02/08/2017

ALTERNATIVES

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Alternatives

 

C’est le Pr. Petras qui s’y colle et qui en cherche, au moins pour l’Amérique Latine (voir plus bas). Mais, en attendant, on ne peut que faire un point temporaire sur la situation au Venezuela, en rappelant que pour la suivre de plus près, c’est sur Le Grand Soir et sur VenezuelaInfos qu'il faut aller !

 

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On connaît désormais le résultat de la consultation

Grand succès pour la Constituante proposée par Maduro

Do – Vive la Révolution 31 juillet 2017

 

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Salut à toutes et à tous,

L'impérialisme américain et sa CIA ont tout fait pour saboter la Constituante. Les Amerloques ont encore causé une dizaine de morts ces dernières 24 heures pour intimider les électeurs. Malgré ça, plus de 8 millions de personnes ont osé se déplacer pour participer au vote. Soit plus de 41% des inscrits. Mais, bien évidemment, les pires alliés de l'impérialisme US se refusent déjà à reconnaître la Constituante.

Bien à vous,
do

Source : http://mai68.org/spip2/spip.php?article588

 

« Vu la participation aux dernières élections françaises, il sera au moins possible de faire taire ceux qui minauderont en disant que la participation est faible – Vive la Constituante ! » dit un habitué de ce blog.

En effet. Et les conditions n’étaient certes pas les mêmes. Il y a eu ici des électeurs qui se sont abstenus par peur pour leur vie.

Site à visiter (recommandé par un autre lecteur) :

https://anticons.wordpress.com/2014/12/07/otan-mercenaire...

 

 

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Qui craint la Constituante vénézuélienne ?

Angeles Diez Rodrigues – El Correo de la Diaspora 31 juillet 2017

Via Réseau International

 

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Les Vénézuéliens font la queue devant les bureaux de vote, dimanche 30 juillet 2017

 

Mariano Rajoy craint la Constituante vénézuélienne. Felipe González et Jose Marie Aznar, Albert Rivera et Pierre Sánchez, jusqu’au calculateur Pablo Iglesias ont peur de la Constituante. L’opposition conjurée vénézuélienne et Donald Trump ont peur de la Constituante. Les entrepreneurs vénézuéliens qui spéculent sur la nourriture du peuple, les hordes de jeunes déclassés et bien équipés qui brûlent des chavistes, les intellectuels organiques, qui se taisent, ceux qui octroient, les parajournalistes qui n’arrêtent pas d’interpeler les publics européens. Tous sentent qu’ils n’ont plus de temps pour tordre le bras à la Révolution Bolivarienne.

Il y a beaucoup de types de peurs qui traversent le milieu de la politique. La peur d’un processus constituant est pareille à la peur qui a historiquement terrorisée l’oligarchie quand elle soupçonne une possibilité révolutionnaire aussi petite quelle soit. Parfois, c’est une peur irrationnelle puisqu’il y a des peuples soumis et écrasés par le talon de fer capitaliste qui ne gardent aucunes braises de rébellion. Cela n’intéresse pas les spéculateurs ni les classiques bourgeois ventrus, ni les jeunes requins. S’il y a une possibilité, même lointaine, que le peuple s’éveille, alors il y aura la menace terroriste, les lois qui bâillonnent, le chaos tiers-mondiste et la crise économique que tout explique. La peur des élites européennes des processus constituants tient beaucoup de la thérapie préventive, c’est un « au cas où, mieux vaut prévenir que guérir ».

Lire la suite…

Source : http://reseauinternational.net/qui-craint-la-constituante...

 

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Ce n’est pas tous les jours que Viktor Dedaj sort de sa réserve et prend directement la plume…

 

On saura que le Venezuela est devenu une dictature le jour où les médias arrêteront d’en parler.

Viktor Dedaj – Le Grand Soir 31 juillet 2017

 

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Venezuela, février 1989. Les forces armées massacrent des milliers de personnes lors d’une manifestation populaire.

 

Au Venezuela (comme ailleurs), la différence entre une dictature de droite et une dictature de gauche est la suivante : sous une dictature de droite, les opposants "disparaissent". Sous une dictature de gauche, les opposants passent tous les soirs à la télé et dans tous les médias internationaux pour dénoncer la dictature.

Comme toujours, vous commencez par soulever un sourcil. Alors voici un test : citez-moi une seule dictature de droite. J’entends par là un régime de droite que les médias qualifient de dictature. L’Arabie Saoudite ? Raté. l’Arabie Saoudite n’est pas une « dictature » mais un « royaume », et elle n’est pas « de droite » mais « théocratique ». (*) Autre exemple ?

Vous séchez, et c’est normal.

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Source : https://www.legrandsoir.info/on-saura-que-le-venezuela-es...

 

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Pour le reste, voir notamment :

 

Dix clefs pour comprendre et analyser la victoire du chavisme à la Constituante

Photos : médias contre droit au suffrage des Vénézuéliens

6. En route pour.jpg

etc.

 

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On avait raté ça. Mieux vaut tard, d’ailleurs elle est toujours là …

 

Venezuela : à la rencontre de « l’opposition »

Abby Martin – The Empire Files 30 juillet 2017

(Documentaire diffusé sur Telesur)

Traduction et sous-titres : Sayed

 


 


Source : http://sayed7asan.blogspot.ch/2017/07/venezuela-la-rencon...

Via : http://arretsurinfo.ch/venezuela-a-la-rencontre-de-loppos...

 

 

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Une nouvelle inquiétante si elle est vraie…

 

Reçue ce 1er août 2017

L'ancien président iranien, Ahmadinejad, menacé de prison pour détournement de fonds publics

L'ancien Président de la République islamique d'Iran, Mahmoud Ahmadinejad, est impliqué dans sept affaires pénales pour détournement illégal de fonds publics.

