumée qu’ils décident de les traduire en anglais et de les faire publier. Les traducteurs et adaptateurs français, eux-mêmes professeurs de chinois, prennent le soin de repartir des documents originaux en chinois, pour éviter toute déformation liée à une double traduction. Ils ne sont pas des thuriféraires du régime chinois, mais ils  partagent la même conviction sur l’authenticité des documents.

Les Archives de Tiananmen  paraissent donc en français en 2004, quinze ans après les faits, et il ne semble pas qu’elles aient été un grand succès de librairie. L’image d’Épinal officielle suffisait.

Leur lecture, dix ans plus tard, est très enrichissante. Que ce soit dans les commentaires des auteurs sur les évènements perceptibles par des témoins avisés ou dans les documents émanant des instances officielles, tout confirme que ce qui s’est passé entre avril et juin 1989 ne s’est pas passé que sur la grande place de Pékin mais dans toute la République populaire et qu’il s’est agi en réalité de la première des « révolutions de couleur »* qui seront de mise par la suite en Yougoslavie et dans l’ex-espace soviétique. Ce que le livre met en lumière est que le débat sur la nature du mouvement qui se déroule sous nos yeux de lecteurs est finalement tranché en faveur de ceux, Deng Xiao Ping en tête, qui ont bien compris qu’il s’agissait d’une tentative de renversement du régime, largement soutenue par l’Occident. L’extrait qui suit en témoigne.

Nous sommes le 2 Juin 1989, l’occupation de la place Tien an Men dure depuis Avril, le régime a pris toutes les dispositions nécessaires pour la faire cesser et elles sont d’importance : proclamation de la loi martiale, sélection et formation politique et tactique des unités militaires qui vont être engagées dans la reprise en mains de Pékin et de la place, limogeage du secrétaire général du Parti Zhao Ziyang, en poste depuis deux ans après avoir été premier ministre, qui a tenté de maintenir le dialogue avec les occupants de la place et leurs représentants, et à qui il sera reproché sa faiblesse idéologique. Dans l’extrait joint, Deng Xiao Ping y fait allusion sans  le nommer.

Zhao Ziyang avait en effet, comme premier ministre, de 1985 à 1987, accordé tous ses soins à la réforme économique, en négligeant ses incidences politiques, et s’il avait été désigné en 1987 secrétaire général du Parti Communiste, c’était une sorte de mise à l’épreuve pour remettre la politique au poste de commande, selon l’expression consacrée. Sa prise de position en faveur des positions des étudiants, sans prendre en compte la dimension internationale stratégique de la crise, a été clairement perçue, par les dirigeants qui s’expriment dans le texte qui suit, comme une sorte de Gorbatchévisme, analysé par la majorité des dirigeants du PCC comme un abandon volontaire du socialisme, ce que la suite des évènements a amplement confirmé :,chute du mur de Berlin, départ des troupes soviétiques   des pays du Comecon en échange d’une promesse étatsunienne verbale jamais tenue de ne pas élargir l’OTAN, et dissolution autoritaire et anti constitutionnelle de l’URSS en 1991. Zhao Ziyang a été limogé, remplacé à chaud et dans l’urgence au poste de Secrétaire général du Parti Communiste par Jiang Zemin et assigné à résidence jusqu’à sa mort en 2005.

___________________  

* Tian’Anmen n’a pas été « la première des révolutions de couleur ». Avant elle, il y avait eu Mai 68 en France. Et, avant la France, il y avait eu Budapest. On peut, à l’inverse, difficilement prendre l’invasion-démembrement de la Yougoslavie pour une révolution de couleur… (C'est juste pour chicaner. NdGO).

 

*

Les Archives de Tiananmen

p. 482 et suivantes

(En bleu les commentaires des auteurs, en noir les documents officiels)

 

2 JUIN

Les Anciens du Parti décident de nettoyer la Place.

Dans la matinée du 2 juin, les Anciens du Parti Deng Xiaoping, Li Xiannian, Peng Zhen, Yang Shangkun, Bo Yibo et Wang Zhen tinrent une réunion avec le Comité permanent du Bureau politique qui n'était alors plus composé que de Li Peng, Qiao Shi et Yao Yilin. La réunion, dont le thème était : «Comment mettre au plus vite un terme aux troubles et rétablir l'ordre dans la capitale ? », conduisit à la décision de faire évacuer la Place.

Li Peng ouvrit la réunion en faisant un rapport sur l'évolution du mouvement où il cita et paraphrasa les rapports du comité du Parti de Pékin et du ministère de la Sécurité d'État, dont des extraits figurent ci-dessus. Après que Li eut terminé son rapport, les Anciens exprimèrent leur colère contre les ennemis étrangers et chinois qui manipulaient les étudiants, ainsi que leur conviction qu'il n'existait plus d'autre choix que de faire évacuer la Place par la force. Toutefois, la plupart des Anciens espéraient que cela pourrait être fait sans causer de morts, et Deng Xiaoping répéta avec insistance que rien ne devait contrecarrer l'élan des réformes et de l'ouverture. Après que les Anciens eurent fini de parler, les membres du Comité permanent du Bureau politique passèrent à l'action : Li Peng proposa formellement le nettoyage de la Place, Qiao Shi et Yao Yilin votèrent pour cette décision. Deng conclut la réunion en ordonnant à Yang Shangkun de transmettre la décision à la Commission militaire centrale pour exécution.

Extraits de : Secrétariat du Bureau des affaires générales du Comité central du Parti, «Minutes de l'importante réunion du 2 juin », document fourni par le bureau de Deng Xiaoping au Secrétariat du Bureau des affaires générales du Comité central du Parti pour ses archives.

Li Peng : Hier, le comité du Parti de Pékin et le ministère de la Sécurité d'État ont remis des rapports au Bureau politique. Ces deux rapports prouvent amplement qu'après la déclaration de la loi martiale, la principale stratégie de ceux qui ont organisé et planifié les troubles a été d'occuper la Place pour en faire un centre de commandement en vue de la confrontation finale avec le Parti et le gouvernement. La Place est devenue le « centre du mouvement étudiant et même de la nation tout entière ». Quelles que soient les décisions que prendra le gouvernement, les réactions sur la Place s'annoncent fortes. L'enquête a révélé que, après la déclaration de la loi martiale, la mise en place d'une brigade de Brave-la-mort pour bloquer les troupes de la loi martiale, la réunion et la coordination de brigands et autres vagabonds pour attaquer le Bureau de la Sécurité publique de Pékin, la tenue de conférences de presse, le recrutement de la brigade des Tigres volants pour prendre des contacts aux quatre coins de la ville, tout cela a été planifié et dirigé depuis la place Tiananmen. En même temps, les éléments réactionnaires ont continué à faire de la Place un centre de fabrication de rumeurs et d'opinions contre-révolutionnaires. Des organisations illégales comme la FAE et la FAO ont installé sur la Place des haut-parleurs qui diffusent presque vingt-quatre heures sur vingt-quatre des messages attaquant les dirigeants du Parti et du gouvernement, incitant à renverser le gouvernement, et ne cessent de rediffuser les rapports biaisés hostiles à la Chine et au Parti, de la Voix de l'Amérique et des médias hongkongais et taïwanais.

8. déjà en anglais.jpeg

Déjà en anglais, comme partout ensuite…

 

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(Finalement, ils ne sont pas très subtils, les fabricants de révolutions US)

 

Ces éléments réactionnaires sont convaincus que, s'ils ne quittent pas la Place, le gouvernement finira bien par avoir recours à la répression. Ils tentent de provoquer un conflit et une effusion de sang sur la Place et clament que « le sang réveillera la conscience du peuple et conduira à la division et à la chute du gouvernement ». Il y a deux jours, ces éléments réactionnaires ont ouvertement érigé une statue de je ne sais quelle «déesse» devant le Monument aux héros du peuple. Aujourd'hui, ils se préparent à lancer une nouvelle grève de la faim à Tiananmen. En un mot, la très sacrée et solennelle place Tiananmen a été transformée par ces éléments contre-­révolutionnaires en un centre de commandement de première ligne pour attiser les troubles, un centre de propagande national de fabrication d'opinions contre-révolutionnaires, un lieu de rassemblement des forces hostiles chinoises et étrangères et une base contre-révolutionnaire destinée à lancer de furieuses attaques contre le Parti et le gouvernement.

 

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Le monument aux héros du peuple (sans la « déesse »).

 

À présent, un certain nombre d'organisations illégales se sont révélées au grand jour : la Fédération autonome des étudiants, la Fédération autonome des ouvriers, le Quartier général de la grève de la faim, l'Association des intellectuels de Pékin, la Conférence unie des organisations patriotiques de la capitale pour le soutien à la Constitution, l'Association autonome des résidents de Pékin, etc. Ils ont créé des équipes spéciales pour façonner l'opinion publique, préparé la publication de journaux clandestins, entrepris des activités clandestines pour renverser le gouvernement. Ils ont aussi formé un groupe de fanatiques qui, en secret, ont collectivement prêté serment et essaient de fomenter une mutinerie au sein des troupes de la loi martiale. Leur arrogance est sans bornes.

De nombreux documents prouvent que des forces, des organisations et des individus hostiles, en Chine comme à l'étranger, interviennent directement ou indirectement en fournissant aux fauteurs de troubles un large soutien moral et une aide matérielle. La VOA (note comaguer : Voix de l’Amérique,  radio propagandiste du gouvernement des États-Unis) (à Budapest, c’était Radio Free Europe, NdGO) diffuse chaque jour trois programmes totalisant plus de dix heures d'antenne, qui s'emploient à créer des rumeurs et à attiser les troubles. Des journaux et des radios occidentaux, hongkongais et taïwanais multiplient les rapports biaisés. Après le début des troubles, des employés de l'ambassade des États-Unis en Chine, dont certains sont des agents de la CIA, ont commencé à réunir sans vergogne des renseignements. Presque tous les jours, et surtout la nuit, ils se rendent à Tiananmen ou dans des établissements d'enseignement supérieur comme l'université de Pékin ou l'École normale supérieure de Pékin où ils rencontrent les chefs de la F.A.E. (Fédération autonome des étudiants) et leur donnent des conseils. L'Alliance chinoise pour la démocratie, qui est directement impliquée dans ces troubles, est un instrument utilisé par les États-Unis contre la Chine. Ce rebut de notre nation, qui est situé à New York, a collaboré avec la Chinese Benevolent Association proche du KMT  (note comaguer : Kuo Min Tang ou Guo Min Tang, parti nationaliste anticommuniste soutenu par les États-Unis, au pouvoir à Taiwan) pour mettre sur pied un prétendu Comité de soutien au mouvement démocratique chinois, qui a également donné de l'argent aux dirigeants de la FAE.

Dès le début des troubles, les agences de renseignements de Taïwan ainsi que d'autres forces hostiles installées à l'étranger se sont précipitées pour envoyer des agents déguisés en visiteurs, en touristes, en hommes d'affaires, etc. Ils ont tenté d'intervenir directement afin d'étendre le prétendu mouvement démocratique à un « mouvement contre le communisme et la tyrannie» à l'échelle nationale. Ils ont également donné l'ordre à leurs agents secrets de suivre de près l'évolution des événements et de réunir toutes sortes d'informations. Nous possédons des preuves attestant que des agents du KMT venus de Taïwan ont participé aux troubles à Pékin, à Shanghai, au Fujian et ailleurs. Nous avons déjà débusqué et arrêté certains d'entre eux et nous en poursuivons d'autres. Le KMT de Taïwan a fourni toutes sortes de fonds et a créé une Fondation de soutien au mouvement démocratique sur le continent. Hong Kong a également réuni près de trente millions de dollars de Hong Kong et apparemment aurait déjà commencé à transférer ces fonds en Chine. Ces organisations réactionnaires ont non seulement fourni d'importantes sommes d'argent liquide mais également toutes sortes d'équipements modernes ayant été utilisés pendant les troubles, comme des jumelles super-puissantes, des talkies-walkies et des tentes. Il est de plus en plus clair que ces troubles sont le résultat de la collusion entre des forces réactionnaires, à l'étranger et en Chine, et que leur objectif est de renverser le Parti communiste et de subvertir le système socialiste.

Wang Zhen : Nom de Dieu ! Les salopards ! Pour qui se prennent-ils pour oser piétiner pendant si longtemps un lieu sacré comme Tiananmen ? Ils cherchent la mort ou quoi ? Camarade Xiaoping, nous devons immédiatement envoyer les troupes pour qu'elles s'emparent de ces contre-révolutionnaires. Qu'attend l'Armée populaire de libération ? Qu'attendent les soldats de la loi martiale ? On ne va pas les nourrir à ne rien faire ! Qu'ils cessent de manger et aillent s'emparer des contre-révolutionnaires ! Si nous ne le faisons pas, nous en garderons des regrets éternels ! Si nous ne le faisons pas, le peuple se rebellera ! Quiconque veut renverser le Parti communiste mérite de mourir sans sépulture!

Li Xiannian : Le rapport que vient de nous faire le camarade Li Peng montre de manière tout à fait claire que le capitalisme occidental espère effectivement voir la Chine plonger dans le chaos. Et pas seulement la Chine, mais aussi l'URSS et tous les pays socialistes de l'Europe de l'Est. Les États-Unis, l'Angleterre, la France, le Japon et d'autres pays occidentaux ne laissent rien au hasard lorsqu'il s'agit de promouvoir l'évolution pacifique des pays socialistes. Ils ont inventé une nouvelle expression: «combattre (dans) une guerre mondiale qui ne produit pas de fumée». Nous devons faire preuve de vigilance. Le but ultime du capitalisme est de remporter la victoire contre le socialisme. Dans le passé, tous leurs plans - recours aux armes, à la bombe A ou à la bombe H - ont échoué. Maintenant ils essaient le truc de Dulles. (1)

(1)C'est-à-dire «l'évolution pacifique », cf. p. 297, n. 19.

« John Foster Dulles, secrétaire d’état américain de 1953 à 1959 est connu en Chine pour sa politique visant à promouvoir « l’évolution pacifique dans les pays socialistes »

Pour ce qui est des autres pays, nous ne pouvons rien faire, mais pour ce qui est de la Chine, nous devons nous en occuper. La Chine ne peut pas ne pas être socialiste. Sans le socialisme, le peuple chinois pourrait-il se redresser pour parler avec dignité ? Sans la direction du Parti communiste, sans le socialisme, sans la réforme et l'ouverture, la Chine d'aujourd'hui existerait-elle ? Notre République populaire a été édifiée avec le sang de plus de vingt millions de martyrs révolutionnaires. Les succès de la construction du socialisme ont exigé des décennies de lutte acharnée, tout particulièrement en ce qui concerne la dernière décennie de réforme et d'ouverture. Nous ne pouvons accepter que tout cela soit détruit du jour au lendemain par les troubles. Le peuple ne le permettra jamais. Si nous laissons libre cours aux troubles et ouvrons notre porte au capitalisme, il n'y aura plus aucun espoir pour la Chine. La nature de ces troubles est extrêmement claire : au fond, il s'agit de la mort de notre Parti et de notre État.

Deng Xiaoping : Le camarade Xiannian a raison. Les causes de cet incident s'expliquent aussi par le contexte international. Le monde occidental, et en particulier les États-Unis, a mis en branle toute sa machine de propagande pour attiser les troubles et a grandement encouragé et aidé les prétendus démocrates ou opposants chinois, qui ne sont en réalité que la lie de notre nation. Telles sont les racines du grand désordre auquel nous devons faire face aujourd'hui. En attisant les troubles dans d'autres pays, l'Occident mène en réalité une politique de force. II s'agit de l'hégémonisme pour contrôler ces pays qui échappaient autrefois à son contrôle et les inclure dans sa sphère d'influence. Une fois que nous avons compris ce point, il est plus facile de se rendre compte de la véritable nature du problème et de tirer des leçons de l'expérience. Ces troubles ont été une dure leçon : la souveraineté et la sécurité de l'État doivent toujours rester notre priorité, cela nous le comprenons mieux que par le passé. Certains pays occidentaux s'emparent de la question des droits de l'homme ou disent que le système socialiste est irrationnel et illégal. En fait, ils en veulent à notre souveraineté. Ces pays occidentaux, qui mènent une politique de force, n'ont absolument aucune qualité pour parler de droits de l'homme ! Combien de personnes dans le monde ont-ils privées des droits de l'homme ? De combien de Chinois ont-ils violé les droits de l'homme depuis qu'ils ont pour la première fois envahi la Chine, lors de la guerre de l'Opium !

Bo Yibo : Les pays capitalistes occidentaux ont fait de l'évolution pacifique dans les pays socialistes leur stratégie à long terme. Ils ne sont pas les Nations Unies et pourtant ils veulent réaliser des choses que même les Nations Unies ne peuvent faire, comme intervenir dans la politique intérieure des autres pays, imposer des sanctions pour un oui ou pour un non ou encore lancer des invasions armées. Ils se prennent pour le pouvoir suprême et pour les gendarmes du monde. Au nom de quoi se mêlent-ils des affaires intérieures de la Chine ? Qui leur a conféré ce droit ? Nous n'accepterons jamais quelque action que ce soit en violation des principes régissant les relations internationales ! Et nous ne nous soumettrons jamais à aucune pression : c'était vrai dans le passé, ça l'est dans le présent et ça le restera dans le futur !

Peng Zhen : Plus d'un mois de troubles nous a fait mieux comprendre l'importance de la stabilité. La stabilité est la question cruciale si la Chine veut se débarrasser de la pauvreté et mettre en œuvre les Quatre modernisations. Les camarades Xiaoping, Xiannian, Chen Yun l'ont répété plus d'une fois et bien avant que ne survienne cet incident : la Chine ne pourra rien accomplir sans un environnement stable. Notre décision de proclamer la loi martiale était absolument nécessaire. Les camarades Xiaoping, Xiannian, Chen Yun et moi-même estimons qu'à partir de maintenant, si cela se révèle nécessaire, nous prendrons des mesures décisives pour anéantir immédiatement tout signe annonciateur de troubles dès son apparition. Nous devons étouffer les problèmes dans l'œuf, nous prémunir contre toute intervention étrangère et défendre la souveraineté de l'État.

Deng Xiaoping : Les deux conditions indispensables à la réalisation de nos objectifs de développement sont une situation interne stable et un environnement international pacifique. Nous n'avons que faire de ce que les autres disent de nous. La seule chose qui nous importe est de bénéficier d'un environnement favorable à notre développement. Aussi longtemps que l'histoire atteste la supériorité du régime socialiste chinois, c'est suffisant. Le système social des autres pays socialistes, nous n'y pouvons rien. Imaginons un peu ce qui se passerait si la Chine plongeait dans le chaos. Si cela se passait maintenant, ce serait bien pire que la Révolution culturelle. À l'époque, on pouvait encore compter sur le prestige de l'ancienne génération de dirigeants comme le président Mao ou le premier ministre Zhou. Nous avons parlé d'une «guerre civile généralisée », mais en réalité il n'y a pas eu de combat à grande échelle, il n'y a pas eu de véritable guerre civile. Aujourd'hui, c'est différent. Si les troubles se poursuivent, il arrivera un moment où le Parti et le pouvoir de l'État ne serviront plus à rien ; qu'une faction contrôle une partie de l'armée, qu'une autre en contrôle une autre, alors on arrivera à une situation de guerre civile. Si des prétendus combattants de la démocratie venaient à prendre le pouvoir, ils finiraient par se battre entre eux. Dès que la guerre civile éclaterait, des flots de sang se mettraient à couler et alors qu'en serait-il des «droits de l'homme» ? Dès que la guerre civile éclaterait, des pouvoirs locaux se mettraient en place, la production s'effondrerait, les voies de communication seraient coupées, des flots de réfugiés se comptant non pas en millions ou en dizaines de millions mais en centaines de millions fuiraient la Chine. La première à être touchée par ce flot serait l'Asie-Pacifique, qui est aujour­d'hui la région la plus prometteuse du monde. Ce serait une catastrophe d'envergure internationale. C'est pourquoi la Chine ne peut pas se laisser sombrer dans le chaos, il s'agit d'être responsable envers soi-même mais aussi envers le monde entier et toute l'humanité.

Pour ce qui est des erreurs, nous en avons effectivement commis. Il y a deux ans, j'avais dit que notre plus grande erreur concernait l'éducation. Nous n'avons pas assez éduqué nos enfants et nos étudiants. Il y a beaucoup de travail idéologique que nous n'avons pas fait, il y a beaucoup de choses que nous n'avons pas expliquées clairement. Que certaines personnes, comme Zhao Ziyang, se soient rangées du côté de ceux qui organisent les troubles et les aient soutenus, nous ne pouvons que nous en prendre à nous-­mêmes. Nous devons mener une réflexion avec sang-froid, nous tourner vers le passé tout en fixant l'avenir et tirer des leçons de l'expérience pour résoudre avec sérieux les problèmes auxquels nous sommes confrontés. En faisant cela, nous pourrons faire d'un malheur un événement positif et tirer profit de cet incident. La majorité des gens va se ressaisir et la pensée des étudiants s'éclaircira aussi. Aussi, une fois les troubles apaisés, nous devrons travailler dur pour rattraper tous les cours qui ont été manqués en matière d'éducation, et cela ne sera vraiment pas facile. Il faudra non pas un ou deux mois, mais bien des années de cours de rattrapage pour que les personnes qui ont participé aux manifestations et à la grève de la faim changent d'avis. Nous ne pouvons blâmer les personnes qui ont participé à la grève de la faim, aux manifestations, aux pétitions. Nous devons poursuivre uniquement ceux qui ont eu de mauvaises intentions ou qui ont dirigé des actes criminels. Envers les étudiants, y compris ceux qui ont participé à la grève de la faim, nous devons recourir à l'éducation. Ce principe est intangible. Nous devons libérer les étudiants de leurs craintes. Nous devons pardonner aux étudiants qui ont participé aux manifestations et aux pétitions, et ne pas les tenir pour responsables. Nous n'infligerons des châtiments nécessaires et adaptés qu'à la petite minorité d'individus ambitieux qui ont tenté de renverser le gouvernement de la République populaire de Chine. Nous ne pouvons tolérer les troubles. Si à l'avenir nous sommes à nouveau confrontés à des troubles, nous proclamerons encore la loi martiale. Cette décision ne portera atteinte à personne ni à aucun pays, c'est une affaire intérieure chinoise. Notre objectif est de maintenir la stabilité, c'est le seul moyen de pouvoir nous consacrer à l'édification. Notre logique est simple: avec une population si nombreuse et des ressources si maigres, la Chine ne pourra rien accomplir sans un environnement politique de stabilité et d'unité et un ordre social stable. La stabilité l'emporte sur tout.

 

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La Place Tian’Anmen aujourd’hui

 

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Un des deux panneaux lumineux que l’on voit (photo ci-dessus) tout au fond de l’immense place, qui diffusent, de jour comme de nuit, l’hymne national et des messages tels que celui-ci :

« Il faut suivre la voie du Marxisme et du Léninisme, les pensées de Mao Zedong, la théorie de Deng Xiaoping et les idées des 3 représentations pour mener à bien le concept de développement scientifique »

 

A la lumière de ce qu’est aujourd’hui la Chine, vingt cinq ans plus tard, on ne peut qu’admirer la clairvoyance des dirigeants chinois qui font bloc autour de DENG XIAO PING. Après TIAN AN MEN la Chine se retrouve, fin 1991, seule puissance socialiste, le camp socialiste se réduisant alors à trois pays : Cuba, la Corée du Nord et la Chine. Celle-ci va continuer sa marche vers un développement économique rapide et planifié, qui passe par la poursuite de  l’ouverture maitrisée au capital et à la technologie étrangère initiée au début des années 80, et qui prend la forme, dans les années 90, de la marche vers l’entrée dans l’OMC. Pari audacieux, puisqu’il s’agissait de retourner au profit de la Chine la stratégie capitaliste occidentale visant à imposer, grâce à la suppression de toute barrière commerciale, les produits des firmes transnationales de souche occidentale sur tous les marchés de la planète. La Chine populaire, bien préparée à ce choc frontal, a renversé la situation et ce sont les produits fabriqués en Chine qui ont envahi les marchés occidentaux. Sans la stabilité et sans une direction politique forte, ce qui est tout l’héritage de DENG XIAO PING,  la Chine n’aurait jamais pu y parvenir.

Face à des événements d’une telle portée historique la publication des TIAN AN MEN PAPERS est un détail. Aussi quand les préfaciers français observent que cette publication en anglais et en chinois n’a guère ému les dirigeants chinois, qu’aucune poursuite n’a jamais été entreprise contre quiconque pour cette fuite magistrale, la question de la « taupe » se trouve posée dans des termes très différents. Car ce que démontre le livre,  c’est que la direction chinoise exprime qu’elle a bien vu la tentative de coup d’État orchestré  de l’extérieur, qu’elle a surmonté l’obstacle  avec succès, qu’elle a symboliquement réintégré Hong-Kong et Macao dans la République selon le calendrier prévu, et qu’elle entre dans l’OMC en position de force. Nul besoin d’une « taupe » pour faire savoir à l’adversaire que sa manœuvre a été connue, comprise, et magistralement déjouée. La diffusion, par le truchement d’un prête-nom, des documents secrets, a été le fait de ceux qui les détenaient légalement.

