16/08/2012

Ils viennent chez nous... (suite).

 

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Ils viennent chez nous parce que nous sommes chez eux.

                                           (Suite)


II.
 

Et ceux qui ne meurent pas ?

Sauvés ? Non, enfermés.

 

Algésiras, Allemagne, Andalousie Auschwitz, Buchenwald, Canaries, Dachau, Grèce, Hollande, Italie, Lampedusa, Malte, Maroc, Royaume Uni, Pologne, République tchèque,Turquie, etc. Etc....

« Centres de rétention pour demandeurs d'asile » en France...

« Centres fermés pour étrangers en situation irrégulière » en Belgique...

où il est précisé que la privation de liberté n'y a pas de caractère punitif.

Ah, on respire !

Et Semira Adamou ?

Malheureux accident. Dommage collatéral. On ne fait pas d'omelettes sans casser des oeufs. Circulez.

Dans ce pays, petit par la superficie, mais grand par ses principes, il en existe théoriquement six : 

            Bruxelles-National (aéroport) : 30 places

              Bruxelles-National II (aéroport de Melsbroek) : 60 places

            Steenokkerzeel : 120 places

            Bruges : 112 places

            Merksplas (Anvers) : 165 places

            Vottem : 160 places

Soit, en tout, 647 places. Pour hommes, femmes ; vieillards, enfants en bas-âge, voire à la mamelle.

Mais... « 8000 personnes sont chaque année détenues en Belgique » (Wikipedia). Qui sont où, alors ?

 

Et de là ? Expulsés !

 

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Israël, faisant désormais partie de l'Europe, expulse 2000 immigrés ivoiriens.

Plus assez de Palestiniens ?

 

Oui, mais où ?

 

L’«EXTERNALISATION DE L'ASILE», vous savez ce que c’est ?

 

« L'externalisation de l'asile est un type de politiques migratoires menées par les pays de l'Union européenne consistant à délocaliser l'accueil et l'hébergement des demandeurs d'asile, ainsi que le traitement de leurs demandes d'asile, dans des lieux situés à proximité des frontières de l'UE, ou dans des pays, situés hors de l'UE, dont les demandeurs sont originaires ou par lesquels ils transitent. En Australie, une politique similaire, officiellement qualifiée de « solution du Pacifique », s'est traduite par la multiplication des camps d'enfermement des exilés, notamment le camp de Woomera et celui de Nauru ainsi que l'abandon de souveraineté sur certaines îles carcérales pour les faire échapper au système national des protections juridique.

 « Après une tentative de délocalisation des procédures de l'asile dans des centres frontaliers ou limitrophes, en 2003, ces politiques se sont traduites en Europe par une prolifération des camps d'exilés dans et autour de l'Union Européenne, une pression sur les pays voisins pour y développer des systèmes d'asile examinant les demandes sur leurs territoires et une radicalisation des enjeux politiques antimigratoires dans les pays limitrophes à l'intérieur de la frontière commune de l'Union Européenne. »  

(Wikipedia)

 

Comment tourner l’obstacle du principe de droit d’asile ? Fastoche :

 

 L'asile chez les autres

 

« La notion d'« externalisation de l'asile » n'est pas un concept juridique mais sociologique, qui caractérise des politiques publiques visant, sans renier formellement les principes du droit d'asile, à développer les camps d'internement d'exilés et les régimes juridiques de rejet des demandes d'asile dans les pays limitrophes de l'Union européenne afin de fermer ses frontières aux mobilités internationales d'exilés. Ces orientations sont en gestation durant les années 1990 puis s'expriment en 2002 et 2004 pour être formulées dans le programme de La Haye qui cadre les politiques européennes de sécurité de 2004 à 2009. »  (Wikipedia)

 Ah, « sociologique » , ça change tout !

 On l’aura compris : n’importe où sauf dans l’espace Schengen. Il suffit de sous-traiter l’asile, c. à d. de payer raisonnablement les pays d’accueil (euh… de détention). Même principe que pour les déchets toxiques. Et mêmes destinations ? La Somalie, par exemple, pour les déchets. Comme si elle n’en avait pas assez de ses sécheresses et de ses famines.