C'est ce qu'a révélé le bureau du procureur de l'État près de la cour d'audit central, Fayyazad Shoyaye. 

Selon lui, le verdict a déjà été adopté et soumis à l'approbation du Parlement iranien qui régit la Cour dès après son annonce par le Parlement.  

La principale affaire impliquant Ahmadinejad concerne la disparition de fonds publics pour un montant de deux milliards de dollars entre 2009 et 2013. 

 

Et on découvre les trous en 2017 ? Après quatre ans et des poussières de présidence Rohani ?

Quiconque a suivi le parcours du président Ahmadinejad le long de ses deux mandats ne peut qu’être très inquiet en lisant pareille nouvelle. On croyait bêtement la République Islamique d’Iran à l’abri des luttes intestines, des révolutions de palais et des coups bas. Il semble qu’il n’en soit rien et que ce genre de fléau ne doive pas lui être épargné au moment des plus grands dangers en provenance de l’extérieur.

 

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Le président Ahmadinejad en visite en Bolivie

 

Le 12 avril dernier, La Tribune de Genève annonçait :

 

L'ex-président Ahmadinejad candidat

Présidentielle en Iran : Mahmoud Ahmadinejad sera candidat pour la présidentielle en mai, malgré l'avis contraire du guide suprême

http://www.tdg.ch/monde/L-expresident-Ahmadinejad-candida...

 

Il ne le fut pas. À la suite de quelles tractations ou de quel bras de fer ? Faut-il y voir la raison du présent développement ?

Ce qu’on se demande, nous, parce qu’on est cyniques, c’est : qui offre une livre de chair à qui, en échange de quoi ?

 

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Mahmoud Ahmadinejad à l’enterrement d’Hugo Chavez

 

Ohé les forts en thème et les « au courant », ohé  Al Manar, Ziad Fadel, Le Saker, Pepe Escobar, Observatus Geopoliticus, Manlio Dinucci, Jacques-Marie Bourget et les autres, vous en dites quoi ?

Théroigne

 

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Tout en fin de post parce que c’est long :

 

Cet essai du Pr Petras est très dur, surtout pour nos illusions. Il pose un diagnostic – sévère – mais il préconise aussi des remèdes. Qui ne seront pas suivis, on peut le craindre. Pourtant il a raison, mais ainsi va le monde…

Regarder les choses en face est le début de toute cure.

 

L’Amérique Latine en quête d’alternative

James Petras – The Unz Review 16 juin 2017

 

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« On ne peut pas construire le socialisme avec le signe dollar dans les yeux »

Fidel Castro

 

Beaucoup d’experts et de commentateurs décrivent le processus politique en Amérique Latine comme un processus de « gouvernements de droite et de gauche alternés ». Les journalistes se focalisent sur les changements de régime abrupts, de démocratique à autoritaire, de programmes néo-libéraux à progressistes, et d’oligarques à populistes.

Les médias financiers présentent les politiques socialement régressives de la droite comme des « réformes », euphémisme pour signifier la reconcentration des richesses, du profit et des propriétés dans les mains d’oligarques nationaux ou étrangers.

Les intellectuels de gauche et les journalistes brossent une image idyllique des transformations socio-économiques sous les régimes de « gauche » latino-américains, image où « le peuple » prend le pouvoir, où les revenus sont redistribués et où la croissance fait florès.

L’ascension et la chute des régimes de gauche comme de droite sont également attribuées à « une mauvaise gestion, une crise sociale, des manipulations politiques et des stratégies politiques erronées ».

Des économistes orthodoxes, présumant que de plus grands profits « créent » la base d’une stabilité et d’une croissance à long terme, prescrivent une série de « réformes structurelles ». « Structures » se rapporte à des mesures et à des institutions, qui renforcent l’organisation de l’élite gouvernante et de ses commanditaires socio-économiques.

Une analyse plus approfondie tant des perspectives de gauche que de droite montre que ces interprétations de base sont erronées ; qu’il y a des malentendus fondamentaux sur le processus à long terme, sur la continuité à grande échelle d’un processus de croissance passant par-dessus les convictions politiques

Le résultat est que les classes socio-économiques et les élites politiques exagèrent les dynamiques du développement tout en sous-estimant profondément sa « stase » ou résistance au changement.

L’aspect le plus frappant du développement latino-américain n’est pas dans les changements de régimes, mais dans lest stables continuités de (1) la structure des classes, (2) la propriété des secteurs stratégiques de l’économie, (3) les taux de profit, (4) le schéma du commerce avec l’étranger, (5) les principaux bénéficiaires du crédit d’État.

Vues sous cette angle, il est clair que les victoires électorales de la gauche comme de la droite n’ont pour résultat que des changements marginaux dans la propriété des moyens de production, leur financement et leur  distribution.

Des augmentations d’impôts progressifs par la gauche aussi bien que des réductions d’impôts par la droite sont dérisoires comparées à l’omniprésente fraude fiscale à grande échelle de l’élite. Des évasions massives de capitaux vers des sociétés offshore contrebalancent toute augmentation des revenus publics. L’évasion des capitaux et le transfert des recettes d’exportation vers des filiales établies à l’étranger dans des pays à faible taux d’imposition fausse toute réelle redistribution du revenu.

Le résultat est que l’impôt « progressif » n’arrive pas à réduire les revenus de la classe supérieure. Toute augmentation de revenu pour les travailleurs ou les employés salariés résulte de changements économiques cycliques très volatiles, qui sont sujets à des revirements abrupts, qui minent les améliorations de leur moyens d’existence à moyen terme.