Les chiens capitalistes aboient, la caravane chinoise passe !

 

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Nous reproduisons ci-après un de nos bulletins publié en Juillet 2011 et qui abordait déjà la question de TIAN AN MEN, sans référence aux « ARCHIVES DE TIAN AN MEN », mais où se retrouvent nombre de données de ce livre. Il y a donc concordance entre les documents WIKILEAKS mentionnés ici et les documents secrets mis malicieusement en circulation, après la bataille, par le gouvernement chinois.

Le « massacre » de Tienanmen était un mythe !

L’hebdomadaire People’s World a publié récemment sous ce titre un article qui met à mal la version occidentale du « massacre » de la place Tien An Men.

People’s World est l’organe du parti politique étatsunien WORKER’S WORLD. Celui-ci est issu d’une scission avec le SWP (Socialist Worker’s Party) intervenue en 1956, dont l’origine est la divergence d’appréciation sur la Révolution chinoise. Depuis cette date le WORKER’S WORLD PARTY peut être considéré, même si toute classification de ce genre est simplificatrice, comme un parti marxiste-léniniste prochinois.

Qu’il publie un article documenté sur le pseudo massacre de la place TIEN AN MEN n’est donc pas surprenant. Mais l’intérêt de cet article est qu’il s’appuie sur des sources occidentales, évélées par WIKILEAKS. La traduction qui suit a été faite par COMAGUER à partir du texte anglais originel.

Un autre article publié récemment par le JAPAN TIMES confirme que des combats de rue ont eu lieu hors la place, qu’il y a eu des pertes des deux côtés, que des soldats ont été brûlés vifs dans leur véhicule et confirme également que les 3000 étudiants restant sur la place le 4 Juin au matin en sont sortis sains et saufs.

Le document le plus synthétique sur ces manipulations médiatiques a été réalisé en 1998 par l’école  de journalisme de l’Université Columbia de New-York (voir le résumé en anglais sur www.alternativeinsight.com/Tiananmen.html) qui explique bien que le « massacre » était un faux et que ce qui s’est passé hors la place était un début de soulèvement populaire contre le régime, qu’il fallait à tout prix passer sous silence.

Pour éclairer cet aspect le plus caché des événements l’article de PEOPLE’S WORLD insiste sur les espoirs entretenus à l’époque par Washington, de réaliser en Chine la même opération qu’en URSS, c’est-à-dire faire tomber le Parti Communiste et l’économie planifiée et livrer la Chine aux appétits capitalistes étrangers.

L’accueil de Gorbatchev à Beijing (17 Mai 1989) par le gouvernement chinois, alors que les manifestations étaient commencées depuis Avril, pouvait en effet être considéré comme le résultat de la victoire au sein des organes dirigeants chinois d’un courant s’inspirant de la Glasnost et de la Perestroïka soviétiques, politique dont on sait qu’elle était le préalable, un préalable conscient pour des dirigeants comme Eltsine, à la disparition de l’URSS et de toute référence au socialisme.

Cette politique était perçue et encouragée par l’Occident comme facteur de destruction de l’URSS, mais considérée par une autre fraction du Parti Communiste Chinois comme le point d’arrivée d’un processus d’abandon du socialisme, initié dès 1956 en URSS et fermement critiqué dès l’origine par le PCC, Mao en tête, fraction qui fut très certainement à l’origine des manifestations qui perturbèrent gravement la visite de Gorbatchev. La répression du mouvement va donc marquer la défaite de la ligne « gorbatchévienne » au sein du PCC, confirmer le poids politique de l’armée et ouvrir la voie à la politique d’ouverture et de développement économique préconisée par Den Xiaoping et conduite fermement par le PCC depuis lors.

Ainsi l’année 1989 est-elle une année charnière, au cours de laquelle se met en place une nouvelle situation globale. L’Occident va y voir, avec la chute du mur de Berlin et la dissolution du bloc soviétique, une avancée triomphale voire définitive du capitalisme sans frontières, et il va écrire l’épisode Tien An men pour faire croire que la chute du régime communiste chinois est proche.

En réalité il sait que le PCC a résisté, que l’attaque conduite par l’URSS finissante a échoué, et que le pays le plus peuplé du monde, ayant préservé son indépendance stratégique, va continuer sa marche en avant.

La résistance du PCC à la manœuvre occidentalo-gorbatchévienne n’est en aucune manière une surprise. Elle est très directement issue de l’application de la théorie du PCC des trois mondes, qui, dès l’époque Brejnev, regroupait dans le premier monde les deux impérialismes : l’occidental et le social-impérialisme soviétique, et, donc, les considérait l’un et l’autre comme des adversaires des pays moins développés, à commencer par la Chine Populaire. L’équipe dirigeante chinoise de l’époque avec, à sa tête, jusqu’aux événements de Tien An Men, Zhao Ziyang, était elle-même bien consciente de cette réalité puisqu’elle avait posé comme condition à un rétablissement des relations amicales avec l’URSS l’évacuation des troupes soviétiques d’Afghanistan et de Mongolie.

Il ne reste alors à l’Occident qu’à mettre en scène le dispositif classique de harcèlement psycho-politique droitdelhommiste pour embarrasser cette Chine communiste, qui vient à nouveau de lui échapper : la fiction du « massacre » des étudiants de Tien An Men en constitue le socle.

• A ce propos il ne faut jamais oublier qu’un des organes clés du système politique chinois, et probablement le plus influent est la Commission Militaire Centrale, dont la direction a été assurée successivement par Mao Zedong et Deng Xiaoping, et qui l’est aujourd’hui par Hu Jintao.

 

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Le « massacre » de Tienanmen était un mythe

Publié par PEOPLE’S WORLD le 29 juin 2011

Auteur : Deirdre Grisworld

Combien de fois ne nous a-t-on pas dit que les États-Unis sont une société « ouverte » et que les médias sont « libres » ?

Habituellement, de telles proclamations sont faites en critiquant d’autres pays qui ne sont pas « ouverts », surtout les pays qui ne suivent pas le programme de Washington.

Si vous habitez aux États-Unis et dépendez des médias commerciaux soi-disant « libres » et « ouverts » pour votre information, vous devriez sans aucun doute croire que le gouvernement chinois a massacré « des centaines, voire des milliers » d’étudiants sur la place Tiananmen le 4 juin 1989. Cette phrase a été répétée des dizaines de milliers de fois par les médias de ce pays.

Mais c’est un mythe. En outre, le gouvernement américain sait que c’est un mythe. Et tous les grands médias le savent aussi. Mais ils refusent de corriger le récit, en raison de l’hostilité fondamentale de la classe dirigeante impérialiste U.S. envers la Chine.

Sur quoi basons-nous cette affirmation ? Sur plusieurs sources. La plus récente est une diffusion, par Wikileaks, de câbles envoyés de l’ambassade des États-Unis à Pékin au département d’État, en juin 1989, quelques jours après les événements en Chine.

Vient en second lieu une déclaration, en novembre 1989, du chef du bureau de Beijing du New York Times, déclaration qui n’a plus jamais été évoquée par ce journal.

Vient en troisième lieu le rapport du gouvernement chinois lui-même sur les évènements, qui est corroboré par les deux premiers. Un seul grand journal occidental a publié les câbles Wikileaks. C’est le Telegraph de Londres, le 4 juin de cette année, 22 ans exactement après que le gouvernement chinois ait retiré les troupes de Pékin. Deux câbles en date du 7 juillet 1989 — plus d’un mois après les combats — ont rapporté ce qui suit :

« Un diplomate chilien fournit un témoignage oculaire sur les soldats entrant sur la place Tienanmen : il a regardé les militaires entrer sur la place et n’a observé aucune tir massif d’armes sur la foule, bien que des tirs sporadiques aient été entendus. Il a dit que la plupart des troupes qui sont entrées sur la place étaient effectivement armées, mais seulement avec des engins anti-émeute — matraques et bâtons en bois ; ils étaient appuyés par des soldats armés. » [NDT : en langage militaire des soldats « en appui » ne sont appelés à intervenir que si ceux chargés de l’opération principale rencontrent des difficultés inattendues]

Un autre câble rapporte : « un diplomate chilien fournit un témoignage oculaire des soldats entrant sur la place Tienanmen : bien que les coups de feu aient pu être entendus, il a dit qu’en dehors de quelques coups donnés aux d’étudiants, il n’y a eu aucun tir de masse dans la foule des étudiants sur la place ».

Il faut se rappeler que le Chili était à l’époque dirigé par le général Augusto Pinochet, arrivé au pouvoir par un coup d’État de droite violent, antisocialiste, appuyé par les États-Unis et que des milliers d’hommes de gauche, y compris le président Salvador Allende, avaient été tués. Le « diplomate chilien » mentionné n’était pas un ami de la Chine. Pas un seul journal U.S., pas une station de télévision ou de radio US n’a signalé ou commenté ces câbles révélés par Wikileaks, ni l’article du Telegraph à leur sujet. C’est comme s’ils étaient été tombés dans un gouffre sans fond. Est-ce parce que les médias, ici, ne croient pas que le rapport soit crédible ? Pas vraiment. Ils connaissaient déjà la vérité en 1989. Le New York Times sait que c’est crédible. Leur propre chef du bureau de Beijing à l’époque, Nicholas Kristof, l’a confirmé dans un vaste article intitulé (traduction COMAGUER) « Mise à jour sur la Chine : Comment les durs ont gagné » publié dans le Sunday Times Magazine le 12 novembre 1989, cinq mois après le supposé massacre dans le square.

À la fin de cet article long, qui était censé donner un éclairage sur un débat au sein de la direction du Parti communiste chinois, Kristof a catégoriquement déclaré : « Sur la base de mes observations dans les rues, ni le compte-rendu officiel, ni la plupart des versions étrangères ne sont très exacts. Par exemple, Il n’y a eu aucun massacre sur la place Tienanmen, bien qu’il y ait eu plein de meurtres ailleurs. »

Même si l’article de Kristof est une critique sévère de la Chine, son affirmation qu’il n’y avait « aucun massacre à Tienanmen » a immédiatement suscité des hurlements de protestation des détracteurs de la Chine aux États-Unis, comme cela est apparu dans le courrier des lecteurs du Times.

Y a-t-il eu des combats à Pékin ? Absolument. Mais il n’y a eu aucun massacre d’étudiants non armés sur la place. C’est une invention de l’Occident, destinée à diaboliser le gouvernement chinois et à gagner la sympathie du public pour une contre-révolution.

Le virage vers une économie de marché sous Deng Xiaoping avait suscité l’opposition de nombreux travailleurs. Il y avait aussi un élément contre-révolutionnaire essayant de tirer profit des griefs populaires contre la restauration complète du capitalisme.

Les impérialistes espéraient que les luttes à Pékin feraient tomber le Parti communiste chinois et détruiraient l’économie planifiée — comme ce qui devait arriver deux ans plus tard en Union soviétique. Ils voulaient « ouvrir » la Chine, pas à la vérité, mais au pillage des biens du peuple par les banques et les entreprises impérialistes.

Après beaucoup de débats au sommet, l’armée a été appelée et le soulèvement écrasé. La Chine n’a pas été détruite comme l’Union soviétique ; son économie n’a pas implosé, pas plus que le niveau de vie n’a diminué. Bien au contraire. Les salaires et les conditions sociales ont été améliorés alors qu’ailleurs les travailleurs sont condamnés à la régression par une grave crise économique capitaliste.

En dépit de profondes concessions au capitalisme, étranger et national, la Chine continue d’avoir une économie planifiée, basée sur une solide infrastructure appartenant à l’État.

 

Source :

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http://comager.over-blog.com

Bulletin n° 279- semaine 47 – 2014

Qui émet aussi, de Marseille, sur Radio Galère 88.4 FM

http://www.radiogalere.org/

 

 

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Post Scriptum

Sous nos latitudes,

Il semble que l’offensve des gens de biens contre Étienne Chouard se poursuive. C’est encore Raphaël Berland qui sonne le tocsin. Si Chouard doutait de constituer un danger pour le désordre établi, voilà qui devrait le rassurer.

Mathieu Dejean, des Inrockuptibles, calomnie à son tour Étienne Chouard et les Gentils Virus

 

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Quand je vous disais que les grandes manœuvres avaient commencé… Après Adrien Sénécat de l’Express, c’est donc au tour de Mathieu Dejean de diffamer Etienne Chouard en mode « service commandé », cette fois pour les Inrocks. L’auteur a choisi de mettre l’accent sur les Gentils Virus, ce collectif informel de citoyens très intéressés par les idées d’Etienne Chouard et d’autres : une Constitution écrite par et pour le peuple, donc écrite par des Citoyens Constituants désignés de manière originale (par tirage au sort par exemple).

Lire la suite…

Source : http://www.cercledesvolontaires.fr/2014/11/24/mathieu-dej...

 

*

Nous ne vous disons rien de la campagne parallèle qui salue la naissance d’un nouveau parti politique avec l’élégance et le panache qui sont désormais de règle, parce que trop c’est trop et qu’on sait les cibles capables de rendre les coups. Mais c’est peut-être le moment de relire Oscar Wilde et de méditer ce qu’il écrivait de la presse de son pays (avant 1900 !)*. Elle n’a pas cessé, depuis, de descendre sous les caniveaux, et il semble que les nôtres mettent les bouchées doubles pour la rejoindre. Nous disons « les nôtres » parce que la – euh – presse belge voudrait bien ne pas être en reste, même si elle se prend encore un peu les pieds dans ses « au loup ! au loup ! ». On compte sur elle pour faire bientôt des progrès. Voir ici.)

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* Oscar Wilde, L’Âme de l’homme sous le socialisme, Fayard, 2013.


 

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C’est ici qu’on aurait dû vous parler du plus grand roman chinois de ces dernières années et un des plus grands du monde. Trop important pour qu’on le fasse à la va-vite : partie remise, mais comptez sur nous !

 

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 Eric Zemmour

Le suicide français

Albin Michel – 1er octobre 2014 – 544 pages

 

 

 

Nous sommes des dinosaures : nous n’avons pas la télévision, nous ne lisons pas Le Figaro, nous ne savions même pas qui était Eric Zemmour…

Alors que son livre a récemment fait l’actualité  – ça n’arrive plus si souvent – nous ne vous en avons rien dit et pour cause. Battons notre coulpe : nous ne l’avons pas (encore) lu. Heureusement qu’il y a Maria Poumier… entre la plume et l’enclume.

Car non seulement elle l’a lu, elle, mais elle en a publié des extraits, que nous lui fauchons sans vergogne. Peut-être, si nous en avions pris le temps, en aurions-nous trouvé d’autres à vous recommander ou à critiquer. Voici les siens, avec les carabiniers.

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Eric Zemmour : Le suicide français

(Extraits brûlants)

p. 451-456

[Chapitre plein de subtilités. Il déstabilisera judicieusement les juifs comme les antisémites. Après cela, le culte à Jeanne d'Arc va devenir franchement subversif, et c'est très bien ! Merci Eric Zemmour, et un cierge à sainte Jeanne d'Arc dans chaque église, elle a bien travaillé en l'inspirant...]

 

***

 

7 Octobre 1987
Au revoir les enfants

p. 448

Une salle de classe. Des enfants en blouse grise. Desbons pères. Un pensionnat catholique en janvier 1944. Soudain la Gestapo fait irruption et embarque trois enfants juifs et leur maître, le père Jean, résistant ; déportés à Auschwitz et Mathausen, ils ne reviendront jamais.

On a aujourd’hui l’impression d’une scène banalisée à force de l’avoir vue, revue, jusqu’à entamer une partie de sa puissance émotionnelle. En cette année 1987, le public se presse (trois millions d’entrées) et s’émeut sans compter. Il n’a pas l’habitude. Les innombrables films sur la Seconde Guerre mondiale ont depuis les années 1950 évoqué les affrontements militaires, les personnalités de Churchill, de Gaulle, Roosevelt, Staline, la guerre civile entre résistants et collabos, l’ignominie de la Gestapo. Les Juifs sont un élément du décor, un personnage secondaire d’une tragédie homérique ; leur persécution n’est nullement ignorée ou dissimulée, mais satellisée. Un détail, diront certains.

Un des rares films de l’époque sur les camps deconcentration, l’italien Kapo de 1960, ne traitait que des prisonniers de droit commun et des politiques, et choisit de mettre l’accent sur une prisonnière abjecte qui collaborait avec ses bourreaux, avant de se sacrifier pour se racheter.

En 1975, avec Le Sac de billes, tiré du roman de Joffo1, on met pour la première fois en scène un enfant juif, qui est le narrateur ; il fuit, se cache, s’échappe ; il tombe amoureux pour la première fois ; échange son étoile jaune contre un sac de billes. Comme un roman d’apprentissage pendant une période particulière. Dans Au revoir les enfants, le narrateur est l’enfant non juif, Julien ; sa culpabilité écrase le film ; elle est exacerbée par l’auteur ; c’est tout le peuple français qui est sommé de se sentir responsable et coupable. Dans une interview accordée à un journal de cinéma, le metteur en scène Louis Malle, qui revendique pourtant une œuvre autobiographique, ne le cache pas : « L’idée [est] que ce qui s’est passé était profondément injuste, que ça n’aurait pas dû se passer, et qu’après tout on était tous responsables. J’ai un peu chargé Julien. En particulier il a l’impression que c’est lui qui donne Bonnet [son copain juif…] quand il se tourne vers lui dans la classe ; ça, je l’ai probablement rajouté. Mais c’est ma mémoire aussi, parce que, dans ma mémoire, je suis un peu responsable de la mort de Bonnet… ».

Dans le film, les enfants juifs et leur professeur sont dénoncés par Joseph, un pauvre type handicapé, homme à tout faire de l’école et souffre-douleur des écoliers, qui commet son forfait parce qu’il a été renvoyé pour marché noir. Encore une trouvaille de Louis Malle ! Une autre scène montre en revanche Julien, sa mère, son frère et Bonnet dans un restaurant huppé de la ville : la milice débarque brutalement pour expulser un notable juif ; de nombreux clients attablés protestent avec véhémence et c’est un couple de riches aviateurs… allemands qui chasse les miliciens.

Depuis la fin de la guerre, communistes et gaullistes avaient exalté le peuple en armes (cheminots, ouvriers, etc.) et dénoncé de conserve une bourgeoisie affairiste et collaboratrice. De Gaulle avait lancé aux patrons qu’il recevait à la Libération une flèche courroucée : « Messieurs, je n’ai pas vu beaucoup d’entre vous à Londres. » Le film sonne comme une revanche de classe. Bientôt, le peuple français sera enseveli sous l’accusation de Collaboration. Et on laissera entendre que les seuls résistants furent des étrangers au nom imprononçable : la fameuse « Affiche rouge » du groupe Manouchian…

En cette année 1987, on se croirait revenu en 1944. En mai, a eu lieu le procès de Klaus Barbie, chef de la Gestapo de Lyon et tortionnaire de Jean Moulin, pour «crime contre l’humanité ». Mais la leçon d’Histoire promise a tourné court ; son brillant et sulfureux avocat, Jacques Vergès, avait juré qu’il livrerait les noms des résistants qui avaient « donné » Jean Moulin ; il resta coi, se contentant selon son habitude de dénoncer les crimes coloniaux de l’armée française.

Cette même année, le film Shoah de Claude Lanzmann fut diffusé pour la première fois à la télévision.

Et en septembre 1987, Jean-Marie Le Pen était invité à RTL et interrogé sur les chambres à gaz. Curieusement, il acceptait de répondre. L’échange fut vif :


JMLP : Je suis passionné par l’histoire de la deuxième guerre mondiale. Je me pose un certainnombre de questions. Je ne dis pas que les chambres à gaz n’ont pas existé. Je n’ai pu moi-même en voir. Je n’ai pas étudié spécialement la question. Mais je crois que c’est un point de détail de l’histoire de la deuxième guerre mondiale.

PAUL-JACQUES TRUFFAUT : Six millions de morts, c’est un point de détail ?
JMLP : Six millions de morts ? Comment ?

PJT : Six millions de Juifs morts pendant la Seconde Guerre mondiale, vous considérez que c’est un point de détail ?

JMLP : La question qui a été posée est de savoir comment ces gens ont été tués ou non.

PJT : Ce n’est pas un point de détail.

JMLP : Si, c’est un point de détail de la guerre ! Voulez-vous me dire que c’est une vérité révélée à laquelle tout le monde doit croire, que c’est une obligation morale ? Je dis qu’il y a des historiens qui débattent de ces questions.

Dans les jours qui suivirent, le tourbillon médiatique orchestré ébranla jusqu’à certains cadres du Front national ; la laborieuse explication donnée par Le Pen – «à destination de ses coreligionnaires juifs qu’il avait pu blesser » – n’empêcha pas le député européen Olivier d’Ormesson de démissionner et d’abandonner le parti. Jean-Marie Le Pen sera accusé d’antisémitisme. En 1991, il sera condamné par la justice pour « banalisation du crime contre l’humanité » et « consentement à l’horrible ». Le Pen traînera ce « détail » tout le reste de sa carrière politique ; il ne sera jamais lavé de l’accusation d’« antisémitisme ».

Contrairement à ce qu’on a beaucoup écrit, cette « pétainisation » de Le Pen n’était pas inéluctable. Les maurrassiens avaient beaucoup évolué depuis la fin de la guerre ; l’héritier le plus brillant du vieux maître, Pierre Boutang, avait pris position contre l’antisémitisme et en faveur d’Israël lors de la guerre des Six Jours. Le Pen lui-même, en souvenir de la guerre d’Algérie, fut alors favorable aux sionistes contre les anciens alliés égyptiens du FLN. Quelque temps avant le « détail », Olivier d’Ormesson avait préparé un voyage de Le Pen en Israël. Tout fut détruit par cette émission.

Peu importent les pensées et arrière-pensées de Jean-Marie Le Pen, son amour ou sa détestation des Juifs, ses rapports à tout le moins ambigus entre admiration et aversion, dans la tradition d’un antisémitisme « vieille France ». Politiquement, il tente alors maladroitement de contenir la montée en puissance d’un « lobby juif », comme dira quelques années plus tard le président Mitterrand à un autre d’Ormesson qui, selon Mitterrand et Le Pen, se sert de la Shoah d’hier pour affermir son pouvoir d’aujourd’hui. Cette conjonction d’opinions choquera et isolera les deux hommes au sein de la classe politique et médiatique. Et ce n’est pas un hasard. Le Pen et Mitterrand sont de la même génération ; ils appartiennent tous deux à cette tradition française qui remonte à Richelieu et rejette « tout État dans l’État ». On peut ajouter pour Le Pen un clin d’oeil de boutiquier partisan – qu’aurait compris Mitterrand, un autre ancien de la IVe ! – envoyé à certains des membres de son parti qui considèrent que l’unique projecteur mis sur les crimes des nazis permet d’occulter les crimes communistes. On peut aussi y ajouter une part de bêtise : il prétend qu’il n’a pu voir de chambres à gaz pour douter de leur existence ; mais il n’a jamais vu Jeanne d’Arc et lui célèbre pourtant un culte chaque année au 1er mai !

Mais Jean-Marie Le Pen est avant tout coupable dans cette histoire d’anachronisme. Il n’a pas tort quand il rappelle que Winston Churchill ne parle pas de l’extermination des Juifs dans ses Mémoires de guerre ; il aurait pu ajouter que le général de Gaulle ne l’évoquait pas non plus.

Pour ce dernier, la Seconde Guerre mondiale n’était que la suite de celle de 1914-1918, avec le même enjeu : la domination de l’Europe. L’homme du 18 Juin parle d’une nouvelle « guerre de Trente Ans » afin que les victoires et les défaites de notre pays, ses héros et ses traîtres, s’équilibrent et soient confondus dans l’Histoire de France ; que l’effondrement de mai 1940 soit englouti dans les mémoires par la gloire de 1918 et la renaissance inespérée de 1944.

Dans cette architecture grandiose, l’extermination des Juifs n’est ni négligée ni méprisée ; mais si elle est davantage qu’un « détail », elle n’occupe pas le cœur stratégique de la guerre. La Shoah a changé la face des Juifs et de l’humanité ; mais elle n’a en rien modifié l’issue du conflit mondial. Les Allemands auraient perdu même s’ils n’avaient pas massacré les Juifs ; les Alliés n’ont pas levé le petit doigt pour les sauver.