 

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Quelque part en Europe.

Dachau - Auschwitz - Buchenwald - Algesiras Malte Lampedusa  ?.jpgDachau ? Auschwitz ? Buchenwald ? Algesiras ? Malte ? Lampedusa ?

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Quelques-uns des sept mille clandestins arrêtés dans le port de Djibouti.

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 Nador (nord du Maroc) - Candidats à l'immigration regardant les lumières de Melilla (enclave sous autorité espagnole).


Mais bornons-nous à l’étape « rétention » ou « enfermement sans caractère punitif » à l’intérieur de l’U.E., et appelons ces endroits par leur nom :

 

Camps de concentration


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Grèce de la Troïka

 

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Istanbul

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Au camp de Filakio - Frontière gréco-turque

 

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Camp de Burashada - Libye libérée

 

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Andalousie

 

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Italie

 

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Pagani (Lesbos)

 

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 France

9 - Mayotte sous Manuel Valls -3100999303_1_7_etHvvYTB.jpg

CRA de Mayotte où l'internement des enfants a été maintenu par Manuel Valls, malgré les engagements de campagne pris par François Hollande.

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Mayotte encore - Femme matraquée

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Lampedusa

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Quelque part en Italie

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Malte, Alcatraz de l'Europe pour migrants africains.

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   Paris

 

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Conteneurs à humains

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Provisoire, celui-là : Roissy Charles De Gaulle

 

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Metz

 

17 - L'aire de jeux pour enfants, au centre de rétention de Toulouse - fin juin 2012.jpg

Aire de jeux pour enfants - CRA de Toulouse

 

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Rennes

19 - Camps - Nîmes - Ils ont tenté de le repeindre en rose, couleur du gouvernement au pouvoir..jpg

Nîmes - Ils ont tenté de le repeindre en rose.

 

20 - St Exupéry (Grenoble) Dessine-moi un chien de garde.jpgSaint-Exupéry (Grenoble) - «S'il te plaît, dessine-moi un chien policier».

 

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Marseille

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Saint-Jacques de la Lande, près de Rennes

23 - Rennes Ille-et-Vilaine, qui abrite un bébé de six mois..jpg

Rennes (Ille et Vilaine), qui abrite un bébé de six mois.

 

24 - Ça a l'air joli, comme ça. C'est un camp. Pour enfants..jpg

Ça a l'air joli, comme ça, mais on y enferme des enfants.

 

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Et bien sûr, des bébés aussi - Corse

 

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Eric Besson visite le centre de Plaisir, dans les Yvelines.

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Lyon-Perrache sous Manuel Valls

 

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Mesnil-Amelot (Seine & Marne)

28 - Mesnil-Amelot Seine & Marne.jpg

Mesnil-Amelot

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Le Canet

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Rivesaltes (Pyrénées Orientales)

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Camp pour Africains, en cours de construction en Israël.

 

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Coquelles (Nord-Pas de Calais) : une annexe du tribunal de Boulogne dans le CRA, ou la justice délocalisée...

Les associations (de défense des droits, vous savez) et les avocats ne sont pas contents. Un tribunal installé directement chez la police, ils trouvent que cela fait désordre, mais «cela permet de décharger policiers et gendarmes de leurs missions d'escorte». Économie, économie, Horatio !

33 - Le-centre-de-rétention-administrative-de-Cornebarrieu-e1331066215689.jpg

 Cornebarrieu (Haute Garonne)

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Melsbroek (Aéroport de Bruxelles National)

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 Vottem (Belgique)

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Vottem encore

37 - Manifestation contre la détention d'enfants à Vottem.jpg

Manifestation contre la détention d'enfants à Vottem

39 - Manif contre la détention d'enfants au camp de Vottem.jpg

Manifestation contre la détention d'enfants à Vottem


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 Bruges

 

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Steenokkerzeel

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Le trop célèbre «127 Bis» (Steenokkerzeel) - Manifestants aidant des internés à s'évader.

 

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Merkplas (Anvers) - Des Camerounais déposent des fleurs à la mémoire de Folefack Sontsa Ebénizert, retrouvé mort dans les toilettes du centre, quelques jours après une tentative d'expulsion violente avortée, à laquelle, passagers de l'avion, ils avaient assisté.