Par exemple, les programmes de redistribution progressistes sont basés sur la taille et l’envergure des prix des produits de base, qui, à leur tour, augmentent ou réduisent la consommation. On peut mieux expliquer cela  comme une fonction des continuités structurelles internes et par la volatilité de la demande mondiale en matière d’exportations agrominérales. Quand les régimes progressistes ont à faire face au défi d’une montée du chômage, des inégalités de revenus et à une crise économique, un changement de régime se produit avec la « montée de la droite » qui exacerbe aussitôt la crise économique et la régression.

Les indicateurs négatifs que l’on voit pendant une récession cyclique, alors qu’un régime de gauche est au pouvoir, deviennent plus aigus avec l’ascension de la droite. Les continuités structurelles persistent, tant sous les régimes progressistes que sous ceux de droite, et aucune politique spécifique ne peut corriger cette absence de changement réel.

La récession socio-économique sous des régimes progressistes, qui est généralement liée à une baisse de la demande mondiale en produits de base, est largement responsable de la victoire électorale des régimes de droite

Le déclin socio-économique persistant sous les régimes de droite mène inévitablement à une crise nouvelle, comme c’est le cas au Brésil et en Argentine.

Dans tous les cas, la continuité des différences de classe et économiques sous les régimes de gauche sont beaucoup plus importantes pour déterminer leurs trajectoires et leurs améliorations marginales à court et à moyen terme. De même, l’ascension et le déclin de régimes de droite sont fondés sur des victoires électorales liées à l’opportunisme brutal des classes oligarchiques établies en quête de gains rapides et de leur évasion immédiate. Les régimes peuvent changer à une fréquence étourdissante, mais le pouvoir de l’État et le pouvoir de classe restent constants.

 

La corruption : Moteur de croissance de la Gauche et de la Droite.

Un examen circonspect des liens de corruption qui existent au Brésil entre le PT (Lula) et l’oligarchie, conduit aux observations suivantes :

Les inégalités y proviennent d’une corruption, à grande échelle et à long terme, qui lie de nouveaux leaders progressistes aux politiciens de la droite et aux acteurs de l’élite économique.

Les coalitions ou partenariats entre partis de gauche et de droite relèvent d’une kleptocratie, pas de la démocratie.

Il est clair que plus la dépendance est grande vis-à-vis des revenus du secteur extractif (minerais, pétrole et gaz) et plus vive la compétition entre les partis, plus généralisée sera la corruption et plus étendu sera le réseau des kleptocrates.

Plus vive est la compétition entre l’élite et les partis, moins le peuple a quelque accès que ce soit au gâteau économique définissant la société de classes.

C’est la corruption qui graisse les roues des campagnes politiques, les élections et les nominations stratégiques à l’intérieur des institutions d’État, et cela, que l’État soit « progressiste » ou « de droite ».

En d’autres termes, les politiques électorales et les « marchés libres » fonctionnent bien et sans accrocs quand les partis en concurrence s’engagent dans une coalition de corruption mutuellement compatible facilitant les gros contrats d’affaires

En dépit des soulèvements, des changements de régime par voie électorale ou des révolutions de palais, ce système immuable de corruption partagée réduit la possibilité de toute espèce de transformation fondée sur la classe ouvrière.

La corruption institutionnalisée transforme toute contestation en simple machine à recycler les politicards, qu’ils soient progressistes ou de droite.

Plus les régimes kleptocratiques « changent », plus grande est la continuité de la structure de classes et de la propriété économique. Plus ça change… ! [en français dans le texte, ndt]

Plus les mouvements populaires et leurs syndicats se battent et s’organisent en quête d’alternatives, plus leurs leaders politiques envisagent avec enthousiasme la formation d’un nouveau consensus et de nouvelles coalitions élitistes pour se partager les emplois et le butin publics.

En sortant, les régimes de droite laissent derrière eux un héritage de dettes publiques, de corruption, de ressources publiques privatisées et d’obligations envers de puissants banquiers de l’intérieur ou de l’étranger, qui contrôlent tous les leviers de l’économie. En entrant, les régimes de gauche acceptent d’assumer toutes les dettes et les obstacles, sans obtenir aucun des avoirs ni des profits.

La décision politique des régimes de gauche d’accepter cet héritage élimine toute possibilité de mise en œuvre des changements fondamentaux nécessaires et condamne leur politique à la marginalisation et au dérisoire, quelques gestes symboliques passant pour du « changement ».

C’est le choix de la gauche de s’adapter à l’héritage kleptocratique, et non son idéologie ou les électeurs de la classe ouvrière, qui définit le caractère réel politico-économique et de classe des « régimes populaires ».

Pour illustrer et documenter les « transitions » faites d’ajustements au coup par coup en avant et en arrière en Amérique Latine, il convient de décrire les « tournants politiques » et la manière dont ils ont été escamotés.

 

L’option démocratique

10. Politics of Empire.jpgAvec la disparition des régimes militaires et autoritaires entre les années 1960 et les années 1980, les classes dirigeantes nationales ou étrangères ont affronté la perspective réelle d’avoir à céder le pouvoir politique et de perdre propriétés stratégiques et richesses. En réalité, cependant, la classe dominante a cédé très peu de chose et a gagné infiniment davantage. Les changements socio-économiques ont avorté : les politicards de la gauche et de la droite ont négocié un pacte commode avec les militaires et l’élite des affaires. La gauche a reçu des emplois politiques, du favoritisme et des changements marginaux minimes. En échange, la classe et le système des propriétaires sont restés intacts.

La transition de l’autoritarisme aux pactes électoraux a exclu toute option démocratique. Pire, les accommodements socio-économiques entre les élites étrangères ou intérieures des affaires et la classe moyenne ascendante des politicards a assuré la permanence d’une structure de classes lourde et répressive.