Cette conception traditionnelle de la guerre et de l’Histoire est devenue, en 1987, inaudible. C’est le fameux « retour du refoulé » tant évoqué dans tous les médias et tous les livres, après le silence gêné des années d’aprèsguerre. Dans la culture collective – ou plutôt l’inculture collective, car ceci est lié à cela – Au revoir les enfants signe le moment où tout bascule : l’histoire de la Seconde Guerre mondiale se réduit peu à peu à l’extermination des Juifs, tandis que cette « Shoah » ainsi rebaptisée et sacralisée, devenue élément central voire exclusif d’une guerre dont on ne connaît plus rien d’autre, se résume à son tour au meurtre des enfants juifs. Quelques années plus tôt, Jean-Jacques Goldmann avait déjà composé une très jolie chanson, intitulée « Comme toi », sur une petite Juive polonaise :

 

Elle s’appelait Sarah, elle n’avait pas huit ans.
Sa vie, c’était douceur, rêves et nuages blancs.
Mais d’autres gens en avaient décidé autrement.
Elle avait les yeux clairs et elle avait ton âge.
C’était une petite fille sans histoires et très sage.
Mais elle n’est pas née comme toi, ici et maintenant
2.

Bientôt, les historiens prendront la suite des artistes ; ils rationaliseront l’émotion collective. Ils rejetteront le découpage chronologique du général de Gaulle ; ils feront de la Seconde Guerre mondiale un moment paroxystique de l’affrontement entre le Bien et le Mal ; et de la « Shoah » le coeur de cette métaphysique apocalyptique ; on conduira les enfants à Auschwitz comme on les
emmenait après 1914-1918 à Verdun ; dans certaines classes de banlieue, des enfants de l’immigration arabe et africaine refuseront avec véhémence que leur soit enseignée cette partie du programme au nom de la « souffrance des enfants palestiniens ». Enfants contre enfants, souffrance contre souffrance ; une Histoire contre l’autre. Au revoir les enfants…

________________________________

1. Jean-Claude Lattès, 1973.

2.         Jean-Jacques Goldman, « Comme toi », dans l’album Minoritaire, 1982.

 

***

Autres sujets : De Gaulle

p. 29

[…] De Gaulle choisit donc le progrès économique et social contre la grandeur impériale et la profondeur géostratégique ; la croissance contre la perspective caressée par un Debré d’une France de cent millions d’âmes ; les douceurs de la société de consommation à l’américaine contre les rigueurs d’une guérilla interminable – alors que, contrairement à l’Indochine, l’armée française avait gagné la bataille d’Alger. Il privilégia la jouissance hédoniste pour enterrer l’héroïsme chevaleresque ; le matérialisme consumériste à rebours d’une vision sacrificielle de l’existence, que lui avait rappelée l’armée, au nom de la geste gaullienne de 1940 : il y a des valeurs suprêmes au-dessus de tout. À l’opposé de tout ce qu’il était, au nom de ce qu’il pensait être l’intérêt supérieur de la France.


***


Les femmes

p. 37

[…] L’aspiration mimétique des féministes de la bourgeoisie française (Simone de Beauvoir) à se parer des plumes de paon de la lutte des classes en associant le mari au patron fit le reste.



***

1er juillet1972

La loi Pleven : la fin de la liberté d’expression en France

p. 88

[…] La loi du 1er juillet 1972 s’inscrit dans le cadre de la grande loi du 29 juillet1881 sur la liberté de la presse. Elle paraît modestement ajouter de nouveaux délits à ceux qu’énumérait déjà le Code pénal ; mais la loi Pleven est à sa grande sœur de 1881, ce que le cheval de Troie fut aux adversaires des Grecs : une offrande funeste.

p.89

[…] En dépit de la pureté de ses intentions, la loi Pleven est une régression. Elle introduit la subjectivité là où régnait l’objectivité ; elle condamne l’intention et non les faits ; elle donne au juge le droit et le devoir de sonder les cœurs et les âmes ; de faire l’archéologie des pensées et des arrière-pensées. Elle contraint le magistrat à transgresser ce principe général du droit fort protecteur selon lequel «la loi pénale est d’interprétation strictement restrictive ». Le droit à la diffamation prévoyait une exception de vérité ; désormais, non seulement la vérité ne rend plus libre, mais elle peut conduire en prison.

 

*** 

16 novembre 1972

Comme ils disent et ne devront plus dire

p. 100

[…] Au fil des années, le lobby homosexuel s’organise et s’enrichit. Dans la stratégie de victimisation de ses porte-drapeaux les plus achanrnés, il ira jusqu’à réécrire l’histoire de la Seconde Guerre mondiale, s’inventant des persécutions de la part de Vichy, qui aurait envoyé des homosexuels dans les camps de concentration.Le gay veut être un juif comme les autres.

p. 102-103

[…] La rencontre entre l’homosexualité et le capitalisme est le non-dit des années 1970. Entre un mouvement gay qui arbore un drapeau arc-en-ciel et un capitalisme qui découvre les joies et les profits de l’internationalisme, il y a un commun mépris des frontières et des limites. Entre la fascination homosexuelle pour l’éphèbe et une société capitaliste qui promet la jeunesse éternelle, l’entente est parfaite. Le rejet haineux du père est sans doute le point commun fondamental entre une homosexualité narcissique qui transgresse sexuellement la loi du père et un capitalisme qui détruit toutes les limites et les contraintes érigées par le nom du père autour de la cellule familiale, pour mieux enchaîner les femmes et les enfants – et les hommes transformés à la fois en enfants et en femmes – à sa machine consumériste.

L’alliance improbable entre l’extrême gauche libertaire et le marché se fera à travers la geste homosexuelle et au nom de la « transformation des mentalités ».

Dominants dans la mode, les médias et l’univers artistique, de nombreux homosexuels, plus ou moins militants, imposent leur vision de l’homme-objet à une société patriarcale qui a inventé la femme-objet pour protéger son désir sexuel. En 1971, Yves Saint Laurent fait scandale en posant nu pour la publicité de son parfum « Pour homme ».

Le lobby gay gagnera au fil des années en visibilité. Il mènera victorieusement la bataille sémantique ; Aznavour avait contribué à la substitution de pédéraste par homo, moins insultant ; mais homo, encore trop « discriminant », sera lui-même remplacé par gay, plus flatteur : « Good As You ». La revendication d’égalité est ici une manifestation éclatante de puissance. Les maîtres imposent toujours leurs mots. Le lobby gay aux États-Unis est aujourd’hui financé par les plus grands capitalistes américains, Bill Gates et Steve Ballmer, Google, Facebook, eBay, ou un magnat des hedge funds comme Peter Singer. En France, Pierre Bergé, le patron d’Yves Saint Laurent, créera le journal Têtu dans les années 1970 avant de financer dans les années 1980 SOS Racisme. Le mélange sexuel et ethnique – le « métissage » – deviendra la religion d’une société qui se veut sans tabou, et ne supporte plus les limites de la différenciation des peuples comme des sexes. Cette babélisation généralisée est encouragée par un capitalisme qui y voit une source de profits.

[Oh, et de pouvoir aussi, par destruction de la psyché humaine… NdGO, Pardon, Maria, on sait que vous n’aimez pas les NdE.]

Source : http://www.plumenclume.net/articles.php?pg=art1638

 

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Mis en ligne le 25 novembre 2014

 

 

 

 

 

21:14 Écrit par Theroigne dans Actualité, Général, Loisirs, Musique, Web | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook |

23/11/2014

LISTES – VOTES – TIRAGES AU SORT ET COETERA

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LISTES – VOTES – TIRAGES AU SORT ET COETERA

 

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Vers un Nouvel Ordre Mondial ? Mais, il est déjà là !

Bryan MacDonald – Russia Today –1er novembre 2014

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Bryan MacDonald est journaliste, écrivain, homme de radio-télévision et enseignant (de nos jours, il n’en faut pas moins pour gagner sa vie). Il a écrit jusqu’ici pour l’Irish Independant et pour le Daily Mail. En Irlande, on le voit fréquemment sur RTE (la Radio-Télévision Irlandaise) et Newstalk, et, internationalement, sur RT.

Ceci est déjà vieux – 1er novembre – mais on n’est pas aux pièces, n’est-ce pas.

 

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 Poutine a exprimé le souhait d’un « nouvel ordre du monde » capable d’assurer la stabilité de la planète. Il trouve que les États-Unis abusent de leur rôle de leader mondial. Ce qui n’a pas été suffisamment signalé nulle part, c’est que les piliers de « l’ancien régime » s’écroulent depuis des années.

Tout était pourtant si simple. Le monde était partagé en deux camps – l’Occident et le reste. Et « l’Ouest » était vraiment « the best ». Il y a 20 ans, six des économies les plus puissantes faisaient partie du camp pro-Washington.

Le leader – les USA eux-mêmes – était si loin  en tête, que son Produit Intérieur Brut (PIB) était quatre fois plus grand que celui de la Chine et valait neuf fois celui de la Russie.

Le pays le plus peuplé du monde – l’Inde – avait presque le même revenu que la comparativement minuscule Italie et que le Royaume Uni. L’idée que cet ordre de choses allait changer aussi dramatiquement en à peine deux décennies aurait fait rire n’importe qui.

Aux yeux des Occidentaux, la Chine et l’Inde étaient des pays arriérés, et il leur faudrait un siècle au bas mot pour devenir des rivales potentielles. La Russie, elle, était perçue comme un cas désespéré, un pays à genoux, en proie au chaos. De telles notions, dans les années 90 étaient parfaitement justifiées.

L’économie mondiale dans les années 1990 et aujourd’hui.

Tableau des dix économies mondiales les plus importantes, ajustées selon la Parité en Pouvoir d’Achat (PPA).

 

1995 ( en milliards d’US$)                  2015 (Prévisions du FMI)

1.     USA                7.664               1.     Chine              19.230

2.     Japon              2.880               2.     USA                18.287

3.     Chine              1.838               3.     Inde                   7.883

4.     Allemagne      1.804               4.     Japon                4.917

5.     France             1.236               5.     Allemagne        3.742

6.     Italie               1.178               6.     Russie               3.643

7.     Royaume-Uni 1.161               7.     Brésil                3.173

8.     Inde                1.105               8.     Indonésie           2.744

9.     Brésil              1.031               9.     France               2.659

10.   Russie                955               10.   Royaume-Uni   2.547

 

Le soleil couchant US

Maintenant, c’est l’Occident qui fait les frais de la plaisanterie. Le Fonds Monétaire International (FMI) estime que, dès 2015, les quatre plus puissantes économies du monde seront des membres du club connu par son acronyme, BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), et la Chine sera tête de file à la place des USA. C’est même probablement déjà le cas, les chiffres, en économie, ayant tendance à traîner derrière les faits.

L’Italie, homme malade de l’Europe, ne fait plus partie des dix du peloton de tête, et le Royaume-Uni, lanterne rouge, peine à s’y accrocher. Londres prétend toujours au titre de place financière centrale. Les seuls qui le croient encore sont les petits Anglais (« the little Englanders »). Le Royaume Uni est devenu la Julie Andrews de la géopolitique : une étoile en voie d’extinction, qui fut jadis brillante. La France est impuissante, se traînant de crise en infortune et d’infortune en crise.

 

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Le Président US Barak Obama et la Chancelière allemande Angela Merkel

 

Il est trop tôt pour mettre les États-Unis au rebut. L’Empire ne va pas disparaître d’un jour à l’autre, mais son soleil est déjà bien bas dans le ciel. C’est moins la faute des États-Unis que celle de la déchéance croissante de ses alliés traditionnels.

Les deux seuls qui tiennent encore debout sont l’Allemagne et le Japon, aucun des deux n’étant cependant des acteurs militaires sérieux. La Grande Bretagne et la France ont longtemps été le fer de lance des aventures martiales. En réalité, l’Allemagne n’est pas un partenaire follement enthousiaste, parce qu’une large frange de la classe politique de Berlin est extrêmement sceptique à l’égard du pouvoir US. Pour une partie très significative de l’intelligentsia allemande, c’est Moscou le partenaire naturel, pas les États-Unis.

La montée en puissance des BRICS et d’autres économies émergentes joue un rôle majeur dans la consommation mondiale, dans le commerce mondial et dans les investissements mondiaux. D’ici 2020, le FMI estime que la Russie aura dépassé l’Allemagne et que l’Inde aura surclassé le Japon. Il prévoit également une dégringolade de l’importance mondiale des USA, de 23,7% en 2000 à 16% en 2020. En 1960, les USA représentaient 38,7% de l’économie mondiale.  À l’opposé, en 1987, la Chine ne représentait que 1,6%, mais à la fin de cette décennie, elle pourra en revendiquer 20%. C’est un changement de donne sans précédent en un laps de temps aussi court.

 

Importance de la stabilité

Le discours de Poutine à Valdai n’a pas été un coup donné au pif ni à l’aveuglette, mais une évaluation très nuancée de ce qu’est actuellement l’équilibre du monde et de ce vers quoi on se dirige dans les années qui viennent.

 

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Le Président russe Vladimir Poutine, pendant la rencontre plénière finale de la 11e session du Club de Discussion International de Valdai, à Sotchi

 

Plutôt que de se préoccuper des questions soulevées par Poutine, les médias occidentaux ont préféré shooter dans l’homme et se désintéresser de la balle. Les éditoriaux ont qualifié son discours de « diatribe » et décrété que Poutine s’en est surtout pris à la politique étrangère des États-Unis, jugée par lui anti-russe. Ils sont passés en masse à côté de la question réelle.

Le souci principal de Poutine, c’est la stabilité et sa prévisibilité, c’est-à-dire l’exacte antithèse du libéralisme occidental moderne. En fait, la position de Poutine est plus proche de celle qu’ont eue, dans le passé, des formations comme la CDU de Konrad Adenauer en Allemagne et les Tories de Harold MacMillan en Angleterre, conservateurs européens classiques s’il en fut.

Poutine est souvent très mal entendu en Occident. Ses déclarations publiques, destinées à une audience intérieure plutôt qu’internationale (? NdT) sont perçues comme agressives, voire chauvines. Mais les observateurs feraient bien de se rappeler qu’il est un maître de judo, dont les mouvements sont calculés pour déstabiliser l’adversaire. Si on le lit entre les lignes, Vladimir Poutine cherche le mariage, pas l’isolement.

Le Président russe considère son pays comme faisant partie d’une nouvelle alternative internationale, en union étroite avec les autres nations du BRICS, pour mettre un frein  aux agressions US là où c’est possible. Poutine voit cela comme un chemin vers la stabilité. Adenauer et MacMillan l’auraient parfaitement compris. Mais les dirigeants européens actuels et les Nord-Américains ne le comprennent pas. Enivrés par la domination dont ils ont joui ces vingt dernières années, l’idée que l’ordre mondial est en train de changer à toute allure n’a pas encore fait tilt dans leurs têtes.

La réaction  des États-Unis à cette nouvelle réalité constituera une question de vie ou de mort. Presque à la manière d’un dessin animé, Washington se cramponne désespérément à sa NSA, à ses gouvernements-fantômes, à son Quatrième Pouvoir pathétique à force de nullité, à sa puissance militaire dilapidée et à son terrifiant chauvinisme rampant. Son infantilisme a besoin d’un « méchant ». En une dizaine d’années ce traître de mélodrame est passé de Ben Laden, de Saddam Hussein et des « Frites de la Liberté » à la russophobie. Si la classe dirigeante américaine ne change pas de comportement, la transition vers un monde multipolaire pourrait bien ne pas se passer en douceur. C’est une crainte sérieuse, et elle est fondée.

Traduction c.l. pour Les Grosses Orchades

Source : http://rt.com/op-edge/201563-time-new-world-order/

 

[ On n’a pas l’habitude, ici, de corriger les gens qu’on publie, mais, quand Bryan MacDonald assimile Vladimir Poutine à Harold MacMillan, il oublie que ce dernier a gouverné un empire colonial, et même un des pires qui soient, ce qui n’est pas, jusqu’à présent, le cas de Poutine et que rien, dans son parcours ne laisse présager. ]

 

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Pour détendre l’atmosphère :

 

Couverture de Nesweek, version polonaise.

 

6. Newsweek en Polonais.jpg

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Les Moscovites fâchés ne font pas dans la dentelle

 

7. Garage Moscou.JPG

 

Douze voitures de luxe incendiées dans un garage : six Rolls Royce toutes neuves, deux Bentleys, deux Mercedes, une Ferrari et une Porsche Panamera, d’une valeur totale de 3.3 millions de dollars US.

Détail : elles appartenaient toutes à un seul  propriétaire.

Les pompiers sont arrivés vite mais trop tard quand même.

Ce sont les assureurs qui vont être contents.

 

Diapo

http://rt.com/in-motion/207679-luxuly-cars-fire-moscow/

 

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Reconnaissance de la Palestine…

 

8. colons.jpg

 

Quand le dernier Palestinien aura expiré, noyé dans son sang, on pourra enfin s’arrêter de voter et partir à la pêche. On aura sa conscience pour soi. En attendant, voici la liste des pays qui ont reconnu l’État palestinien (à qui ça fait une belle jambe), avec les dates correspondantes. Pourquoi les premiers ont attendu 1988 (quarante ans !) pour le faire est un des mystères de l’Histoire qui bat celui du Masque de Fer.

La liste des pays qui ont reconnu l'État Palestinien

Diversity TV Belgium -19 novembre 2014

Lire ici…

Source : http://observatoire.skynetblogs.be/archive/2014/11/19/rec...

 

8 bis. Veto.JPG

 

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Il y a quelques jours, c’était Rosa Llorens qui s’y collait ici-même. Aujourd’hui, c’est Patrick Rödel, qui revient sur le sujet, à propos de la réédition d’un livre d’Henri Guillemin sur Jean-Jacques Rousseau.

 

Ne pas se tromper d'ennemis, à propos d'articles inédits d'Henri Guillemin sur Rousseau

Par Patrick Rödel – Médiapart –18 novembre 2014

 

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                                  Les éditions Utovie continuent de republier les oeuvres de Henri Guillemin que ses éditeurs avaient abandonnées - ils doivent s'en mordre les doigts ! - et de publier aussi quelques inédits. C'est ainsi que viennent de sortir trois articles, passionnants, sur Rousseau que Guillemin avait donnés en 1936/37 à la revue dominicaine La Vie intellectuelle. Nous en devons l'édition à Patrick Berthier, le spécialiste du travail de Guillemin, qui ajoute une préface éclairante à ce Jean-Jacques Rousseau ou « la méprise extraordinaire ». Ces articles sont le prélude aux deux ouvrages que Guillemin consacrera à Rousseau : Un homme, deux ombres et « Cette affaire infernale » (également chez Utovie). La thèse défendue par Guillemin est que le divorce accompli entre Rousseau et les Encyclopédistes vient de ce que celui qu'on pensait pouvoir manipuler facilement et embrigader dans le combat mené contre le christianisme, après avoir, pendant un moment, semblé obéir, affirme deux positions qui vont le vouer à la détestation de ses anciens amis : d'abord, une critique radicale de l'idéologie bourgeoise dont les Encyclopédistes sont les tenants (il comprend très bien que les bourgeois n'ont d'autre but que de détenir le pouvoir afin de donner à leurs affaires toute l'ampleur souhaitable, ce sont des propriétaires pour qui le peuple ne peut servir que de force de travail ou d'appoint dans les combats qu'ils mènent contre la féodalité) et ensuite l'affirmation de sa foi, « une foi qui lui reste,écourtée, mais brûlante, cette confiance non plus, certes, en une Église à laquelle il ne peut plus croire, mais du moins, de toute son âme, en Dieu ». Pour cette raison, on le fit passer pour un ennemi du genre humain, on le fit passer pour fou - et il faillit bien le devenir -, on colporta sur lui toute sorte de légendes dont Guillemin entreprendra de le débarrasser.

                                 Guillemin a toujours soutenu que l'anticléricalisme, auquel il pouvait lui-même apporter des arguments, et l'antichristianisme, qu'il ne partageait évidemment pas, servaient à détourner le peuple des vrais combats qu'il aurait eu à mener. Dans ses conférences sur Les deux révolutions françaises (Utovie, 2014), il montre que les attaques contre la religion sont une manière d'éviter que l'on s'attaque aux banquiers et aux spéculations que va entraîner pour le plus grand profit des bourgeois voltairiens la confiscation des biens du clergé (Danton est ici emblématique). Il voit, non sans raison, l'alliance entre les Girondins et ce centre d'affairistes qu'est le palais de Philippe Egalité aboutir à sauver l'essentiel : la propriété, la banque et le commerce. Et le cynisme absolu de Talleyrand et consorts, lors de la promulgation de la Constitution civile du clergé, qui vise à séparer le peuple de ceux qui sont ses alliés naturels, les petits curés de campagne.

                                L'idée-force de Guillemin est qu'il ne faut pas se tromper d'ennemis et qu'il conviendrait de concentrer ses énergies sur ce qui est absolument primordial et déterminant : la domination des puissances d'argent. Le reste, ce que l'on appelle maintenant les questions sociétales, pour importantes qu'elles soient passent au second plan. On éviterait ainsi des anachronismes pénibles qui consistent à torpiller tel ou tel penseur, homme politique ou expérience politique au prétexte qu'ils n'ont pas pris en compte dans leurs revendications le problème des femmes ou celui des homosexuels etc. On éviterait bien des discussions absolument stériles, bien des oukases, bien des mouvements purement rhétoriques d'indignation de la part de gens qui restent confortablement installés devant leur écran mais qui se souviennent avoir, dans une autre vie, dans un autre siècle, lutté pour la liberté. Mourir pour la prise de la Bastille, ce symbole vide de l'absolutisme, n'était peut-être pas utile - il y avait plus urgent à faire, qui fut remis à plus tard et c'était malheureusement trop tard - ce qu'ont tenté de faire Robespierre et la Montagne mais Thermidor déjà était en route.

                               Sur ce point aussi, Étienne Chouard se révèle un disciple conséquent de Guillemin.

Source : http://blogs.mediapart.fr/blog/patrick-rodel/181114/ne-pa...

 

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Henri GUILLEMIN

Jean-Jacques Rousseau ou « la méprise extraordinaire »

Edition établie par Patrick Berthier

Bats - Utovie – Octobre 2014 – 104 pages

 

 

 

 

12. Couv-Rousseau-Un-hommedeux ombres.jpg

 

 

 

Henri GUILLEMIN

Un homme, deux ombres : Jean-Jacques Rousseau, Sophie, Julie.

Bats – Utovie – 2003

330 pages

 

 

 

 

 

13. Couv-Rousseau-Cette-affaire infernale.jpg

 

 

 

Henri GUILLEMIN

« Cette affaire infernale » - L’affaire J.-J. Rousseau- David Hume, 1776

Bats – Utovie – 2003

358 pages

 

 

 

 

14. Deux rév. Marat.jpeg

 

 

Henri GUILLEMIN

1789-1792 / 1792-1794 : Les deux révolutions françaises 

Bats – Utovie – 2013

280 pages

 

 

 

 

Et pendant qu’on y est :

15. Napoléon.jpeg

 

 

 

Henri GUILLEMIN

Napoléon : légende et vérité

Bats - Utovie – 2005

160 pages

 

 

 

 

(Réédition du Napoléon tel quel de 1969, des éditions Trévise)

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Mais puisque Patrick Rödel parle d’Étienne Chouard, allons-y nous aussi,  c’est le moment :

 

Article diffamatoire d’Adrien Sénécat, de L’Express, à l’encontre d’Étienne Chouard…

Raphaël Berland – Cercle des Volontaires – 18 novembre 2014

 

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Si vous ne pouvez pas attaquer le-message(.org), alors attaquez le messager ! Décidément, la manipulation, le mensonge, la calomnie et les coups bas sont des pratiques bien répandues dans les rédactions des médias « main-stream ». Loin de moi le « tous pourris », mais force est de reconnaître qu’Albert Londres ne se reconnaîtrait pas dans les us et coutumes actuels de la profession. En l’occurrence, la cible de ma tribune est Adrien Sénécat, non pas pour sa personne, mais pour son article publié par l’Express intitulé « Le discours trouble d’Étienne Chouard contre les “1% qui se gavent” », et dans lequel il tente de salir Étienne Chouard (cliquez ici pour lire cet article).

Il n’est pas le premier. Depuis la rentrée, c’est d’abord Jacques Attali, sur le plateau de Frédéric Taddéï, qui s’y est collé, sans grand succès. Puis vint le tour de Clément Sénéchal, d’abord tout seul sur son blog, puis en groupe et publié par Libération. Hier, c’est un journaliste plutôt inconnu, Adrien Sénécat, qui a été appelé (ou qui a peut-être eu l’idée tout seul) pour faire le sale boulot de calomnie et d’amalgame contre la personne de M. Chouard.