 

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Parfois ils y mettent le feu : Steenokkerzeel.

44 - Parfois ils y mettent le feu - Centre rétention administrative Vincennes.jpg

Parfois ils y mettent le feu : Vincennes.

45 - Parfois ils y mettent le feu - Lampedusa.jpg

Parfois ils y mettent le feu : Lampedusa.


à suivre, hélas...


*  


 

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LIVRE(S)

 



Vu la longueur de ce double post (fichue habitude), ce n’est pas encore aujourd’hui que nous allons pouvoir vous parler de notre ami Djamal Benmerad, qui est en train de devenir tout doucement l’Arlésienne de notre blog.

Je me contenterai, pour aujourd’hui, de vous parler d’un polar qui vient de sortir.

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Donna LEON

La femme au masque de chair

Traduit de l’anglais par William Olivier Desmond

Calmann-Levy, 2012

250 pages

 



Donna Leon n’est pas une débutante. Pour ses aficionados, elle est une des « reines du polar » les plus considérables

Américaine résidant à Venise depuis 21 ans, elle en est à son 21e volume des aventures du Commissario Brunetti, aventures traduites en une vingtaine de langues… sauf l’italien, histoire de « protéger son anonymat dans la cité des doges ». On ne voit pas très bien l’intérêt, vu que sa photo est très largement diffusée et qu’il y a quand même quelques Italiens qui parlent des langues étrangères.

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Tous ses romans sont de premier ordre. Celui-ci est un des meilleurs.

Comme toujours, la Sérénissime et la Lagune servent de théâtre à l’histoire qu’elle raconte, mais l’histoire qu’elle raconte aurait pu, comme chaque fois, se passer n’importe où en Europe, en juste un peu (ou un peu moins) pire. Car, à l’instar de plusieurs de ses consoeurs et confrères, Donna Leon fait de l’histoire contemporaine à chaud. Elle a simplement choisi le polar comme véhicule.

On retrouve ici, non seulement le commissaire Guido Brunetti, avec sa riche vie intérieure et ses souvenirs d’enfance à la Proust, sa Questure tout entière, énigmatique signorina Elettra en tête, son vice-questore Patta de chef aussi exaspérant qu’indigne, ses collaborateurs et ses subordonnés, mais aussi la partie intime de son existence, où Paola, l’épouse prof de lettres anglaises inconditionnelle d’Henry James et les enfants Raffi et Chiara jouent le rôle dévolu par Eschyle au chœur antique. Paola, descendante pas du tout fin de race d’une longue lignée de richissimes aristocrates et néanmoins marchands (on est à Venise), Raffi et Chiara, qui en sont à l’âge des indignations généreuses et qui croient, comme avant eux l’ont cru leurs parents, qu’il importe de refaire le monde, parce que, tel qu’il est, il est vraiment trop moche.

Ses lecteurs fidèles ont compris depuis longtemps que Donna Leon est une moraliste, et même une moraliste à la romaine. Dans ce livre, elle va jusqu’à l’admettre ouvertement, et ce n’est pas seulement Brunetti qui ne s’y détend qu’à la lecture de Tacite et de Marc Aurèle, mais le personnage central de l’histoire, la fameuse « femme au masque de chair » qui vit en symbiose avec Ciceron et retrouve des parallèles de son propre destin dans Ovide.

Il y a même, et ce n’est pas vraiment surprenant, un rapport étroit avec notre sujet d’aujourd’hui, dans la mesure où le problème de société qui sert de pivot à l’action est, cette fois, la prise de contrôle de l’élimination des déchets – ménagers et toxiques, voire radioactifs – par la Camorra montée sur le Nord, qui en dispose, dans des conditions que nous n’allons pas déflorer, vers des pays comme la Somalie, et autres damnés de la terre et de la mer. Que l'on n’oublie pas, surtout, en lisant, que les corrompus de Venise ont des homologues partout.

C’est superbe.

Ne boudez pas votre plaisir.

 

 ***

16 août 2012 - Marie Mouillé