La cooptation des élus a ouvert la porte à des formes plus profondes et plus globales de corruption et élargi le réseau du clientélisme politique jusqu’à inclure les dirigeants des syndicats et les agents de plus en plus ambitieux du secteur des ONG.

 

Les crises de la dette et le défaut de paiement de la dette publique

Les régimes militaro-affairistes ont tiré profit d’achats d’armes pour des multi-millions de dollars et ils ont rembourré leurs comptes bancaires à l’étranger avec les prêts à haut intérêt obtenus des banquiers nationaux ou étrangers. Parce que ces prêts n’ont jamais été utilisés pour financer des projets publics, ils auraient dû être reniés par les régimes populaires de gauche qui ont suivi. Au lieu de quoi ce sont les contribuables ouvriers et employés qui se sont retrouvés à rembourser ces emprunts.

Les dettes illégales ont totalement ligoté les régimes électoraux entrants, leur ont interdit toute politique ayant pour but une croissance intérieure, en ce compris les investissements et la consommation. De nombreuses enquêtes ont démontré la nature corrompue du processus de la dette :

Des emprunts souscrits par le Trésor ont été transférés sur des comptes privés à l’étranger. Cela seul aurait dû servir de base légale au rejet de tout remboursement aux prêteurs. Au contraire, les emprunteurs militaro-affairistes responsables de la dette illicite ont été exonérés de toute responsabilité par les coalitions électorales gauche-droite successives.

Les pactes politiques gauche-droite ont très vite rejeté toute idée de non-remboursement de la dette, tant leur désir de s’emparer des places était grand. La possibilité de mettre fin à la lourde dette publique a été définitivement écartée. En lieu et place, ces régimes ont adopté de plus en plus de programmes d’austérité, allongé les paiements de la dette et intensifié l’ordre du jour néo-libéral.

 

L’âge d’or du pillage impérial de droite : les années 1990.

Les régimes de « coalition » des élus de gauche-droite, le remboursement obstiné de la dette illégale et les programmes d’austérité édictés par la classe dirigeante ont rapidement conduit à des régimes de droite durs. L’inflation, accompagnant les politiques des gouvernements de consensus gauche-droite, a conduit à l’effondrement de la « gauche électorale » et à l’ascension des néo-libéraux. Des milliers d’industries nationales les plus lucratives allant de la banque à l’industrie et des transports aux industries extractives ont été privatisées au profit des oligarques de l’intérieur et de l’étranger, souvent par des marchés véreux entre petits copains.

Les banquiers les propriétaires fonciers, les nababs de l’immobilier et des médias ont prospéré.

Dans le même temps, les paysans sans terre, les travailleurs industriels et les gens endettés ont été exploités et dépossédés.

Les centres impériaux occidentaux, avec à leur tête le régime de « Bill » Clinton, ont poussé aux accords commerciaux régionaux négociés par Wall Street et aux pactes d’investissement.

Aux États-Unis, la décennie 1990 allait être célébrée comme l’âge d’or du pillage impérial des richesses agrominérales de l’Amérique Latine, de l’exploitation de sa main d’oeuvre et du dépouillement de ses communautés rurales. Une méga-vague d’escroqueries financières et de « pactes de stabilisation » imposés par le FMI ont balayé l’épargne de millions de petits entrepreneurs et d’employés salariés, tout en consolidant le pouvoir politique et économique de l’oligarchie.

La « troïka présidentielle » archi-corrompue de Carlos Saul Menem en Argentine, Henrique Fernando Cardoso au Brésil et Gonzalo Sanchez de Losada en Bolivie a remplacé la politique économique de la demande, qui impliquait l’industrialisation comme contrepoids des importations, par une  politique de l’offre, reposant sur l’exportation des ressources agrominérales et une intégration sans contrepartie à l’empire.

Ces régimes néo-libéraux politico-économiquement privatiseurs, axés sur la dépendance à l’empire, ont duré moins d’une décennie, mais les dégâts causés par un tel pillage des économies nationales allaient durer beaucoup plus longtemps.

Les multiples déséquilibres économiques et l’institutionnalisation d’une corruption business-État à grande échelle solidement enracinée ont miné la concurrence, l’efficacité et l’innovation, et toute chance d’une croissance soutenue.

Les vastes fuites de profits et d’intérêts (le fruit du pillage étant versé sur des comptes bancaires US) ont sapé la production et les économies qui auraient dû servir à financer la croissance.

L’effondrement prévisible de ce criminel « ordre nouveau » d’exportations agrominérales (pillage), d’évasion fiscale et de kleptocratie politico-affairiste a conduit à une polarisation socio-politique aiguë, à une répression d’État et, finalement, au renversement populaire de ces régimes kleptocrates – les « partenaires de l’Âge d’Or de Clinton ».

Des soulèvements de masse se sont produits, sous l’impulsion d’organisations locales de base rassemblant des chômeurs urbains, des ouvriers agricoles, des employés des secteurs public et privé en pleine dégringolade sociale, des petits entrepreneurs ruinés et des gens des classes moyennes couverts de dettes et d’hypothèques. Ces mouvements constituant une large base s’en sont pris directement au pillage.

Les conséquences économiques catastrophiques du système « néo-libéral »  enté sur le système impérial a permis à des régimes de gauche de sauter dans le train de la protestation de masse.

 

Soulèvement populaire et pacte Gauche-business

La chute des régimes néo-libéraux des années 1990 a poussé les partis et les dirigeants politiques de gauche sur le devant de la scène. Ce sont ces leaders émergents de la « gauche progressiste » qui allaient remplacer la « vieille droite néo-libérale » dans le rôle de nouveaux partenaires de l’élite, qu’elle soit des affaires, de la filière agrominérale ou de la banque – tandis que le monde universitaire et intellectuel célébrerait la « marée rouge montante ».