Je rêverais d’un débat entre Étienne Chouard (ou tout autre citoyen ouvert à l’introduction d’une dose de Tirage au Sort dans notre système dit Démocratique) et une personne comme Clément Sénéchal ou Adrien Sénécat. Malheureusement, les calomniateurs de salon sont bizarrement les moins courageux, les moins républicains et démocrates lorsqu’il s’agit de débattre en public, face caméra, et à armes égales.

Donc, en quoi Adrien Sénécat serait-il un menteur et un calomniateur ? Je vous fais grâce de l’exégèse complète de son article, je vous laisse vous faire votre propre avis (revoici le lien pour lire l’article que j’incrimine). J’attire simplement votre attention sur ce paragraphe :

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Adrien Sénécat, jeune journaliste

Lire la suite…

Source : http://www.cercledesvolontaires.fr/2014/11/18/article-dif...

 

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Diantre, cher Raphaël, pourquoi voulez-vous que Chouard débatte avec des canards - et non des oisons - dont on ne voudrait pas pour torche-culs, alors qu’il a fait le tour de la question avec Florence Gauthier et sans doute ailleurs ?! Ceux qui ont fait choix d’œuvrer dans les merdias en adoptent les déhanchements. Quoi de plus normal, mais qui s’en soucie ? Leurs clients ? Eh bien, ils reçoivent ce qu’ils méritent, c’est parfait.

Cela dit, qui a raison, qui a tort, avec cette idée de refondation par tirage au sort ? À nos lecteurs d’en juger s’ils ne l’ont déjà fait.

 

 

 

Ils peuvent aussi s’en informer davantage ici :

http://www.le-message.org/?lang=fr

 

Mais malgré toute la sympathie qu’on a pour le messager, il est bien difficile de croire à la concrétisation de quelque chose par cette voie. Chouard est, comme vous dites, « trop gentil ». Il oublie que nous vivons entourés de squales et on ne donne pas quinze jours à son tirage au sort, avant que les squales ne le détournent à leur profit, comme ils ont fait pour celui de la conscription. En outre, si ses citoyens sont nuls, tireurs ou tirés, aucun tirage au sort ne les rendra différents et sa refondation sera sans lendemain.

À notre avis, soit dit surtout sans vouloir donner de leçons à quiconque, la seule refondation possible (et malheureusement, nous n’avons jamais été aussi loin de pouvoir même l’envisager, que ce soit en France ou ailleurs) passe par la voie longue et ardue de Robespierre : une éducation politique du peuple en profondeur (il vaut mieux qu’Ét.Chouard ne compte pas sur l’Éducation Nationale) et l’émancipation intérieure préalable de tous, individu par individu. Sortir d’enfance et grandir, ou la mort.

Et il ne faut pas nous dire que c’est impossible, puisqu’un pays, sous nos yeux, l’a fait. Ce pays, c’est Cuba. Non que les Cubains aient agi tout à fait délibérément – même si Fidel Castro a eu de fameux principes et s’y est tenu mordicus – mais parce que « la force des choses » les a contraints de prendre ce chemin difficile à l’exclusion de tous les autres, bref leur a fait découvrir que le bonheur était « une idée neuve », pas du tout celle qu’on s’en faisait, qu’on s’en fait plus que jamais en Europe. Le terrible embargo qui les enferme aussi sadiquement qu’une vierge de Nuremberg a été, en même temps, un don miraculeux des dieux s’ils existent. Il leur a interdit de se fourvoyer comme tout le monde.

Certes nous sommes mal partis, nous n’avons jamais été aussi bas, aussi politiquement incultes, pires qu’analphabètes, aussi invertébrés et moralement à la baille. Mais puisqu’il n’est d’éducation véritable que par l’exemple et que Cuba existe, il n’y a qu’à aller regarder les Cubains sous le nez et faire pareil, ce n’est pas sorcier. Qu’est-ce qu’ils font les autres (les Latinos en tout cas) ?

Le seul problème à résoudre est de transformer ça :

19. moutons-iphone-6.jpg

en ça :

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Tous volontaires. Une chance sur deux de rentrer vivants. Leur conception du bonheur.

La vôtre ?

On est en désaccord avec Chouard sur autre chose encore : nous ne prenons pas Alain Soral pour un « homme de gauche », même si nous ne sous-estimons pas le travail qu’il fait. Les seuls hommes de gauche véritables sont ceux qui n’ont pas été autorisés à s’asseoir ailleurs qu’à la gauche du roi, parce que s’asseoir à sa droite était un honneur dont on les jugeait indignes, et pas au même niveau non plus, le plus loin possible, en haut des gradins, sur « La Montagne » en somme. Ces « Montagnards du côté gauche » sont presque tous morts, en trois jours, place de la Concorde. Il n’y a plus jamais eu, depuis, de classe politique de gauche, ni en France ni ailleurs en Europe, quoi que des théories d’apparatchiks de toutes les nuances de la politicaillerie aient essayé de faire croire à leurs dupes. Oui, il y a eu des individus qui ont mérité de s’appeler ainsi à titre personnel, surtout au XIXe siècle – les Louise Michel, les Vallès, Varlin, Blanqui, Delescluze et autres, qui ont presque tous mal fini aussi et qui n’ont été suivis, par ceux qui s’en réclament après coup, qu’en paroles verbales, rarement en actes.

On nous parle de « réconciliation ». Chic ! Mais avec qui ? Le Pen et l’OAS mais pas les sans-culottes, c’est ça ?

« Si Dieudonné est lié à la fois à Alain Soral et, d’une certaine manière, à moi, je ne le suis pas à Soral, dont j’apprécie le travail de réconciliation mais dont je dénonce la critique contre-révolutionnaire de 1789. »

(C’est là : http://www.voltairenet.org/article181952.html )

Il nous a ôté les mots de la bouche, Meyssan.

Et ajoutons quelque chose : quiconque a traversé, même de loin, la guerre d’Algérie, n’oubliera et ne pardonnera jamais, et n’a pas à le faire.

Des fois, on rêve : peut-être qu’un jour Soral tombera de son cheval, verra la lumière, s’écriera « Flûte, j’ai merdé ! », cessera de tenir les manteaux à ceux qui lapident saint Étienne, et se mettra à essayer de comprendre en quoi a consisté la Révolution Française (celle de 93, pendant qu’il y sera, car lésiner ne sert à rien).

On ne dit pas ça pour faire joli ou de l’esbroufe : la Révolution Française en général (une des deux de Guillemin) et Robespierre en particulier, sont des pierres de touche. Quiconque en parle se définit : on sait ce qu’il (ou elle) a dans le ventre et à quoi il sert.

 

 

*

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« - Les boules à oiseaux, ils y touchent pas.

-  Faudra les envoyer en Afrique, qu’ils comprennent ce que c’est la faim, les oiseaux ! »

 

22. Grand Café.jpeg

 

 

 

Jean-Marie Gourio

Le Grand Café des brèves de comptoir

Robert Laffont – 2013

925 pages

 

 

 

 

 

Pas une seule méchanceté sur près de 1.000 pages !  (Une forme de racisme enfantin et une fixation sur « les pédés qui se marient » ne sont pas de la vraie méchanceté.)  Il note les brèves de la France qu’il aime, Gourio. Les autres, il évite. Il a raison.

 

Pour les fauchés :

23. Poche.jpg

 

 

 

 

 

 

 

Il vient de sortir en Poche

 

 

 

 

 

Et, en plus, il fait des émules

24. couverture-oubrecpo-1-.jpg

 

 

 

 

Collectif OuBreCPo

Ouvroir de Brèves de Comptoir Potentielles

Cactus Inébranlable Éditions – Juin 2014.

72 pages

 

 

 

 

 

 

 Oui, l’OULIPO s’y est mis !

À partir d’un seul bistrot (bruxellois), imprimé à La Louvière (Belgique), pour un éditeur de Roubaix (France).

Les Oulipiens n’en font jamais d’autres.

 

Et pourquoi diable n’iriez-vous pas faire un tour sur leur site :

http://cactusinebranlableeditions.e-monsite.com/

 

*

 

 

 

Mis en ligne le 23 novembre 2014.

 

 

 

 

15:40 Écrit par Theroigne dans Actualité, Général, Loisirs, Musique, Web | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook |

18/11/2014

LES GAÎTÉS DE LESCADRON DU G20

1. bradshawboat1.jpg

Les gaîtés de l’escadron du G.20

2. CH-Jimmy.jpg

 

*

« Ça s’appelle un koala, Tony ! »

ou

Tarascon en Australie 


(Twitter explose, après que la vantardise d’Abbott, promettant de « flanquer une raclée à Poutine pour avoir descendu le MH17 » finit en séance-photo avec des koalas.)

 

3. Poutine et Koala.jpg

Les internautes australiens s’en sont donné à coeur-joie, lorsque leur Premier ministre Anthony Abbott, qui avait juré de flanquer à Poutine le genre de coup de boule qui valut jadis un blâme à Zidane, pour avoir, selon lui, fait descendre l’avion malaisien MH17 par ses protégés du Donbass et ainsi « coûté la vie à deux Australiens », s’est dégonflé.  

Il allait exiger des comptes, et tout et tout. Les paris étaient ouverts : « le fera ? le fera pas ? ». Il ne l’a pas fait. Ce qu’il a fait, c’est machine arrière, et posé pour une photo, avec Vlad l’Empaleur, en compagnie de deux petits koalas, qui avaient dû être entraînés pendant plusieurs jours à se laisser cajoler en public. Il faut savoir que ce délicieux animal, emblème (avec le kangourou) de l’Australie, dort 20 heures par jour, et est plutôt farouche quand on le réveille pour lui faire des papouilles.

M. Abbott s’est sans doute rendu compte du grotesque de sa fanfaronnade démagogique… s’est peut-être aussi souvenu que le Président de Russie est ceinture noire de judo.

Les deux petits marsupiaux à l’entraînement :

 

*

Que signifie le départ anticipé de Poutine du sommet G20 ?...

16 novembre 2014

2. Poutine quittan t Brisbane.jpg

Comme nous le savons tous, le Ténébreux a quitté le sommet du G20 avant terme (sans assister aux événements de la deuxième journée). Ceci est un geste très symbolique et il est impossible de ne pas y prêter attention.

Du point de vue du protocole international le départ anticipé d'un chef de la délégation d'un État lors d'une réunion internationale est acceptable dans les cas suivants :

a) problème de santé du chef de délégation, exigeant un retour immédiat.

b) événement d'ordre personnel qui nécessitent un retour immédiat (problèmes dans la famille etc.)

c) événements politiques exigeant le départ du chef de la délégation (coup d’État, guerre, catastrophe naturelle, etc.)

 Ces raisons sont considérés comme fondées et ne présentent pas de violations du protocole et n'entrainent pas de conséquences.

Lire la suite…

Source : http://fr.novorossia.today/au-coeur-de-l-actualit/que-sig...

 

*

4. Pepe Escobar.jpg

 

 

 

Ils auraient dû se méfier les nuls, car Pepe Escobar était là et rien n’échappe à son œil d’aigle…

 

 

 

G20 en Australie : Bouffons contre Sud Global

 

5. BRASIL BRICS.jpg

De g. à dr. le Président russe Vladimir Poutine, le Premier ministre indien Narenda Modi, la Présidente du Brésil Dilma Roussef, le Président chinois Xi Jinping et le Président sud-africain Jacob Zuma joignent les mains pour la photo-souvenir du 6e Sommet des BRICS, à Fortaleza, le 15 juillet 2014.

 

Résumé en une seule ligne du G20 qui s’est tenu en Australie : une poignée de bouffons anglo-saxons essaie de couvrir la voix du Grand Sud.

Des pays représentant 85% de l’économie mondiale se réunissent pour (en théorie) discuter de questions économiques et financières vraiment très importantes, et la seule chose dont caquètent les médias de masse occidentaux, c’est que le Président russe, Vladimir Poutine, y fait « figure d’isolé ».

C’est sûr, Washington et sa ribambelle de marionnettes ont bien essayé de faire de ce sommet une farce. Heureusement, il y avait des adultes dans la pièce, qui avaient, eux, du travail à faire.

Les cinq membres des BRICS – malgré leurs problèmes actuels, le G5 qui compte réellement pour le monde – se sont rencontrés avant le sommet, y compris avec la « figure isolée ». Économiquement, ce G5 fait plus qu’égaler le vieux G7 décrépit.

La Présidente du Brésil, Dilma Roussef, a très énergiquement pressé le G5 de « mettre le turbo » à sa coopération mutuelle, ainsi qu’à la coopération Sud-Sud. Ceci concerne bien entendu la Banque de Développement des BRICS. Les BRICS, en insistant sur leur « sérieuse préoccupation », ont une fois de plus mis Washington au pied du mur pour son sabotage perpétuel de la réforme structurelle, si nécessaire et depuis si longtemps repoussée, du FMI.

Le paquet de réformes du FMI sur les quotas et la gouvernance, a, en fait, été approuvé par le Conseil des Gouverneurs du FMI dès 2010 ! Une de ses résolutions-clés traitait du vote accru à accorder aux pays émergents, au premier rang desquels, bien sûr, les BRICS eux-mêmes. Pour les Républicains de Washington, c’est pire que le communisme.

Le Président chinois Xi Jinping a ajouté que la coopération des BRICS n’allait pas seulement stimuler l’économie mondiale, mais aussi assurer la paix mondiale. « Faites des affaires, a-t-il dit, pas des tomahawks. » Les plus de 120 nations du Mouvement des Non-Alignés (MNA) – tolérés comme des mendiants au banquet du G20 – ont été très attentifs à ses paroles.

Que d’« agressions » !

Comparez maintenant les BRICS au travail avec les chefs d’états de l’Union Européenne, qui n’ont voulu rencontrer – exclusivement – que le Président US Barak Obama, pour définir avec lui leur « stratégie », non en vue d’améliorer l’économie mondiale mais dans le seul but de démoniser davantage encore la Russie.

Et cela, après que le Premier ministre britannique, David Cameron, ait dit à Poutine dans une rencontre qualifiée de « robuste », qu’il était à un feu rouge et sur le point d’être frappé de nouvelles sanctions ; que le Premier ministre canadien se soit plaint d’avoir à serrer la main de Poutine et que le Premier ministre australien, Tony-coup de boule–Abbott ait fait poser tout le monde avec des koalas – si ce n’est pas de la cruauté envers les animaux ! –non sans avoir d’abord renoncé à flanquer une douffe au Président russe.

Et il n’a pas été question que d’une « agression russe ». Obama, Abbott et le Premier ministre japonais Shinzo Abe se sont aussi rencontrés séparément, pour mettre sur pied un accroissement de leur « coopération militaire » et « renforcer leur sécurité militaire » dans la région Asie-Pacifique. Contre (quoi d’autre que ?) l’«agression chinoise ». 

 

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De g. à dr., le Président français François Hollande, le Président US Barak Obama, le Premier ministre britannique David Cameron et la Chancelière d’Allemagne Angela Merkel participant à une rencontre multi-latérale réduite, sur les lignes de touche du Sommet du G20, à Brisbane, le 16 juillet 2014.

 

Arrogance impériale et bouffonnerie mise à part, Poutine a quand même rencontré la Chancelière allemande Angela Merkel pendant trois heures. Ils ont discuté de l’Ukraine, essentiellement. Pas de fuites. Conclusion : Poutine a rencontré et a parlé avec tous les adultes qui comptaient : les BRICS et Merkel. Il n’avait, professionnellement, rien d’autre à faire.

Selon les propres mots du Président russe : « Il y a neuf heures d’avion d’ici à Vladivostok, et encore neuf heures de là à Moscou. J’ai besoin de quatre heures de sommeil avant de me remettre au travail lundi. Nous avons terminé notre travail ici. »

Dieux du Ciel ! C’était juste la réplique dont avaient besoin les médias de masse occidentaux pour perdre complètement les pédales et filer leur intoxe sur la « figure isolée », fuyant, de honte, le G20.

Quand vous ne savez plus quoi faire, imprimez de l’argent.

Malgré tous les efforts déployés par le gang politique anglo-saxon pour avilir le Sommet, il y a quand même eu un peu – très peu – de travail accompli. Poutine lui-même a salué l’« atmosphère constructive », dans le sens, probablement, d’« atmosphère chimériquement constructive ».

Dans le communiqué final, une promesse a été faite d’augmenter le PIB mondial de 2 mahousses trillions [= deux millions de millions, NdT] d’ici 2018. L’essence de ce plan magique est de faciliter les investissements en matière d’infrastructures génératrices d’emplois et susceptibles d’améliorer le commerce mondial.

À propos, c’est juste ce que la Chine est en train de faire massivement. La Chine et la Russie ont conclu cette année deux faramineux contrats de gaz valant 725 milliards de dollars. Les 40 milliards de dollars du Fonds d’Investissement dans la Route de la Soie financeront des projets de développement dans sept pays d’Asie Centrale. La « figure isolée » a confirmé que le commerce de la Russie avec la Chine et le reste de l’Asie passera de 25 à 40% de son PIB.

En outre, la Russie, la Chine, l’Iran – et bientôt d’autres nations d’Asie – sont activement en train d’établir leur propre système de compensation monétaire, indépendant du système SWIFT et du dollar US. Le commerce et les investissements Russie-Chine se traitent de plus en plus en roubles et en yuans et non plus en dollars US. Pour les bouffons, c’est pire que l’Apocalypse.

Le communiqué du G20 parle aussi d’un renouveau de facto d’offensive néo-libérale, allant de davantage de « dérégulation » des marchés pour les marchandises à davantage de « flexibilité » dans les marchés du travail. Un vague centre d’investissement mondial sera mis sur pied à Sydney, mais personne ne sait vraiment comment il fonctionnera.

Le G20  a également insisté sur la nécessité de combattre le secteur bancaire parallèle. Purs vœux pieux, alors que les monstrueux acteurs masqués-spéculateurs-vrais gangsters financiers savent comment réduire ce genre d'efforts à néant. Vous n’êtes quand même pas en train de parler de stations d’épuration du style « à genoux devant la Couronne, mais prions le dollar » genre Turks et Caico, hein, les gars ?

Il n’est pas surprenant que la plus petite référence à une quelconque transparence dans les industries extractives ait complètement disparu du communiqué final. Quant au changement de climat, recours à la méthode Coué encore pour « une action effective » avant la conférence de Paris en décembre 2015. On pourrait parier des casinos entiers d’argent sale que rien de substantiel ne se produira avant ni après la conférence.

 

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Le Président de Russie Vladimir Poutine parlant à une conférence de presse, à la fin du Sommet du G20, à Brisbane, le 16 novembre 2014

 

Les Wahabites du néo-libéralisme se sont évidemment moqués de la tentative de « cette bonne à rien » d’Argentine, de faire adopter par le G20 un régime de faillites supra-national. Après tout, il est normal que les fonds vautours de la variété Paul Singer puissent continuer à agir comme des vautours.

En fin de compte, la « figure isolée » a été à l’heure à son travail lundi matin, heure de Moscou. L’UE est assurée de perdre 15% de 330 milliards dans ses affaires avec la Russie en 2015, tandis que celles qui se feront à l’intérieur des BRICS vont doubler. L'absolue débâcle de l’UE continuera à être causée dans une très large mesure par le néo-libéralisme. Et par le diktat des « élites » de Washington-Wall Street, qui exigent que toutes les entreprises d’économie mixte dans l’UE soient anéanties.

Tandis que Washington met fin à son assouplissement quantitatif (= émission d’assignats, NdT), la Banque Centrale Européenne rêve d’imprimer de l’argent comme une folle, la Banque Centrale du Japon imprime de l’argent comme une folle, et la Russie et la Chine achètent des océans d’or physique. Derrière l’écran de fumée de l’argent de papier à gogo, l’économie mondiale va continuer à souffrir.

Pendant ce temps, l’économie russe va continuer à s’associer de plus en plus étroitement à celles de la Chine, de l’Iran et du Kazakhstan. Le centre des investissements mondiaux et le cœur de l’action continuera d’être – où, sinon ? – l’Asie-Pacifique. Pas étonnant que le G20 de 2016 se tienne en Chine.

Parmi les autres nouvelles, Pepe Mujica, le président en fin de mandat de l’Uruguay, n’est pas venu au G20. Mais laissons-lui le mot de la fin. Il va quitter le pouvoir. Il ne faut qu’une seconde pour comparer sa dignité, son honnêteté, son humilité, son intelligence, son courage, son altruisme et sa saine politique avec les bouffonneries irresponsables des Cameron, des Harper, des Abbott… Il y a les hommes politiques et il y a les politiciens. Et ceux-là, heureusement, l’énorme majorité de l’opinion publique les a percés à jour*.

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9. Mujica-y-Chavez-revoluciontrespuntocero.jpg

______________  

* Le mandat présidentiel de Pepe Mujica se termine le 1er mars 2015. Les élections pour sa succession sont en cours : 2e tour le 30 novembre.

Traduction c.l. pour Les Grosses Orchades

Source : http://rt.com/op-edge/206083-g20-summit-brics-economy/

 

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Fanfan la cascade

 

 

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L’empire anglo-sioniste est vraiment devenu « L’Empire des Illusions »

Vineyard of the Saker 17 novembre 2014

Curieux, non ? Les deux récents sommets (APEC et G20) ont fini en désastre, je le soutiens, pour les États-Unis et ses alliés (voir ici, ici et ici), tandis que la Russie, la Chine et le reste des BRICS ont visiblement pris le contrôle de la situation, et pourtant, il y en a encore qui croient les médias de masse occidentaux, qui s’évertuent à dépeindre Poutine et la Russie comme « faibles ».

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Je suppose, à notre époque virtuelle, que les perceptions sont tout, et dans ce cas, il est clair que les perceptions prennent la forme du moule que leur donnent les médias dominants, dont le savoir-faire, en matière de lavage de cerveaux, est  réellement impressionnant. Mais voyons les faits.

Le résultat le plus notable qu’aient produit ces deux sommets, c’est que Xi Jinping a, pour la première fois, montré sans doute possible qu’il soutient à fond Poutine et la Russie.

Je me rappelle très bien qu’au début de l’année, il y en avait beaucoup qui doutaient de la politique chinoise à l’égard de la Russie ; beaucoup disaient que « l’effet Walmart » (l’étendue des liens US-Chine) ne permettrait jamais à la Chine de s’aligner avec la Russie contre les États-Unis, et pourtant, c’est exactement ce qui s’est produit, à au moins trois niveaux :

1. Économique : non seulement la Russie et la Chine ont signé ce qu’on ne peut qu'appeler des méga-contrats, mais en outre, les Chinois ont été plus qu’heureux d’offrir aux banques russes (frappées de sanctions US/UE) l’accès aux crédits chinois. La Chine aide aussi la Russie à remplacer SWIFT.

2. Politique : les Chinois sont même sortis de leur chemin pour montrer que, non seulement Poutine n’était pas isolé du tout, mais qu’il était au contraire l’invité d’honneur de l’APEC, ce qui revenait à défier ouvertement les États-Unis.

3. Militaire : la Russie et la Chine sont engagées, sur une base régulière, dans d’importants exercices militaires conjoints, qui comprennent des opérations navales et au sol. Et les deux pays ne se contentent pas de s’entraîner de concert, ils sont également en train de créer des états-majors inter-armées.

Tout ceci ne devrait constituer une surprise pour personne. La Russie et la Chine sont véritablement des partenaires « idéales » et se complètent l’une l’autre à la perfection. Ce dont l’une a besoin, l’autre le possède et vice-versa. Non seulement cela, mais les USA ont tellement cherché noise à l’une et à l’autre, qu’on peut affirmer que l’Empire les a littéralement poussées dans les bras l’une de l’autre. Obama n’a jamais cessé de menacer ouvertement la Russie et la Chine, leur a envoyé toutes sortes d’ultimatums, a monté contre elles des coalitions et, bien sûr, les a encerclées de bases militaires et de systèmes anti-missiles.

Ce qu’Obama et ses conseillers n’ont pas compris, c’est que la Russie et la Chine, soutenues par les BRICS, par l’organisation de Coopération de Shanghaï (OCS), par l’Organisation du Traité de Sécurité Collective (OTSC) et par l’Union Économique Eurasienne (UEE), sont infiniment plus puissantes que le bloc USA/UE en termes politiques, économiques et militaires. C’est ça la grande nouvelle, le développement stratégique capital, la secousse tectonique que les médias enchaînés à l’Empire tentent si désespérément d’occulter. Pour ce qui est des dirigeants occidentaux, ils sont en plein délire, manifestement tombés dans le très vieux piège de croire à leurs propres mensonges. Mais, comme on dit, si votre tête est dans le sable, votre derrière est en l’air, et la réalité vient de se rappeler à eux par une puissante et douloureuse morsure.

Le moment le plus ridicule de ce sommet est arrivé lorsque Obama, n’ayant réussi à atteindre aucun de ses objectifs à l’encontre de la Russie et de la Chine, a prononcé avec le plus grand sérieux un discours où il expliquait l’importance du « leadership américain ». Ce fut comique au point d’en être gênant. Les commentateurs de la TV russe étaient pris de fous-rires en le rapportant.

Quant à Poutine, visiblement sûr de sa position, il s’est moqué ouvertement de l’idiotie des dirigeants US-UE : « Ont-ils réfléchi un instant à ce qu’ils sont en train de faire ? Ou leur politique les a-t-elle aveuglés à ce point-là ? On sait que les yeux sont des organes périphériques du cerveau. Quelque chose a-t-il été débranché dans leur cerveau ? » À ceci s’est ajoutée une mise en garde sans équivoque : la Russie ne permettra jamais à l’US-UE d’écraser la résistance novorossienne. Le message de Poutine est net et carré : les dirigeants occidentaux mènent leur empire droit dans le mur. (Si vous ne l’avez pas déjà fait, je vous recommande instamment d’écouter l’interview que Poutine vient d’accorder à ARD).

L’empire anglo-sioniste est vraiment devenu « L’Empire des Illusions » (pour reprendre l’expression de Chris Hedges), où les faits ont beaucoup moins d’importance que les contes de fées, où la façon courante de relever un défi est de nier son existence, où l’auto-aveuglement est devenu une manière de vivre.

Les jeux sont faits. Les mots sont écrits sur le mur depuis longtemps. Le problème, c’est que personne ne veut les voir.

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P.S. La phrase-clé de l’interview de Poutine à la chaîne de télévision allemande ARD est la suivante : « Aujourd’hui, on se bat en Ukraine orientale. Les autorités centrales ukrainiennes y ont envoyé des forces armées et elles s’y servent même de missiles balistiques. Quelqu’un en parle-t-il ? Pas un  mot. Et qu’est-ce que cela signifie ? Que nous dit votre silence ? Que vous voulez que les autorités centrales de Kiev annihilent tous leurs opposants. Est-ce là ce que vous voulez ? Nous, nous ne le voulons pas. Et nous ne permettrons pas que cela se produise. »

Ce n’est pas une préférence qu’il a exprimée, ni un vague « nous y sommes opposés ». C’est une affirmation très catégorique, annonçant que la Russie empêchera proactivement une telle issue.

Comme je l’ai dit maintes fois ici même : la Russie ne laissera pas les Nazis se rendre maîtres de la Novorossia.

Le Saker

Traduction c.l. pour Les Grosses Orchades

Sources :

http://vineyardsaker.blogspot.be/2014/11/the-anglozionist...

http://vineyardsaker.blogspot.be/2014/11/the-key-sentence...

 

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Chris HEDGES

L’Empire de l’Illusion – La mort de la culture et le triomphe du spectacle

Lux – 2012

Collection Futur proche – 272 pages

 

 

 

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Des histoires françaises

 

Quelqu’un vient de nous signaler, dans Le Monde Diplomatique du 6 octobre dernier, un article de Régis Debray consacré à Manuel Valls.

Bien que nous soyons porte à porte avec la France, nous n’arrivons pas à nous intéresser à Manuel Valls.

Quant à Régis Debray, c’est par 300 à la fois que les Régis Debray d’Outre Rhin écrivent des lettres à Vladimir Poutine, pour lui dire qu’ils désapprouvent la politique de leur gouvernement. Pourquoi avons-nous l’impression que Régis Debray, par ses préoccupations franco-hexagonales, est peut-être en retard de deux ou trois guerres ?

Dominique de Villepin vient, lui, d’avancer un pion en direction de la prochaine élection présidentielle en se rendant à Valdaï et en y prenant la parole. Pour y dire… pas grand-chose de déterminant, ne prenant clairement parti ni pour les uns ni pour les autres dans l’affrontement USA-Russie, se contentant pour l’instant de capitaliser sur son discours d’opposition à la guerre d’Irak (opposition qui était surtout celle de Jacques Chirac, mais c’est… de bonne guerre). Si on en juge par les réactions de certains jeunes internautes qui ne savent pas ce que bonapartisme veut dire (« au moins, lui, il a eu le courage d’y aller »), il a ses chances.

Curieusement, le seul qui mise en ce moment sur le bon cheval est Nicolas Sarkozy. Quand il est allé faire, il y a quelques mois, trois petits tours à Sotchi, tandis que Carlita, en donnant des concerts à Moscou, assurait l’offensive de charme, il entamait sa campagne électorale. Ces jours-ci, à propos de la pantalonnade des Mistral, il est le seul à s’être prononcé clairement pour le respect des engagements pris. Hélas pour lui, au rythme d’une casserole par semaine, il a plus de chance d’arriver à l’élection en taule qu’en candidat. Et surtout, nombreux sont ceux qui n’ont pas oublié et ne lui pardonneront pas le rôle qu’il a joué en Libye, cul et chemise avec des BHL, ni la réintégration de la France dans l'OTAN.

Mais ce sont là les affaires des voisins.

Quelqu’un a dit récemment « l’Europe est hors jeu ». C’est on ne peut plus vrai, et la France est en Europe. Comme aussi l’Angleterre, les pays scandinaves, ceux de l’Est, la Belgique, l’Italie et tutti quanti. L’Allemagne aussi, mais…

Si la Chine a choisi pour terminus de sa bifide Route de la Soie, Duisbourg et Venise, elle ne l’a pas fait au hasard. On (Israël) nous a tant bassinés avec « ses » six millions de victimes du nazisme, qu’on en a oublié les 23 millions de victimes soviétiques. Soyons sûrs que les Russes, eux, n’ont rien oublié, et que s’ils ne se sont pas fait payer, comme d’autres, le prix du sang, ils n’ont certainement jamais cessé de tenir, depuis la fin de la guerre, l’Allemagne à l’œil. Pourquoi leurs services secrets seraient-ils moins compétents que les autres ? Si l’Allemagne a été choisie comme point terminal de la route chinoise, c’est-à-dire comme seule interlocutrice en Europe désormais, par l’alliance Russie-Chine, c’est que celle-ci est assurée d’y être en terrain stable. Merkel passera comme tout passe, et derrière elle, une relève est sans doute déjà prête, avec laquelle des jalons sont posés. Quand les autres, du fond du trou où ils se sont eux-mêmes précipités, auront envie ou besoin de quelques miettes, ils devront s’adresser à l’Allemagne. L’autre terminus, Venise, redeviendra ce qu’elle fut si longtemps jadis : l’extrémité occidentale des Balkans. Merci qui ?

La France, plus encore que tous les autres « pays membres de l’UE » ne pourra cependant s’en prendre qu’à elle-même. On ne compte plus, depuis quinze ans les offres de coopération et les mains tendues de Vladimir Poutine. On l’en a remercié en le traitant comme du pus, en quittant ostensiblement, en meute, l’Assemblée Générale de l’ONU quand il y prenait la parole,  et en affichant des mines dégoûtées à l’idée d’avoir à lui serrer la main. Sans jamais se demander ce qu’il peut éprouver, lui, à l’idée de serrer la leur. Il est trop tard, aujourd’hui, pour faire volte-face. Ceux qui sont assez vieux pour avoir vu la guerre et qui se souviennent des héros de Normandie-Niemen sont tristes à en pleurer.

 

*

Une histoire belge

Rares sont les Belges francophones qui savent qu’en 1793, leur pays a fait exactement la même chose que la Crimée l’an dernier : voté à plus de 90% son rattachement à la France… de Robespierre.

Il en restait suffisamment de traces pour qu’en 1950, au moment de la prestation de serment de Baudoin 1er, un député s’écrie à haute voix « Vive la République ! ». Les franquistes belges n’allaient pas laisser passer pareille offense à l’élève du Caudillo. Le soir même, il était mort. Il s’appelait Julien Lahaut. Il était député communiste. Non seulement ses assassins n’ont jamais été punis, ils n’ont jamais été identifiés non plus et sans doute jamais poursuivis.

Mais encore moins de Belges savent comment il était devenu communiste, quelle odyssée l’avait, pendant la guerre de 14-18, mené jusqu’aux confins de la Sibérie. Aventure commencée sous le Tsar, conclue sous Lénine.

Un site liégeois qui se consacre à l’histoire nationale l’a évoqué en souvenir de la « Grande Guerre ». C’est ici :

Julien Lahaut et le corps ACM Autos-Canons-Mitrailleuses en Russie

13. JulienLahaut front russe.jpg

En 1915 la Belgique forme l'un des premiers corps de voitures blindées,  les ACM, les Autos-Canons-Mitrailleuses. Un de ses membres est Julien Lahaut.  Le roi Albert Ier « donne » ce corps d'élite au tsar de Russie. Ils assisteront à un évènement clef du XX° siècle : la révolution russe. Ils se retrouveront en Russie avec Jules Destrée, un de leaders de la social-démocratie belge, qui n’est pas là pour prêcher la révolution, mais la guerre à outrance. La conversion de Lahaut au léninisme semble dater de cette période, mais ça prendra du temps, et nous n’avons pas réussi à trouver des déclarations de sa part sur cette période. Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y en a pas eu. Plusieurs de ses compagnons ont écrit des livres. Il est vrai que Julien Lahaut n’était pas un homme de plume, mais un homme de parole.

Donc, quand la guerre éclate en 1914, Lahaut s'engage. « Attitude conforme à celle du POB, son parti, en 1914. Rien n'oblige ce jeune marié à aller risquer sa vie. Le service militaire faisait l'objet d'un tirage au sort. Il avait eu de la chance ».  (Jules Pirlot, Julien Lahaut, vivant.)

Lire la suite…

Source : http://hachhachhh.blogspot.be/2014/04/julien-lahaut-et-le...

 

*

 

Mis en ligne le 18 novembre 2014

 

 

 

 

21:25 Écrit par Theroigne dans Actualité, Général, Loisirs, Musique, Web | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook |

16/11/2014

UBU EN SARRE

1. krasnals2.jpg

La musique adoucit les mœurs ? Pas toujours…

Ubu en Sarre

 

12 juillet 2014 : Lorin Maazel casse sa baguette. Il avait 84 ans. Et dirigeait toujours la Philharmonique de Münich. Laquelle se met en quête d’un autre konzert meister pour lui succéder. Elle offre le poste à Valeri Guerguiev, qui accepte. Il prend ses fonctions le 1er janvier prochain, pour cinq ans.

Valeri Guerguiev, d’origine ossète, né à Moscou en 1953, a passé vingt ans de sa vie à la tête du Mariinsky de Saint-Pétersbourg, non sans avoir été, parallèlement, pendant treize ans, le directeur musical de l’orchestre Philharmonique de Rotterdam, premier chef invité du Metropolitan Opera de New York et avoir, en 2007, remplacé sir Colin Davis à la tête de l’Orchestre symphonique de Londres. C’est un des plus grands chefs d’orchestre du monde. Ils ont de la chance à Munich de ne pas tomber de Maazel en Tartempion. S’ils ont fait un pont d’or à celui-ci, ce n’est quand même pas cher payé, car réputation oblige.

Donc, tout baigne. Théoriquement.

Cependant… du 21 au 30 mai 2015 doit se dérouler le Festival de Sarre (à deux pas des frontières française, belge et luxembourgeoise). Ce festival musical se tient tous les deux ans et le Münchner Philharmoniker y est naturellement invité. Mais ce sera, cette fois, sans son chef, qui vient d’être « désinvité » par les organisateurs, pour avoir refusé de critiquer le président Poutine.

Non, ce n’est pas pour rire, c’est vrai.

La décision « qui n’est pas politique », a été prise pour ne point contrister M. Donald Tusk, ancien Premier ministre polonais et actuel président du Conseil européen, sous le patronage de qui doit se dérouler, cette fois, le dit festival. M. Tusk, on le sait, succède, non à Maazel mais à Herman Van Rompuy et Frank-Walter Steinmeier, ministre des Affaires étrangères de Berlin, grands démocrates et droitsdelhommistes sous le soleil, qui soutiennent comme on  sait, de tout leur poids moral, les massacres perpétrés par Kiev et l'OTAN dans le Donbass.

Selon les organisateurs du Festival de Saar, il ne fallait pas froisser Donald Tusk car divers concerts venus de Pologne doivent s‘y dérouler. Les organisateurs ont donc fait appel, pour remplacer Valeri Guerguiev, à un chef d’orchestre polonais, M. Michal Nesterowicz. «Nous avons reçu une demande explicite de l'ambassade polonaise de Berlin nous disant qu’il n'était pas souhaitable d'inviter Guerguiev », a expliqué le directeur du festival Robert Leonardy, avant de préciser : « cela ne va pas qu'un Russe, et en plus un proche de Poutine, puisse participer au Festival. »

Mais qu’a-t-il donc fait Guerguiev, pour mériter ainsi la hart et l’opprobre ? Accrochez-vous : Il a « refusé de dénoncer clairement les violations des droits de l'homme que représentent les lois anti-homosexuelles de Poutine ». Et Courrier International (c’est un canard mainstream) de se poser gravement la question : « Munich peut-elle encore se permettre d'employer Guerguiev ? » Surtout s’il risque, étant sur place, d’aller boire un coup à la Hofbräuhaus… Sait-on jamais ?

 

2. Guerguiev.jpg

D’accord, il a de mauvaises fréquentations, mais qui prétend être parfait ?

 

L’abominable Guerguiev s’est donc abstenu de critiquer la politique de la Fédération de Russie à l’égard du lobby homosexuel (l’expression est du Saker). Car c’est évidemment le gouvernement russe, et non Vladimir Poutine, qui a légiféré pour interdire la propagande pédomaniaque dans les écoles. Bof, c’est pareil, pour nos « démocrates » à voile et à vapeur, depuis le temps qu’on ne fait plus ce genre de distingo par ici… C’est la ville de Moscou qui a interdit les gay prides pour les cent ans à venir, et Guerguiev fait de la musique à Saint-Pétersbourg ? Pfftt… tout ça, c’est russe et compagnie ! Chez nous, en Otanazie, est-ce que les couturiers ne dirigent pas l’Éducation Nationale ? (Avec le CRIF il est vrai, bien la preuve que nous ne sommes pas sectaires).


 

    Double grain de sel des Grosses Orchades 

              Au lobby sus-mentionné :

     Ce n’est pas votre homosexualité qui dérange, c’est votre exhibitionnisme. L’exhibitionnisme des hétéros est aussi intolérable que le vôtre. Étaler sa libido sur la voie publique n’est pas qu’un manque flagrant de savoir-vivre, c’est une agression envers quiconque a gardé quelque décence, respecte les autres et tient à conserver l’estime de soi. Tout le monde n’a pas envie de se promener dans les rues en string avec des plumes dans le cul ou de s’y enfoncer des crucifix. Pourquoi ne conviez-vous pas la presse à venir vous voir faire caca au milieu de la place de la Concorde aux heures de pointe, pendant que vous y êtes ? Ah, (en tout cas pipi) c’est fait ? Pardon.

               À Valeri Guerguiev :

              Maestro, on n’a pas de conseils à vous donner, mais si on était vous, on ferait tout de suite un saut, mettons, à New York, pour y engager une demi-douzaine d’avocats rompus à l’exercice banal en ces contrées d’arracher aux zozos sarrois à nez de Pinocchio une somme aussi pharamineuse que possible, à titre de dommages et intérêts pour atteinte à votre image, à votre réputation ou à n’importe quoi d’autre. Soyez sans crainte, ils trouveraient : ce sont des pros. Et si vous avez scrupule à vous enrichir sur le dos de la bêtise européenne, pourquoi ne pas en faire des bringues monstres les cinq « Rosenmontag » à venir avec vos musiciens, à la bière, à la vodka ou aux deux ? Prosit !

              Euh… si vous invitez Obélix, il faudra que vos baveux se défoncent.

 

 

 

3. ubu_chanot_noiretblanc.png

La Pologne étant, comme on sait, le royaume d’Ubu, les choses se présentent ainsi :

La philharmonie de Munich et son nouveau chef sont invités à jouer à Paris le 9 mars, avec la soliste de renommée mondiale Sol Gabetta. Concert d’hommage au chef décédé, né, on vous le rappelle, à Neuilly-sur-Seine.

Le 10 mars, le même concert devait se donner, pour le même motif, au Festival de Saar, en Allemagne, mais il le sera sans son directeur, et le Polonais Michal Nesterowicz, pas bégueule, prendra sa place.

Dans un entretien, l’ineffable Robert Leonardy a expliqué, en essayant de cacher son nez qui grandissait à vue d’oeil : « le refus d'inviter Valeri Guerguiev n'est pas le résultat d'une décision politique. Comme ce dernier a officiellement donné son soutien en août dernier à Vladimir Poutine et que le Festival se déroule sous le patronage de l'ancien Premier ministre polonais, Donald Tusk, nous n'avons pas voulu mettre en danger le bon déroulement du Festival.» Quel diplomate, cet homme !


Sources :

http://french.ruvr.ru/2014_11_13/Un-eminent-chef-dorchest...
http://www.courrierinternational.com/article/2014/03/19/u...

En attendant la suite de ces péripéties

hautement culturelles :

 

Tous à la Philharmonie de Paris

(Grande salle)

Le 9 mars prochain à 20h30

(retenez vos places dès à présent)

Pour

4. lorin-maazel_dies aged 84.jpg

Saluer Maazel disparu

 

5. solgabetta_slider1.jpeg

Applaudir la belle soliste argentine Sol Gabetta.

 

6. Gergiev .jpg

Et ovationner le nouveau chef du Münchner Philharmoniker !

 

Au programme

Dvořák, Antonín :  Concerto pour violoncelle

Strauss, Richard :  Ainsi parlait Zarathoustra, op. 30

Strauss, Richard :  Till Eulenspiegel, op. 28

(Programme sous réserve de modifications.)

 

Pour consoler ceux qui n’auront pas la chance de s’y trouver :


 

À quoi bon lésiner ?…

Notre bateau du jour « La bataille de Grunwaldski –Nef des Fous », d’après Jérôme Bosch, est une œuvre collective du groupe polonais Les Krasnals (les Nains), qui a récemment fait scandale, parce qu’on y voit feu le pape Jean-Paul II allaité au sein par le père Rydzyk, chef de la très controversée station de radio catholique « Radio Maryja », représenté en truie.

Ryszard Nowak, du Comité polonais de Défense contre les Sectes et la Violence (OKOS) a déposé une plainte contre le groupe des peintres. Nowak, qui avait, peu auparavant, intenté  une autre action en justice contre des musiciens, dont la pop star Doda, « pour blasphème », affirme que la peinture des Krasnals « offense les sentiments religieux de millions de gens » et est insultante à la fois pour le père Rydzyk et pour le feu pape.

À quoi les Krasnals ont répondu qu’ils regrettaient que le niveau d’éducation artistique soit aussi bas au Comité polonais contre les sectes et la violence, « qui devrait pourtant être le pré carré de l’intelligence dans notre pays » se demandant « pourquoi ces gens ne sont pas capables de faire la différence entre fiction et réalité ». « La bataille de Grunwalski/Nef des fous n’est qu’une œuvre d’art. Notre peinture est une création légère et accessible, qui représente les événements et les personnalités contemporaines de l’Histoire polonaise dans un contexte international ; ce ne sont rien d’autre que des caricatures dans la veine de “South Park”. Le concept de “Guerre Civile Polonaise” devrait être pris avec un grain de sel. Le message de notre œuvre est pourtant très positif, sans aucune intention d’offenser personne. Ce sont nos traditions polonaises qui nous poussent à voir le diable et le mal dans tout. »

 

7. Détail.jpg

Détail de « La bataille de Grunwaldski/Nef des Fous »

 

Source :

http://sz-n.com/2014/04/painting-of-priest-breastfeeding-...

 P.S. L'Ubu est de Chanot.

 

 

Mis en ligne le 16 novembre 2014.

 

 

 

 

 

03:19 Écrit par Theroigne dans Actualité, Général, Loisirs, Musique, Web | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook |

12/11/2014

LA CARAVANE DES ROUTES DE LA SOIE ET LE CANARD BOÎTEUX

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La caravane des Routes de la Soie et le canard boîteux.

Pepe Escobar – 11 novembre 2014

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« Photo de famille » des principaux dirigeants mondiaux, prise à Pékin, au cours du sommet de l’APEC (Asia-Pacific Economic Cooperation), le 10 novembre 2014. À gauche, debout derrière le Président Vladimir Poutine, Tony Abbott, Premier ministre australien, et au premier rang, à leur droite, le Président Xi Jinping.

Rien ne pourrait illustrer plus crûment la destination que prend le monde multipolaire, que ce qui vient de se produire au sommet de l’APEC à Pékin.

Regardez bien les photos officielles : tout est dans le positionnement des participants, et, ceci étant la Chine, lourd de signification symbolique. Devinez qui est à la place d’honneur, juste à la droite du président Xi Jinping. Et devinez où a été relégué le canard boîteux, dirigeant de la « nation indispensable ». Les Chinois maîtrisent parfaitement, eux aussi, l’art d’envoyer des messages globaux.

Quand le président Xi a pressé l’APEC d’« ajouter du bois au  feu de l’économie de l’Asie-Pacifique et du monde », c’est ce qu’il voulait dire, ne tenant aucun compte de décisions peu concluantes prises en dehors du sommet.

1) Pour Pékin, tous les coups seront permis pour instaurer la Zone de Libre Échange de l’Asie-Pacifique (FTAAP) – vision chinoise d’un accord commercial « tout compris, gagnant-gagnant» – ayant pour vocation de réellement promouvoir la coopération en Asie-Pacifique, par opposition à la TransPacific Partnership (TPP) semeuse de divisions, rédigée par les multinationales US, qu’essaie d’imposer Washington.

2)  Les plans sont prêts pour une « connectivité totale »,  selon les mots de Xi, ce qui implique, de la part de Pékin, la mise sur pied de la Asia Infrastructure Investment Bank  (Banque  Asiatique Infrastructurelle d’Investissement); ce qui implique aussi que Pékin et Moscou s’engagent dans un second mega-contrat de gaz, celui-là à travers le gazoduc de l’Altai en Sibérie occidentale ; et que la Chine investisse (chose qu’elle est déjà en train de faire) pas moins de 40 milliards de dollars pour commencer à construire la ceinture économique de la Route de la Soie et la Route de la Soie Maritime du XXIe siècle.

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Les principaux dirigeants mondiaux s’installent, tandis que le président Xi Jinping (au centre) se prépare à prononcer son discours d’ouverture à l’APEC, au Centre de Conférences du Lac Yanqi, à Pékin, le 11 novembre 2014.

Une fois de plus, tout converge vers l’offensive infrastructurelle la plus spectaculaire, ambitieuse, étendue et plurinationale jamais entreprise – la multiple Route de la Soie – un réseau complexe de voies de chemins de fer rapides, de gazo et d’oléoducs, de ports, de câbles à fibres optiques et des télécommunications les plus récentes, que la Chine est déjà en train de construire à travers les « stans » d’Asie Centrale, qui toucheront la Russie, l’Iran, la Turquie et l’Océan Indien, et s'étendront, en  Europe, jusqu’à Venise et Berlin.

C’est la Pékin du « Rêve Asiatique-Pacifique » de Xi, dont les liens s’étendent bien au-delà de l’Asie Orientale, l'esprit focalisé sur un commerce pan-Eurasien, avec, pour centre, bien sûr, l’Empire du milieu.

La campagne « Vers l’Ouest » a été lancée officiellement en Chine à la fin des années 1990. Les Nouvelles Routes de la Soie sont des moteurs « Go West »  et « Go South » à turbo-compresseurs, de marchés, de marchés et encore de marchés, toujours en expansion. Pensez à une très proche et massive Ceinture de la Soie Chinoise – par endroits en co-propriété avec la Russie.

Voulez-vous votre guerre chaude ou froide ?

Tandis que Pékin rêve, Noam Chomsky parle beaucoup de la possibilité de dérapages occidentaux susceptibles d’échapper à tout contrôle et de provoquer une catastrophique réaction en chaîne à la manière de 1914, alors que l’enjeu, une fois de plus, est nucléaire. Moscou abhorre absolument cette affreuse perspective et cela explique pourquoi la Russie, quoique confrontée aux incessantes provocations US en même temps qu’aux sanctions, observe une retenue titanesque. Cependant, non seulement les États-Unis ne peuvent pas « isoler » la Russie comme ils ont tenté d’«isoler» l’Iran, et Moscou a défié le bluff des néo-cons US en Ukraine.

Au Club Valdai de Sotchi, le Président Poutine, dans un discours mémorable (texte), évidemment passé sous silence par les médias occidentaux alignés, a tiré les conclusions qui s’imposaient. Les « élites » de Washington et de Wall Street n’ont aucunement l’intention de permettre un minimum de multi-polarité dans les relations internationales. Il ne reste donc que le chaos. C’est ce que j’ai soutenu à diverses reprises, tout au long des années de l’administration  Obama, et qui est le sujet central de mon livre « Empire of Chaos »¨*.