Le « nouveau pacte » s’engagea à préserver le pouvoir des firmes et des holdings du big business et celui des banques étrangères et nationales. Plus important encore : la hiérarchie des classes sociales resta inchangée. La « gauche » s’empara des rênes du réseau kleptocrate pour financer ses propres élections et faciliter la mobilité ascensionnelle d’une gauche politique montante et de l’élite des ONG. Ce mariage de réformes marginales et d’idéologie populiste (démagogie « révolutionnaire » XXIe siècle) avec un klepto-capitalisme oligarchique allait conduire à la fois à l’élection de dirigeants de gauche et à la démobilisation du peuple. Une nouvelle oligarchie politique de gauche était née, pour s’enrichir à son tour à l’auge publique.

Ainsi, les rentiers parasites ont pu continuer à frauder le fisc pendant que les bureaucrates « de gauche » regardaient ailleurs. Les pétro-escrocs publics-privés n’ont pas manqué de bourrer les poches des nouveaux dirigeants politiques. Les votes parlementaires nécessaires ont été assurés par la gauche et ses alliés des élites technocratiques, étroitement unis dans une entreprise conjointe de pillage rapide du Trésor public.

Le boom mondial sur les produits de base, qui a duré de 2003 à 2011, a alimenté les largesses de la gauche sous forme de programmes « contre la pauvreté » et autres mesures minimalistes. Les élites des affaires ont prospéré, les salaires minimum ont augmenté et des dépenses sociales, en particulier des « paniers de survie pour les plus démunis », ont été exhibées en grande pompe, et dans le monde entier, les universitaires se sont livrés à des danses victorieuses, pour célébrer cette « marée rouge » grandement surestimée.

Car le pacte politique entre la gauche et le capital n’a pas conduit à la croissance de nouvelles forces productives susceptibles de maintenir une augmentation des revenus pour les travailleurs et les fermiers. Il n’y a pas eu de nouveaux apports technologiques dans l’économie. Au lieu de quoi on a vu lancer des « projets de prestige » pharaoniques et tape-à-l’œil liés à des contrats corrompus avec des copains capitalistes, qui ont dévoré les revenus publics qui avaient été engrangés grâce au boom des produits de base. La machine du clientélisme n’a jamais été aussi bien huilée.

Comme il fallait s’y attendre, les universitaires de gauche totalement privés de sens critique ont célébré ces nouveaux régimes « radicaux » en faisant l’impasse sur la corruption de masse et les alliances droite-gauche. Ceux qui ont osé critiquer la nature précaire du sous-bassement économique de ces régimes ont été ignorés avec dédain ou ridiculisés.

L’effondrement du boom des produits de base, l’augmentation des déficits budgétaires, le renversement des gains des petits consommateurs, la perte d’accès à un crédit peu cher et la très visible corruption invétérée dans les partenariats public-privé a provoqué alors un mécontentement et des manifestations de masse.

11. Rulera and Ruled.jpgCela a donné aux partis politiques de droite l’occasion de « faire le ménage » en évinçant leurs partenaires de gauche d’hier, et de faire marche arrière sur les pactes sociaux minimalistes pour en revenir à l’âge d’or des années 1990. Posant aux moralistes vis-à-vis de la corruption de gauche, ils ont abandonné la coalition et repris le pouvoir.

 

La catastrophe de la gauche : 2015-2018

Au Brésil et en Argentine, la transition « démocratique électorale »  signifiait tout simplement que la klepto-gauche allait être remplacée par une klepto-droite plus « efficace ». La présidente du Brésil Dilma Roussef a été, comme on sait, « destituée » par un Congrès de voleurs et son Grand Chef Kleptocrate de vice-président, Michel Temer, a assumé le pouvoir. À la présidente argentine Cristina Fernandez Kirchner avait de même succédé Mauricio Macri.

Pendant tous ces changements, la klepto-oligarchie bancaire, du pétrole, de la construction et du conditionnement de la viande s’est débrouillée pour opérer selon les mêmes principes mafieux, indépendamment de la « teinte » de la présidence : contrats lucratifs, marchés capturés et profits records continuant à permettre l’affluence de pots-de-vin illicites aux présidents de droite et ce, sans interruption.

Les universitaires de gauche ont ignoré la nature du klepto-État et ses omniprésents réseaux de corruption. Beaucoup se sont pincé le nez pour ne pas sentir et ont plongé tête la première dans la fabrique à mensonges, en échange d’un accès privilégié aux mass médias (publicités, talk shows, tables rondes intellectuelles et culturelles, etc.), d’invitations à des réunions chic au palais présidentiel, d’engagements pour des séries de conférence à l’étranger et d’une source exponentielle de revenus comme professeurs, chroniqueurs, conseillers et publicitaires.

Le mariage de convenance des oligarques et de la gauche et leur lune de miel prolongée ont été financés par des millions de dollars de pots-de-vin versés aux alliés politiques de droite-gauche. En échange, les oligarques ont reçu pour des milliards de dollars de contrats d’État lucratifs. Quand le modèle agrominéral de la gauche s’est effondré, beaucoup de ses électeurs sont descendus dans les rues pour protester.

Les oligarques et les partis de droite savaient que les temps étaient mûrs pour jeter à la décharge les présidents de gauche. Ils ont prestement saisi le pouvoir politique total pour unir plus étroitement et concentrer davantage encore leur richesse économique, leurs propriétés et leur contrôle sur le travail.

 

Kleptocratie en transition : de « progressiste » à « de droite ».

Au cours de ces dernières années, les partis politiques de droite en pleine ascension et leurs dirigeants ont mis en œuvre leur ordre du jour le plus rétrograde, à savoir : pillage des fonds de pension, relèvement de l’âge de la retraite et coupes sombres dans les budgets de la sécurité sociale, de l’éducation publique, du logement et des soins de santé. Les oligarques et les banquiers de Wall Street n’ont pas caché leur empressement à mettre à nu le cadavre public.