Moscou n’ignore rien de la complexité des liens entre l’Empire et l’Europe – particulièrement l’Allemagne – ni du pâlissant mais tenace consensus imposé par Washington. Cependant Moscou détient la carte maîtresse : la Russie est une puissance eurasienne qui, en cas de problème, peut toujours se tourner vers l’Asie.

Gorbatchev a été tout à fait pertinent, à Berlin, quand il a souligné comment, en violant la promesse qui lui avait été personnellement faite par Bush père, l’OTAN s’est embarqué dans une expansion éternelle vers l’Est, et comment l’Occident - les États-Unis plus quelques vassaux européens – semble souhaiter si ardemment déclencher une nouvelle guerre froide, avec un nouveau mur de Berlin métaphoriquement transplanté à Kiev.

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Les dirigeants participant au sommet de l’APEC posent pour une photo-souvenir au Centre International de Conférences du Lac Yanqi, à Pékin, le 11 novembre 2014

Le basculement de Moscou, de l’ouest vers l’Asie orientale est un processus qui se développe à plusieurs niveaux, et depuis des mois, sous les yeux de tous. On pourra dévaster encore bien des forêts pour imprimer cette évidence : que l’issue aura été directement influencée par la soi-disant doctrine politique de Barak Obama « Ne pas faire de conneries », ainsi baptisée à bord de Air Force One, au retour d’un autre voyage en Asie, au mois d’avril dernier.

Sur l’énergie, la manip du Financial Times, qualifiant le méga-contrat de gaz Russie–Chine de « Vengeance de Poutine » n’est qu’un enfumage de compétition. La Russie se tourne vers l’Est, parce que c’est là qu’est la plus forte demande. En matière de finance, la Russie vient juste de désarrimer le rouble du dollar US et de l’Euro, le dollar US a plongé instantanément par rapport au rouble. VTB (Vnechtorgbank), pour sa part, a annoncé qu’elle pourrait quitter la Bourse de Londres pour celle de Shanghaï – qui est sur le point d’être directement reliée à celle de Hong Kong. Et Hong Kong, de son côté, attire déjà très fort les géants russes de l’énergie.

Ajoutez à présent ces développements-clés au double contrat énergétique mastodonte conclu en Yuans/Roubles, et vous aurez un tableau assez fidèle de la Russie occupée à se protéger activement des attaques spéculatives occidentales à motivations politiques contre sa monnaie.

Le partenariat stratégique en symbiose Russie-Chine se développe dans les domaines de l’énergie, de la finance, mais aussi, inévitablement, sur le front de la technologie militaire. En ce compris, significativement, la vente par Moscou, à Pékin, de systèmes de défense aérienne S-400 et, ultérieurement, de S-500.

Les S-500 peuvent intercepter n’importe quels missiles américains ICBM ou de croisière, tandis que les ICBM russes, déployés à Mach 17, équipés de MIRVs, sont tout simplement imbattables. Pékin, de son côté, est déjà en train de développer ses propres missiles sol-mer, capables d’atteindre tout ce que l’US Navy peut rassembler : des transporteurs d’avions aux sous-marins, en passant par les systèmes de défense aérienne mobiles.

Joignez-vous à la caravane

Stratégiquement, Pékin et Washington ne pouvaient pas ne pas se retrouver aux antipodes l'une de l'autre, dans ce que j’ai appelé la naissance du siècle eurasien.

Pékin a clairement compris que Washington/Wall Street lutteraient jusqu’à la mort pour préserver leur - désormais bref - moment unipolaire. La Chine – et les BRICS –travaille en direction de ce que Xi a défini comme « un nouveau modèle de relations entre grandes puissances ». La mentalité de Washington/Wall Street, c’est « soit nous/soit vous », au lieu de « gagnant/gagnant » pour tout le monde ; les auto-proclamés « Maîtres de l’Univers » croient qu’ils peuvent continuer à monopoliser tout le butin, parce que la Russie – et la Chine – sont capables de reculer pour éviter une confrontation meurtrière. C’est ce qui fait ressembler quelque peu l’Asie-Pacifique d’aujourd’hui à l’Europe de 1914.

5. Xi Jinping.jpg

Sommet de l’APEC : Le Président chinois Xi Jinping prononce son discours d’ouverture, au Centre International de Conférences du Lac Yanqi, à Pékin, le 11 novembre 2014.

Avec ce qui passe pour des « analyses » dans les cercles universitaires US et chez les « élites » de Washington/Wall Street, dans leurs Think Tanks de myopes, où on se gargarise d’ineptes platitudes sur le rôle « historique » de l’Amérique « arbitre et gage d’équilibre des pouvoirs » dans l’Asie moderne, pas étonnant que l’opinion publique occidentale ne soit pas capable d’imaginer l’impact des Nouvelles Routes de la Soie sur la géopolitique du jeune XXIe siècle.

Un quart de siècle après la chute du mur de Berlin, les États-Unis, à toutes fins pratiques, sont dirigés par une oligarchie, l’Europe est géopolitiquement hors jeu. La « démocratie » a été dégradée jusqu’à n’être plus que la parodie d’elle-même dans la plupart des pays occidentaux. L’impérialisme « humanitaire » des néo-cons en Irak, en Libye, en Syrie et au-delà, a provoqué désastre après désastre. Le turbo-capitalisme est une bombe à retardement.

La Russie et la Chine peuvent ne pas proposer un système alternatif – pour l’instant. Mais tandis qu’aboient les chiens de la guerre, de la haine et des inégalités, la caravane russo-chinoise passe. Elle vend à l’Eurasie une intégration économique, pas des bombes. Une véritable intégration Asie-Pacifique peut bien n’être encore qu’un rêve lointain.  Mais ce que l’APEC a montré –  crûment, je le répète – c’est la spectaculaire implosion, au ralenti, de la domination géopolitique de l’ex-nation indispensable.

_____________________  

* Sorti aujourd'hui en anglais.

Traduction c.l. pour Les Grosses Orchades

0. Pepe.jpg

Pepe Escobar, le reporter volant de l’Asia Times de Hong Kong, est aussi analyste pour Russia Today et pour Tom Dispatch, ce qui ne l’empêche pas de collaborer à plusieurs sites web et de participer fréquemment à des émissions de radio, des USA à l’Asie de l’Est.

Source : http://rt.com/op-edge/204323-china-russia-partnership-ape...

 

*

6. Flotte de Zheng He.jpg

Nos bateaux d’aujourd’hui : Le navire-amiral et la flotte de Zheng He, l’amiral chinois musulman qui, entre 1405 et 1433, sous la dynastie des Ming, a ouvert sept routes d’explorations lointaines, à la tête de 70 navires.

 

 

Mis en ligne le 11 novembre 2014.

 

 

 

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08/11/2014

PIC DE L'EMPIRE

1. Orlov-shoal-draft-boat Hogfish.jpeg

Le Hogfish de Dmitry Orlov

 

Alors, Christophe de Margerie, un nouveau Mattei ?

 

Les supputations vont bon train sur les causes de sa mort. Accidentelle ? Provoquée ? Nous n’en savons rien et n’avons même pa suivi, de près, cette affaire ; on ne peut pas être partout et il nous arrive d’être vraiment nuls. Au point que nous ne savons même pas au juste qui était Christophe de Margerie, ni à quoi il servait. N’est-ce pas pourtant ce qu’il faudrait se demander d’abord ?

Saïd Bouamama répond à la question qu’il semble que tout le monde ait oublié de poser :

 

TOTAL et de Margerie : du pétrole et du gaz couleur de sang

 

Saïd Bouamama – Investig’Action

5 novembre 2014

 

La mort de Christophe de Margerie, Président Directeur Général du groupe Total, survenue le 20 octobre 2014 dans un accident d’avion, a été l’occasion d’un concert quasi-unanime de louanges pour l’homme et pour la multinationale qu’il dirigeait. C’est l’occasion pour nous de nous arrêter sur les activités de ce groupe, avant et pendant la présidence de Monsieur de Margerie. C’est également le prétexte que nous saisissons pour revenir sur quelques concepts de base ignorés du discours journalistique : impérialisme, capital financier, etc. Au-delà de la désinformation médiatique mais nous basant sur ces concepts ainsi que sur quelques faits précis, le pétrole et le gaz de Total apparaissent singulièrement tachés du sang des victimes de l’impérialisme français.

2. TOTAL.jpg

Lire la suite…

Source : http://michelcollon.info/Total-et-de-Margerie-du-petrole-...

 

P.S. On passe, dans cet article, de Margerie à Marjorie : c’est le même. Les petites mains de Michel Collon devraient se relire.

 

*

Dmitry Orlov, citoyen US d’origine russe comme son nom l’indique, a fait paraître sur son site avant la crise de 2008, un « Pic de l’Empire » qui nous avait alors échappé, honte sur nous. Il vient de répondre à la demande de beaucoup de lecteurs en mettant sa précédente analyse à jour en fonction des changements survenus depuis lors. C’est Gary, son proche collaborateur et webmaster, qui a rapiécé et mis en lignepour lui le texte qui suit. (Orlov vit sur un bateau).

 

3. clap 2.jpg

 

L’histoire nous enseigne que tous les empires finissent par tomber ; par conséquent, la probabilité que l’empire américain se casse la figure, peut être estimée à 100 %. La question est de savoir QUAND ? (Tout le monde pose sans arrêt cette ennuyeuse question.)

Évidemment, vous pouvez toujours quitter les États-Unis, et gagner un endroit qui ne soit pas branché sur l’économie US de façon obligatoire, et vous n’aurez pas trop à vous faire de souci.

Certains se sont livrés à des conjectures, mais pour autant que je sache, personne n’a fourni de méthodologie valable pour calculer la date d’échéance probable. Afin d’apporter un remède à cette sérieuse lacune ès théorie de l’effondrement, j’ai essayé de développer une méthode à moi - dans un article intitulé « Le pic de l’empire » - en me basant sur la théorie de Joseph Tainter appelée « Rendements décroissants de la complexité » ou «Rendements décroissants de l’Empire ». C’est un problème parfait pour les forts en calculs différentiels, et tous les étudiants en microéconomie, qui se défoncent sur les coûts marginaux et le revenu marginal pour savoir comment se chercher du boulot dans la très bientôt défunte industrie des gaz et huiles de schiste, pourront y employer utilement leurs talents mathématiques. En attendant, voici déjà une mise à jour et une estimation réévaluées.

 

Un empire de bases militaires

 

Comme le brillant analyste Chaimlers Johnston l’a expliqué, l’empire US est un « empire des bases militaires » pas un empire de colonies. De nos jours, il n’est plus considéré comme politiquement correct d’annexer d’autres pays. En témoignent les réactions suscitées par le rattachement de la Crimée à la Russie, même si la population du pays, qui avait le droit de s’autodéterminer, a voté à 98% pour ce rattachement. Mais, si les choses s’étaient passées différemment, y implanter une base de l’OTAN aurait été jugé très acceptable. Il existe aussi quelques « territoires » US (lisez « colonies ») repris sur la liste du Rapport du Pentagone sur les Bases (ou infrastructures militaires) : les îles Samoa américaines, Guam, l’atoll Johnston, les îles Marshall, les Mariannes du Nord, Porto Rico, les îles Vierges US et les Wake. On devrait sûrement y inclure Hawaï, depuis qu’en 1993, le Congrès s’est excusé d’en avoir kidnappé la reine et illégalement annexé le territoire. Ils n’ont pas l’intention de le rendre, n’est-ce pas, mais cela ne les dérange pas de dire qu’ils regrettent, étant bien entendu qu’ils l’ont bel et bien volé. On pourrait en dire autant du Texas, de la Californie et de tout le foutu continent, si on veut être objectif. Mais ce genre de choses ne se fait plus. Plus trop.. Bien sûr, il y a eu le vol du Kosovo à la Serbie, parce qu’ils en avaient besoin pour y implanter une énorme base de l’OTAN, mais on peut dire qu’il y a eu, en  général, un changement dans la manière, qui consiste à contrôler les autres pays au moyens d’institutions économiques : le FMI, la Banque Mondiale, l’OMC, etc. On a pu constater aussi d’autres subterfuges politiques tels qu’assassinats et coups d’état, comme l’a fort bien expliqué John Perkins dans ses Confessions d’un tueur à gages économique, ou comme l’a fait, dans ses travaux, Michael Hudson. William Blum  a écrit : « Depuis la fin de la Deuxième guerre mondiale, les États-Unis d’Amérique ont :

1. Tenté de renverser plus de 50 gouvernements, dont la plupart avaient été légitimement élus.

2. Tenté de réprimer un mouvement populaire ou nationaliste dans plus de 20 pays.

3. Interféré massivement dans les élections démocratiques d’au moins 30 pays.

4. Largué des bombes sur les populations d’au moins 30 pays.

5. Tenté d’assassiner plus de 50 leaders politiques étrangers. »

Il n’y a qu’une pincée de ces ingérences – celle d’Iran en 1953, du Guatemala en 1954, du Nicaragua en 1980 et d’Ukraine en 2014 – qui soient connues du public américain.

Or, voici l’élément essentiel : toutes ces « constructions de démocraties » requièrent un grand nombre de bases militaires, éparpillées dans le monde. Et à présent que la majeure partie des forces armées est constituée de mercenaires, « ils » n’ont plus besoin de l’aval du gouvernement, juste de l’argent des contribuables. En 2003, des millions de gens ont manifesté contre la guerre d’Irak. Est-ce que ça y a fait quelque chose ?  Lors d’une marche pour la paix des années 80, le Secrétaire d’État Alexander Haig n’a-t-il pas dit « Laissez-les manifester tant qu’ils veulent, du moment qu’ils paient leurs impôts » ? Kissinger n’a-t-il pas expliqué que « Les soldats ne sont que des animaux stupides, quand il s’agit de politique étrangère » ? Et William Casey, directeur de la CIA, n’a-t-il pas avoué, par une formule restée célèbre « Nous saurons que notre programme de désinformation est au point, quand tout ce que croit le public américain sera faux. » (Propos pas du tout secrets, tenus lors de la première réunion de travail de son service en 1981.) Les USA ne cachent nullement leur volonté de dominer le monde entier, quand bien même leur comportement n’en serait pas une preuve éclatante.

 

Rapport du Pentagone sur les infrastructures militaires

C’est pourquoi maintenir l’hégémonie des États-Unis exige un « empire de bases ». Combien de bases ? Chaque année, le Pentagone publie un « Rapport sur les infrastructures militaires » où sont énumérées toutes les propriétés de l’armée US., comprenant les terrains, les bâtiments et les installations diverses. Le dernier rapport en date mentionne 4.169 bases militaires intérieures, 110 dans les « territoires » US et 576 dans des pays étrangers, ce qui fait au total 4.855. Mais le fait est qu’il en manque beaucoup. Nick Turse, du site Tom Dispatch, a calculé qu’en 2011, le nombre de bases US à l’étranger était beaucoup plus proche de 1075. Donc, beaucoup de choses n’apparaissent pas dans le Rapport du Pentagone, mais il est quand même intéressant à consulter, car, pour calculer notre estimation, nous avons surtout besoin de tendances plutôt que de chiffres précis.

L’étude des tendances exige des données stables d’année en année, et le Pentagone paraît très constant dans ce qu’il déclare dans ses rapports, comme dans ce qu’il garde secret. C’est donc une excellente source à consulter pour calculer des tendances.

Étant donné que les Américains naviguent dans l’obscurité la plus complète, zombifiés et terrifiés par les médias de masse et traumatisés par les opérations psychologiques du type 11 septembre, l’Empire devra s’effondrer tout seul sans leur aide. Mais quand va-t-il crouler de son propre chef ? Voulons-nous vraiment le savoir ? Très bien, on y va.

 

Point culminant de l’Empire (« pic » en pidgin)

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Point culminant de la superficie des infrastructures militaires US 1957-2014

 

La superficie des bases militaires US a atteint son point le plus haut (pic) en 2007, avec 129.633 km2 au total, et s’est mise à diminuer ensuite, avec une chute brutale en 2014. Cette courbe de la superficie des bases militaires suit d’assez près celle du pic pétrolier et celle de la puissance de l’empire. Je n’ai pas supersposé les courbes, mais celle-ci se rapproche assez fort de la courbe de (la théorie de) Hubbert sur le pic pétrolier. Le point essentiel est, d’après la superficie totale déclarée des bases US, que l’empire a désormais dépassé son point culminant et est actuellement en train de décliner. Notez que le pic conventionnellement admis de la production pétrolière a culminé simultanément. Libre à vous de considérer cela comme une coïncidence.

 

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Total et superficie des bases militaires US

 

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Nombre et superficie des bases militaires à l’étranger

 

Si on se réfère aux données de la période 2003-2004, on remarque un peu plus de détails, dont une chute brutale en 2014. La baisse du nombre total de bases en 2006 et 2007 a l’air d’une anomalie, mais la tendance en matière de superficie suit la théorie  du pic.

Ce qui est encore plus remarquable, c’est la diminution du nombre de bases à l’étranger et de leur superficie. Les USA ont conservé le contrôle de toutes leurs bases intérieures et de celles situées dans les « territoires » US, mais ont perdu le contrôle d’une énorme superficie, donc de bases, à l’étranger. Depuis le point culminant de leurs bases à l’étranger en 2004, les USA n’en ont plus à présent que 64% : une perte de plus d’un tiers en une décennie ! En matière de superficie, ils conservent 69% de leur superficie maximale de 2006. Ils ont donc perdu 31% de leur surface d’infrastructures militaires à l’étranger, proche, là aussi, d’un tiers. Si vous vous demandez ce qui se cache derrière ces chiffres désastreux, vous pouvez considérer qu’ils sont le résultat de notre désastreuse politique étrangère, telle que Dmitry l’a décrite dans son article « Comment déclencher une guerre et perdre un empire ». Peut-être les gens à qui nous apportons « la liberté et la démocratie » en ont-ils marre d’être occupés et assassinés. Mais, quelle que soit l’explication, la tendance est flagrante.

Mais nous n’avons toujours pas abordé la thèse pivotale de Tainter sur l’effondrement des empires. OK, faisons-le tout de suite.

 

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Pic de l’empire : Superficie/dépenses militaires $ 2008

J’ai déjà montré, en dollars constants de 2008, comment le rapport superficie militaire totale divisée par les dépenses militaires déclinait depuis 1991.

Après mise à jour en dollars constants de 2014, nous voyons que les recettes et les dépenses s’équilibrent en 2010, mais qu’en 2014, la tendance des recettes à décroître par rapport aux dépenses a recommencé.

 

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Budget militaire US et Superficie totale/dépenses militaires $ 2014

 

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Dette gouvernementale US et Superficie militaire.

Pendant ce temps, la dette nationale US, imputable pour beaucoup à ses dépenses militaires, continue de grimper à un rythme soutenu et le ratio de la surface militaire par rapport à la dette montre aujourd’hui un rendement négatif. Ce qui veut dire que l’empire a maintenant un rendement négatif de sa surface militarisée, par suite du poids de sa dette. À leurs débuts, les empires sont des entreprises massivement profitables, mais quand le bilan entre leurs revenus (retours sur investissements) et leurs dépenses gouvernementales + leurs dépenses militaires + leur dette devient négatif, cela signifie, selon la théorie de Tainter, qu’ils sont sur la voie de l’effondrement.

L’effondrement n’est pas forcément brutal. En théorie, il peut être graduel. Mais, dans le cas présent, l’économie US est fragile. Elle dépend de la finance internationale pour pouvoir continuer d’accroître sa gigantesque dette. Cela revient à dépendre de la bonne volonté des étrangers, qui, justement, n’ont pas l’air particulièrement bien disposés. Par exemple, la Russie, la Chine, l’Inde, le Brésil et l’Afrique du Sud (autrement dit les BRICS) montrent l’exemple en mettant sur pied un système bilatéral de paiement, visant à cesser d’opérer des transactions en dollars et, par là, de payer tribut aux USA. Comme jadis Rome, l’empire est attaqué sur tous les fronts par « les barbares », à ceci près que les barbares modernes sont équipés de serveurs Internet, d’ordinateurs portables et de smartphones. Et, exactement comme l’a fait jadis Rome, l’empire doit dépenser des milliards de dollars pour défendre ses frontières, en laissant se déliter son noyau intérieur, par négligence malivole.

Ajoutons que les USA ont tenté d’enrayer une panique financière par une série de mensonges et de coups tordus. La Réserve Fédérale a imprimé 1.000 milliards de (faux) $ par an, rien que pour permettre aux banques de rester solvables, tout en vendant sur l’or à découvert pour faire baisser le prix de ce métal et ainsi protéger la valeur de leur monnaie (voir Paul Craig Roberts pour les preuves). En outre, la situation de l’emploi aux USA ne s’est jamais remise de la crise financière de 2008 et les salaires n’en finissent pas de baisser depuis lors, mais le gouvernement continue à publier des statistiques économiques trafiquées pour camoufler cette réalité. Entretemps, des signes nettement visibles montrent que la police – fortement militarisée – se prépare à faire face à toute velléité de révolte ouverte.

Deux pentes savonneuses

Comme nous l’avons montré, les revenus de l’empire sont devenus négatifs : il suffit donc qu’il s’enfonce de plus en plus dans sa dette pour diminuer sa présence dans le monde d’un tiers par décennie. Il existe deux manières de sortir de cette situation : une rapide et douloureuse, une lente et encore plus douloureuse.

La voie rapide implique que les États-Unis reconnaissent la réalité de la situation et passent par pertes et profits leurs aspirations impériales, comme l’a fait l’URSS en 1989/90. Il faut bien comprendre que c’est la crainte d’une intervention militaire qui pousse la plupart des pays à plier le genou devant l’empire, c’est-à-dire à continuer de financer sa dette en achetant ses dollars bidon. Si ce mode de fonctionnement s’arrête, les impressions sauvages de la planche à billets de la FED déclencheront une hyper inflation qui fera s’écrouler le château de cartes financier sur lequel repose la faculté de dépenses US, et l’empire s’effondrera avec son économie, comme l’a fait l’URSS au début des années 1990.

La seconde option est cependant la plus vraisemblable, car elle n’implique aucun ajustement majeur (peu probables dans les deux cas). Voyez-vous, même dans son agonie, l’URSS a été un peu mieux gouvernée que ne le sont les USSA, incapables de prendre des décisions quelles qu’elles soient. Donc, cette option consiste simplement à garder le sourire, à continuer de gesticuler, à emprunter toujours plus et à dépenser jusqu’à ce que l’empire soit totalement dissout. Vu l’état actuel des choses, cela ne pourra pas prendre plus de deux décennies. Notez que cette prévision se base sur un scénario linéaire, qui ne prend pas en compte les réactions positives susceptibles d’accélérer le processus. Une réaction positive signifie que, dans un empire déjà réduit, davantage de pays pourraient oser s’émanciper de l’hégémonie du dollar et rendre ainsi d’autant plus difficile le financement de la dette impériale, et ceci à un rythme de plus en plus soutenu. Ces réactions positives n’étant pas linéaires, elles sont plus difficiles à évaluer.

Mais un moment pourrait arriver, bien avant que l’empire ait totalement disparu, où l’absence de scepticisme nécessaire pour empêcher les finances US de plonger dans l’abîme cessera d’être possible, quels que soient le volume et l’intensité des propagandes, des distorsions de marchés, des sourires de loup dans la bergerie des représentants US à l’étranger ou de leurs gesticulations devant les caméras des télévisions nationales. Nous avons donc deux hypothèses. La première est objective et se fonde sur les données fournies par le gouvernement US lui-même : deux décennies ou moins. Mais nous ne manquons pas de matière pour échafauder une seconde hypothèse, subjective, soit n’importe quand entre ce soir et dans deux décennies ou moins.

En vous basant sur les estimations présentes, il vous est loisible d’être aussi objectif ou subjectif que vous voulez. Mais, si votre faveur va à la « version longue » supposant la domination continuée du dollar et si votre horizon va au-delà de 2034 (ou moins), il y a une forte chance pour que vous soyez stupide. De même, si vous pensez que l’OTAN va venir à votre secours dans plus d’une décennie, reconsidérez tout de suite votre politique de « défense », parce que l’OTAN cessera d’être opérationnel en même temps que l’empire US. Récemment, le président Obama a dispensé ce qui, venant de lui, ressemblait à un ordre avisé : « Ne faites pas de conneries. » Vous pourriez essayer d’obéir à cet ordre et je suis là pour essayer de vous y aider.

Sources / http://cluborlov.blogspot.be/2014/10/peak-empire-take-two...

Traduction c.l. pour Les Grosses Orchades.

Voir aussi, du même auteur  :

http://www.les-crises.fr/les-cinq-stades-de-l-effondrement/

Un entretien avec D. Orlov sur Le Sauvage (3 septembre 2014)

http://www.lesauvage.org/2014/09/un-entretien-avec-dmitry...

 

10. dmitry orlov.jpgDmitry Orlov, né à Léningrad en 1962, émigré aux États-Unis à l’âge de 12 ans, est un ingénieur qui écrit sur le déclin économique, écologique et politique des États-Unis et sur leur effondrement potentiel. Par ses multiples visites dans son pays natal à la fin des années 1980 et au début des années 1990, il a été témoin de l'effondrement de l‘URSS. En 2005 et 2006, il a écrit plusieurs articles comparant l'effondrement non-préparé des États-Unis et de l'URSS, sur des sites internet liés au pic pétrolier. Il s’exprime couramment sur ses deux blogs, l’un en anglais, http://cluborlov.blogspot.com/, l’autre en français, http://www.orbite.info/traductions/dmitry_orlov/ .

Il est l’auteur de plusieurs ouvrages, dont un traduit en français.

Dmitry Orlov et son épouse ont bazardé leur maison, vivent désormais sur un bateau équipé de panneaux solaires, le Hogfish (c’est notre en-tête d’aujourd’hui), et ne se déplacent plus sur terre qu’à bicyclette.

(Pour les curieux : Un hogfish est un poisson-porc, qui s’appelle ainsi parce que la tête du mâle ressemble à un groin de cochon.)

 

*

Des histoires de « budget », de « dette » et de  « PIB », il y en a partout. En France, par exemple :

 Budget 2015 : Kollasmosoma Sentum…

Georges Stanechy – À contre courant

4 novembre 2014

« Le système économique ne s’autorégule pas et, s’il n’est pas orienté, il sera incapable de transformer notre pauvreté actuelle en abondance possible. »
J. M. Keynes (1
)

 

11. bankster-mamalinga.jpeg

Imprononçable !

"Kollasmosoma sentum"…

Nom d’une "nouvelle guêpe" dont l’envergure ne dépasse pas 2 millimètres. Découverte en 2010, en Espagne dans la province de Grenade, puis dans les environs de Madrid.

Dans leurs travaux quotidiens, les spécialistes la dénomment en abrégé : "K. Sentum". L’inscrivant en 2012, telle une nouvelle étoile, dans le classement officiel des 10 nouvelles espèces de notre planète par l’Institut International spécialisé dans la recherche d’espèces nouvelles de l’Université de l’Arizona (Arizona State UniversityInternational Institute for Species Exploration).

Lire la suite…

 

Source : http://stanechy.over-blog.com/2014/11/budget-2015-kollasm...

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Il paraît que cela porte bonheur…

 

 

 

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Où Voltaire en prend pour son  grade :

Offensive contre le Code du Travail : nous sommes en 1775...

Rosa LLORENS

Le Grand Soir – 4 novembre 2014

 

12. Braudel.jpgDans Le Monde Diplomatique de novembre, Gilles Balbastre, co-auteur des Nouveaux Chiens de garde, en 2012, revient sur les attaques contre "la rigidité du Code du Travail" et les initiatives, de droite comme de "gauche", pour le détricoter, qui se succèdent depuis 1980. Mais il faut remonter plus loin.

La France a déjà connu une période d’offensive massive, de la part des élites, économiques et médiatico-intellectuelles, contre toute forme de réglementation de l’économie et du travail : c’était au XVIIIème siècle, et les publicistes libéraux d’alors s’auto-proclamaient "Philosophes" (selon la logique bien connue du TINA :

la Raison veut qu’on déréglemente...). Ce terme mystificateur, les programmes de lettres de l’Education Nationale prennent bien garde de l’éclairer. Pourtant, cette "Philosophie" a, au XVIIIème siècle, un sens très précis : elle désigne la théorie libérale anglaise (cf cette œuvre de Voltaire au curieux titre double : Les Lettres Philosophiques OU Lettres Anglaises, de 1734), dont on aime à retenir le volet politique (attaques contre l’absolutisme, contre le pouvoir de l’Église), mais dont on oublie le volet principal, ou plutôt le socle, le libéralisme économique.

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Source : http://www.legrandsoir.info/offensive-contre-le-code-du-t...

 

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Et qui ne voudrait retrouver Jean Ziegler, en chair, en os et en verbe, sur un sujet pareil :

 

Malthus et Ricardo : l’origine du fantasme oligarchique de la dépopulation mondiale

Dalil Agar – Cercle des Volontaires

6 novembre 2014

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La chaîne ARTE diffuse, jusqu’à début novembre une série documentaire sur le capitalisme dont nous avions déjà évoqué les deux premiers épisodes dans un précédent article. Les épisodes 3 & 4 sont disponibles en replay jusqu’au 16 décembre 2014. Le troisième épisode est consacré à la pensée de deux économistes du 19ème siècle : Thomas Malthus et David Ricardo.

Lire la suite…

Source : http://www.cercledesvolontaires.fr/2014/11/06/malthus-ric...

 

 

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Dernière minute :

 

« Quand deux pauvres s’entraident, le Bon Dieu rit » dit un vieux proverbe liégeois. Ceux-là n’ont pas le même. Lequel rit ? Les deux ? Pour les humains, ça va, merci.

 

Le Venezuela accueille 119 étudiants palestiniens

Réseau International– 8 novembre 2014

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 119 étudiants palestiniens viennent d’arriver au Venezuela en tant que boursiers du “programme Yasser Arafat 2014” pour y suivre des études de Médecine Intégrale Communautaire à l’École Latino-américaine de Médecine “Dr. Salvador Allende”(ELAM). Pour l’heure près de 50 mille jeunes vénézuéliens et latino-américains se forment en médecine intégrale communautaire à l’ELAM, parmi lesquels 17 mille sont déjà diplômés, 20 mille sont en cours de formation et 18 mille en phase préparatoire.

Le président Maduro, qui a accueilli les étudiants durant la remise de 114 logements publics à des secteurs populaires de Petare (État de Miranda), a confirmé que les programmes de bourses d’études pour les jeunes palestiniens vont être multipliés dans tous les domaines de la connaissance, et que les divers ministères et institutions concernés travaillent en ce sens. “L’objectif du gouvernement bolivarien est d’offrir des bourses d’études à un millier de jeunes palestinien(ne)s. Ici se trouve le futur de la Palestine (…). La Palestine ne s’est pas laissée anéantir, elle a refusé de mourir, elle a résisté, elle vivra et elle vaincra, nous en sommes certains (…) Aujourd’hui, la Palestine s’est inscrite dans le coeur du Venezuela, nous avons beaucoup d’admiration pour le peuple palestinien et ceci est un modeste pas pour dire qu’il est possible de concrétiser la solidarité”.

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Le président bolivarien a reçu l’olivier de nacre réalisé par des artisans palestiniens de Bethléem. “Nous apportons la bénédiction de la Terre Sainte de Bethléem au Venezuéla de la part de notre président Mahmoud Abbas” a déclaré l’ambassadrice de Palestine au Venezuela, Linda Sobeh Ali (photo ci-dessus), qui a également remis à Nicolas Maduro le drapeau de l’État palestinien : “nous vous remettons le drapeau de notre pays parce que nous savons que vous en prendrez soin de la même manière que le fera le peuple vénézuélien.”

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Source: VenezuelaInfos

Via : http://reseauinternational.net/venezuela-accueille-119-et...

http://voiebolivarienne.wordpress.com/2014/11/07/le-venez...

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14. N.Y. in ruins LIVRES.JPG

 

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Dmitry ORLOV

Absolument positif

Format Kindle 400 KB

Version imprimée : 174 pages

 

 

Du même auteur, en anglais :

 

  • Reinventing Collapse : The Soviet Example and American Prospects, New Society Publishers,‎ 2008 
  • Absolutely Positive, Dmitry Orlov,‎ 2012, 138 p.
  • The Five Stages of Collapse : Survivors' Toolkit, New Society Publishers,‎ 2013, 288 p.

 

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 Edward GIBBON

Histoire du déclin et de la chute de l'empire romain -Tome I : Rome de 96 à 582

Paris, Robert Laffon, 2010

Collection Bouquins – 1187 pages

 

 

 

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Lucien JERPHAGNON

Histoire de la Rome antique: Les armes et les mots

Poche « Pluriel » - 2010

620 pages

 

 

 

 

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Saïd BOUAMAMA

Figures de la Révolution africaine – De Kenyatta à Sankara

Zones – 2014 – 224 pages

Format Kindle 962 KB

 

 

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Une fois n’est pas coutume :

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Musique

Un site que nous aimons et qui pourrait vous réserver d’agréables surprises :

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C’est là :

http://jmomusique.skynetblogs.be/archive/2014/11/05/thoma...

 

 

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Mis en ligne le 8 novembre 2014.

 

 

 

 

 

19:15 Écrit par Theroigne dans Actualité, Général, Loisirs, Musique, Web | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook |

05/11/2014

Qui prétend que Nadine de Rothschild n’a jamais servi à rien ?

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Qui prétend que Nadine de Rothschild n’a jamais servi à rien ?

Elle fait même des émules…

Vous souvenez-vous de quand le Palais Royal et l’Avenue de l’Opéra sont devenus japonais ? De quand Trafalgar Square et le West End sont passés aux mains des émirs du Golfe ? Eh bien, c’est le tour de Manhattan et de Miami de devenir propriété d’oligarques russes.

Ce que vous ne savez peut-être pas, c’est que ces milliardaires en biens mal acquis ont des filles, qui se lancent, elles, principalement, dans le business de l’art et s’achètent des pied-à-terre new-yorkais de 88 millions de dollars comme vous vous payez une toile aux Champs le samedi soir.

Ces oligarchettes parvenues, même pas trentenaires, ont presque toutes fait leurs études « à l’Ouest » et veulent aussi y jouer leur rôle d’« élite » (Eleanor Roosevelt n’est pas loin). Une d’entre elles s’est même mise à théoriser sur la manière de régenter ses domestiques, et ce n’est pas triste.

Visite guidée.

Baibakova (Maria), 29 ans, fille d’Oleg Baibakov, magnat du métal devenu milliardaire en deux (mettons trois) coups de cuillère à pot sous Eltsine, aujourd’hui « diversifié » dans l’immobilier international.

Elle a fait ses études supérieures à Harvard, à Barnard, et quand elle s’est mise à l’art (moderne !), elle a fait des stages chez Sotheby‘s, à la Mike Weiss Gallery de Chelsea et s’est même payé un master’s degree au Courtauld Institute of Art, toujours de Londres, qu’elle décrit comme « une académie de gauche très anti-marché ». Elle se défend d’être une fille-à-papa élevée au caviar et rappelle même volontiers avoir fait une fois, quand elle avait trois ans, la queue pour du pain avec sa mère. Les deux orphelines de La porteuse de pain, Merci pour ce moment ne sont rien en comparaison, c’était sous Gorbatchev. Heureusement, papa a su assez vite mettre la main sur Norilsk Nickel, un gigantesque complexe métallurgique du nord de la Sibérie, construit par les esclaves du goulag, et envoyer femme et fille – de dix ans – résider dans le New Jersey.

À peine terminées ses études d’art, Maria, par le biais d’une société qu’elle a fondée, « Baibakov Art Project », s’est acheté, fin 2008, une ancienne chocolaterie moscovite, dont elle a fait un « espace d’art à but non lucratif » (voir Arundhati Roy pour les explications techniques), et l’a baptisé Octobre rouge (où y’a de la gêne…). Elle y a aussitôt organisé quelques expositions tape-à-l’œil, qui ont fait écrire au New Yorker que si quelqu’un devait devenir un jour la Peggy Guggenheim de Russie, ce serait Baibakova.

De ce tremplin, l’héritière-mécène s’est diversifiée dans le business artistique, pour le coup plutôt lucratif, tous azimuts. C’est ainsi que c’est par une indiscrétion de http://baibakovartprojects.wordpress.com/ qu’on a su qu’à la FIAC de Moscou, qui s’appelle COSMOSCOW, a été vendu, fin septembre, par la galerie Michael Werner de New York et Londres, « à un collectionneur russe dont le nom n’a pas été divulgué », le Portemanteau aux coquilles d’oeufs, de l’artiste belge Marcel Broodthaers, pour la somme de 2 millions de dollars,  S’il n’était mort en 1976, Broodthaers serait épaté lui-même de la vogue post mortem de ses fines plaisanteries.

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Broodthaers : Portemanteau aux coquilles de moules.

 

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Son œuvre la plus célèbre : Casserole de moules rouge.

 

Ah oui : Maria siège aussi aux conseils d’administration du Lincoln Center, de la Tate, du Guggenheim et de son alma mater, Barnard. Elle a collecté des fonds pour contribuer à l'élection de Barak Obama et fait partie évidemment, dans son  pays d'origine, du peloton de tête des «résistants à la tyrannie de Vladimir Poutine». Elle est à la tête de cinq résidences (elle dit trois par modestie) - à New York, Londres, Moscou, Cannes et Miami – où elle s’escrime à diriger une « armée » de domestiques (entre 50 et 60), dont vous n’imaginez pas les soucis qu’elle lui donne. Altruiste, la nouvelle Peggy Gugenheim-Nadine de Rothschild a tenu à faire profiter les autres maîtresses de maison de son savoir-faire. Mais – attention ! - en s’adressant uniquement « aux femmes qui travaillent, pas aux ménagères lambda ».

 

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Elle a résumé tout cela dans un article de 2000 mots, qui a paru le 29 septembre dans le Tatlers en russe (oui, ça existe), article qui a fait et qui fait encore des vagues chez les légions d’aspirants milliardaires de l’Internet russe et qui commence, grâce à Buzzfeed, à en faire sur l’Internet U.S.

 

Treize tuyaux sur la manière de bien diriger sa domesticité.

par Maria Baibakova – The Tatler’s de Moscou29.9.2014

(Pour la manière de bien voler ses maîtres, la valetaille se reportera aux conseils de feu M. Jonathan Swift)

5. Maria.jpg

    ● Ne leur permettez pas de s’asseoir à la table du dîner

● Pour les diriger, assurez-vous les services d’un maître d’hôtel hors de prix (200.000 $ par an minimum).

●  Ne les laissez pas porter des vêtements de couturiers.

●  Il vaut mieux qu’ils aient une porte d’entrée séparée.

●  N’engagez pas de Philippines.

● … pour résumer : faites en sorte qu’ils sachent se tenir à leur place.

 

1. – Procurez-vous une dizaine de catégories de domestiques.

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La bonne tenue d’une maison repose sur des administrateurs, des gouvernantes, des cuisiniers (ou cuisinières), des agents de sécurité, des jardiniers, des chauffeurs, des nounous, des préposé(e)s à l’entretien, des organisateurs de soirées, et des responsables de votre garde-robe. (Ma camériste gère ma garde-robe sur Pinterest, parce que je vis dans trois foyers différents).

 

2. – Engagez un maître d’hôtel à 200.000 $ par an pour les diriger tous.

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Si vous n’avez pas de maître d’hôtel, il vous faudra faire vous-même tout ce qu’ils font d’habitude. Quand vous aurez vécu cette expérience, vous ne vous demanderez plus pourquoi ce genre de spécialiste est si bien payé. Soit dit en passant, si vous avez une entrée principale et une entrée de service, comme c’est le cas dans toute maisonnée importante qui se respecte, les deux seuls membres de votre personnel qui aient le droit de passer par la porte principale sont le maître d’hôtel et la gouvernante.

 

3. – Instaurez un code déontologique pour diriger votre « armée » de serviteurs.

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La véritable direction d’une maisonnée doit toujours obéir à une étiquette, d’une part parce que c’est efficace et confortable, d’autre part parce qu’il ne faut pas que cela empiète sur vos prérogatives et qu’il ne faut pas non plus que cela rende les choses difficiles pour personne. L’étiquette est l’arme d’une maîtresse de maison expérimentée et la domesticité est son armée.

 

4. – N’engagez surtout pas de Philippines. Ce serait une grossière erreur.

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C’est, j’en suis sûre, la chose à ne pas faire. Nous avons tendance à oublier trop facilement que, bien qu’ils ne parlent pas russe, ils ne sont quand même ni sourds, ni sots ni aveugles. Ils comprennent tout et sont particulièrement à l’écoute de mes disputes avec mon mari ou mes amies. Et leur incapacité à s’exprimer dans votre langue veut dire que vous devrez leur servir de bonniche ou de traductrice. Par exemple, une Philippine n’ira pas,  elle-même, s’acheter des provisions de bouche au magasin. C’est votre chauffeur qui devra y aller pour elle et les mettre dans son frigo. Et c’est vous-même qui devrez décrire ses fréquentes migraines au docteur.

 

5. – Débarrassez-vous des domestiques indésirables de façon aussi expéditive que possible.

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Puisqu’on parle de licencier : la chose doit être faite sans tarder, par une expression claire des raisons du renvoi, sans excuses ni larmes, en se conformant aux lois et contrats en vigueur (en payant deux semaines de salaire par exemple), et – ceci est important – en présence de témoins. Attention : le ou les témoins doivent être du même sexe que la personne licenciée. C’est ainsi que les connotations sexuelles sont légalement exclues du processus dans certains pays.

 

6. – Si vous licenciez différemment (de la mauvaise manière), assurez-vous que ceux que vous renvoyez ne sont pas sans papiers.

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Une famille arabe aisée de Londres a engagé une servante indonésienne. Elle a travaillé pour eux pendant quinze ans et les a volés tout le temps. Ils l’ont virée sur le champ mais pas de la bonne manière : sans témoins, par une conversation avec la maîtresse de maison. L’Indonésienne les a poursuivis en justice, ce qui a fort compliqué les choses pour eux, parce que l’ex-servante avait été engagée illégalement. La famille arabe a dû trouver des moyens de se justifier quand la Cour  a voulu savoir s’ils lui avaient bien pris son passeport et l’avaient gardée toutes ces années à Londres contre son gré, comme elle le prétendait. Comment pouvez-vous poursuivre – et commencer par trouver - une femme de chambre moldave qui vous a dérobé les boucles d’oreilles en diamants de votre grand-mère ? Comment pouvez-vous, en Amérique, poursuivre une nounou russe qui menace de vous dénoncer parce que vous engagez des illégaux ?

 

7 – Si vous avez accusé à tort une domestique de vous avoir volée, excusez-vous pour la forme.

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Si vous vous rendez compte que vous avez mal traité votre personnel, disons en accusant votre bonne de choses terribles (puis retrouvé les cuillères que vous croyiez qu’elle avait volées), vous pouvez et devez vous excuser.Mais ne versez pas de larmes de repentir sur son épaule - « Ah, Olenka, pardonnez-moi pour l’amour de Dieu ! » -. Dites plutôt : « Olga, il y a eu un malentendu. Je vous prie de m’en excuser. » Point barre.

 

8 – Ne traitez pas vos domestiques comme des membres de votre famille.

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Maria ici en compagnie de la mezzo-soprano Margarita Zimmerman, aujourd'hui gouvernante chez les Vuitton.

Rien de bon n’en sortira jamais. En faisant cela, vous perdez une bonne servante et vous ne gagnez ni une sœur ni une amie. Et cela, bien que la tentation soit grande, parfois, de faire de votre soubrette une confidente ou une sorte de parente pauvre mais gentille.

 

9 – Vos domestiques ne sont pas dignes de votre colère.

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Ce n’est pas seulement parce que ce n’est pas éthique (bien que ce le soit, évidemment), c’est que nous ne devons exprimer nos plus fortes émotions qu’en présence de nos égaux. Si vous réagissez trop violemment à un grain de poussière sur le pied d’un verre en Baccara, bien sûr, un peu plus tard, votre conscience vous le reprochera. De là à capituler, il n’y a qu’un pas. Et vous voilà en train de pleurer dans les bras l’une de l’autre, et votre servante devient presque une amie, mais personne ne sait toujours comment bien essuyer la poussière sur les verres.

 

10 – Ne laissez pas vos domestiques s’asseoir avec vous à la table du dîner.

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La seule personne qui doive être autorisée à s’asseoir à table avec vous est le précepteur de votre fils. Un garçon doit être élevé par un homme et, à l’évidence, il faut qu’il le respecte, sinon il ne l’écoutera pas. Si votre fils ne sent pas que vous respectez son maître, il vous sera impossible de l’exiger de lui. Cette règle ne s’applique pas à la femme qui élève votre fille.

 

11 – Ne laissez pas votre servante porter vos toilettes de grands couturiers : elle oubliera qui est la patronne.

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Qu’y a-t-il de mal à cela ? penserez-vous. Vos pantalons Prada sont vieux de deux saisons et Lusya serait si contente de les avoir. À première vue, ceci paraît logique, mais en fait, vous avez franchi une ligne qu’il ne fallait pas franchir. Votre servante se déplace dans votre maison, seule, dans vos vêtements ? Il vous faudra faire un effort pour vous rappeler qui commande. Vous pouvez faire une exception pour une nounou qui a travaillé des années pour vous et qui a une fille. Si sa fille fait un malheur au bal de son collège avec vos vieilles Louboutin, pas de problème. L’essentiel est que ça ne se passe pas dans votre maison.

 

12 – Ne fréquentez pas vos domestiques. Il faut qu’ils sachent où est leur place.

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Le soir, vous éprouvez le désir insurmontable de partager les petits événements du jour avec votre servante… vous lui envoyez des textos de votre yacht pour lui dire à quel poin,t votre belle-mère vous tape sur les nerfs… ou quand vous revenez de la Semaine de la Mode, vous ne pouvez vous empêcher de lui raconter que Riccardo Tucci vient une fois de plus d’épater tout le monde… À force de recevoir tant de confidences à faire tourner la tête, votre servante finira par avoir l’impression qu’elle fait partie de votre monde et pas du sien. Dans ce monde, prendre les poussières et aspirer les tapis est impensable.

 

13 – Apprenez à tout faire vous-même. Ainsi, vos domestiques ne pourront pas vous soumettre au chantage en menaçant de vous quitter.

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Vous ne savez pas quoi utiliser pour nettoyer le four, comment faire le lit, comment servir à table. Pour que cela n’arrive pas, apprenez à tout faire vous-même. Ainsi, vous ne vous sentirez pas perdue, si une de vos servantes s’essaie au chantage en menaçant de s’en aller.

Traduction c.l. pour Les Grosses Orchades

 

*

Moralité : Si vous envoyez vos enfants dans des écoles chic et chères où s’éduquent les milliardaires, vous risquez de ne pas en avoir pour votre argent.

*

Devant le tollé qu’elle a soulevé Outre-Atlantique, l’imprudente a dû s’excuser. Ce qu’elle a fait sans élégance excessive en chargeant la barque de ses traducteurs : « Je suis horrifiée de voir ce que sont devenus mes propos en anglais». Ceux qui les ont lus en russe disent que, dans la langue d’origine, c’est pire…

 Brèves de comptoir Internet à l’américaine :

1.  Pourquoi est-ce qu’en lisant ça, je pense à Robespierre ?

2. Il faudrait qu’on reprenne toute son éducation à zéro, qu’on lui fasse faire un stage comme servante.

3. Pour quoi faire ? Filez-lui 3 mètres de corde et une chaise. Pas besoin de l’éduquer pour ça !

4. Voilà un museau qui cherche une brique.

5. Une balle dans la tête à cette garce !

6. Quand elle se fera mitrailler au fond d’une cave, il y en aura encore qui se demanderont pourquoi.

7. Il est où, Lénine, quand on a besoin de lui ?!

8. Et les bolcheviques, où ils sont passés ?

9. Elle en a oublié un : 14. – S’ils se plaignent de ne pas avoir assez de pain, qu’ils bouffent du gâteau !

Etc. etc. Bien sûr, il y en a une aussi qui dit :

10. Je la comprends. C’est vrai que du personnel de maison, ça se dirige comme une société. Moi, si j’étais à leur place, j’aimerais être dirigée de cette façon-là. Au moins, on sait où on va.

On trouve de tout sur Internet.

 

*

Au club de l’élite spatiale

(suite en quelque sorte)

Il y a un mois d’ici, le New York Times a publié une caricature, qui tournait en dérision le programme spatial de l’Inde, dont la navette Mars Orbiter Mission, venait d’être capturée avec succès par la gravité de la planète rouge.

 

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Les habitants de ce troisième membre des BRICS ont estimé, non sans raison, que le petit mickey du New York Times était ouvertement raciste. Au point que le canard US a dû s’en excuser. (Sur sa page Facebook, il ne faut pas exagérer.)

Or, voici que le 30 octobre – mardi dernier – est arrivée, au décollage de la fusée US Antarès, la mésaventure que l’on sait.

Et l’Hindustani Times a pu déguster, même pas froid, le plat délicieux de la vengeance :

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Ce n’est pas très charitable de se moquer des malheurs des autres, mais personne ne prétend l’être :

NASA - Un petit pas avec l’Ukraine, un grand pas vers la catastrophe.