Au Brésil, l’ambitieux plan d’alliance de la droite pour s’emparer du pouvoir en « criminalisant » la gauche pourrait cependant s’être retourné contre elle.

La droite avait compté sur le pouvoir judiciaire pour son tranquille retour au pouvoir. Les choses ont d’ailleurs commencé avec succès par les poursuites contre le régime de gauche et son évincement par voie des tribunaux. Toutefois, les Cours ne s’en sont pas tenues là : elles ont continué à instruire, à arrêter et à emprisonner des politiciens de la droite, provoquant ainsi une crise d’État.

Plus de 1.900 représentants, sénateurs, ministres, dirigeants du secteur public, gouverneurs et maires, de droite et de gauche, ont dû affronter la justice ou font actuellement l’objet d’enquêtes et d’arrestations, y compris le président de droite nouvellement imposé Michel Temer au Brésil et le méga-escroc président de l’Argentine, Mauricio Macri.

Initialement, les banquiers étrangers et intérieurs, les spéculateurs et les investisseurs, tout comme la presse financière, ont célébré avec joie le retour de la droite. Les bourses se sont envolées et tout le monde s’est préparé à la grande fiesta des privatisations du secteur public. Quand les Cours ont continué à poursuivre les politiciens et les bureaucrates de droite, la nature omniprésente du klepto-capitalisme d’État est apparue au grand jour. Les bruyantes célébrations, par la presse, du « retour au marché libre » sont devenues un murmure.

Tandis que les élus de droite passaient en jugement, les économies du klepto-« marché » se sont effondrées. L’ordre du jour « réformiste » (lisons régressif) du monde des affaires, qui dépendait d’un pouvoir présidentiel effectif reliant le klepto-clientélisme à la législation, a fait marche arrière. Privés de leur dose accoutumée de corruption, les fonctionnaires se débandent. Les juges et les procureurs, en poursuivant leurs enquêtes, sont en train de saper l‘autorité des nouveaux régimes de droite.

Face à une autorité présidentielle affaiblie et discréditée, les syndicats de travailleurs urbains, les mouvements sociaux agricoles, les étudiants et les chômeurs se sont réveillés et ont marché sur le palais présidentiel.

La validité des élections par des majorités de droite a été remise en cause. Face à des peines de prison pour des pots-de-vin et de la fraude à grande échelle, les cadres dirigeants des plus grands conglomérats ont négocié avec les Cours, lâché leurs partenaires en affaires, les dirigeants, représentants et ministres de leurs partis.

La rapidité de l’ascension et de la dégringolade de la droite a semé la consternation dans l’oligarchie kleptocrate. En tout juste deux ans, les Cours de justice ont fait plus pour miner le pouvoir de la nébuleuse oligarchie-monde des affaires-politiciens de droite qu’une décennie entière de gouvernement klepto-politique de gauche pendant la si célébrée « marée rouge » !

Alors qu’elle était au pouvoir, la gauche élue n’a rien fait pour démanteler la kleptocratie à grande échelle dont elle avait hérité des précédents régimes de droite de Menem et De La Rua (Argentine), de Cardoso (Brésil) et de Sanchez Losada (Bolivie). Et c’était parce qu’elle espérait prendre le contrôle du réseau et des profits du système existant des pactes politique-business.

Les régimes de gauche n’ont pas mis fin aux alliances avec les banquiers corrupteurs et l’élite de l’agrobusiness parce que le faire aurait pu miner son propre « modèle de développement ». La gauche a, au contraire, nommé ses propres flexibles fonctionnaires à des ministères-clés pour qu’ils y servent d’intermédiaires et garantissent la coopération à l’intérieur du système de partage des klepto-profits. Ce n’est que lorsque le pacte entre la droite et le business a refait surface et éjecté les élus de gauche du pouvoir que ceux-ci ont été accusés de corruption.

Pour éviter d’être poursuivis pour corruption business-droites, les oligarques ont volontiers transféré leur machine à corrompre de la droite à la gauche (et vice versa). L’alliance business-gauche fondée sur la corruption et la démagogie a assuré la permanence du succès du capitalisme d’extraction néo-libéral – jusqu’à ce que la crise financière mondiale et l’effondrement des prix des produits de base mette fin à l’heureuse fiesta.

Tandis que la bulle des produits de base éclatait et que les régimes de gauche étaient forcés d’emprunter lourdement pour financer leur propre survie politique, les déficits budgétaires, la corruption, la stagnation économique, le chômage et les faillites croissantes ont provoqué un large déploiement de forces opposées. Cela est allé des banquiers et des investisseurs aux syndicats et aux simples travailleurs.

À aucun moment, la gauche n’a envisagé de transformer fondamentalement les économies agrominérales. Au contraire, elle a emprunté aux banques nationales et internationales, sabré dans les programmes sociaux et imposé des programmes d’austérité régressifs – tout cela pour se maintenir au pouvoir.

Le capitalisme de la corruption est la seule forme fonctionnelle de capitalisme en Amérique Latine. Il est fondé sur l’exploitation des ressources publiques et les contrats gouvernementaux pour impulser l’« accumulation ». La « lutte des classes » a été remplacée par des alliances kleptocratiques tripartites entre le monde des affaires, les syndicats et l’État. Dans les temps que nous vivons, les marchés entre « élites » ont remplacé la lutte des classes… temporairement.

Le retour de la Lutte des Classes et la disparition de la lutte de la classe klepto-progressiste s’est manifesté par l’arrestation et le discrédit des klepto-capitalistes et de leurs alliés de la klepto-gauche.

Quant aux droites, leur retour au pouvoir leur a explosé en pleine figure parce qu’elles ont vraiment trop eu l’air de clamer « tout le pouvoir aux plus gros escrocs et collectionneurs de pots-de-vin ! » et que cela n’a pas tardé à radicaliser le peuple.

 

Au-delà de la disparition de la droite : fausses et vraies alternatives

La disparition de la droite et son « départ » prématuré du pouvoir ne sont pas le produit d’un soulèvement de classe ni de manifestations de masse. C’est le système judiciaire qui a montré la voie et l’a forcée à la retraite.

Pour cette raison, le remplacement de la droite reste une question ouverte.

Les élites impériales, celles des affaires et de la banque sont clairement en faveur d’un remaniement des personnalités. Leur voeu est que sorte du chapeau un nouveau « visage honnête », et qu’il poursuive leur ordre du jour de droite.

Une mêlée électorale d’où puissent émerger des leaders de la gauche populaire kleptocratique a les faveurs de la gauche.

Une troisième possibilité est que la gauche récemment discréditée revienne aux affaires, handicapée par les enquêtes en cours et toujours ligotée par ses vieilles alliances affairistes et politiques.

Aucune de ces « alternatives » ne mettra fin au pouvoir klepto-capitaliste et à ses pratiques. Aucune n’apaisera le mécontentement des masses populaires.

12. The Power of Israel.jpgEn coulisses, il existe toujours la possibilité d’un « coup d’État militaire moral » conduit par une junte militaro-affairisto-impériale, qui viderait les rues et imposerait une stabilité temporaire. Mais un coup de ce genre n’aurait aucune chance non plus de ranimer la croissance économique ni d’inverser le glissement socio-économique dans le klepto-capitalisme. En outre, il aurait toutes les chances d’unifier les politicards kleptocrates au chômage et les cadres des ONG en une coalition « populaire » des « forces d’opposition démocratiques pour la prospérité et la liberté » prête à vendre et acheter voix et places.

La seule alternative réelle en Amérique Latine ne pourra émerger et réussir que si elle commence par rejeter la klepto-gauche et adopte de nouvelles manières de sélectionner des dirigeants et de mettre sur pied des partis ou des mouvements. Seuls l’action directe, les occupations de lieux de travail et de rues, l’affrontement et l’encerclement de banques et de quartiers généraux de multinationales accompagnés de la mise en œuvre pratique du refus de paiement des dettes et des hypothèques – bref, tout ce qui est liés aux exigences immédiates des travailleurs, des employés et des petits entrepreneurs – peuvent jeter les bases d’un pouvoir alternatif.

Une direction démocratique dépend d’une politique électorale placée sous le contrôle d’assemblées populaires constituantes. Elle doit rejeter tout financement corporatif. Les salaires des fonctionnaires doivent être remis aux mouvements qui les ont élus, lesquels doivent se charger de payer les titulaires des fonctions publiques à un taux proche des salaires de ceux qu’ils représentent.

Les vraies transformations de gauche commencent par des réformes agraires et continuent par une modernisation de la production, de la commercialisation, du traitement en liaison avec des banques et des systèmes de crédit socialisés. Les communautés indigènes doivent être incorporées aux assemblées populaires avec des droits et une représentation.

Des programmes de gauche axés sur la nationalisation des banques et du commerce extérieur ne peuvent que procéder à la mise en place de banques et d’agence de crédit sous contrôle communautaire.

Le travail productif et commercial devrait reposer sur des emplois permanents.

Des alliances communautaires devraient se tisser entre les associations d’employés et de travailleurs avec des mouvements à causes multiples, concernant les classes sociales, les sexes ou l’écologie par exemple.

Les industries militaires devraient être reconverties dans la production intérieure et liées à la protection de l’environnement.

Des enquêtes et des poursuites énergiques devraient être diligentées avec la rapidité voulue en matière de fraude fiscale des grandes sociétés et d’évasion de capitaux vers des paradis fiscaux par les spéculateurs, de même que les fonds spéculatifs. Les banquiers condamnés pour escroquerie et les politiciens corrompus devraient être condamnés à des peines maximum non négociables.

Les exigences et les programmes, les tactiques et les stratégies provenant d’une main d’œuvre de plus en plus éduquée peuvent transformer le « temps libre » en éducation, en loisirs, en familles et en amitiés.

Des forces de défense locales et nationales chargées de veiller à la protection  des frontières contre la pénétration impériale, les cartels de drogues et les gangs criminels devraient remplacer l’État sécuritaire hypertrophié et l’élite militaire corrompue liée aux oligarques.

Des innovations technologiques incluant de l’intelligence artificielle et de la robotique devraient réduire les heures de labeur et augmenter la sécurité sur les lieux de travail tout en préservant au maximum la disponibilité des ouvriers pour diriger, contrôler et améliorer de façon innovante les processus de production.

Des gouvernements de gauche devraient se focaliser sur la diplomatie directe de peuple à peuple, par-dessus et contre les fausses diplomaties des élites qui conduisent aux guerres.

Les groupes ethnico-religieux de l’élite qui manifestent de la loyauté envers des pouvoirs étrangers et qui agissent comme leurs agents à l’encontre des intérêts de leur patrie devraient quitter celle-ci et se relocaliser dans le pays de leur loyauté choisie.

À travers toute l’Amérique Latine, la corruption de gauche reflète les profondes continuités de propriété par les élites bancaires, industrielles et agrominérales. Des régimes de gauche qui choisissent de lier la croissance économique et les investissements à la corruption des agences publiques et à de douteux partenariats public-privé sont irrémédiablement voués à la crise et à la défaite.

L’enrichissement illégal des décideurs politiques de gauche ne peut avoir pour résultat que de plus grandes inégalités sociales, parce qu’il répartit les fonds publics pillés et les revenus fiscaux potentiels sur les comptes des élites du privé et des partis.

Les coûteuses campagnes électorales, pour être compétitives, sont nécessairement basées sur des deals corrompus. Des contrats illicites conduisent à des profits criminels, qui conduisent à leur tour à l’évasion des capitaux vers des comptes bancaires situés dans des pays hors d’atteinte.

Il n’y a aucune différence entre la corruption par « pots-de-vin », comme en Amérique Latine, et la corruption par intervention « légale » de lobbies pour  des muiltimilliards de dollars, comme en Amérique du Nord : les deux formes de corruption achètent politiciens et législation et toutes les deux piétinent les intérêts du peuple.

En conclusion et pour paraphraser Fidel Castro : « On ne peut pas construire une démocratie sociale radicale avec le signe dollar dans les yeux. » Le capitalisme de libre marché ne peut opérer que selon des principes klepto-capitalistes, non des principes populaires et démocratiques.

La corruption s’épanouit dans le contexte d’un monopole des mass médias élitistes et d’élections à très haut coût sous les diktats du capital. Un gouvernement kleptocratique est absolument essentiel au capitalisme parce qu’il organise la dépossession des petits fermiers et des entreprises modestes, et l’exploitation des ouvriers. Derrière et dans toutes les grandes fortunes, il y a des escroqueries de plus en plus énormes impliquant la dégénérescence des fonctionnaires publics. La corruption est la force motrice et le cœur même du capitalisme !

 

Annexe

Des pots-de-vin pour des milliards de dollars par un seul géant brésilien de la construction multi-nationale, Odebrecht, ont impliqué au moins onze pays latino-américains, dont les régimes étaient de gauche et de droite.

Le géant brésilien du conditionnement de la viande, JBS, et la compagnie pétrolière mi-publique mi-privée Petrobras, ont soudoyé au moins une douzaine de régimes en Amérique Latine.

 

Kleptocraties de droite achetées par Odebrecht

Panama
Mexique
Colombie
Guatemala
Pérou
République Dominicaine

Brésil (1993-2002) et (2016- )
Argentine (1990-2001,20016-)

 

Kleptocraties de gauche

Argentine (2002-2016)
Venezuela (1999-2017)
Équateur (2008-2016)
Brésil (2003-2016)

Les États-Unis sont en tête des kleptocraties mondiales en termes de corruption par les lobbies, les escrocs financiers, les banques blanchisseuses d’argent et les dessous de table illégaux par des compagnies pétrolières et de gaz à des politiciens et à des fonctionnaires.

Les plus grandes compagnies brésiliennes du pétrole (Petrobras), de minerai de fer (Vale) et de conditionnement de la viande (JBS) sont des corporations multinationales qui financent leurs acquisitions à l’étranger et obtiennent des marchés grâce à des pots-de-vin financés par des prêts à très bas intérêt obtenus de la banque d’État au développement (BNDES).

JBS, le second transformateur de bœuf et de porc au monde et principal engraisseur de bétail, a payé une amende de 3,4 milliards de dollars pour avoir acheté les fonctionnaires d’organismes de règlementation qui ont autorisé l’expédition de viande contaminée à destination des États-Unis (Walmart), de la Chine et du reste de l’Amérique Latine. À la suite d’une négociation avec le procureur chargé de l’enquête, Joesley Batista, PDG de JBS a livré un enregistrement de Michel Temer, actuel président de droite du Brésil, exigeant des pots-de-vin du conglomérat si celui-ci voulait éviter des poursuites fédérales.

Sous le régime de droite de Cardoso, la privatisation initiale de Vale, la plus grande réserve de minerai de fer du monde, a donné lieu à toute une série de pots-de-vin grotesques et de blanchiments d’argent.

Le président de gauche Lula da Silva a permis à la klepto-privatisation de Vale d’aller de l’avant. Lula en a même appelé à davantage d’escroqueries multinationales brésiliennes et plus fortes. Lorsqu’il a pris ses fonctions en 2003, le président Lula da Silva a déroulé le tapis rouge pour l’élite affairiste, déclarant que « il est temps pour les hommes d’affaires brésiliens d’abandonner leur crainte de devenir des hommes d’affaires multi-nationaux ». Les récemment enhardis conglomérats kleptocratiques brésiliens ont entrepris de se frayer bravement un chemin à travers les marchés d’Amérique Latine, d’Asie et des USA en soudoyant à tout-va. Et Lula a par la suite, servi d’émissaire pour négocier les contrats corrompus de Petrobras avec l’Angola, le Venezuela et l’Équateur.

Source : https://www.unz.com/jpetras/latin-america-in-search-of-an...

Traduction : c.l. pour Les Grosses Orchades

 

Faut-il dire que ce diagnostic s’applique aussi – plus encore peut-être – à l’Europe, qui n’a pas l’excuse d’émerger d’une colonisation violente, et même si elle n’a pas de richesses agrominérales. Elle se vend pour autre chose : pour participer des rapines de l’empire.

 

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Cet essai était précédé d’un autre, que voici :

 

The United States and Iran : Two Tracks to Establish Hegemony

James Petras The Unz Review – June 10, 2017

 

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pour l’instant en anglais, et qui se termine par :

 

« Cet essai est dédié à la mémoire des innocents martyrs des récentes brutales attaques terroristes contre le Parlement iranien et le saint tombeau, et pour honorer les braves survivants et les familles des victimes. »

 

C’est ici :

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 https://www.unz.com/jpetras/the-united-states-and-iran-tw...

 

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Mis en ligne le 2 août 2017.

 

 

 

 

16:30 Écrit par Theroigne dans Actualité, Général, Loisirs, Web | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook |

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