 

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Ce qui devait arriver est arrivé. Après des années de coopération dans les technologies de l’Espace, la NASA s’est retrouvée, à cause des sanctions, contrainte du jour au lendemain de se passer de la Fédération de Russie. L’heure est à la recherche de moyens de ne plus dépendre de « l’ennemi ». Or, pour ce qui concerne l’espace, plus que partout ailleurs, la dépendance est énorme, et apparemment, les décideurs de Wasgington n’en ont pas réellement conscience.

 

22. NASA trampoline.jpg

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Source : http://reseauinternational.net/nasa-petit-pas-lukraine-gr...

*

À part ça…

5e colonnes

ou

Pendant les guerres, les petites magouilles de l’Empire continuent

En Russie

Nous sommes abonnés – personne n’est parfait – à une lettre d’information qui se dit anarchiste. Hier,  nous avons, de Pologne, reçu cet émile :

 

L’aube de la liberté ?

 

Le 30 octobre, Jour des Prisonniers Politiques en Russie, six personnes se sont rendues place Loubianka, à Moscou. Elles ont déroulé une grande banderole qui disait « Liberté pour les prisonniers politiques » et ont scandé des slogans tels que « Nous voulons une Russie sans Poutine ! », « Longue vie à Maidan ! », « Russie prison du Peuple ! » et «  À mort l’empire fasciste de Poutine ! ».

 

Personne n’a été arrêté. Peut-être est-ce la raison pour laquelle www.grani.ru a donné à la manifestation le titre d’Aube de la liberté. Je ne suis pas aussi optimiste, à moins que le visage  bouffi de Poutine, ces temps derniers, ne soit la conséquence d’un traitement contre le cancer qui ne lui laisserait plus que quelques années à vivre.

 

Vidéo de la manifestation : http://grani.ru/Politics/Russia/activism/m.234537.html
1er novembre 2014

Kuba Waskowski

 

Des anars à gages à c’t’heure ? On n’arrête pas le progrès.

Mais « six personnes » pour une manif… on dirait que les fonds baissent.

Quant aux deux pandores moscovites, ce n’est pas à Sivens qu’on verrait des mollassons pareils.

 

*

 Restons dans les parages :


Voici pourquoi les Russes veulent réglementer sévèrement les ONG étrangères

Jeudi 30 octobre 2014 – Vineyard of the Saker

Qu’est-ce que vous dites de cette « surveillance » des droits humains ?

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« Une nouvelle tyrannie s’installe. Signez pour prendre position contre la politique répressive de PoutineHuman Rights Watch.»

Le fait est que les organisations occidentales de droits de l’homme sont au-delà du mépris. Certaines ne sont rien d’autre que des instruments politiques aux mains de l’Empire (Human Rights Watch), certaines grouillent d’espions occidentaux (Médecins sans frontières, les contrôleurs de l’OSCE), certaines sont dirigées par de cyniques bureaucrates, qui se servent de jeunes délégués idéalistes comme chair à canon (La Croix Rouge), certaines sont utilisées, à ses propres fins, par le big business (Greenpeace), alors que d’autres ne sont que des instruments quasi officiels de la CIA (NED, Freedom House, Open Society Foundation, etc.).

Ce qu’il y a de drôle ici, c’est que la photo n’a pas été prise en Russie, mais en Ukraine, et que les flics anti-émeute qu’on y voit portent des insignes d’unités du régime de Kiev. Mais qui s’en préoccupe de toute façon ? Ce n’est pas comme si « la vérité » était un sujet qui intéresse Human Rights Watch.

Le Saker

Traduction cl, pour Les Grosses Orchades

Source : http://vineyardsaker.blogspot.be/2014/10/this-is-why-russ...

*

Au Brésil

Manifestation anti-Roussef à Sao Paulo

 

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Aux cris de « Dilma dehors », quelque 2.500 personnes ont manifesté samedi à Sao Paulo pour exiger le départ de la présidente Dilma Rousseff, réélue dimanche dernier pour un second mandat, a constaté l’AFP.

Les manifestants brandissaient de grandes pancartes contestant la transparence du scrutin, critiquant les politiques du gouvernement et jugeant « corrompu » et « voleur » le Parti des travailleurs (PT) au pouvoir ainsi que l’ancien président Luiz Inacio Lula da Silva, auquel Mme Rousseff a succédé.

Munis de drapeaux brésiliens, certains d’entre eux criaient des slogans contre Cuba ou agitaient des pancartes « contre le communisme ». D’autres demandaient même une « intervention de l’armée maintenant ». « Ce n’est pas la même chose qu’un coup d’Etat. Avec une intervention, les militaires mettraient de l’ordre », déclarait Carlos Cabala, un entrepreneur âgé de 50 ans.

« Nous demandons l’impeachment (destitution) de Dilma, nous sommes ici pour montrer notre rejet du PT », a expliqué à l’AFP Maria Lucia Monteiro, 61 ans, professeur.

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Vidéo :

 http://rt.com/in-motion/201643-brazil-election-protest-ro...

Sources :

http://reunion.orange.fr/news/monde/bresil-des-manifestan...

http://rt.com/in-motion/201643-brazil-election-protest-ro...

 

Comme pour Ahmadinejad et Poutine, comme pour Maduro.

Bref, que du courant.

Il est vrai que le Brésil maintenu dans les BRICS ne doit pas donner à Washington l’envie de beaucoup rire.

 

*

On n’ose pas s’en réjouir tant ils vont le payer cher :

La troisième Intifada a commencé

 

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Les médias occidentaux osent à peine prononcer le mot, les «Israéliens» le nient obstinément, les Arabes l’ignorent, mais les faits sont là : la troisième intifada palestinienne, celle d’al-Qods, a déjà commencé.

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Source : http://reseauinternational.net/troisieme-intifada-eclate-al-qods/

*

Les lanceurs de pierre palestiniens risquent d’encourir 20 ans de prison en Israël

 

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Un jeune Palestinien lance une pierre lors d’une manifestation de protestation contre le vol de terres palestiniennes du village d’An Nabi Saleh pour agrandir la colonie sioniste de Hallamish (en arrière-plan).

 

04.10.2014 – Dimanche, le cabinet israélien a approuvé un amendement au code pénal israélien pour permettre que des sanctions plus sévères soient prises contre les Palestiniens accusés d’être impliqués dans des jets de pierre contre des cibles israéliennes.

Les nouvelles sections, qui seront ajoutées au code pénal israélien, permettront d’imposer une condamnation allant jusqu’à 20 ans de prison pour ceux qui seront accusés de jets de pierre ou autres objets sur des véhicules israéliens.

Lire la suite…

Source : http://reseauinternational.net/les-lanceurs-pierre-palest...

*

À propos des récentes élections de Kiev, dont nous n’avons pas à nous gausser, elles valent bien les nôtres.

Coup de gueule

des Grosses Orchades

 

Vu que même les internautes US se mettent à invoquer Robespierre, parlons-en, tiens, puisqu’aussi bien M. Philippe Grasset vient de le faire sur dedefensa.org, avec un article intitulé « La nouvelle RADA de Kiev, une foule de petits Robespierre camouflés » sans que personne saute au plafond devant tant d’ignorance, d’inconscience et d’irresponsabilité (quand on se pique d’informer les foules en leur parlant politique, un minimum de connaissances de base et de probité intellectuelle s’impose).

Or, non seulement personne – nous voulons dire aucun site – n’a réagi avec indignation, mais nombreux – hélas très nombreux - sont ceux qui ont reproduit l’insanité la bouche en cœur, sans sourciller. Entre autres :

niooze.fr

seenthis.net

scoop.it  (c.àd. koter, la gazette des étudiants de Louvain-la- Neuve, nos futures élites belgeoises. Joie ! Joie ! Pleurs de Joie !)

gagarinetimes.ch

oulala.net

praxion.org

zorgol.fr

réseaudepresse altermondialiste

le citoyen.org (front de « gauche » ?)

le blogue noir de Brocéliande, etc. etc. etc.

plus, hélas, Le Saker francophone

Un jour, on leur rebalancera Mein Kampf, et ils le feront avaler, fiers comme des petits bancs.

C’est à eux que ce coup de gueule s’adresse.

Que vous soyez ignares au-delà du supportable ne vous autorise pas, Messieurs les censeurs bien-pensants à la file indienne, à vous essuyer les pieds sur la figure du plus grand homme d’État de l’histoire – resté seul jusqu’à Fidel Castro, et seulement rejoint, non dépassé, par lui. Qui êtes-vous pour ériger votre ignorance crasse en étalon-or de ce qu’il convient de penser de ceux qui ont donné leur vie pour que vous soyez moins nuls. Est-ce leur faute s’ils ont raté leur coup ? On ne fait pas ce genre de choses in vitro. On les fait au milieu d’une foule – là pour le coup – de cellules cancéreuses voraces, vos semblables, vos frères (ou sœurs, soyons transgenre, c’est la mode).

Que le lynchage actuel de Vladimir Poutine par la tourbe du monde ne soit rien, mais alors vraiment RIEN, comparé au lynchage de Robespierre, qui dure depuis plus de deux siècles, car il a commencé de son vivant, ne frappe en rien votre manque absolu d’imagination et de conscience. Non, Robespierre-Poutine-même-combat, l’histoire-qui-se-répète et de façon si hallucinante, ne vous dit absolument rien. Curieux, non ? Vous ne voyez pas le rapport…

Nous avons fait part aussi poliment que possible à M. Grasset de notre surprise d’un tel faux-pas venant de lui. Pour bien faire, il devrait s’excuser. (La petite Baibakova l’a bien fait, elle, même si uniquement pour la forme et du bout des dents.) Car la vérité historique n’est pas seulement révolutionnaire, elle EST. Il n’est tout simplement plus acceptable qu’elle soit, à notre époque, ignorée à ce point-là. Il l’est encore moins que quiconque se permette de la piétiner, car c’est une agression meurtrière envers tous les humiliés et les offensés, quels et où qu’ils soient.

Nous ne dirons rien des Vendéens d’opérette qui n’en finissent pas, ne sachant quoi faire de leur cerveau reptilien, de geindre sur leur Shoah bicentenaire. Quand Dieudonné en aura fini avec l’autre, peut-être voudra-t-il s’y coller. Après tout, il est breton. Même si naître à Fontenay vous rapproche plus de Léautaud que de Charrette.

Bravo en tout cas au Cercle des Volontaires, au Grand Soir, à Moadab, à Réseau International, à Sayed7Asan, à Serge Uleski et à ceux qui se sont abstenus de tremper dans cette mauvaise action, preuve qu’ils regardent où ils mettent les pieds et qu’ils réfléchissent à ce qu’ils font !

Pour ce qui est du Saker Francophone, il faut bien sûr continuer d’y lire les traductions du Saker… et trier sérieusement le reste. Après tout, le libre examen n’a pas été inventé pour les chiens. TRIER, donc, car il est inadmissible d’utiliser, derrière son dos, la caution morale du Saker, pour faire passer des notions indéfendables dont il n’a même pas connaissance, qui seraient pardonnables venant de lui, étant données les distances géographiques et autres, mais dont il se garde bien, justement.

En attendant que vous ayez les couilles de faire enfin à Robespierre le procès qu’il n’a jamais eu – pas une farce à la Hossein : en vrai ! – jetez un œil à votre portrait et essayez de nous étonner en faisant votre examen de conscience ou votre autocritique, selon vos goûts respectifs.

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En-dehors de ces deux camps, et les tenant tous deux en respect, se dressait un homme, Robespierre.

Au-dessous se courbaient l’épouvante, qui peut êre noble, et la peur, qui est basse. Sous les passions, sous les héroïsmes, sous les dévouements, sous les rages, la morne cohue des anonymes. Les bas-fonds de l’Assemblée s’appelaient la Plaine. Il y avait là tout ce qui flotte ; les hommes qui doutent, qui hésitent, qui reculent, qui ajournent, qui épient, chacun craignant quelqu’un. La Montagne, c’était une élite, la Gironde, c’était une élite ; la Plaine, c’était la foule. La Plaine se résumait et se condensait en Sieyès.

Sieyès, homme profond qui était devenu creux. Il s’était arrêté au tiers-état et n’avait pu monter jusqu’au peuple. De certains esprits sont faits pour monter à mi-côte. Sieyès appelait tigre Robespierre qui l’appelait taupe. Ce métaphysicien avait abouti, non à la sagesse, mais à la prudence. Il était courtisan et non serviteur de la Révolution. Il prenait une pelle et allait, avec le peuple, travailler au Champ de Mars, attelé à la même charrette qu’Alexandre de Beauharnais. Il conseillait l’énergie dont il n’usait point. Il disait aux Girondins : Mettez le canon de votre parti. Il y a les penseurs qui sont les lutteurs ; ceux-là étaient, comme Condorcet, avec Vergniaud, ou, comme Camille Desmoulins, avec Danton. Il y a les penseurs qui veulent vivre. Ceux-là étaient avec Sieyès.

Les cuves les plus généreuses ont leur lie. Au-dessous même de la Plaine, il y avait le Marais. Stagnation hideuse laissant voir les transparences de l’égoïsme. Là grelottait l’attente muette des trembleurs. Rien de plus misérable. Tous les opprobres, et aucune honte ; la colère latente ; la révolte sous la servitude. Ils étaient cyniquement effrayés ; ils avaient tous les courages de la lâcheté ; ils préféraient la Gironde et choisissaient la Montagne ; le dénoûment dépendait d’eux ; ils versaient du côté qui réussissait ; ils livraient Louis XVI à Vergniaud, Vergniaud à Danton, Danton à Robespierre, Robespierre à Tallien. Ils piloriaient Marat vivant et divinisaient Marat mort. Ils soutenaient tout jusqu’au jour où ils renversaient tout. Ils avaient l’instinct de la poussée décisive à donner à tout ce qui chancelle. À leurs yeux, comme ils s’étaient mis en service à la condition qu’on fût solide, chanceler c’était les trahir. Ils étaient le nombre, ils étaient la force, ils étaient la peur. De là l’audace des turpitudes.

De là le 31 mai, le 11 germinal, le 9 thermidor, tragédies nouées par les géants et dénouées par les nains.

Victor Hugo, Quatre-Vingt Treize

 

Peu importe qu’il se plante sur à peu près tous ceux qu’il nomme. C’était inévitable à son époque, et son tableau d’ensemble est juste.

Quelques rappels de jugements, non pas à l’intention de ceux qui se bousculent pour jeter avant les autres leur pierre au bouc-émissaire, mais pour les jeunes à qui l’Éducation Nationale (on sait ce qu’elle est devenue) n’apprend rien de ce qu’ils devraient savoir :

 

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« Vous lui reprochez d’avoir gouverné par la persuasion »

Saint-Just

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« On a tant calomnié cet illustre martyr de l'égalité, qu'il est du devoir de tout écrivain honnête de consacrer sa plume à en venger la mémoire. »

Philippe Buonarroti

29. lamartine_de_virieu.jpg

« Ils l'ont noyé dans le sang qu'ils avaient tiré pour le perdre. »

Lamartine

30. georges Sand.jpg

« De tous les terroristes, Robespierre fut le plus humain, le plus ennemi par nature et par conviction des apparentes nécessités de la Terreur. Cela est assez prouvé aujourd'hui, et on ne peut pas récuser à cet égard le témoignage de M. de Lamartine. La réaction thermidorienne est une des plus lâches que l'histoire ait produites. À quelques exceptions près, les thermidoriens n'obéirent à aucune conviction, à aucun cri de la conscience, en immolant Robespierre. La plupart d'entre eux le trouvaient trop faible et trop miséricordieux. La veille de sa mort et le lendemain, ils lui attribuèrent leurs propres forfaits pour se rendre populaires. Soyons justes enfin, Robespierre est le plus grand homme de la Révolution et un des plus grands hommes de l'histoire. »

Georges Sand

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«Votre opinion sur Robespierre est au moins fort hasardée si elle n’est pas fausse ; les hommes d’État ne doivent pas être jugés d’après les règles ordinaires de morale. En 1793 et 1794, il s’agissait de sauver le corps social et s’il était prouvé que le chef des Jacobins n’eût fait dresser les échafauds de la Terreur que pour abattre les factions [et rétablir ensuite ce gouvernement royal que la France entière désirait], il serait injuste de regarder Robespierre comme un homme cruel et de l’appeler tyran ; il faudrait au contraire, voir en lui, comme dans Sylla, une forte tête, un grand homme d’État. Richelieu aurait fait plus que Robespierre s’il se fût trouvé dans une position semblable. »

Louis XVIII, en 1797 et en 1814.

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« Le plus grand homme de la Révolution n’a pas encore en France sa statue : c’est un monument expiatoire qu’il faudrait ! Il ne s’est pas trouvé un seul gouvernement républicain pour oser revendiquer sa mémoire. Plus clairvoyante, la haine des ennemis de la République n’a jamais désarmé. J’ai toujours pensé que la grandeur exceptionnelle est désignée à l’avenir par le flair acharné de l’ennemi, bien avant que les amis ne l’aient reconnue.»

Romain Rolland

[Les « amis » ?]

33. JeanJaures01.gif

« C’est une erreur de croire que Robespierre était une sorte de rhéteur épris d’idées générales et capable seulement de phrases et de théories. La forme de ses discours où il procède souvent par allusions, où il enveloppe volontiers de formules générales un exposé très substantiel et des indications ou des accusations très précises, a contribué à ce malentendu. En fait, il se tenait au courant de tous les détails de l’action révolutionnaire dans le pays tout entier et aux armées ; et avec une tension d’esprit incroyable, avec un souci minutieux du réel, il essayait de se représenter l’exacte valeur des hommes que la Révolution employait. Toujours aux Jacobins, il est prêt à redresser, par les renseignements les plus précis, les vagues allégations et accusations d’une démagogie querelleuse… Quelle âpre et dure vie d’aller presque tous les soirs, dans une assemblée populaire souvent houleuse et défiante, rendre compte du travail de la journée, dissiper les préventions, animer les courages, calmer les impatiences, désarmer les calomnies !... »

Jean Jaurès

 

« On ne sait si l'on doit rire ou pleurer de pitié en voyant ce concert universel de malédictions vomies par des vociférateurs à gages sur le cadavre d'un homme, dont ils font à leur manière et sans s'en douter, le plus bel éloge en le déchirant. Le plus plat gredin croit s'honorer aujourd'hui en lui donnant un coup de pied. Je connais tel de ces misérables qu'un regard seul de Robespierre vivant aurait replongé dans son élément : c'est-à-dire dans la boue... En général, c'est l'usage à Paris. Dès qu'on y tue un homme... on le calomnie après l'avoir assassiné.

Louis-François CASSAT

Tableau de la dernière quinzaine.

Lausanne, 16 août 1794.

 

Faut-il préciser que ces propos pourraient s’appliquer à Vladimir Poutine, qui se tient, nous semble-t-il, à mi-chemin entre Richelieu et Robespierre, à ceci près que Richelieu, pour le roi son maître, a envahi des pays et en a colonisé d’autres, ce que Robespierre n’eût jamais fait, c’était contraire à ses principes, et que Vladimir Poutine n’a pas fait non plus, quoi qu’en disent les clabaudeurs salariés. On peut dire en schématisant qu’il s’apparente au premier par sa politique intérieure et au second par sa politique étrangère, mais pas que.

Ces trois chefs d’état ont encore en commun leur amour des bêtes, qui n’est pas si courant, même ailleurs. Robespierre élevait des pigeons, Richelieu adorait les chats (il en avait 14 à sa mort, dont l’histoire a retenu les noms : Félimare, Lucifer, Ludovic-le-Cruel, Ludoviska, Mimi-Piaillon, Mounard-Le-Fougueux, Perruque, Rubis-sur-l'ongle, Serpolet, Pyrame, Thisbe, Racan, Soumise et Gazette). Outre fonder l’Académie, il a donné le goût des chats de compagnie aux Français. Vladimir Poutine aime les (très gros) chats, les chiens, les élans, les grues, les dauphins, les ours…  et les bébés-phoques. Au moins.

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Armand Duplessis, ses chats et le père Joseph

«  La politique consiste à rendre possible ce qui est nécessaire. »

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« Je ne suis pas le défenseur du peuple. Je n'ai jamais prétendu à ce titre fastueux ; je suis du peuple, je n'ai jamais été que cela, je ne veux être que cela; je méprise quiconque a la prétention d'être quelque chose de plus. »

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 « Nous sommes tous différents, mais quand nous demandons la bénédiction de Dieu, nous ne devons pas oublier qu’il nous a créés tous égaux. »

 

Bref, quiconque essaie de regarder l’Histoire avec un peu de recul comprend que l’URSS a été le leg de Babeuf et Cuba celui de Robespierre. Il appartient à Vladimir Poutine, à Hassan Nasrallah, à Nicolas Maduro, à Evo Moralès, à Dilma Roussef, à Cristina Kirchner, à Rafael Correa et à d’autres, encore inconnus, de poursuivre dans cette voie, la seule qui ne soit pas de garage : aider leurs compatriotes et nous tous à sortir d’enfance avant qu’il soit trop tard.

 

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Livres

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Jonathan Swift

L’Art de voler ses maîtres

Bruxelles, Cosmopolis, 1946

123 pages

 

 

 

 

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Jonathan Swift

Instructions aux domestiques

Paris – Livre de Poche, 1959

287 pages

 

 

 

 

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Henri Guillemin

Silence aux pauvres

Paris – Arléa – 1989

119 pages

 

 

 

 

 

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Michèle Fogel

Marie de Gournay, itinéraires d’une femme savante

Paris - Fayard – 2004

420 pages

 

 

 

 

À propos de ce livre :

Comme François Furet, Shakespeare et Molière ont été des propagandistes à gages (et c’est Céline qu’on vitupère !) : ils ont calomnié pour des sous. Le premier : Macbeth, Richard III, Jeanne d’Arc. Le second : les femmes savantes et les précieuses, qu’il a décrétées ridicules pour amuser des puissants d’alors.

Marie de Gournay fut une de ces femmes savantes. Qui plus est : autodidacte.

À dix-sept ans, elle a lu les Essais de Montaigne et les a compris. Elle a aussi compris qu’elle préférait étudier, lire, écrire, traduire, éditer et rester célibataire (pour les femmes, on dit « vieille fille »). Montaigne fit d’elle sa « fille d’alliance », titre qu’elle porta toute sa vie avec fierté.

Elle ne fut pas seulement littéraire mais aussi politique. Elle soutint les jésuites, jusqu’au père Garasse, exclusivement, qui eut la mort de Cyrano de Bergerac et de Théophile de Viau sur la conscience. Car les poètes lui importaient davantage que les politiques, et elle fut fidèle à Théophile persécuté, comme à Ronsard dédaigné. Son amour des mots était si grand, qu’elle eut l’idée d’une assemblée d’hommes de lettres qui veilleraient à leur préservation et maintiendraient en vie les vieux mots, quelles que fussent les modes. C’est chez elle que l’Académie Française est née, même si c’est le Cardinal qui l’a fondée.

En 1626 – elle avait 61 ans - elle publia son dernier livre L’ombre de la damoiselle de Gournay, qu’elle envoya à Richelieu. Il la reçut :

 

Boisrobert la mena au cardinal de Richelieu, qui lui fit un compliment tout de vieux mots qu’il avait pris dans son Ombre. Elle vit bien que le Cardinal voulait rire : « Vous riez de la pauvre vieille », dit-elle, « Mais riez, grand génie ; il faut bien que tout le monde contribue à votre divertissement ». Le cardinal, surpris de la présence d’esprit de cette vieille fille, lui en demanda pardon, et dit à Boisrobert : « Il faut faire quelque chose pour Mademoiselle de Gournay. Je lui donne deux cents écus de pension. » - « Mais elle a des domestiques », dit Boisrobert. – « Et quels ? », reprit le cardinal. – « Mlle Jamin », répliqua Boisrobert, « bâtarde d’Amadis Jamin, page de Ronsard. » - « Je lui donne cinquante livres par an », dit le Cardinal. – « Il y a encore ma mie Piaillon », ajouta Boisrobert, « c’est sa chatte ». – « Je lui donne vingt livres de pension », répondit l’Éminentissime, « à condition qu’elle aurait des tripes ». – « Mais, Monseigneur, elle a chatonné »,  dit Boisrobert. Le cardinal ajouta une pistole pour les chatons.

Tallemant des Réaux, Historiettes

 

Ma mie Piaillon chez l’une, Mimi Piaillon chez l’autre… Allez savoir si la Mimi Piaillon du Cardinal n’est pas un des chatons à une pistole de la mie Piaillon de la demoiselle de Gournay, dont elle lui aurait fait cadeau en témoignage de sa gratitude ? L’énigme ne vaut-elle pas bien celle de Louis XVII au Temple, pauvre gosse chargé de nourrir les fantasmes de générations de zinzins ?

 

 

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Mis en ligne le 5 novembre 2014

 

 

 

 

14:10 Écrit par Theroigne dans Actualité, Général, Loisirs, Musique, Web | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook |